[⚠️ Chanson existe vraiment. J'en inventerai une plus tard⚠️]
Les choses ne pouvaient pas être pires à mon sens. Voilà que je voulais rester. Voilà qu'ils voulaient que je reste. Voilà que j'avais couché avec Sinna. Voilà que George et Jeane nous avaient abandonnés. Et voilà que... voilà. À vrai dire je ne trouvais plus la force. Et marcher relevait d'une force colossale que je n'avais plus. Mais les choses s'aggravèrent davantage, dans un sens, lorsque l'orage fredonna quelque note grave que j'abhorrai tant ; et l'instant d'après, s'abattait sur nos visages creusés un torrent de pluie. La boue s'amassa sur nos chaussures, et j'eus envie de hurler. De demander pourquoi le sort s'acharnait il de la sorte sur moi.
- Je veux juste une dernière danse... fredonna doucement Sinna, qui sautillait dans les flaques un mètre derrière. Avant l'ombre et l'indifférence...
Elle engagea une délicate pirouette sur elle-même et leva le menton vers le ciel. Je m'aperçus alors que je la dévisageai et m'empressai de reporter mon regard sur la route. Pourquoi diable chantait elle ? Je n'étais pas certain que ce soit le moment opportun.
- Un vertige puis le silence, poursuivit-elle, tout sourire. Je veux juste une derniere danse !
Elle galopa jusqu'à ma hauteur et s'accrocha à mon bras :
- Je suis sûre que tu connais la suite. Elle est célèbre cette chanson.
Je réprimai un grognement. Je n'allais certainement pas chanter. Elle fit glisser sa main sur mon épaule et arrêta mon pas de ce simple fait.
- J'ai longtemps parcouru son corps, murmura-t-elle, les sourcils haussés. Effleuré cent fois son visage...
- À quoi tu joues, Sinna ?! bredouillai-je, pris au dépourvu.
- Allez chante ! rechigna-t-elle.
- Pourquoi ?!
- Parce que je t... enfin, c'est marrant. Et puis il pleut ! Et j'ai pas envie de faire la gueule.
Elle posa son menton sur mon torse et leva deux yeux implorant dans ma direction. Ce simple geste manqua de me faire reculer d'un pas, pourtant je n'en fis rien. La voilà donc qui passait à l'action. Elle a compris, compris-je soudain. Elle a compris que j'ai des sentiments pour elle.
Je levai les yeux au ciel, et elle se redressa dans un petit saut.
- J'ai trouvé de l'or, grommelai-je, les joues rougies par le froid et l'embarras, et même quelques étoiles, en essuyant ses larmes...
Elle tournoya à nouveau et laissa ses mains courir sur sa taille en engageant le rythme :
- J'ai appris par coeur la pureté de ses formes...
- Parfois je les dessine encore, poursuivis-je, masquant à grande peine un sourire conquis. Elle fait partie de moi.
Elle leva les paumes au ciel, afficha ses veines au sang du ciel, rebondit sur la route sur la mélodie de nos souvenirs.
- Je l'ai connue trop tôt, mais c'est pas ma faute, sifflai-je, immobilisant mon talon au sol pour secouer mes épaules.
Elle fit volte-face sous mes yeux et mima une balle perdue au cœur :
- La flèche a traversé a traversé ma peau !
Je laissai mon sourire se pencher sur son corps pour murmurer sur ses lèvres :
- C'est une douleur qui se garde, qui fait plus de bien que de mal...
Elle déposa ses doigts sur ma poitrine pour creuser la distance qui nous séparait, rejetta son menton vers l'arrière :
- Mais je connais l'histoire, il est déjà trop tard !
Mais j'agrippai sa taille et la ramenai à moi. Elle écarquilla les yeux tandis que je soufflai, fier de la surprise que je venais de voir glisser dans ses yeux.
- Dans son regard on peut apercevoir qu'elle se prépare au long voyage.
Les secondes se chargèrent de finir la mélodie, et d'une même voix, nous entamâmes le refrain :
- Je veux juste une dernière danse ! Avant l'ombre et l'indifférence...
Nos doigts se lièrent et je lui fis faire une délicate pirouette, lui arrachant un doux rire.
- Un vertige puis le silence, je veux juste une dernière danse !
Elle acheva son tour plus tôt que prévu et plaqua ses lèvres contre les miennes. J'écarquillai les yeux, le souffle coupé. Elle encadra mon visage de ses mains trempées, et le vide m'aspira. Je crus bien perdre connaissance, tant que le choc fut violent. Il n'y avait plus aucune trace de Magie en moi. Plus de grotte, plus de Dragon. Plus de colère, plus de doutes ni de question. J'en vins à me demander si ça n'était pas elle qui possédait le véritable Don de nous deux.
Finalement, lorsque le silence se tassa en moi pour la première fois de mon existence, mes bras s'enroulèrent à sa taille et je fermai les yeux, prolongeant le baiser. Je l'embrassai avec un amour que je ne me connaissais pas, avec une fougue que j'ignorai posséder.
Le futur n'avait qu'à disparaître, la peur s'effacer ; là, sous cette pluie battante, il n'y avait qu'elle et moi. Sur cette route, sous ces nuages, dans ces Mondes solitaires il n'y avait que deux âmes amoureuses, les nôtres. Les autres n'importaient plus. Rien n'importait plus.
Désormais il n'y avait que l'amour. Il n'y avait que Sinna et moi.
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