Chapitre 6 : les États-Unis (non corrigé)

-Zeilold, rugit George sur les paroles de la boîte musicale, zeilold a nid...

Face au paysage qui courait par la fenêtre, mes joues s'étaient courbaturées tant que je retenais mon rire.

-Zelistri bitouine ! Guelzlaike eu gaiz laike mi...

Frappant le volant en rythme, le jeune homme semblait si prit par sa chanson qu'il ne réalisait pas à quel point il se couvrait de ridicule.

-Coboize anaingel ! termina-t-il, balançant ses boucles blondes d'avant en arrière sur le tempo des instruments.

Sur la banquette arrière, Sinna peinait à respirer tant qu'elle riait.

-T'es sûr que c'est ça les paroles ? m'étouffai-je, secoué de soubresauts.

Il se renfrogna, irrité, et relançai le morceau.

-Attends écoute, tu verras...

La voix grésilla, et nous nous penchâmes pour mieux percevoir les syllabes.

-There's a want ans there's a need, there's a history between...

-Rien à voir avec ce que tu chantais, pouffa Sinna.

-Chut ! la coupa George, les dents serrées.

-Girls like her ans guys liké me, Cowboys and Angles !

Je me redressai, un sourcil arqué, et toisai George d'un œil moqueur.

-C'est vous qui ne savez pas écouter, soupira-t-il, quelque peu offensé.

-Ils ont pas enregistré de chanson de Phoenix, sinon ? proposa Sinna pour détendre notre ami.

-Non, m'amusai-je. Ils ne connaissent même pas notre existence, alors enregistrer nos chansons...

-Même si c'est une voiture de la zone 51 ? insista-t-elle.

Je secouai vivement le menton et levai les yeux au ciel :

-Mais réfléchis un peu ! Ils vont pas pirater la radio ou quoi juste pour une chanson...

-Regardez ça, nous interrompit George, les sourcils froncés.

Je suivis son regard et vis qu'à l'horizon pointait d'étranges formes géométriques.

-C'est une ville ! s'exclama Sinna, les yeux pétillants. On va pouvoir enfin rentrez chez nous !

-T'emballe pas trop vite... maugréai-je, méfiant. Les soldats pourraient très bien nous y attendre.

-Sa majesté a raison, approuva George en m'adressant un regard faussement respectueux. Il nous faudra être très prudent.

-Tu sais ce qu'elle te dit, sa majesté ? sifflai-je, les poings serrés.

Ils pouffèrent, mais cela ne me fit pas rire. Je n'étais même pas couronné.

Bientôt, les pleines arides du désert de roche se couvrirent d'une légère couche de poussière, qui se faufila par la fenêtre brisée et nous brûla les poumons. Nous remontâmes notre t-shirt sur notre nez et, quelques minutes après, franchissions les portes de la ville.

Là, le soleil brûlant assommait chaque édifice d'une lumière jaune vive. Les passants avaient le visage creusé, les yeux enfoncés dans les orbites. Ils traînaient leurs maigres affaires comme des poids derrière eux. À notre passage, ils tournaient la tête, surpris, avant de rabaisser subitement le menton. Ils n'étaient visiblement pas très ami avec le camouflage vert écaillé de notre bolide.

-Et dire qu'ils pensaient que j'étais une menace pour eux... murmurai-je pour moi même, le cœur serré face à une telle pauvreté.

Elle me rappelait mon œuf dans les bas-quartiers d'Erkaï, dans lesquels ma mère et moi avions vécu plus de quinze ans.

-C'est pire qu'à Phoenix, s'étrangla George, les larmes aux yeux.

-Les pauvres... ajouta Sinna, le regard voilé.

Elle étira un sourire à une fillette aux vêtements déchirés, qui lui jeta une oeillade mauvaise et se détourna.

-Je me demande si c'est comme ça partout ou juste ici, dans le Nord Est des États-Unis, souffla George d'une faible voix.

Le chemin de terre créeait un nuage de poussière qui nous masquait la vue. Nous dûmes ainsi nous arrêter et descendîmes de la voiture en toussant. La poussière s'étala sur nos cheveux et les colora d'un gris brun ocre.

-Excusez moi, fit George à un passant, qui l'ignora. S'il vous plaît, on cherche à quitter le pays...

-Vous couayez que vous êtes les seuls, pouffa une voix dans notre dos.

Nous fîmes volte-face et nous retrouvâmes nez à nez avec une femme au regard moqueur. Ses mains portées sur ses hanches et son dos courbé vers l'arrière trahissaient une grossesse de quelques mois.

-Bonjour madame, se risqua Sinna. On ne vient pas d'ici, on est...

-Vous vienne de la zone cinequanté un, true ? la coupa-t-elle en haussant les sourcils. On n'ene couase souhouvent.

Nous échangeâmes un regard ahuri.

-Vous êtes d'autweu extwa tewestwe ?

Nous nous regardâmes à nouveau.

-Vous en avez vu d'autres ? demanda plutôt George, intéressé.

-Bwaucoup, sourit-t-elle. J'cwonnais quelqu'un qui pouwa vous aihider, j'ai l'habitwude.

L'espoir, étrange sentiment qui n'avait pas gagné mon cœur depuis bien longtemps, rejaillit tout à coup sans prévenir. Je réprimai un soupir de soulagement et mes muscles se détendirent. Nous avions une porte de sortie.

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