Chapitre 12 : Doutes (non corrigé)
Alors que je m'apprêtai à détaler à la suite de Kenfu, George me retint, compatissant :
-Laisse le, il a besoin d'être seul.
Je tombai assise, les larmes aux yeux. Le voir ainsi me déchirait le cœur. Je baissai alors les yeux vers le méprisant panda-roux et le vis se relever tant bien que mal, la fourrure noyée de sang. Ses yeux vitreux indiquaient qu'il en perdait bien trop pour que nous restions là à le regarder se vider de son liquide écarlate.
Je dévalai la pente jusqu'à lui, soupirante, et à l'aide de George et Jeane, nous le traînâmes jusque l'infirmerie. Là, sous la grande toile blanche, des dizaines de lits de camps avaient été installés. Un rideau était tiré ici et là, masquant à tous la vue d'une opération. Les médecins déambulaient de tous les côtés, appelés d'un bout à l'autre de la tente.
-S'il vous plaît, on a un blessé ici ! les héla George, inquiet.
Une infirmière, une loutre, se stoppa net devant nous et attrapa vivement le blessé.
-Qu'est-ce que vous faites ici ?! nous houspilla-t-elle. Vous allez mettre plein de microbes avec vos crasses !
-On amenait juste... tenta de nous défendre l'ours, la mine désolée.
-Pop pop ! Du balais ! Oust !
Elle poussa Jeane et George dehors et je restais plantée là, incrédule.
-Toi tu peux rester, me dit-elle en couchant le panda-roux sur un lit vide. Ce pauvre diable aura besoin de compagnie.
Aussi rapide qu'efficace, elle banda les plaies sur blessé d'un tour de poignet et m'ordonna de tenir le strap le temps qu'elle apporte de quoi le couper. Lorsqu'elle fut de retour, le pensement était déjà écarlate.
-Non d'une salamandre, mais qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? se plaignit-elle tout en faisant sauter son regard çà et là de la tente, guettant le moindre appel d'un blessé.
-Il s'est... commençai-je avant de m'interrompre, les paroles du rouquin me revenant en mémoire. On la trouvé sous des débris en dehors du camp.
Je lâchai une grimace ; cela avait beau être la vérité, ces blessures n'étaient pas l'œuvres de pauvres débris inoffensifs. Tandis qu'elle terminait de panser le blessé, je revis l'expression meurtrie de Kenfu alors qu'il hurlait sa douleur sur nos truffes incrédules. Cela me faisait si mal de le voir ainsi. Comme s'il n'avait rien d'autre à penser, qui plus est. Il fallait toujours qu'on lui rajoute plus de pression, de douloureuses vérités. Je lâchai un long soupire, et l'infirmière s'éloigna précipitamment, appelée par un autre.
Le blessé blêmit, la respiration rêche et accélérée.
-Où est-ce que je suis ? s'étrangla-t-il en se redressant.
Je ne tentai même pas de le rallonger. A vrai dire, je n'éprouvai aucune sympathie à son égard, surtout après ce qu'il avait déclaré à Kenfu.
-A l'infirmerie, me contentai-je de répondre, le regard ailleurs.
-Qu'est-ce que j'ai mal ! se plaignit-il, une grimace douloureuse collée au visage.
Je gardai le silence.
-Je m'appelle Nooa, et toi ? demanda aimablement le rouquin.
-Sinna, répliquai-je d'une voix neutre en reportant mon attention sur lui.
-J'ai vu comment tu regardes le Panda-Noir, lança Nooa d'un air méprisant. Il ne mérite pas tes sentiments.
Je me contentai d'hausser les épaules, le cœur serré. Il était tellement difficile d'être juste après son douloureux rejet sous la tente de Kaï ! J'aimais Kenfu plus que tout au monde, et pourtant à présent je le haïssais de m'avoir plantée ainsi. Pourtant j'avais bien conscience qu'une relation amoureuse était bien là ce qu'il ne lui fallait pas ces temps-ci. Et puis Kenfu penserait sûrement qu'il était trop dangereux pour être avec moi ou bien qu'il n'était pas à la hauteur. Il était bien trop modeste pour accepter quoi que ce soit.
-Si tu veux mon avis, tu devrais l'oublier, me recommanda le blessé en plongeant son regard ambré dans le mien. Il ne te fera que du mal.
Les larmes me montèrent aux yeux. La vie était si injuste envers Kenfu. Et pourtant j'étais bien tentée par les paroles de Nooa. Avais-je le droit d'être en colère, de me sentir trahie ? Une petite voix me souffla que tous avaient ses défauts. Que l'on avait le droit de faire des gestes égoïstes. Kenfu en faisait sans arrêt.
Je levai un sourcil, soudain intéressée. Peut-être que aller vers un autre le rendrait jaloux. Était-ce égoïste de ma part ? Sûrement. Mais j'étais épuisée que les efforts n'aillent que dans un sens.
Je fixai alors Nooa et lui déclarai, le cœur serré :
-Tu as raison. Il est sûrement temps pour moi de tourner la page.
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