Chapitre 18 : Interminable Attente (non corrigé)
Je restais bouche bée, incapable de parler ni de faire le moindre geste. Une Humaine ?! Et qui se serait faite passée pour une Erkaïn toute sa vie ?! Même si cela donnait sens à ses attirances de genre, cela me remplit d'une rage indescriptible : elle s'était jouée de moi et je n'appréciais guère, voire pas le moins du monde.
-Tu te fous de moi ?!
-Pas du tout, fit-elle en secouant négativement la tête. Bas, tu préférais quoi, que je continue à te mentir ?
-Non, bien sûr que non ! m'emportai-je, les poings serrés. En fait, j'aurais préféré ne jamais te rencontrer pour ne pas avoir à m'embarquer dans tout ça !
Sur ces paroles, je tournai les talons et me pressais de mettre le plus de distance entre elle et moi. Je frappai furieusement le sol des talons, véritablement enragé, et soudain, le sol se déroba sous mes pieds : les yeux écarquillés, je vis le monde chavirer et mon dos heurter le béton détrempé avec douleur. Le souffle coupé, je me redressai lentement, peinant à retrouver mes esprits : je balayais les environs du regard et me rendis compte que les soldats qui m'entouraient se pliaient de rire à ma vue. Je levai les yeux au ciel, terriblement honteux : cette mauvaise chute m'avait décrédibilisé bien plus encore que de quitter le pont supérieur en frappant furieusement des pieds.
Je me relevai en titubant maladroitement, une grimace toujours affichée au visage. Pourquoi était-ce toujours les chutes les plus bêtes qui nous causaient le plus de mal ?! Je tirai la langue à plusieurs des soldats qui riaient non loin, mécontent et boudeur.
Je repris mon chemin en prenant cette fois-ci garde à ne pas tomber une nouvelle fois. Je longeai le bas-côté, la mine sombre, jusqu'à atteindre l'endroit opposé exact où je me tenais quelques instants plus tôt. J'avais conscience que ce n'était là qu'un caprice de nourrisson et pourtant, je m'y cramponnais férocement.
-C'est au rebord que tu devrais te cramponner, si tu veux pas encore te casser la gueule, pouffai-je pour moi même en m'installant sur une nouvelle caisse.
Les yeux plongés à l'horizon, je revis défiler ma chute et soudain, sans pouvoir m'en empêcher, j'éclatai d'un rire fou. Le visage dans les mains, incapable de m'arrêter, je laissais les soubresauts me chatouiller le ventre et me plier en deux. Qu'il était bon de rire ! Je gardai les yeux fermés, levés vers le ciel, et je sentis alors la pluie déferler d'un coup sur mon visage. Surpris, je sursautais d'abord avant de me calmer, un sourire étalé sur les joues.
Ma vie était un foutu bordel et pourtant, je riais. Je ne contrôlais absolument rien, tout partait et s'en allait dans toutes les directions sans qu'elles en aient le moindre sens.
Et pourtant.
Et pourtant je riais, sans la moindre explication possible.
Mais lorsque les gouttes translucides roulèrent sur mes joues, tel un torrent de larmes éternelles, toute trace de cette joyeuse folie s'évapora.
Je rouvris les yeux, le sourire envolé, comme fondu aussi vite qu'un glaçon au soleil. Même après mes innombrables expériences du danger, mes habitudes à frôler la mort, j'étais toujours un bel enfoiré.
Je serrais les dents, le menton baissé, retenant à présent mes véritables larmes. Il y avait tant de choses que je regrettais. Peut-être aurais-je dû avouer mes sentiments à Sinna. Peut-être aurais-je dû profiter du vivant de ma mère. Peut-être aurais-je dû pardonner mon père.
Je relevai subitement la tête, ravalant un sanglot. Si l'un de mes proches laissait la vie dans cette bataille, sans que je ne puisse une dernière fois le serrer dans mes bras, lui dire que j'étais désolé, jamais je ne pourrais me le pardonner. Je n'y survivrais d'ailleurs probablement pas.
Et si je venais à mourir ?
Les Mondes seraient finis.
Par ma faute.
Pourquoi la Prophétie m'avait-elle désigné moi ?
L'idée que mon véritable but était de préserver Phoenix de mon Dragon me traversa soudain. Était-ce moi le véritable danger qui déployait son effroyable ombre sur ce Monde ?
Pour la première fois de ma vie, j'espérais de tout coeur me tromper.
*
L'attente fut longue et interminable. Les secondes n'en finissaient plus, et ce paysage morne finit par me remplir d'une lassitude infinie. Je n'avais qu'une hâte, celle que le navire de guerre stoppe enfin sa course sur les flots pour préparer son retour à Stellarium, armé jusqu'aux dents.
Je finis ainsi par tomber endormi sur les caisses ; mes paupières s'étaient fermées d'elles-mêmes, incapables de supporter davantage le vent houleux qui les bridait et la fatigue qui les embrasait douloureusement.
Lorsque mes yeux se rouvrirent enfin, épuisés et flous, je pris le temps d'étudier les environs ; bercés par les flots, le lourd bruit des moteurs ne se faisait en revanche plus entendre. Nous étions arrêtés !
Je me redressai précipitamment et fus un instant pris de vertiges. Mais je me levai sans attendre une seconde et titubai au centre du pont. Je pris cependant mon temps, de crainte de manger une nouvelle chute humiliante et douloureuse.
Là étaient rassemblés tous les soldats, tournés vers une chose que je ne pouvais pas voir. Je me frayai un chemin parmi la foule et aperçus enfin les commandants qui nous faisaient face, toisant chacun d'entre nous durement.
-Bien, commença l'un, du nom de Richard. A présent que nous sommes suffisamment loin pour que l'ennemi ne nous voit pas, nous allons attendre le signal allié.
-Lorsqu'il arrivera, poursuivit la commandante de ma troupe, nommée Gaëlla, nous filerons vers le camp des Changers.
-Ils auront probablement des avions de guerre et des bombes, nous avertit le troisième et dernier commandant, qui disait s'appeler Prax. Il faudra être vigilant et toujours regarder là-haut.
Inquiet, je m'imaginai sans mal ce funeste tableau : les bombes livrées tout droit sur notre plateforme, placée bien à découvert. Le sang qui giclait, mon corps étendu au milieu de la pagaille...
-Mais nous avons aussi des avions, protesta Jack.
-Tu dis vrai, acquiesça Gaëlla. C'est pourquoi toi et ton copain Bort mèneront les troupes aériennes. Ce porte-avion en contient suffisamment pour en fournir un à chacun de vous.
-Pas la peine m'dame, sourit Bort. Jacky et moi on vole ensemble.
Je coulai un regard dans leur direction et eu un sourire triste en voyant les deux amis échanger un sourire complice. George et Jeane me manquaient.
-D'accord, approuva Prax. Alors emmenez les autres et préparez vous à décoller.
Une masse imposante de soldats se détacha du groupe et détala au pas de course vers leur machines.
-Bien, poursuivit Gaëlla d'une voix grave, pour les autres, vous devrez embarquer sur des chaloupes pour rejoindre la terre.
-Mais on sera des proies faciles ! m'exclamai-je, indigné, sans pouvoir m'en empêcher.
Les regards, surpris, se tournèrent dans ma direction.
-Tu as une autre solution, peut-être ? railla la commandante, exaspérée.
Je gardai un instant le silence, les yeux écarquillés et effaré par la situation.
-Ce n'est pas à moi de concevoir les plans, je vous signale, répliquai-je.
-Bien, alors voilà qui met un terme à la conversation !
-Mais vous ne comprenez pas ! m'emportai-je, à présent mené par la colère qui grandissait en moi. Ils n'auront qu'à nous tirer dessus depuis la plage et nous tomberons comme des mouches ! Et si nous ne mourrons pas ainsi, les bombes se chargeront du reste !
Cette fois-ci, ce fut le silence qui accueillit mes paroles.
-On pourrait...
Mais je fus brutalement coupé ; tous les regards virèrent dans une seule et même direction, alertés par un bruit assourdissant.
-Le signal ! s'époumona Richard en pointant le feu d'artifice du doigt, les yeux exorbités.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top