Chapitre 15 : Départ aux Désastreuses Circonstances (non corrigé)
-Allez, debout le chat ! s'égosilla une voix grave et amusée.
J'ouvris lentement les yeux, et la lumière qui perça mes paupières m'aveugla. Je gémis, agacé et de mauvaise humeur. Ma tête me lançait horriblement et j'avais mal partout. Ma patte avant droite me brûlait, comme si elle avait été transpercée par des milliers d'éclats de verre. Néanmoins, un vide creusait ma mémoire, m'empêchant de me souvenir de quoi que ce soit dépassé la bière que George et moi avions partagé la veille.
Je secouai la truffe, revenant à la réalité lorsqu'une patte me secoua.
Quelle heure était-il ?! N'avais-je donc pas le droit de dormir un peu ?!
-Foutez moi la paix ! feulai-je en rabattant ma truffe sous la couverture.
Une voix féminine éclata de rire et riposta, railleuse :
-Bon ben on va kill les Changers sans toi alors !
Je me redressai brusquement, les yeux écarquillés, mais le sol se déroba sous mes pattes et je roulai au sol. Je relevai lentement la tête sous les rires des autres, clignant lentement des yeux pour chasser les vertiges qui me prenaient. Une lourde patte me retira la couverture qui me couvrait la tête et lorsque je vis le visage amusé de George, ma patte s'élança et je frappai furieusement la truffe de ce dernier tout en gardant les griffes rentrées, les crocs dévoilés dans une expression offusquée. Mais je la retirai aussitôt, gémissant : les yeux écarquillés, je vis qu'elle était entourée d'un strap souillé de sang qui couvrait tant bien que mal les silures profondément tracées sur ma peau. Horrifié, je la secouai un peu pour chasser la douleur. Comment m'étais-je fait cela ? Pourquoi n'avais-je donc aucun souvenir des évènements de la veille ?
-Allez, laissez le un peu tranquille, temporisa un lapin blanc, tentant avec difficulté de masquer son sourire.
Je plissai les yeux, lâchant un grognement. J'avais d'ailleurs oublié son nom.
-On a quand même le droit de s'amuser un peu, Jano ! râla George en exagérant sa voix boudeuse.
-Bon, on y va ? m'impatientai-je en sautant sur mes pattes.
Je les bousculai d'un revers d'épaule et passai le rideau de toile en plissant les yeux, la brûlure de la lumière matinale battant à mes tympans. Je titubai maladroitement, la vision floue sous ce geste trop rapide : comment était-ce possible ?! J'avais l'impression de me lever avec une gueule-de-bois !
Je fronçai les sourcils, agacé, mais fus cependant forcé d'écarquiller les yeux en balayant du regard la vaste place : ici et là, des généraux regroupaient des dizaines de soldats. De lourds camions chargés d'artilleries attendaient sur les côtés, menaçants et prêts à s'élancer sur le chemin de la guerre. Je vis Kaï et Aïru discuter des dernières mesures du plan sur une table à part, sortie à l'extérieur pour pouvoir contrôler les opérations en même tant.
Je m'avançai vers eux, talonné de George, Jeane et Jano. Les yeux plissés de concentration, mon père, sous forme humaine, agrippait entre ses mains serrées un carton supportant une dizaine de feuilles listées tandis que Kaï, lui aussi en vieillard, était penché sur une carte, plaçant minutieusement de petites punaises à des endroits stratégiques.
-Transformez vous, nous ordonna Kaï sans même lever les yeux dans notre direction.
Nous obéîmes, perplexes devant le ton sec du vieux Roi. Aïru, qui jusqu'ici n'avais pas daigné nous regarder, leva finalement les yeux vers nous.
-Tiens, voilà notre alcoolo, lança-t-il, le ton agacé.
Je me retournai, incapable de savoir s'il s'adressait à moi ou à un autre.
-D'ailleurs, Morgan t'a demandé ce matin, ajouta mon père en reportant son attention sur ses feuilles.
-Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?! pestai-je, offusqué.
-Après cette nuit, on s'est dit que tu aurais besoin de te reposer, railla Aïru en retour, désagréable.
Je restai interdit, coulant un regard vers George, Jeane et Jano qui m'entouraient, cherchant une réponse sur leur expressions. Mais leur grimace désolée démontraient clairement qu'ils ne souhaitaient pas le moins du monde se lancer dans les explications.
-Vous allez me dire ce qu'il se passe ?! m'emportai-je, serrant les poings.
Mais je lâchai un cri de douleur, jurant sur ma main souillée de sang.
-Comment je me suis fait ça ?! poursuivis-je en le leur montrant, refusant leur silence.
-Tu te souviens vraiment de rien... ? s'inquiéta Jeane, les yeux écarquillés.
-A ton avis ?! m'emportai-je, à bout de nerfs. Je ne poserais pas la question sinon !
-Vas-y George, l'incita Aïru, mauvais. Tu étais à ses côtés tout le long.
Le jeune homme se râcla la gorge, la mine légèrement apeurée.
-Kenfu, tu as...
-Hey ! l'interrompit une voix amusée.
Nous fîmes volte-face et je tombai nez à nez avec une jeune femme au regard pétillant, un sourire malicieux au visage. Ses yeux verrons tombèrent sur ma main ensanglantée :
-Comment ça va, Kenfu ? finit-elle par me demander après un silence pesant.
-Pourquoi ça n'irait pas ?! ripostai-je, les dents serrées.
Qui était-elle ?! Et pourquoi venait-elle soudainement me voir, telle une fleur, en s'approchant si près ?
-Thilfea, tiens ! s'exclama Jeane, étalant un sourire forcé sur ses lèvres. Il faut que je t'explique un truc...
Elle l'attrapa par le bras et l'entraîna plus loin, me laissant abasourdis et bien plus énervé encore qu'avant.
-C'est qui, elle ?!
Mon père eut un rire mauvais et George se précipita d'expliquer :
-Après que Nooa soit monté sur la table, tu étais tellement en colère que tu as bu plus d'une dizaine d'Acidule-Explosif. Sauf que quand le barman t'as dit que tu avais épuisé toutes les réserves, tu t'es emporté et tu t'es jeté sur lui. Nooa est intervenu, tu lui as hurlé de se mêler de son...
-Beau p'tit cul de riche à la con, compléta mon père, railleur, devant l'expression gênée de George.
-Et donc, poursuivit ce dernier, vous avez commencé à vous battre, tu lui as jeté les bouteilles de verres à la figure.
Il s'arrêta, attendant ma réaction. Je ne préférai rien dire, car je peinais pour le moment à réaliser ses paroles.
-Et c'est tout ? m'inquiétai-je, le ton froid.
-Ben euh...
-Tu lui as fracturé l'os du fémur et brisé celui de l'avant-bras, déclara finalement Aïru, les dents serrées.
Mais avant que je ne puisse répondre, il enchaîna :
-Quand tu as eu fini avec lui, cette fille de tout a l'heure, Thiflea, est venue te voir. Elle t'a dit qu'elle n'avait jamais vu quelqu'un tenir tête ainsi à Nooa et qu'elle était impressionnée. En vous voyant tout les deux Sinna est arrivée en trombe, il y a eu une grosse dispute, tu l'as ensuite bien engueulée et en réponse elle a hurlé, en pleurant, qu'ils avaient tous raison de t'appeler le Panda-Noir car tu étais véritablement un monstre. Sous le choc, tu as littéralement brisé ton verre dans ta main.
Je baissais les yeux vers cette dernière. D'où les bandages et le sang.
-Ensuite, poursuivit Aïru, tu...
-Ça n'en finit jamais ou quoi ? m'étranglai-je.
-... Tu t'es tourné vers Thiflea et tu l'as embrassé, termina mon père, le regard sombre, ignorant la remarque. Vous êtes parti dans une tente plus loin et avez emprunté un lit vide.
Je ne puis m'empêcher d'ouvrir la bouche, terrorisé. Mais qu'avais-je fait ?!
-Du coup maintenant Nooa est à l'infirmerie, il ne pourra pas participer aux combats, Sinna t'en veut à mort, tu dois faire face à une pauvre fille que tu as "fé...
-Stop ! l'interrompis-je, hors de moi. STOP ! Je ne veux plus entendre un mot sur cette histoire, d'accord ?!
Le silence s'abattit et j'ajoutai, la voix plus calme :
-Dans quelle escouade je suis ?
Kaï releva la tête pour la première fois, l'air exténué :
-N°19, tout a gauche.
-Merci, répliquai-je, la voix dure et claquante.
Je tournai les talons, les mains fourrées dans les poches de mon sweat, le dos voûté. Un goût amère s'était installé dans ma gorge : ce que j'avais fait la veille était bien trop grave pour l'ignorer. Et pourtant, c'était actuellement ma seule occupation. J'en avais même oublié les combats.
Lâchant un long soupire, je poussai le rideau de toile de la grande tente 19. Là, des dizaines d'hommes et femmes enfilaient leur tenue de soldat ainsi qu'une ceinture équipée d'une arme à feu, de liasses de balles et d'un couteau, de quoi se défendre en cas de combat rapproché.
Je les imitai et tandis que je finissais d'accrocher ma ceinture, la général chargée de commander notre escouade déboula sous la tente :
-Erkaïn, nous serons dans les troupes marines. Nous embarquons donc plus tôt que les autres, cet a dire maintenant.
Elle nous salua d'un trait en tirant sa casquette et tourna les talons. Nous la suivîmes, plaçant un pas lourd après l'autre dans une symphonie funèbre. Marchions nous vers notre mort ? Le cœur serré, je me dis alors que je partai à la guerre en conflit avec Sinna et de nouveau avec mon père. Je n'avais d'ailleurs même pas pris le temps de dire au revoir à George et Jeane.
Les larmes me montèrent aux yeux. Peut-être Sinna avait elle raison. Peut-être n'étais-je finalement qu'un monstre.
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