Chapitre 40 : Un rapide assaut dans une ville fantôme (non corrigé)
Et les choses s’enchainèrent. Comme si tout avait été planifié à l’avance. Le moindre de mes pas, le moindre souffle sur la nuque de Jeane devant moi, le moindre nuage qui quelques secondes durant masquait les rayons du soleil.
Je ne parvenais même pas à me souvenir de la façon dont nous avions débarqué. Comment je m’étais retrouvée ainsi, penchée sur mes genoux ancrés au sol, maigre soldat au milieu de tant d’autres. Nous traversâmes les ruelles telles des ombres, comme le ferait une chauve souris à l’heure de sa chasse. Or là, il ne se trouvât aucun moustique, ni même un autre animal dans les parages. Les rues de Stellarium étaient plus vides encore que le creux que Kenfu avait laissé dans mon cœur. L’eau elle même semblait s’être tue et ne soufflait plus un murmure à nos oreilles tendues. Loin, très loin devant, Kaï menait les troupes. Aucun détour, aucune diversion, aucune armée de l’air ou bombes surprises. Un assaut terre à terre, joué sur la surprise et les dits talents de Kaï pour l’art de la guerre. Auxquels j’avais grande peine à croire. Nous voilà tous qui marchaient vers le Palais des Lumières sans prendre la peine de nous cacher. Cela aurait été plus discret d’envoyer une missive au camp ennemi pour les prévenir de notre arrivée. Moins humiliant.
Or, il se passa une chose à notre arrivée aux pieds des escaliers qui menaient au Palais qui fit s’emballer mon cœur. Un bruissement d’aile, près des tuiles dorées, et puis brutalement, le sol s’ébranla. J’écarquillai les yeux, terrifiée, cherchai cet idiot de Roi du regard. Tout autour, les visages des maisons en ruines grimaçaient ; plusieurs dans nos rangs hurlèrent, s’écroulèrent même au sol. Lorsqu’enfin les secousses cessèrent et que je pus reprendre mon souffle, le Palais s’était enfoncé dans le sol de près d’un mètre ; sous le coup, les colonnes principales avaient été brisées et le toit s’était effondré. J’entendis les sirènes ennemis retentir, les hurlements de créatures qui faisaient face à la mort.
- Leurs armées sont cachées dans les sous terrains, compris Jano, impressionné.
Je repérai enfin Kaï au milieu de la foule. Il leva deux yeux bleus azur ternit par la fatigue vers le ciel et hocha discrètement du menton ; alors, le sol s’ébranla à nouveau, et je fis volte face vers le Palais. Comment diable faisait il trembler la terre de la sorte ?! Comptait il détruire le Palais ?!
Cependant cette fois-ci, lorsque mes jambes se stabilisèrent, l’édifice royal n’avait pas bougé ; mais à cinq cent mètres de là, les fleuves des ruelles se déversaient sous le Palais et au derrière, là où la première secousse avait ouvert des brèches. Ainsi nous obsersvâmes, en silence, ces pauvres âmes se noyer. Il suffisait, au fond, de se persuader que leur corps ne s’entasseraient pas les uns aux autres, que leur peau ne deviendrait pas blafarde, leurs yeux blancs vitreux et que leur âme tiendrait le coup. Que l’odeur de la mort n’imprégnerait pas les souterrains. Que ce sang invisible, au goût d’eau douce, ne demeurerait pas éternellement sur ma langue.
Mais il était très difficle de faire une telle chose. Et voilà longtemps déjà que je ne sentais plus mes jambes ou mes mains, que les vertiges avaient fait jaillir au fond de ma gorge plusieurs biles douloureuses.
Que faisais-je ? Où étais-je ? Le sol frappa mon dos, j’entendis Jeane murmurer mon nom. Les soldats portaient tous ces mêmes bottes noires à lacets grisâtres. Tel était le spectacle que j’avais sous les yeux. Et là, sous mes paumes, le mugissement d’un torrent génocide.
Comme je n’entendis pas plus les voix ennemies, qui avaient quitté les souterrains. Comme les cris de guerre ne me parvinrent pas non plus, ainsi que les hurlements de la mêlée qui débutaient. Seul demeurait mon souffle, si frêle, si fort, si chaud, si glacial. Et des tambours. Qui frappaient mes tympans, mes veines, mon esprit, mon crâne, mes yeux et ma poitrine dans un lourd bruit sourd. Les battements de mon cœur. Les battement d’un cœur si terrorisé qu’il était incapable de faire autre chose que de déverser dans mes veines une peur si profonde qu’elle paralysa chacun de mes muscles.
La guerre. La mort.
Un cadavre s’écroula à ma droite. Une ombre grandit sur mon visage, et inconsciemment, mon esprit se prépara à la mort. Pourtant, lorsque je relevai les yeux, ce fut non pas un ennemi que je vis mais Kaï, dressé devant moi comme bouclier. Il massacrait toute créature qui tentait d’approcher. Ses mouvements, ralentis par ma vision épouvantée, me semblèrent effroyablement violents. Partout où ses gestes se stoppaient, le sang giclait et la mort venait chercher le malheureux. Elle emportait seulement l’âme, me laissait le corps pourir à mes pieds. Et tous ces yeux vitreux, qui, bel et bien morts, tombaient d’un sens et dans un autre, me fixaient comme m’ignoraient. La bile jaillit de nouveau et mes entrailles s’étalèrent aux bottes de Kaï. Le vert et le jaune du vomi contrasta avec le rouge métallique du sang, qui colorait presque la totalité des chaussures.
Et soudain, je tournai de l’œil et l’obscurité m’avala.
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