Chapitre 21 : Danse et alcool (non corrigé)
Daniel nous entraîna au travers de la maison, nous fit prendre un escalier étroit pour finalement déboucher dans une vaste pièce mal éclairée. Au centre de celle-ci, rangées face à un mur coulissant, quatre étranges véhicules étaient entreposés. Ils ressemblaient à des vélos, mais possédaient un guidon bien plus épais ainsi que deux roues à pneu.
- Qu'est-ce que c'est ? s'interrogea George, qui nous rejoignait aux côtés de Sinna, d'Aube, d'Aurore et de Zénith.
- Ce sont des motos, sourit Daniel. Ces bébés sont plus rapides encore que des voitures.
Mais l'absence de toit ou de pare-brise m'inquiétait. Si elles étaient plus rapides tout en étant si peu équipées de protections, c'était qu'elles étaient probablement dangeureuses.
- Je sais conduire une moto, laissa tomber Sinna. Mon grand-père en avait une. Il disait que c'était un trésor Enohrien. Il m'a appris à la conduire.
Elle me jeta un regard pétillant, que je m'empressai d'éviter. Évidemment ; il allait falloir que je monte avec elle. George et Jeane ne laisseraient pas faire les choses autrement.
- Super ! s'extasia Aube. Comme ça, je me mets avec Danny.
Ce dernier attrapa ma cousine par la taille et déposa un baiser sur ses lèvres. Aurore leva les yeux au ciel, visiblement excédée, et je me demandai alors pourquoi est-ce qu'elle se donnait la peine de venir si elle nous appréciait pas. Peut-être n'agissait elle que par méfiante et souhaitait protéger son frère et sa sœur de nous.
Elle s'installa sur l'une des machines et fit signe à George de la rejoindre. Il obéit, tremblant, tandis que Jeane montait prestement avec Zénith. Sinna prit place à son tour, et j'eus grande peine à retenir un grondement en m'asseyant dans son dos.
Daniel précisa qu'il n'y avait pas suffisemment de casques, alors il déclara qu'il n'y avait pas besoin d'en mettre. Nous n'avions, après tout, que cinq kilomètres à faire. Ce qui était une distance considérable à mes yeux. J'aurais le temps d'y laisser ma peau une centaine de fois.
Le mur se rétracta dans un bruit sonore, et les dernières lueurs du jour éclairèrent nos visages tendus. Les moteurs grondèrent, l'on fit tourner les poignées sur les paumes et la roue arrière propulsa la moto sur la route. J'écarquillai les yeux, surpris par la brutalité du départ, et empoignai la taille de Sinna sans réfléchir. Mes phalanges furent prises d'un électrochoc lorsqu'elle me décrocha une oeillade complice, et je détournai vivement le regard. Je ne devais ressentir aucun désir pour elle. Malgré tout ce qu'elle pouvait dire au sujet du temps et du futur, cela apaisait ma conscience coupable de ces crimes que je n'avais même pas encore commis.
Alors que le rouleau de béton s'élançait devant nous, je perçus sur mes talons l'élégante mélodie d'une guitare. Perplexe, je me dévissai la nuque mais ne vis là aucun musicien. Daniel, qui me souriait, tapota une boite noire quadrillée sur le guidon de sa moto :
- C'est de la musique Enohrienne !
Je repris place confortablement sur le siège, le cœur battant. L'instrumental était d'un si haut débit qu'il couvrait presque les rugissements de nos montures. Bientôt, j'entendis des voix s'ajouter à la mélodie et mes muscles se détendirent. Pour une raison que je n'expliquai pas, le souvenir d'Ashley m'était revenu en mémoire. Elle qui était si naïve, si optimiste, ne vivait que pour profiter de ses derniers instants sans se soucier des évènements passés et futurs. Je fus pris par l'envie de faire de même. Après tout, l'avenir de Phoenix ne se jouerait pas ce soir. Ni celui de mes amis, de Aube, ou encore du mien.
Je me redressai sur le siège de la moto, savourai la musique qui courait les routes à nos côtés, et ce vent qui caressait mon visage comme les cheveux de Sinna. Je laissai mon regard glisser le long de l'arrête de son nez, sur ses joues et ses tâches de son, la courbe de ses lèvres si délicate. Elle dû le remarquer, car doucement, elle se laissa glisser jusqu'à que son dos s'emboîte parfaitement à mon torse. Si son souvenir du Monde des Esprits n'était pas encore bien présent, j'aurais déposé mon menton sur son épaule et savouré les relents de son odeur qui auraient accompagné le vent.
Mais l'image était fraîche, et elle était amoureuse de moi. Et je ne pouvais pas soudain lui montrer que j'éprouvai la même chose tout en sachant que j'avais fait mine de la haïr pendant des jours auparavant.
Finalement, j'émis une quinte de toux et me redressai légèrement. Rester ainsi, face et pensée face au vent, me rendait terriblement nostalgique. J'imaginai mes parents à mes côtés, heureux de leurs retrouvailles avec Elly. Mon père et ses épaules carrées, assis tout comme moi derrière la femme qu'il aimait. J'étais certain que ma mère aurait voulu conduire. Et cela lui aurait réussi. Cela lui réussissait souvent, ce genre de trucs.
Nous finîmes par apercevoir de vives lumières violettes, jaunes et rouge sur un point dans l'horizon de cette route désertique ; mes sourcils se froncèrent et je pivotai à nouveau vers Daniel :
- Où est la ville ?
Il échangea un regard complice avec Jeane, assise derrière Zénith sur la moto voisine.
- Tu serais venu, si je t'avais dis qu'on allait danser ?
- Hein ?!
- On va en boîte, Kenfu ! hurla Jeane, pour couvrir le vombrissement de nos véhicules.
Je me renfrognai ; évidemment. À quoi m'attendais-je ? Jeane ne manquerait pas une occasion de faire la fête, quel que soit le Monde dans lequel elle se trouvait.
Bientôt, je découvris que les lumières ne provenaient pas d'un bâtiment mais d'un immense espace de fête ammégané à travers champ. Il était évident qu'il ne s'agissait pas d'une gentille fête foraine pour les enfants où l'on vendait glaces et bonbons. On y trafiquait probablement toutes sortes de substances illégales. Choses auxquelles je n'avais jamais touché ; avoir eu une mère noyée par ces petites poudres ou pilules magiques y était probablement pour quelque chose.
Nous garâmes les motos au milieu d'autres dans l'herbe. La musique m'assaillait déjà les tympans, m'empêchait d'entendre quoi que ce soit d'autre.
Le pas confiant, Daniel nous guida jusqu'à un immense espace dégagé où se déchaînait une foule impressionnante. Tout autour, il n'y avait que déchets, bouteilles vides, pollution, cadavres vivants hilares de leurs potions, voitures démenbrées et rouillées, tonneaux d'alcool aussi bien récents que déposés là il y a bien longtemps.
À mes côtés, Jeane pétillait de joie, tandis que George s'émerveillait des couleurs qui batifolaient dans le ciel d'encre. Sinna demeurait serrée à mes côtés, excitée comme curieuse. Aube, Zénith, Aurore et Daniel étaient très à leur aise. Ils semblaient être dans leur élément, aussi confiants que des requins dans l'eau.
En chemin, nous croisâmes un groupe d'humains rieurs qui déposèrent dans la main de Daniel un sachet de pilules magiques. Il nous les distrubua aussitôt, et ma gorge se noua. Ça n'était pas une bonne idée. L'envie me prit d'attendre que les autres avalent les leurs avant moi, mais je m'en abstins. Après tout, cela n'allait pas me rendre accro.
Je soufflai alors un bon coup et jetai les pilules au fond de ma gorge.
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