Epilogue (Corrigé)

Il faisait noir. Et c'était les seuls mots capable de décrire ce que je voyais, sentais ou entendais. Une seule obscurité, plus sombre encore que celle du coma, plus terne encore qu'une nuit de cauchemar, plus silencieuse encore que les profondeurs abyssales de l'océan.

Le vide était habillé du Néant, la mort crispée au bord de ma conscience qui persistait. En vérité, il n'y avait là qu'une âme, dont les couleurs auraient été teintées de blanc et d'émeraude si la noirceur n'avait pas été le seul meuble d'une pareil pièce. Salle qui n'avait d'ailleurs ni forme ni hauteur, dont le centre et les bords n'existaient pas. Simplement l'éternité, l'infini, et ce vide pour creuser le tout davantage -comme si cela était seulement possible.

Et la lumière fut.

Et elle demeura. Parce qu'en ce monde, elle ne s'éteignait jamais vraiment. Que l'on soit à Erkaï ou non.

Le silence se brisa alors lorsqu'un tambour tonna à travers la lueur, donnant vie à un nouveau rythme, un nouveau tempo prêt à être relancé. Je sentis mon flanc se soulever, la douce étincelle d'une respiration seine et apaisée briller au creux de mes poumons craintifs. Mes paupières se soulevèrent, battirent aussi lentement que les ailes d'un papillon préparant son envol. Les reliefs familiers du plafond m'apparurent, se dessinèrent dans une étonnante netteté.

Les sens me revinrent, apportant avec eux odeurs et douces sensations. La lavande, le neuf et l'humidité pétillèrent au creux de mes narines époustouflées par cet afflux d'arômes. Mes pattes se crispèrent sur des draps soyeux, et l'image d'une école hissée sur deux cents marches de pierre s'imprima dans mon esprit ; Enohria.

Mes muscles se raidirent lorsque je me redressai légèrement, mais je ne ressentis aucune douleur. J'avais le sentiment d'être tiré d'un long sommeil sans rêve, dans lequel mon esprit comme mon corps se seraient enfin reposés.

Une silhouette se dessina alors sur la droite, et je lus sur son visage une expression soulagée, presque fatigué. Je fronçai les sourcils, concentré, pour que les traits de l'individu m'apparaissent clairement. Lorsque je reconnus là deux yeux bleus azur sur un grand nez droit, entre deux joues tirées par les rides, mon cœur bondit dans ma poitrine. Un sourire amusé naquit sur le visage de Kaï lorsqu'il se pencha sur moi :

-Tu vois, mon jeune ami, je crois que finalement, je vais revenir à la bibliothèque et veiller sur toi comme il se doit. Après tout... N'est-ce pas là la mission d'un Voyageur ?

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