Chapitre 12 : Monstre ! (Corrigé)

Mon cœur cognait fort contre ma poitrine, et ma fourrure hérissée se secouait furieusement dans l'air, comme si une tempête s'était brusquement levée dans le bureau.
Je laissais échapper un rugissement enragé ; je n'avais plus aucun contrôle de moi-même.
Ma vision était floutée de vert sombre, et je sentais dans la pièce comme une odeur étrange. Était-ce de la magie ? L'odeur de la fumée après un feu s'insinuait également dans mes poumons.

Mais je n'y prêtai aucune attention : que se passait-il ? Seuls les vents qui me fouettaient le pelage et la haine qui courait dans mes veines me rappelait une chose ; mon père était bien plus mauvais que je l'avais imaginé. Mon propre père, avec lequel je partageais mes gènes, était un malfaiteur de premier type à la vision des valeurs de famille et de loyauté noircie. Mais malgré tout cela, l'énergie folle qui courait dans mes veines me faisait peur. Qu'étais-je en train de faire ?
Je poussai alors un rugissement et serrais les poings. L'air se chargea d'électricité et soudain, tout revint. Le plancher se matérialisa sous mes pattes et je titubai vers l'arrière avant de m'écrouler au sol, la poitrine comprimée. Mes muscles refusaient de m'obéir, tout comme mes yeux, qui papillonaient aux quatre coins du bureau sans rien voir d'autre qu'une pièce plongée dans le noir et dans le silence.

Alors, la fumée âcre se dissipa et je pus distinguer nettement les reliefs de l'endroit ; aussitôt, je poussais un cri perçant, les yeux écarquillés. Les meubles et les objets étaient brûlés et émiettés. La peinture au mur s'était détachée, ou bien elle s'était colorée de noir carbonisé. Mon père gisait dans le coin de la pièce, aux côtés de Niru, du gorille et du fennec. Leur fourrure était arrachée, brûlée, et des plaies fendaient leur corps.

Mon rythme cardiaque reparti de plus belle et je crus bien être incapable de respirer, tant que j'étais horrifié. Qu'avais-je fais ?!

Sans réfléchir, je sautai sur mes pattes, claudiquai jusque la porte et quittai le bureau en courant de toutes mes forces.

Ce qu'il c'était passé ? Je n'en savais rien. Ce qui allait ce passer ? Rien non plus.

Je détalai sans réfléchir, les larmes me brouillant les yeux.

Au bout de ce qui me sembla être une éternité, j'atteignis l'édifice des dortoirs et poussai les grandes portes le plus silencieusement possible. Je m'avançai sur le tapis de velours, hors d'haleine, l'esprit embrumé de questions sans réponses. Je finis par atteindre ma chambre, pris la clef sous le paillasson et la tournai fébrilement dans la serrure.

Je passai le seuil de la pièce en titubant, tremblant, et m'écroulait sur le lit dans un grognement sourd. La truffe repliée par l'oreiller et les yeux écarquillés, j'étais incapable d'esquisser le moindre mouvement. On entendait dans la chambre que seule ma respiration saccadée, à moitié étouffée par les draps.

Bientôt, la réalité me rattrapa et je sentis les larmes me monter aux yeux ; cette fois-ci, plus question de renvoi. Cette fois-ci c'était ma liberté que j'avais mis en péril : on allait m'envoyer en prison pour ce que je venais de faire. On allait m'enfermer en asile ou dans un laboratoire, comme les imprudents qui jouent avec la magie.
Or, j'étais loin de jouer, ou même de m'amuser. Désormais ce n'était plus de mon père dont j'avais peur, mais de la chose qui sommeillait en moi ; cette chose qui brûlait, détruisait, explosait sans que je n'en ai le moindre contrôle.

Rien n'était sûr, évidemment. Peut être n'était-ce qu'une particule de magie trop grande mélangée à une surdose de colère et surtout d'alcool. Oui, l'alcool y était probablement pour quelque chose.
Si toutefois cela était possible.

J'eus un grognement frustré et changeai de position pour en trouver une encore plus inconfortable. Me torturer ainsi l'esprit n'arrangerait en rien ma situation.

Je redressai alors la truffe et balayai l'espace d'un regard perdu, comme a la recherche d'une bouée de sauvetage. Je vis alors que l'on avait déposé mes affaires au pied de l'armoire de bois, qui faisait face au lit. Je plissai les yeux en rassemblant les souvenirs ; il me semblait que ma mère et moi les avions expédiées la veille de mon départ comme il l'était demandé dans la lettre d'instructions fournie par l'école.
Je réprimai un nouveau grognement et me tirai jusqu'aux sacs ; là, j'ouvris le plus gros pour en tirer une pochette blanche. J'y pris un petit tube translucide, devissai le couvercle de mes pattes tremblantes et gobai précipitamment l'un des comprimés blancs. Je replaçai le bouchon sur lequel était écrit ''somnifère'' avec soin, jetai nonchalamment la pochette dans le sac toujours ouvert avant de m'en retourner à mon lit.

Ces petites gélules avaient beau avoir été acquises illégalement, elles étaient mon plus précieux trésor actuellement. Elles l'étaient déjà avant que je n'explose de magie verte face à mon père mais à présent, elles me semblaient être une nécessité.

Blotti sous les couvertures, je crus tout d'abord que la drogue ne ferait pas effet. Pétrifié de peur rien qu'à cette idée, je fixais les poutres brunes du plafond un long moment durant, les yeux écarquillés. Alors que le sommeil ne venait pas, mes lèvres s'articulèrent dans un faible souffle et ma voix brisée résonna à travers le silence de la pièce :

-Par pitié, fais que ce ne soit qu'un rêve...

Je fermai doucement les yeux, les poumons comprimés de terreur, et l'obscurité m'avala.

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