Chapitre 29 : Des au revoirs bien silencieux (non corrigé)

Je battis des paupières et passai deux doigts sur mes paupières. Sinna glissa sa main dans mon dos et aggripa mon t-shirt, comme si elle craignait de s’écrouler.

- Vous êtes obligés de partir maintenant ? soupira-t-elle, la mine triste.

George lança son sac sur son épaule et me jeta un regard noir :

- Il n’est pas question que je reste une seconde de plus dans cette famille de lâches.

Jeane, debout à ses côtés, le lorgna d’un œil exaspéré :

- Aucun abus, c’est bien.

- C’est ça, vas-y, tempêta le grand blond. Défend les. Ne te gêne pas.

Il tourna les talons, sans ajouter le moindre mot. S’en allait-il vraiment ? Non, voyons. Il reviendrait. Il n’était que irrité de ma décision, il finirait par revenir.
Pourtant, jamais auparavant je n’avais vu George dans un tel état d’agacement. Jeane, qui serrait Sinna dans ses bras, sécha ses larmes d’un revers de manche et me donna l’accolade avant de s’écarter d’un pas :

- Ouais... bon. J’crois qu’c’est du sérieux, les gars. P’luche est vraiment hors de lui. J’avoue j’suis un peu remontée aussi.

Elle me dévisagea, un sourcil arqué, avant de reprendre :

- J’sais aussi qu’c’est précipité. Mais Chat, honnêtement, y a un bon moment qu’t’es plus avec nous. D’puis l’Ambassade de la Magie, j’crois. J’sais pas exactement c’qui s’est passé là bas, mais... t’en es pas r’venu. Et Georgie et moi, bah on s’inquiète. Ils font la guerre, à Phoenix. Ils nous attendent pas.

Elle ravala un sanglot et conclut d’une petite voix :

- J’crois qu’t’as encore des trucs à faire ici. Mais pas nous. J’suis désolée. Y a... y a des priorités.

Elle fit quelques pas en arrière, les yeux gorgés de larmes, et l’éclat de son regard mauve resta fixé sur le mien quelques secondes durant. Il me sembla qu’il était toujours présent lorsqu’elle referma la porte sur son visage livide, me laissant perplexe sur le seuil.

- Il s’est passé quoi, exactement ? murmurai-je.

- Il s’est passé qu’ils sont partis.

- Je ne les ai pas vus partir, réplquai-je, les sourcils froncés.

Les doigts de Sinna se détachèrent de mon dos.

- Tu m’énerves.

Elle s’éloigna dans la salle à manger sous mon regard perplexe. Elle attrapa un toast, le glissa sur sa langue et frappa des mains pour en faire tomber les miettes. Elle chercha de quoi s’occuper, en vain ; elle finit par réprimer un grognement frustré et se réfugia à l’étage, me laissant seul sur un palier vierge.

Jeane et George étaient partis.

C’était réel.

Mon cœur bondit dans ma poitrine et je me jetai sur la porte pour l’ouvrir d’un grand geste sec. Il ne s’étendait là que des champs et des forêts. Leurs silhouettes s’étaient évaporées.

Je me précipitai, pieds nus, sur l’herbe encore humide de rosée, les yeux écarquillés. Je m’élançai entre les arbres, sautait les branches, grimaçai lorsque les feuillages me giflèrent. Pourtant, il n’y avait là que de la boue et une litière cramoisie. Les champs s’étalèrent sous mes yeux à leur tour, ainsi que la queue d’un bus qui s’éloignait déjà sur le rouleau de route grise. Mes deux meilleurs amis étaient à l’intérieur. Ils s’en étaient allés pour de bon.

Je tombai à genoux au sol, la poitrine comprimée, sous le choc. Les sanglots me secouèrent, me prirent la gorge, qu’ils nouèrent sans scrupule.

J’avais été incapable de leur dire au revoir convenablement. Incapable de prononcer le moindre mot.

Incapable de les retenir.

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