Chapitre 8 : La célébrité (Corrigé)
Les dortoirs ne se révélèrent pas des plus intéressants. On m'attribua la chambre dix-sept, qui se trouvait au premier étage. La Tigresse nous apprit également que le bâtiment comportait quatre étage, un pour chaque année d'étude. Nous croisâmes même des étudiants sur leur dernière année d'apprentissage qui débattaient d'un sujet politique des plus ennuyeux. Cependant, je ne pus m'empêcher de déglutir à leur vue : l'idée que je puisse être à leur place dans quatre ans, aussi solennel face aux polémiques de Phoenix, m'effrayait.
Je secouai la truffe, chassant cette idée burlesque de mon esprit.
Niru nous ramena face au bâtiment principal et se stoppa face aux portes pour se tourner vers nous :
-Au rez-de-chaussée vous trouverez une ouverture à gauche, au dessus de laquelle un écriteau "Réfectoire" est suspendu, cria-t-elle pour couvrir les brouhaha incessants de ses nouveaux élèves. N'oubliez pas que vous aurez votre premier cours d'initiation au combat cet après midi. Je vous laisse vous débrouiller, maintenant.
Sur ces mots, elle tourna les talons et le reste de ma classe se rua à l'intérieur. Ils semblaient si pressés de découvrir le self que je préférai quant à moi rester en retrait, prenant bien garde à ne pas être bousculé par cette foule hystérique.
Je finis par pénétrer dans le hall à mon tour. Mais à peine mes pattes touchèrent le parquet verni que des centaines de regards pivotèrent dans ma direction. Les oreilles rabattues vers l'arrière, je tentai d'ignorer les murmures curieux dispersés sur mon sillage. Les dernières années jusqu'aux premières connaissaient mon statu social, et chacun semblait envier ma position dite "royale" si prisée.
L'avantage fut qu'à mon passage, la foule s'écartait aussitôt : je pus ainsi me frayer un chemin jusqu'aux buffets encadrés de vitrines, où le personnel s'attardait à la tâche de nous distribuer la nourriture. Tandis que je patientai, mal à l'aise au milieu de la foule et des bruits, je pris le temps d'étudier davantage les lieux. La cantine était une immense salle au haut plafond de vitres, qui laissaient la lumière naturelle éclairer l'endroit d'une douce lumière blanche. Les tables de diverses formes étaient dispersées dans tout l'espace. Les Erkaïns mangeaient avec bruit tout en discutant gaiement. Certains riaient aux éclats, tandis que d'autres demeuraient aussi silencieux que des tombes. J'en vis en pleines révisions, la truffe plongée dans leurs cahiers et classeurs. Certains mêmes ne mangeaient pas et se contentaient d'écrire frénétiquement sur leurs feuilles de cours.
J'interrompis mes pensées pour me tourner vers le buffet. J'avais le choix entre un sac en plastique, pour manger ailleurs qu'au self, et un plateau, pour m'installer à une table. Je pris un sac sans hésitation et demandai un sandwich aux œufs à la cantinière, ainsi qu'un jus. J'avais déjà mes tartines au miel pour mon dessert.
Soulagé de pouvoir enfin quitter les lieux, je tournai les talons, le regard fixé sur la sortie. Soudain, quatre Erkaïns déboulèrent face à moi, me barrant fermement le passage. J'avais sous la truffe une brochette de femelles Panda-Roux, dont les yeux brillants papillonnaient délicatement.
-Il est grand pour un Panda-Roux, lança l'une d'elle, dont le pelage brun et blanc s'hérissa d'un frisson lorsque je posai les yeux sur elle.
-Son pelage est entièrement noir... roucoula une autre.
J'eus un mouvement de recul, perdu face à leurs compliments, certainement hypocrites. Que me voulaient-elles ?! Je n'étais pas d'humeur au flirt. Je n'allais certainement pas sortir avec la première femelle que je verrais.
-Vous vous trompez, lança une voix impassible. Ce n'est pas le fils de Maître Aïru.
Nous fîmes volte-face vers l'inconnue. A quelques mètres, une Panda-Roux au pelage clair, gris et blanc, nous toisait d'un regard neutre. Stupéfait, je la reconnus aussitôt : c'était Sinna, la femelle qui était dans ma classe ! Les Erkaïns qui m'encadraient eurent un sourire embarrassé et s'écartèrent, mal à l'aise :
-De toute façon, on devait y aller, fit l'une, un sourire forcé aux lèvres.
Sur ces mots, elle entraîna ses amies plus loin et je restai planté là, interdit. Que venait-il de se passer ?
-Elles finiront par revenir, me prévint ma sauveuse, toujours aussi inexpressive.
Tout à coup, mon esprit s'éveilla et je lançai aussitôt, glacial :
-Qui t'as dit que je voulais me débarrasser d'elles ? Et je n'ai certainement pas besoin de ton aide pour me défendre.
Je montrai les crocs, agacé, et repris mon chemin vers la sortie. Comment pouvais-je la laisser prendre ma défense ainsi, tel un petit animal frêle et apeuré ?! Je n'avais besoin de l'aide de personne. Frustré, je me promis que la prochaine fois, je ne laisserai personne m'approcher. Personne n'aurait à me faire la cour, ni à prendre courageusement mon parti.
Les crocs serrés, je passai la porte et bondis à l'extérieur, avide de me vider rapidement l'esprit.
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