Chapitre 14 : Un emplacement pas si secret que ça (non corrigé)
Raconter à Jeane les évènements de ces deux derniers jours ne fut pas une mince affaire. Elle ne cessa de nous interrompre pour formuler un commentaire, donner son avis ou insulter Kameryna. Cependant, elle ne posa pas de questions quant aux intriguants détails, notemment sur le fait que Sinna ait été présente dans ma chambre quand Kameryna nous a révélé ses pouvoirs. Elle ne chercha pas non plus à savoir ce que j'avais vu dans le Monde de l'Esprit.
En revanche, elle ordonna à George de lui apprendre la chanson que la guide nous avait apprise et souhaita voir l'argent de ses propres yeux. Elle demeura quelques secondes à observer les billets, les toucher et se délecter de leur odeur inexisante. Inexistance aussi figurative que réelle, d'ailleurs.
- Alors si j'ai bien tout capté, lâcha-t-elle finalement, tandis que nous marchions dans une direction inconnue. On doit trouver ta myster sister, chat ? Le Dragon d'Ivoire ?
Je ne savais pas ce que pouvaient signifier "myster" et "sister", puisqu'il s'agissait probablement là de mots en anglais que Jeane avait dû apprendre au QG, mais l'idée était là. Cependant, qu'elle m'ait nommé "chat" au lieu de l'habituel "le chat" me surpris. Peut-être avait-elle simplement la flemme de dire un mot de plus. Et cela lui ressemblait bien.
- On n'est pas sûrs que ça soit ma sœur... me renfrognai-je, mal à l'aise.
L'idée me semblait bien trop étrange, bien trop farfelue pour être vraie.
- Enfin bref, pouffa George, qui depuis le retour de notre amie ne quittait plus son sourire. Il faut qu'on y aille. Peut-être que comme ça on découvrira enfin d'où vient ton Don et comment est ce que tu peux le contrôler.
(NDA : Dans les corrections du tome 2, la partie dans laquelle Kenfu découvre que son Don est une part de l'âme d'Enory est supprimée. Pour conserver le mystère, je m'abstiens de préciser si je vais conserver cet aspect là de l'histoire où le modifier...)
J'opinai du chef. Nous avions un but. Mieux, nous avions un cap. Bien que celui ci nous soit encore inconnu en terme de données précises.
- Comment est-ce qu'on fait pour la trouver ? s'enquit Sinna, quelque peu exaspérée. Enohr est immense. Et peut-être même qu'elle n'est pas sur Enohr.
- No ! pépia Jeane. Myster sister glande sur Enohr d'puis qu'elle est née.
Je m'immobilisai, perplexe, et les trois autres m'imitèrent.
- Tu sais où est le Dragon d'Ivoire ?! m'étranglai-je, ahuri. Et tu as attendu tout ce temps pour nous le dire ?!
Elle sautilla littéralement sur place :
- J'suis grave excitée ! Bicause j'ai appris grave des mots en anglais p'isque vous étiez partis et aussi parce que j'ai fait des r'cherches. J'ai fouillé les archives ! J'ai trouvé c'qu'ils appellent le "recensement" des gens Erkaïn sur Enohr. Y en a pas eu dix mille. Et pis ils étaient tous au centre archéologique.
Et la lumière fut.
Bien sûr.
Le centre archéologique.
- Pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt... grondai-je, agacé contre moi-même. C'est là bas que je suis né. Si je dois avoir une sœur cachée, -même si je crois pas que ce soit vrai- elle sera forcément née là bas.
- Let's go alors ! sourit Jeane, le regard brillant d'un air de défi que je lui connaissais bien.
- Arrête avec ton anglais, la pria cependant Sinna, qui riait à moitié. On ne comprend rien.
Mais elle se contenta d'enrouler ses bras autour du cou de Sinna pour lui donner une courte étreinte affectueuse :
- J'suis grave contente d'avoir retrouvé ma best friend d'amour.
Émue, Sinna la serra à son tour, tandis que George protestait, indigné :
- Mais, nous aussi, on est tes meilleurs amis !
- Ah bah là bizarrement, tu comprends l'anglais ! m'agaçai-je, un semblant de sourire sarcastique aux lèvres.
Le grand blond croisa les bras sur sa poitrine, les sourcils levés, et je me secouai pour reprendre mes esprits :
- Bon, revenons au sujet principal. Où est ce centre archéologique ?
- Qu'e'que part en Corrèze, laissa tomber Jeane après quelques secondes de réflection.
- Et c'est où, en Corrèze ? insistai-je, quelque peu agacé que cela prenne tant de temps.
Notre amie braqua son regard sur George et lui fit les yeux doux :
- J'croyais qu'la p'luche aurait la réponse.
Il eut un sourire sage :
- Évidemment que je sais. La Corrèze se situe au centre de la France. C'est l'espace le moins habité du pays.
J'arquai un sourcil, perplexe. George avait retrouvé son optimisme. Il cessait de râler. Il cessait de chanter et de se comporter de façon immature ; il était redevenu lui-même et ce uniquement depuis la réaparition de Jeane. Cela était pour le moins étrange.
- On peut aller en Corrèze en avion ? demanda Sinna.
- Non, soupirai-je, agacé. Il ne nous reste pas assez d'argent.
- Pitié, ne me dites pas qu'on va y aller à pied, geignit Jeane.
George cessait enfin de se plaindre, et voilà qu'il était aussitôt remplacé par Jeane. Mais leur image de souvenir, blafarde dans le Monde de l'Esprit, me revint et me dissuada de le leur reprocher. Je devais profiter de leur amitié et veiller à ce que tout ce que j'ai vu ne se reproduise pas.
- On va trouver un transport, ne t'inquiète pas, grommelai-je. Moi non plus je veux pas marcher de toute façon.
- Allons à la ville la plus proche, proposa George.
- Et c'est par où, la ville la plus proche ? interrogea Sinna.
J'eus soudain l'impression que la jeune femme n'était là que pour poser des questions.
- J'en sais rien, soupirai-je. Suivons le sentier et on verra bien.
Je repris mon chemin et, sans poser la moindre question, ils me talonnèrent.
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