Chapitre 12

(Coucou, comment s'est passée votre rentrée ? Moi je viens de reprendre les cours, je suis en master et la différence de niveau m'a un peu submergé ahah. J'ai mis l'écriture en pause pour m'adapter et j'ai encore deux chapitres d'avance, j'espère pouvoir garder le rythme et je vais tout faire pour ! Petite note : mon ordi fait des siennes alors cette version n'est absolument pas corrigée, je la remplacerai dès que ce sera fait !)

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Après ça, nous ne sommes pas restés et sommes rentrés chez ma tante. De façon exceptionnelle, je l'avais appelé et elle avait accepté de laisser qui le voudrait dormir à la maison. Éloïse et Marc sont rentrés ensemble, Esteban est parti de son côté. Ne sont restés que Cheyenne, Louis et Léo.

De mon côté, j'ai pu profiter du trajet en voiture pour me remettre. Cheyenne n'a pas cessé de ressasser l'accident, aboyant des injures d'un ton outré, invoquant le féminisme et le sexisme ordinaire qui pourrissait la vie des filles.

— On vit dans la peur, et l'autre sexe se pavane en commettant des crimes à tout va ! Si j'avais été là, ce connard ne s'en serait pas sortis.

Louis et moi faisions de notre mieux pour la calmer, tout en sachant pertinemment qu'en réalité, c'est elle qu'elle engueulait. Cheyenne s'en voulait de ne pas avoir été là.

Au final, il ne m'était rien arrivé de grave et j'avais bien réagit, même si ça avait été téméraire. J'aurai sûrement un bleu aux fesses et au niveau de mon bras, là où Ben m'a agrippé, mais ça ira.

— Comment tu lui as envoyé ton poing dans la gueule, c'était épique, s'extasie encore Louis quand nous sortons de la voiture.

— Ça m'a fait un mal de chien, il avait la mâchoire solide, commentai-je.

En fait, je suis assez fière de moi.

— C'était quand même hyper dangereux, désapprouve encore Cheyenne. Il aurait pu répliquer, tu as de la chance qu'il ait préféré partir.

— Ne gâche pas notre moment de plaisir, grommelle Louis.

J'ouvre la porte et nous rejoignons ma chambre en faisant le moins de bruit possible. Léo est resté silencieuse pendant tout le trajet, mais je n'ai pas osé lui demander ce qui n'allait pas. Nous déplaçons le matelas de la chambre de Louis jusqu'à la mienne, pour pouvoir dormir ensemble.

Après quelques minutes d'installation, nous sommes tous assis, le visage grave. Chacun se remémore l'accident, à sa façon. Mais bientôt, j'en ai assez.

— Les gars, c'est bon. On ne va pas passer la nuit à pleurer en se faisant des câlins, quand même ?

Je cherchais à dédramatiser, mais Cheyenne m'a jeté un regard très sérieux.

— Bonne idée, j'en ai besoin.

Ses bras m'attirent à elle dans une étreinte. Très vite, Louis acquiesce et Léo fait de même. Je ris pendant que nous tombons sur le matelas au sol. Cheyenne fait de son mieux pour retenir ses larmes et j'embrasse sa tempe, pour la réconforter. À côté de moi, Louis chouine pour recevoir le même traitement, mais je sais très bien qu'il joue la comédie. Enfin, mon regard se pose sur Léo. Elle ne me touche pas directement, appuyée contre Louis qui la soutient d'une main autour de la taille.

Il me vient alors à l'esprit qu'elle n'a jamais agit de façon distante et méprisante avec lui. De toute évidence, ils étaient plus proches qu'ils ne le laissaient paraître, et elle se sentait en sécurité à ses côtés – ce qui m'emplit de soulagement, au lieu de m'agacer. J'adresse un sourire à Léo, et elle met quelques secondes à me répondre.

Comme aucun de nous n'arrivons à nous endormir dans cette position, nous nous séparons. Je me retrouve dans mon propre lit avec Léo, tandis que Cheyenne et Louis s'installent sur le matelas au sol. Bien entendu, j'ai déjà dormi avec Léo, alors je ne devrais pas me mettre dans tous mes états. Mais les événements de la soirée, couplés à l'attitude étrange de la blonde font que je suis incapable de trouver le sommeil, et ce même bien après que les autres se soient mis à ronfler comme des bienheureux.

Résignée à passer la majorité de la nuit éveillée, je me tourne sur le côté pour pouvoir observer le corps paisible, endormi, de Léo. La couverture fine laisse deviner la forme de sa silhouette, et me parvient l'odeur sucrée de ses cheveux. Une idée me vient alors : celle de me rapprocher de ce corps qui m'envoute, d'entourer sa taille de mon bras, de presser ma poitrine contre son dos. Et c'est ce que je fais, le cœur battant à tout rompre. Mon nez s'enfouit sous les mèches blondes, ma main trouve sa place sur le ventre plat de celle qui me hante depuis quelque temps déjà.

En réaction à mes gestes, je l'entends soupirer. Son corps s'appuie contre le mien, comme pour mieux approfondir notre étreinte, et je prends une grande inspiration.

Peut-être que c'est l'effet de l'alcool, encore présent dans mes veines. Peut-être aussi que ce n'est là que l'expression la plus honnête de ce que je ressens, mais un besoin soudain d'embrasser ces lèvres qui me sont pour l'instant inaccessible me coupe le souffle. Je veux ces lèvres, si fort que les larmes me montent aux yeux.

Comme une réponse, le corps de Léo se tourne dans son sommeil, jusqu'à ce qu'elle soit face à moi. Rapidement, comme un geste honteux, je me penche pour l'embrasser. C'est rapide et je recule dans le lit, certaine que mes joues sont rouge pivoine. Mais qu'est-ce que j'ai fait ?!

— Shéra.

La voix endormit de Léo fait rater un nouveau battement à mon corps. Merde, elle était réveillée. Merde, merde, merde.

— Ou... Oui ?

Je sens son corps bouger près de moi alors que je refuse de la regarder. Sa main se lève jusqu'à ma joue, et je suis tellement angoissée que mes oreilles bourdonnent. Je n'ai jamais vécu une tension pareille.

— Embrasse-moi encore.

La surprise, l'incompréhension, la joie. Je ne sais pas ce que je ressens réellement, mais mon esprit et mon corps sont dans un état de fébrilité qu'ils n'avaient jamais atteint. J'ose poser mon regard sur Léo. Sur son visage, je lis une infinie tristesse, mais également du désir. Mes yeux errent sur ces lèvres dont j'ai appréhendé le goût, et alors sa demande me paraît une évidence.

Je me penche à nouveau vers elle et elle en fait de même. Nos lèvres se touchent, plus longtemps. La main qu'elle avait posé sur ma joue épouse mon visage et m'électrise. Ça y est, je suis amoureuse.

L'air vient à me manquer et j'amorce un geste pour reculer, mais Léo resserre sa prise sur mon visage. Le baiser m'échauffe et pendant quelques secondes, j'ai l'impression de perdre pied. Enfin, elle me laisse m'éloigner. Bon sang, qu'Allah m'en soit témoin, jamais je n'aurai cru qu'un baiser puisse faire autant d'effet. Dans l'ensemble, mes expériences dans ce domaine avaient toujours été des échecs, mais là... là, je ne me reconnaissais plus.

Après ça, je suis incapable de dire quoi que ce soit et nous nous fixons dans le blanc des yeux, Léo et moi. Je dois faire une tête pas possible parce qu'elle glousse en se rallongeant sur le dos. Mes sourcils se froncent.

— Qu'est-ce qu'il y a ? m'inquiété-je.

— Rien.

Mais son gloussement redouble d'intensité et maintenant elle se retient d'éclater de rire.

— Léo !

— Rien, rien, c'est que... tu es très sexy quand tu embrasses. Je m'y attendais pas.

Forcément, je sens mes joues chauffer et m'allonge aussi sur mon dos, pour échapper à son hilarité.

— Tu peux parler, grommelé-je.

Pour conclure ce désastre, je me tourne pour lui présenter mon dos, bien décidée à ne me réveiller que le lendemain matin. Sa silhouette remue derrière moi et je sens bientôt un bras se glisser sur ma taille, comme je l'avais fait. Mon cœur rate un battement et je gémis de frustration en écho à son rire. Quel rire.

— Bonne nuit, Shéra.

Je ne lui réponds pas.


Difficile de dire, au réveil, si j'ai bien dormit. Déjà, parce qu'il est dix heures du matin en week-end, et que ce n'est pas une heure pour se lever. Mais aussi, parce que de nombreux souvenirs de la nuit dernière me paraissent trop osés pour qu'ils se soient vraiment passés.

J'ai été réveillée par des rires bruyants au rez-de-chaussée. En descendant, la tête dans les choux, j'ai trouvé mes amis dans la cuisine avec ma tante. Ils prenaient un petit-déjeuner tous ensemble, dans la joie et la bonne humeur. J'ai voulu remonter, trop éblouis par cette vitalité matinale, mais Cheyenne m'a d'autorité assise entre elle et Louis.

Maintenant, je dévore des tartines de confiture en buvant un café qui ne fait rien pour me donner des forces. J'ai l'impression qu'un camion-poubelle m'a roulé dessus pendant la nuit, et mon regard dévie vers Léo. Oh, je ne dirais pas que c'est un camion-poubelle, précisément...

— Alors, c'était cool ?

La voix insidieuse de Louis à mes côtés me mets aussitôt sur mes gardes. Je me demande s'il sait.

— De quoi qui était cool ? Il est dix heures du mat', rien n'est cool, maugré-je.

— Me la joue pas comme ça. T'as pécho Léo pendant la nuit.

La table est grande, Léo est de l'autre côté, mais je ne me fais pas d'illusion : elle a tout entendu. Louis se prends mon pied dans le tibia et, au moins, Cheyenne est trop occupée à parler avec Nora pour faire attention à nous.

— Plus ou moins.

Mon ton est hâché, comme s'il s'agissait de la plus grande confiance. Ça l'est, d'une certaine manière. Le plus dur consiste à ne pas regarder Léo pendant le processus. J'échoue avant même la réponse de Louis, mais ce n'est qu'un coup d'œil rapide, je suis sûre qu'elle ne verra rien.

Évidemment, son regard est ancré sur mon visage à cet exact moment et je songe qu'il vaudrait mieux mourir, là, maintenant, tout de suite.

— Comment ça, plus ou moins ? J'ai entendu vos bruits de bisous pendant je sais pas combien de temps !

— Shhhh !

Eh bien oui, Louis, tu as raison. Léo et moi nous sommes bécoté, à de nombreuses reprises.

— Je savais que t'étais pas hétéro, se vante Louis.

Nous sommes dans ma chambre. Il m'a accompagné pour la ranger dans le seul but de m'interroger et me dire qu'il avait raison.

— Tu sais rien du tout, Lou. Ca ne veut rien dire.

— Chérie, tu m'as raconté dans le détails chacune de tes misérables relations, et de par mon expérience conséquante, je peux t'assurer que, ces gars ? T'en avais rien à foutre. Est-ce que tu veux te taper Léo ?

— T'es toujours aussi vulgaire ? P'tain, grandit un peu.

Louis roule des yeux de façon théâtrale et s'effondre sur mon lit dépourvu de draps. Forcément, je les change.

— O.K, O.K. Est-ce que Léo fait battre ton petit coeur ? Est-ce que tu penses tout le temps à elle, tu es troublée par, disons, son apparence ? Est-ce que tu as envie de la manger toute crûe ?

Sa dernière question me laisse perplexe, mais je suis surprise de me rendre compte que oui, j'aimerais bien la manger toute crûe. Louis n'a pas besoin de ma réponse orale, il la lit sur mon visage et ouvre les bras en grand, l'air de me dire "tu vois ?".

— Très bien. Léo me plaît. Je suis amoureuse.

— Oh.

— Quoi, oh ? Lou, tu commences à me les briser.

— Non, non, c'est juste que je ne serais pas allé jusqu'à imaginer que tu sois amoureuse.

Je soupire, fort, et tire un coup sec sur les draps pour le déloger. Il fait chaud, je réalise une tâche ménagère. Clairement, je n'ai pas envie d'un meilleur ami chiant sur le dos.

— Ecoute, je suis paumée. Alors pour l'instant, lâche-moi un peu. Oui, on s'est embrassé toute la nuit, mais si ça se trouve c'est parce qu'elle était encore bourrée, ou alors elle fait ça avec ses amies filles, pour ce que j'en sais. Ca ne veut rien dire.

— Reste dans le déni, si tu veux.

Louis m'offre son expression la plus vexée et se lève, quittant la pièce de façon la plus dramatique possible : démarche de mannequin et claquage de porte. Je m'écroule sur mon lit, dépassée par la situation. Je suis persuadée que craquer pour Léo n'est vraiment pas l'idée du siècle. Même si penser à elle m'envoie un millier de papillons dans le ventre.

Quand je redescend, Cheyenne est toujours en grande conversation avec Nora – apparament une histoire de vacances en Aout. Louis n'est pas dans les parages, et Léo non plus. Quand j'interroge ma tante, elle me réponds que Léo est partie peu après que je sois montée, et que Louis vient de disparaître, l'air vexé comme un pou. Je ne renchérit pas sur ce dernier détail, par contre le fait que Léo soit partie sans même me le dire me casse le moral.

Cheyenne, tel l'ange qu'elle est, reste jusqu'à midi. Nous ne faisons rien de la matinée, le cul vissé dans le canapé, à regarder netflix en s'enlaçant. A un moment, bien sûr, elle a quand même tenté une approche.

— Comment ça va, avec Léo ?

— Hein ?

— Léo. Louis et moi avons assisté à... certaines choses.

Je sais qu'elle n'ose pas parler franchement, au cas où elle se méprendrait. Mais je ne me sens pas de lui mentir.

— On s'est embrassé, en fait.

— D'acc.

Elle ne me pose pas de questions et je crois pendant un instant qu'elle s'est reconcentré sur la série, mais elle ajoute :

— Soit prudente, quand même.

Prudente, je croyais l'être. Depuis, une seule question me tourne dans la tête : est-ce que mon crush pour Léo est prudent, justement ? Et je n'arrive pas à trouver de réponse satisfaisante, parce que dieu sait qu'elle me fait du bien, mais que cette histoire pourrait très mal finir. Pour moi. 

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