Chapitre 22 : Cette fois, ça n'était pas quelqu'un d'autre... (non corrigé)

Comme avant toute tempête, il eut le silence. Mais celui-ci ne dura pas bien longtemps. Il ne lui fallut que quelques secondes avant de s'évaporer, de laisser place à l'explosion de douleurs et de lumière qui me frappa de plein fouet.

Je réprimai un gémissement, tremblant, les membres engourdis par le froid et cette étrange sensation de mal être puissant. J'étais pris par une migraine terrible, qui m'incendiait le crâne et m'empêchai de réfléchir.

Un haut-le-cœur me secoua la poitrine et je me précipitai dehors pour y déverser mes tripes. Le liquide verdâtre me détruisit l'œsophage et coinça mon souffle dans mes poumons.

- Kenfu... ? grogna une voix endormie.

Je relevai brusquement le menton et m'aperçus que je n'étais pas au chalet. Il s'agissait d'une plaine, et de rouleaux de détritus étendus sur des centaines de mètres. Il gisaient là, témoins des évènements de la veille. Or, ces dits évènements, je n'en avais pour ma part aucun souvenir.

Et je me trouvai ainsi à quatre pattes, penché sur un vomi répugnant et malodorant. Une brise légère secoua le paysage et m'arracha un frisson. Le froid avait férocement planté ses crocs dans ma peau nue.
La bile jaillit de nouveau, sans pour autant que je ne la déverse au sol, lorsque je me rendis compte de mon absence totale de vêtements. Pire encore, cet endroit où je m'étais réveillé n'était rien d'autre qu'une pauvre tente détrempée.

L'envie me prit de me rouler en boule et de ne jamais décroiser les jambes, de rester ainsi là à attendre la mort.

- Ça va... ? s'enquit de nouveau la voix dans mon dos.

Pris de panique, je feuilletai les alentours du regard et repérai mes vêtements au pied de la tente. Les mains tremblantes, j'attrapai mon boxer que je m'empressai d'enfiler. Mais il n'y avait aucune trace de mon t-shirt. Je réprimai un grognement frustré. Il y avait quelqu'un, là derrière, qui était probablement tout aussi nu que moi. Et il était hors de question que j'affronte cela à nouveau. Voir la déception et la colère dans le regard de Sinna lorsqu'elle verrait que j'ai couché avec une inconnue, bien que nous ne soyons absolument pas ensemble. Mais je ne le supporterai pas. Pourtant, si mon t-shirt devait être quelque part, c'était bien dans cette putain de tente.

Je soufflai un bon coup, ravalai une nouvelle vague de vomi et m'en retournai à l'intérieur. Les yeux baissés, me refusant à regarder la silhouette a demi masquée sous les maigres couvertures, je restai concentré sur le sol crasseux et la recherche de mon t-shirt.

- Tu cherches quoi ? s'amusa-t-elle.

Mes poils se dressèrent sur ma nuque et mon propre vomi manqua de m'étouffer. Cette fois-ci, il fallut bien regarder. Je devais m'assurer que j'avais bien rêvé cette voix, que je connaissais si bien et qui désormais se tenait là, face à moi.
Un délicat regard bleu croisa le mien, et Sinna pencha la tête sur le côté comme pour tenter de déchiffrer mes émotions.

La panique me gagna alors. Elle portait mon t-shirt. Ses propres vêtements gisaient au fond. Mon rythme cardiaque s'accéléra, ma poitrine se comprima et je fus bientôt incapable de respirer convenablement. Elle était là. Elle était là, devant moi. Sous les couvertures. Avec mon t-shirt. Alors que je ne portais qu'un boxer. Tout allait pour le mieux, voyons. Ça n'était qu'une illusion. Une hallucination liée à ces putains de pilules, ou bien un pauvre rêve sans importance. S'il faut, je me réveillerai dans quelques secondes, allongé dans mon lit et seul. Si seul que j'en aurais un frisson de plaisir.

Mais tout cela semblait terriblement bien réel.

- Ne panique pas, pouffa-t-elle. J'ai conscience que tu ne te souviens de rien.

- Je... commençai-je, chevrotant, mais incapable d'en dire plus.

- Ne m'en veux pas, fit-t-elle en passant une main dans ses cheveux ébouriffés. Mais tu t'es montré très persuasif. Et j'étais pas mal défoncée aussi. Sauf que je me souviens de tous les détails.

Heureusement pour moi, il ne lui prit pas l'envie de me lancer une oeillade coquine. Autrement, je ne sais pas quelle aurait été la réaction de mon corps. Vomir ou se jeter sur elle pour l'embrasser, quelle importance, puisqu'elle n'en avait sagement rien fait.

Il me fallait prendre une décision. Et vite. Plus question de rester là, à demi nu, sous le regard de Sinna. Je quittai alors vivement la tente, attrapait mon pentalon au passage et l'enfilai dans un fébrile saut.

L'air glacial m'arracha un nouveau frisson, et au contact de l'herbe détrempée, mes pieds furent pris par l'envie de décoller et de ne plus jamais se poser au sol. Pourtant il fallait bien. Les yeux plissé, aveuglé par les rayons matinaux, je cherchai la route du regard. Lorsque je repérai le chemin de béton gris, je m'y rendis sans me presser. Je ne voulais pas encore dégobiller.

Une fois en surplomb du champ, debout sur la pierre noire, je pris une direction au hasar. Tant pis s'il me faudrait marcher dix kilomètres. Je n'avais ni chaussure ni t-shirt mais au moins, je ne reverrai plus le visage de Sinna avant un bon moment.

- Tu vas où comme ça ? pouffa une voix, hilare.

Je voulus hurler, me jeter au sol en espérant que le choc me tuerai. À la place, je pivotai lentement sur moi-même et fis face à Sinna, qui portait toujours mon t-shirt, ainsi qu'un short emprunté à je-ne-sais-qui et deux bottes d'origine toute aussi inconnue. Elle me lança une paire de basket qui me frappèrent l'estomac de plein fouet, arrachant à mon corps une nouvelle vague de vomi. Mais Sinna ne grimaça pas de dégoût, simplement elle contourna la flaque et attendit que j'enfile mes chaussures. Quant à moi, je ne voulais pas savoir comment elle avait su où est-ce que je les avais déposées la veille.

- On nous a volé deux motos, soupira-t-elle en redressant le menton sur la route. Alors va falloir marcher.

Je me redressai sans attendre, nauséeux, et m'engageai dans la direction pointée.

- J'avais compris, grondai-je, agacé.

Visiblement, l'éviter et tâcher de faire mine qu'il ne c'était rien passé était un plan désastreux. Surtout qu'elle portait mon t-shirt. Je ravalai un hurlement frustré et poursuivis mon chemin sans lui jeter un regard.

C'était loin d'être gagné.

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