Chapitre 11 : J'étais sur la route (non corrigé)
[NDA : Petits changements
Les corrections apportées me forcent à modifier certaines choses ; désormais, quand Kenfu, Sinna et George trouvent la femme enceinte, ils lui donnent leur nom et elle est interloquée. Elle les amène voir quelqu'un qui dit les attendre, à savoir Mya. Quand ils sortent, elle leur dit qu'un avion va partir d'ici deux heures à New York et qu'il pourra les y déposer. Ils acceptent.
Je crois que vous avez aussi remarqué que, étrangement, les personnages supportaient très bien le fait de ne jamais manger, ni boire, ni jamais faire ses besoins XD ... C'est pour la simple et bonne raison que j'ai oublié ce petit détail important qu'ils doivent boire et manger parfois. Donc ne vous étonnez pas pour ça.]
La femme nous entraîna dans les dédales de la ville poussière, se faufila sous quelques arcades de pierre et longea des murs brûlés par le soleil. Le ciel, scindé par les cordes à linges, nous aveuglait de sa couleur immaculée. Nous finîmes par atteindre une plaine, où le peu de vent qui y dansait crachait des pelotes d'herbes sèches. La chaleur pesait lourd sur mes épaules, presque autant que le nouveau poids que Mya m'avait donné. Malgré la sueur qui ruisselait sur mes membres fatigués, engourdissant mon cerveau par la même occasion, mes pensées viraient toujours vers ses paroles.
Aussi, je dus me secouer pour les chasser à nouveau. Je n'avais pas envie de ça actuellement.
-On y est presque ? demanda Sinna, à bout de souffle.
Ses cheveux collaient son visage trempé, et elle avait noué son t-shirt sur son ventre pour laisser circuler les maigres courants d'airs.
-J'espère, rechigna George, qui n'était pas dans un meilleur état.
Lui avait tout simplement retiré sa chemise et l'avait enroulée autour de sa tête pour se protéger des claques incessantes du soleil. A les entendre ainsi se plaindre, je n'avais qu'une envie, faire de même. Je voulais hurler que je mourrais de chaud, que j'avais soif, faim, que je voulais dormir dans un vrai lit. Comme ceux que l'on trouvait à Enohria. Lits qui n'existent plus, au passage, soupirai-je intérieurement, une grimace au visage.
Je relevai mes cheveux en une maigre queue lâche, qui ne tint pas bien longtemps. Quelques mèches sur ma nuque semblèrent vouloir adhérer à cette nouvelle coiffure, mais pas les autres. Ce qui ne m'arrangeait pas.
-On est dans une plaine, maugréai-je, agacé. A mon avis, l'avion est pas très loin.
Mais ma mauvaise humeur n'était visiblement pas contagieuse, car George étira un sourire :
-Si Sinna avait été là, elle aurait...
-Je suis là, pouffa cette dernière en levant la main, un sourcil arqué.
En l'espace d'une seconde, ma colère s'évapora et j'éclatai de rire.
-Je voulais dire Jeane ! se défendit notre ami, qui ne put cependant pas s'empêcher de rire à son tour. Je me suis trompé, je voulais dire Jeane...
-J'aurais tellement aimé que George soit là, geignit Sinna d'une voix grossièrement exagérée, ce qui accentua nos soubresauts.
Je titubai, hilare, sans vraiment savoir pourquoi je m'esclaffai tant.
-Bref, je disais, soupira George, masquant à grande peine son sourire. Si Jeane avait été là, elle aurait sûrement chanté un truc pour nous empêcher de râler comme ça.
Sinna poussa un cri et une grimace naquit sur son visage :
-Oh non s'il te plaît, pas encore cette chanson dans l'autre langue...
-Ah non hein ! le menaçai-je en pointant un doigt sur sa poitrine pour le mettre en garde. Pas ça !
Il haussa les épaules, offusqué par notre réaction :
-D'accord, alors vous en connaîtriez pas une autre, mais dans notre langue ? Je m'ennuie un peu et j'ai envie de chanter.
-C'est nouveau ça, pouffa Sinna. Tu aimes chanter maintenant ?
-Ouais, c'est juste pour nous faire chier en fait, grondai-je en lui lançant un regard noir.
Il leva les mains en signe d'innocence, et j'entendis la femme enceinte rire à quelques mètres devant nous. Etions-nous ridicules, à ainsi débattre sur une chanson ?
-J'cwonnais qwelqwe chwose en fwançais si vwous vwoulez, pouffa-t-elle.
Nous redressâmes le regard dans sa direction, surpris, alors qu'elle commençait à frapper des mains en rythme. L'écho de ses paumes sèches dansa jusqu'à nous, créa un drôle de tempo qui nous décontenança.
-Wépétez apwès moi, cria-t-elle, m'arrachant un sursaut au passage.
Elle s'immobilisa sur la poussière, concentrée, puis ses talons raclèrent la rocaille ; les particules de sable s'envolèrent, le ciel se para d'une écharpe ocre quelques instants et la voix de la jeune femme résonna à travers cette vallée vide de vie :
-Caw j'étais suw la woute toute la sainte jouwnée !
-Car j'étais sur la route, répétâmes en chœur, perplexes. Tout la sainte journée...
Nous échangeâmes un regard, et je vis Sinna se mordre les lèvres pour ne pas rire. George, lui, fixait la femme et imitai ses gestes. Bientôt, il se mit à frapper des mains et nous incita à faire de même, ce à quoi nous fûmes cependant plus réticents.
-Je n'ai pas vwu le dwoute en toi s'immiscer, poursuivit notre guide d'une voix mélodieuse. J'étais suw la woute toute la sainte jouwnée !
Elle engagea une habile pirouette sur le sable et agita ses hanches, engagée par le rythme de sa chanson. George me rattrapa et me jeta un coup d'épaule :
-Je n'ai pas vu le doute en s'immiscer !
Sinna sauta à mes côtés et noua son bras au mien :
-J'étais sur la route toute la sainte journée !
-Si sweulement j'avwais pwu liwe... se stoppa soudainement la femme, avant de faire volte face dans notre direction en écartant les bras : dwans tes pensées !
D'un même geste, Sinna et George m'attrapèrent les mains et, ensemble, les joignîmes au ciel pour nous exclamer :
-Si seulement j'avais pu lire dans tes pensées !
Malgré moi, je réprimai un rire et la guide poursuivis son chemin :
-Vwous vewez, ça occwoupe de chahanter cwomme ça.
J'eus grande peine à lâcher la main de Sinna, bien qu'elle soit trempée de sueur. Rire ainsi avec elle m'avait manqué. George, à ma gauche, m'accorda un sourire malicieux, ce qui acheva de me convaincre ; je me dégageai de la jeune femme et redressai ma queue de cheval qui se détachait, mal à l'aise.
-D'aillweuws, s'arrêta à nouveau la femme, vwoilà vwotwe plane.
-Notre avion ? répéta George, les yeux brillants. On est arrivés ?
En effet, elle disait vrai ; à quelques mètres, l'engin se dessinait dans les nuages de poussières. La chaleur se réverbérait sur ses ailes métalliques et fumait jusqu'au ciel teinté d'ocre. Le nez rouge de l'avion paraissait bien petit, à côté de l'imposante machine dans laquelle nous étions montés à l'allée.
La guide tira alors de sa poche une enveloppe, qu'elle tendit à George :
-C'est pwas gwand chwose, mais ça vwous sewa utile.
Sinna se pencha pour jeter un oeil à l'intérieur lorsque notre ami l'ouvrit, surpris.
-C'est de l'argent États-Uniens ! s'exclama-t-il.
-Des dwollaws, précisa la future mère. Allez, et bwonne chance pouw la swuite !
-Merci pour tout ! s'écria Sinna alors qu'elle disparaissait déjà dans le nuage de poussière.
-Elle a donné combien ? lançai-je à George, les yeux plissés pour mieux décerner sa silhouette parmi les particules de sable.
Le vent se levait et poussait ces dernières droit dans le coin de mes yeux, ce qui était particulièrement désagréable.
-Je ne sais pas, laissa-t-il tomber après un dernier regard à l'intérieur. Je ne sais pas ce que représentent les dwollaws.
Je restai silencieux un moment. J'échangeai un regard avec Sinna, qui m'encouragea à faire le premier pas d'une simple œillade rassurante. Mais je me détournai, les dents serrées, et mis les mains sur mes hanches. Le bilan de notre visite à l'Ambassade Magique d'Enohr n'était pas très concluant. J'étais à peu près certain d'avoir déclenché une guerre entre nos deux Mondes. Voilà qui ferait très bonne impression auprès des autres Erkaïns, lorsqu'ils apprendraient qui succèderait Orhond au trône. Non, me souvins-je en reprenant doucement ma respiration. Je vais trouver un moyen pour céder ma place. Je ne serais pas Roi. Ce serait une très, très mauvaise chose.
-Allons-y, fis-je finalement après avoir réalisé que mes deux amis attendaient mon signal.
Embarrassé, je tournai vivement les talons pour me précipiter vers l'avion. Je détestai le fait qu'ils attendent mes ordres pour agir. Je ne suis pas leur chef, m'agaçai-je intérieurement. Je sais pas ce qui leur prend, des fois, mais ils sont vraiment stupides...
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