Chapitre 31 : C'est elle, ta solution miracle ?! (Corrigé)
Ahuri, je l'observai trotinner jusqu'à nous. Pourquoi se cachait-elle derrière les étagères depuis tout ce temps ? Avait-elle perçut l'ensemble de notre discussion ? Si tel était le cas, alors j'étais dans une mauvaise position. Elle saurait que j'avais menti et le répéterai probablement à Ashley, ce qui sèmerait la discorde au sein du groupe.
-Salut, souffla-t-elle, enroulant sa queue autour de ses pattes alors qu'elle s'asseyait à nos côtés.
-Je voudrais savoir d'où vient ce monstre, sifflai-je, impatient et agacé. Pas comment me faire des amis ici.
Si Kaï tenait réellement à ce que je reçoive de l'aide, alors autant solliciter George et de Jeane, et non pas une femelle qui n'avait de cesse de taper sur mes nerfs.
D'ailleurs, où se cachaient donc ces deux idiots ? Ayant la présomption de dire que je les connaissais plutôt bien, je savais qu'ils étaient probablement allés en cours afin de me pousser à les y rejoindre.
-Pour le moment, soupira Kaï pour me ramener à la réalité, les sourcils haussés et la mine fatiguée, le principal est de calmer la chose qui finira par détruire notre Monde si on la laisse faire.
Je me raidis, épouvanté. Disait-il vrai ?! Je coulai un regard effaré dans sa direction, et lorsque je vis son air grave, mon poil se dressa sur mon échine : il me semblait invraisemblable que je puisse contenir une puissance telle qu'elle.
-Et comment j'apprends à contrôler mon monstre ? ajoutai-je, ignorant sa remarque, la voix impatiente.
Pourquoi était-ce donc à moi d'exposer toutes mes questions ? Kaï n'était-il donc pas capable de prendre sérieusement les choses en pattes, de me donner des réponses explicites ?
-Il va falloir que tu le fasses sortir pour le savoir, lâcha-t-il subitement.
Si je fus pris un instant de vertiges, je revins rapidement sur terre, indigné et de plus en plus en colère :
-Je croyais qu'il ne fallait plus le faire sortir ? feulai-je, les poings serrés. T'es pas bien ou quoi ?!
-C'est pour ça que je suis ici, déclara soudain Sinna, les yeux illuminés ; elle s'apercevait enfin de sa réelle mission.
Stupéfait de sa prise de parole subite, je tombai assis au sol ; ma colère s'était envolée, comme si elle n'avait jamais existée. Hébété, je me demandais pour la première fois la raison pour laquelle Sinna parvenait toujours à faire reculer le monstre.
Mais je n'étais pas le seul à m'en être aperçu ; Kaï, un étrange sourire aux lèvres, l'avait lui aussi remarqué :
-Et bien, voilà notre solution miracle.
Je levai les yeux au ciel : pensaient-ils que tout ceci n'était qu'un jeu ? Mes ressentis et opinions n'étaient par ailleurs pas pris en compte dans leur stratagème. Que pouvaient-ils faire si je me refusais à faire sortir le monstre pour tester leur dite ''solution miracle'' ?
-Et si j'ai pas envie ? raillai-je, en accord avec mes pensées.
S'il y avait bien une chose dont j'avais encore la pleine possession, c'était mes choix.
-Je crois bien qu'il est temps de faire passer tes envies après le devoir, mon jeune ami, me prévint Kaï en me lançant un regard lourd de sens.
Je levai les yeux au ciel, totalement exaspéré par la situation. Pourquoi cette réponse était-elle si prévisible ?
-Je suis désolé, ironisai-je, mais votre solution miracle n'est absolument pas logique. Je ne vais en aucun cas prendre le risque de tuer des gens ou de détruire une nouvelle pièce dans l'unique but de vérifier une théorie. Je crois plutôt qu'on devrait s'intéresser à la guerre et à ce putain de rôle que je vais devoir endosser dedans ! Si on ne me dit pas comment je peux être utile, je vais avoir du mal à sauver des gens !
Mais alors que la vieille tortue s'apprêtait à répliquer, les portes s'ouvrirent à la volée et un jeune Putois déboula sous nos truffes.
-Votre Excellence ! héla-t-il de sa voix aigüe.
L'intéressé fit volte-face, les traits arqués dans une expression inquiète :
-Que se passe-t-il ?
Le fragile animal s'immobilisa à quelques pas de nous. Peinant à reprendre son souffle, il hoqueta :
-C'est Felicity, elle est arrivée avec d'importantes nouvelles !
Tétanisé, le Roi se précipita à la suite du larbin.
Perdus, Sinna et moi restâmes pétrifiés près de la fontaine. Les yeux écarquillés, je revins sur terre dans un long soupir ; si je n'avais absolument rien compris à ce qu'il venait de se produire, je savais que notre discussion devait à nouveau être remise à plus tard.
Du coin de l'oeil, je vis Sinna esquisser un large sourire. Mon malaise ne s'était toujours pas dissipé. Frustré, je lui lançai :
-Pourquoi tu ris ?! Y a rien de drôle.
-Si, la situation est comique, railla-t-elle, éclatant cette fois-ci d'un grand rire.
Je préférai garder le silence, de plus en plus exaspéré. Nous étions censé être en désaccord, en conflit. Certainement pas rire ensemble.
Mais elle ne semblait pas du même avis et prit une voix plus douce :
-Pourquoi es-tu fâché contre ton père ?
Irrité, je feulai :
-Pourquoi, tu le vénères comme tous ces autres idiots dans cette école ?
Mais la femelle rétorqua, offusquée :
-Je n'ai jamais dit ça.
Mes oreilles se couchèrent en arrière, alors que ma queue fouettait l'air d'un geste agacé.
-Pourquoi as-tu accepté de m'aider ? sifflai-je entre mes dents. On se déteste, tu te rappelles ?
L'autre haussa les épaules :
-Je ne te déteste pas. C'est juste que tu es un peu arrogant, alors quand on ne va pas dans ton sens, on s'embrouille avec toi.
Je feulai à nouveau. Ça n'était plus de l'aide, ce n'était qu'un nouveau moyen pour me faire des remarques. Quoi de plus inutile dans ce genre de situation. Certes, elle s'était presque liée d'amitié avec George et Jeane, mais je ne lui avais jamais demandé son avis sur ma manière de me comporter. Si elle n'était pas d'accord avec mes agissements, la porte était grande ouverte.
-Et pour l'aide, je ne sais pas, poursuivit-elle, lasse. Kaï avait remarqué que étrangement, dès que je suis là, ton monstre s'enfuit. Alors il est venu me parler. Et après l'incident d'hier, il m'a semblé que tu avais vraiment besoin que quelqu'un t'aide à contrôler ton monstre...
Je me gardai de répondre cette fois-ci. Si ces intentions étaient honorables, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle se faisait des idées.
-D'où est-ce que tu viens dans Erkaï ? préféra-t-elle me demander pour aborder un sujet plus gai.
-Des Bas-Quartiers, grommelai-je, conscient que ce sujet ne se révélait pas plus gai que le précédent.
-Oh, je suis désolée... s'attendrit-elle, l'air coupable. Personnellement, j'ai grandi côté Ouest.
Je me renfrognai ; si ce n'était pas la zone la plus aisée d'Erkaï, ce n'était pas la plus pauvre non plus.
-Content pour toi, ironisai-je en levant les yeux au ciel.
Elle haussa les épaules :
-J'ai eu de la chance dans la vie, je l'admets. J'ai deux parents aimants, deux jeunes frères intelligents.
Je ne trouvai cette fois ci rien à redire. Sa vie était parfaite, son monde se comblait de joies et de bonheur. Très bien. Mais je n'avais absolument aucune envie d'entendre cela à cet instant.
C'est alors qu'elle questionna, quelque peu embarrassée mais curieuse :
-Comment est-ce ?
Je levai pour la première fois mon regard vers elle et le plongeai dans le sien. Réellement sincère et curieux, il se faisait doux.
-Quoi donc ? fis-je mine de ne pas comprendre.
-Lorsque... Lorsque le monstre arrive.
Je restai silencieux un moment, hésitant, avant d'expliquer d'une voix creuse :
-C'est douloureux. En fait, la rage monte, et tu ne ressens plus que ça. L'envie de destruction et de mort te submerge, des pensées horribles te traversent l'esprit et tu défoules ta colère sans même t'en rendre compte. A partir du moment où tes pattes quittent le sol et que la fumée verte électrique t'enveloppe, tu as perdu tout contrôle. Tu ne sais pas ce que tu fais. Quand tu rouvres les yeux, tout est détruit. Mais le pire dans tout ça, c'est que tu ne t'en es même pas rendu compte.
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