Chapitre 2 : Le Livre des Prophéties (non corrigé)
Je battis lentement des paupières, le crâne percé par les rais de lumière aveuglants. Je me redressai dans un faible gémissement et constatai que j'étais un Homme. Les membres frémissants, je levai la main pour parer le soleil qui cherchait en vain à m'aveugler.
Les voix des Souvenirs tonnaient dans mon esprit, en parallèle avec le silence qui hurlait dans la grande pièce. Je revis les yeux émeraude de mon double, ses joues creusées par la fatigue et ses tortures intérieures. Ce Voyage Cognitif ne m'avait semblé être qu'un pauvre rêve innofensif, tout au plus un cauchemar.
Je parcourai alors la salle du regard, perdu. Les murs qui se courbaient jusqu'au plafond étaient d'un verre cristallin, dénudés de couleurs sombres. Le soleil miroitait sur les parois translucides, faisait danser les particules d'air dans ses habiles rayons de lumière.
Au pied de ces verreries étincelantes, une couronne de lierre serpentait sur les reliefs. Le parquet de bouleau avait été soigneusement verni et brillait sous la vive lueur du ciel immaculé.
Mais il demeurait une ombre, qui planait lourdement au dessus de ma tête ; lorsque je me dévissai la nuque pour tenter d'apercevoir l'origine de celle-ci, je manquais de m'étouffer. En effet, il s'agissait là d'un majestueux arbre aux feuilles mauves, dont l'écorce élégante dessinait d'agréables serpentins. Son imposante envergure d'environ deux mètres me laissait bouche bée, tandis que sa hauteur de dix mètres seulement me faisait douter de la nature de cet arbre. Bien que je ne sois pas un expert, il ne m'avait jamais semblé en avoir déjà vu un de telle sorte.
Cependant, ça n'était pas le plus curieux ; et l'image encore encrée des Souvenirs me harcelant s'évapora à la vue de cette étrange stèle -si s'en était bien une. Elle y ressemblait, mais elle avait plutôt la forme d'un livre que l'on aurait agrandit. Fait de pierre, ses pages vierges semblaient comme murmurer des paroles inaudibles. Mon esprit s'était fait vide, et je contemplai le livre d'un regard lointain.
Je réprimai un sursaut lorsque la roche s'anima et sautai sur mes pieds, les muscles raidis. Je fis un pas en avant, les yeux écarquillés, appelé par l'étrange objet céleste.
La page de pierre fut tournée par une main invisible et ondula lentement, telle une vague aux reflets d'argent.
Et tandis que les battements de mon coeur et le souffle régulier de ma respiration se perdaient dans les méandres de mon esprit voilé, la mélodie s'intensifia jusqu'à que j'en distingue les syllabes.
À cet instant, des lettres furent gravées sans le moindre bruit sur la page, alors qu'une voix enchanteresse chantait les vers de cet étrange dessein :
-Deux Cœurs, une Âme,
D'un long sommeil le Dragon fut tiré
Puis partagé d'émeraude et d'ivoire.
Son pelage est blanc comme son regard à jamais naïf,
Ses yeux sont verts comme l'espoir qu'elle ne connaîtra pas ;
Mais Aube de vie comme de mort,
Seule la fatalité du Dragon d'Ivoire trouvera son chemin
Aux pieds du jumeau maudit par la Dernière Prophétie.
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