Épilogue

Sa main glissa délicatement sur sa cuisse, puis remonta tendrement le chemin que traçait sa colonne vertébrale. Il répéta des caresses lentes mais rythmées le long de son dos, tandis qu'elle enveloppait son visage d'une main avec amour pour laisser l'autre agripper fougueusement ses cheveux sur sa nuque.

Penchée sur lui, leurs mouvements de reins simultanés berçaient leurs longs et langoureux baisés passionnels.
Leurs corps s'assemblaient l'un à l'autre, tels deux pièces d'un puzzle qui se complètent avec une perfection déroutante. Ils n'avaient besoin d'échanger le moindre mot pour se comprendre ; en effet, leurs âmes dialoguaient l'une avec l'autre dans une douce mélodie.

- Joyeux anniversaire, mon amour, sussura-t-il entre deux baisers.

- Joyeux anniversaire à nous, roucoula-t-elle-elle en rouvrant les yeux quelques secondes pour les plonger dans les iris verts de son compagnon.

Quatre ans.
Voilà déjà quatre ans qu'ils partageaient leur vie. Et pourtant, il lui semblait qu'elle avait toujours été là, tant elle représentait a ses yeux.
Mais ils n'avaient que seulement quatre ans de couple : ces mêmes quatre années de paix menées par le nouveau Roi George depuis l'achèvement de la Deuxième Guerre des Trônes. Quatre ans également que le Dragon n'avait pas reparu.

La jeune femme finit par s'allonger à ses côtés, lui comme elle quelque peu essoufflés. Cependant, leur visage radieux exprimaient tout autre chose que de la fatigue. Ce n'était qu'avec elle qu'il oubliait les évènements d'il y a quatre ans ; ce n'était qu'avec lui qu'elle oubliait la mort, la douleur et la peur. Il leur était impensable de devoir se séparer plus d'une journée : ils étaient devenus aussi vitaux l'un à l'autre que l'oxygène qu'ils respiraient.

Elle cala sa main sous sa tête et laissa son regard courir sur l'arrête du nez de son mari, la courbe douce de ses lèvres ; une légère barbe de quelques jours lui couvrait même les joues. Il fixait le plafond, le regard lointain. Elle réprima un soupire et sa gorge se noua : le voilà qui avait replongé dans le passé.

- Kenfu... ? murmura-t-elle d'une voix tendre.

Il tourna la tête dans sa direction et esquissa un faible sourire, les yeux humides :

- Ne t'inquiètes pas.

Il se pencha sur elle, déposa un doux baiser sur ses lèvres et s'assit, appuyé sur les oreillers. Elle l'observa contempler la ville par le balcon qui s'ouvrait face à eux.

Il se demandait pourquoi il se sentait soudain si vide, si creux : où était passée la vie qui l'habitait quelques secondes plus tôt ? Il fut saisi d'un étrange frisson et fronça les sourcils. Il avait comme un mauvais pressentiment.

Mal à l'aise, il s'habilla de son sous-vêtement et laissa ses pieds nus le porter jusqu'aux fenêtres qui clôturaient le balcon. Tout paraissait si calme, si paisible ; pourtant, il lui semblait soudainement avoir sous les yeux une illusion, un mirage de son esprit en quête de paix.

- Il se passe quelque chose, devina Sinna en s'arrêtant à ses côtés, après avoir enfilé une culotte et le t-shirt de son compagnon.

Inquiet, il lui attrapa la main et la serra :

- J'ai un mauvais pressentiment, murmura-t-il, les dents serrées.

Elle lui jeta un regard inquiet :

- Le Dragon ?

Mais il secoua négativement la tête :

- Non, il dort toujours, ne t'inquiète p...

Brusquement, il fut saisi d'un violent spasme et poussa un cri ; sa poitrine se comprima et il tomba à genoux, les yeux écarquillés. Sinna étouffa un hurlement de terreur tout en le rattrapant de justesse, avant qu'il ne s'écroule au sol. Tremblante, alors qu'il agonisait dans ses bras, elle sanglota :

- KENFU !

Mais il n'entendait pas. Il ne voyait plus. Et cette même voix, qui depuis plus de quatre ans ne lui avait plus rendu visite, s'éveilla en lui.

Doucement, sournoisement, elle murmura à son oreille. Il voulut hurler, pleurer, frapper, mais il était incapable du moindre geste.

Il cessa alors subitement de s'agiter et prit une grande inspiration ; tremblant, il agrippa férocement le visage de sa compagne, les yeux écarquillés.

Elle retint sa respiration, terrifiée, et ravala ses larmes. Elle savait. Elle savait ce qu'il s'apprêtait à lui dire. Mais elle ne voulait rien entendre. Elle ne voulait pas le croire.

- Sinna, sanglota-t-il, la voix brisée.

Il se redressa et la serra dans ses bras ; l'un contre l'autre, ils d'abandonnèrent aux larmes. Il laissa échapper entre deux soubresauts :

- C'est reparti... Ça recommence, Sinna... Tout. La voix m'a parlé. La voix m'a donné une nouvelle Prophétie.

Elle s'écarta et crispa ses mains dans les cheveux du jeune homme :

- Ce n'était qu'un rêve, hein ? Ce n'est pas vrai ? Dis moi que ce n'était qu'un rêve, s'il te plaît...

Mais il secoua négativement le menton. Il lui attrapa doucement le visage des mains et reprit calmement sa respiration :

- Tant qu'on reste ensemble, tout ira bien. Tant que le Dragon ne sort pas, tout ira bien.

Elle accola son front au sien et plongea son regard azur dans ses iris verts ; elle espérait qu'il disait vrai.
Il l'embrassa doucement avant de se relever. Tandis qu'il l'aidait à faire de même, il fronça soudain les sourcils :

- Regarde ça.

Elle suivit son regard et écarquilla les yeux ; là, à une centaine de mètres de leur balcon, perchée sur les toits de Phoenix, une silhouette de femme se dessinait ; et, grâce aux deux immenses ailes de plumes blanches qui se déployaient dans son dos, elle prit son envol.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top