12.
Les activités périscolaires vont être un supplice, je le sais à l'instant où nous nous y rendons. Dans l'idéal, nous visions tout ce qui avait attrait à l'artistique, car il était hors de question de nous inscrire dans un club sportif, mais la meute ne nous laisse pas le choix volley-ball ou football américain.
— Nous allons nous inscrire tous les trois au volley, dis-je à la personne devant moi.
— Non, seulement deux et l'autre devra faire du foot, nous n'avons pas assez de place au volley, déclare la femme en souriant.
Elle fait partie de la meute et notre situation l'amuse beaucoup.
— Lyas reste avec Myron, je gèrerai, m'informe Vael.
— C'est hors de question.
— N'y mêle pas ton égo d'alpha, je suis plus baraqué que toi, j'encaisserai mieux.
Je ne polémique pas plus, saisis la feuille en prenant Vael de vitesse et note mon nom au football. Notre échange a été rapide, impossible que la femme devant nous ait compris notre lutte intérieure.
Vael se retrouve à faire un compte-rendu aux autres et leur colère couve, mais ils attendent que nous soyons entre nous pour me passer un savon.
— La prochaine fois, il faudra commencer les cours comme tout le monde, nous sermonne la femme avant de nous inviter à rejoindre les autres élèves qui s'entraînent déjà.
— Si même le personnel encadrant se fout de nous, on va pas s'en sortir, s'inquiète Myron.
— Ça leur passera, ils vous provoquent, car votre intrusion sur leur territoire ne leur plaît pas. S'ils avaient eu le droit de vous faire du mal, ils l'auraient déjà fait, intervient Suny.
Quelle idée venant de leur alpha de nous obliger à cohabiter ? Certes, pour nous garder à l'œil c'est plus simple, mais c'est évident que nous serons une source d'excitation constante pour eux. Je ne pense pas que notre scolarité sera sereine.
Je suis obligé de me séparer de mes frères dont l'activité volley se déroule dans le gymnase, alors que celle du foot est à l'extérieur. J'arrive à peine en vue du stade que plus de la moitié des joueurs se tournent dans ma direction. Le vent n'est pas avec moi, je ne peux pas déterminer qui n'est pas humain, mais j'imagine aisément que tous ceux qui me fixent partagent ma nature. La suite s'annonce délicate. Sauf que je suis serein, je préfère que ce soit moi face à eux que Vael ou Myron. Vael est plus à même de le protéger, il est plus impressionnant que je ne le suis.
La plus mauvaise surprise quand j'ai enfin rejoint le groupe c'est de comprendre que le coach est membre de la meute aussi. Il me réprimande et me fait un laïus sur la ponctualité, je garde mon calme alors que l'odeur suave de sa satisfaction me chatouille le nez.
Je ne me suis jamais passionné pour un sport en particulier, même s'il nous arrivait dans la meute de San Francisco de faire des matchs amicaux de basket ou de foot, mais il va falloir que j'assure. J'obtiens cinq minutes pour aller me mettre en tenue. J'avais espoir d'y échapper pour aujourd'hui. Heureusement que j'ai pris le temps de me ressourcer, car après ce dernier moment de calme, je suis poussé à bout. Avoir l'air humain tout en encaissant les remarques murmurées par les uns et les autres, sans compter leurs auras qui me chatouillent et qu'ils m'envoient de temps en temps au visage est compliqué.
Pendant l'exercice de quelques passes, mon contrôle a relativement été facile, mais durant l'endurance ou la puissance, il n'en va pas de même.
Je suis en nage au milieu des autres à m'allonger après un énième coup de sifflet et à me relever en espérant que le moment de torture cesse vite. J'ai envie d'abandonner, mais il reste encore quelques humains parmi nous qui tiennent le choc. Si je parais plus faible qu'eux, je vais me faire bouffer à l'avenir.
Un autre sifflement, je me jette au sol et me relève, je fais semblant de peiner, pour rendre crédible mon futur arrêt.
— Pour un dominant, il semble assez faible, commente Brian qui est dans mon dos.
— Ouais, on va bien s'amuser, lui répond l'autre.
Je suis dans la mouise, il va se passer tout ce que je voulais éviter.
— Qu'est-ce que je fais ? demandé-je aux autres après leur avoir expliqué.
— Reste calme, déjà, répond Run.
— Tiens jusqu'à ce que le premier de la meute abandonne. Tu aviseras pour la suite, me guide Suny.
Je m'applique à faire ce qu'ils disent. Ma fatigue est de moins en moins feinte, aucun des loups ne se permet de faire d'autres commentaires, ils sont à bout. Perdu dans ma concentration, j'entends les cœurs de ceux qui sont le plus proche quand les respirations haletantes ne les couvrent pas.
Un dénommé Tony se fait enfin sortir par le coach, car il ne se relève pas. C'est mon moment, sauf que quand je peine à me relever l'entraîneur me fixe, un sourire discret soulève ses lèvres et il ne me dit pas de rejoindre le côté. Je me remets debout et continue à sautiller avec les autres en espérant qu'au prochain coup de sifflet il me renvoie sur le banc.
— Je vois que vous vous accrochez. C'est bien, vos visages déterminés font plaisir à voir ! C'est ça que je voudrais que vous montriez sur le terrain, je vais vous apprendre à vous mettre en colère à bon escient et à sublimer cette agressivité ! Mais il me faut aussi vous apprendre à vous souder.
Je suis suspendu à ses lèvres, je sens qu'il va tout faire pour me mettre en difficulté.
— Durant les cinq prochaines minutes, si l'un de vous arrête, il fera prendre cinq tours de stade supplémentaires aux autres.
Il actionne son chronomètre et siffle pour que nous nous jetions à terre.
Mes frères m'ont entraîné, je suis persuadé de ne pas craquer, je suis content d'être sous-estimé, sauf qu'ils cherchent peut-être à savoir si je fais semblant ou non d'être à bout. Donc soit je continue à montrer que je n'en peux plus et tout le monde va devoir courir, soit je m'accroche et advienne que pourra. Je suis confus, si à cause de moi les autres sont punis, je vais me mettre à dos même les humains, alors que j'ai besoin de m'entourer pour éviter le maximum de coups fourrés.
Je fixe le coach avec sa veste rouge, ses yeux bleus globuleux et son début de calvitie camouflé par sa casquette. J'essaie de deviner ses intentions. Mais très rapidement, je n'ai plus une once de concentration à lui conférer, car les loups peinent et libèrent leur aura pour se galvaniser. Ou peut-être parce qu'en puisant au tréfond de leur force, ils ne parviennent plus à les maîtriser. Quoi qu'il en soit, l'instant se complique davantage pour moi et sans m'en apercevoir j'ai arrêté de sautiller.
— White ! me fait sursauter le coach en sifflant deux coups pour arrêter l'exercice.
Je ne comprends pas de suite. Les informations font leur chemin quand je me souviens que White est le nom de famille que je porte.
— Oui, coach ! dis-je précipitamment.
— Tu peux te mettre en tête, vous êtes partis pour courir longtemps, grâce à toi.
Beaucoup râlent, mais je m'exécute sans discuter de peur d'aggraver la situation.
Je serre les dents, parce que même durant la course les autres me provoquent. Ils ont compris que leurs auras m'avaient déstabilisées et ils s'en donnent à cœur joie. Jam et Myron m'envoient des ondes pour calmer ma dominance, car à chaque seconde, j'ai le sentiment que je vais exploser et essayer de les soumettre.
— Accroche toi, Lyas ! m'encourage Hemza.
Et c'est ce que je fais, pour eux. Je me blinde aux assauts extérieurs, mes pieds martèlent le sol et je me perds dans nos consciences pour échapper à mon environnement. Je suis en mode automatique tout le reste de la séance.
Le coach a fini son discours et vient l'épreuve du vestiaire. Je ne me précipite pas pour m'y rendre, je veux le moins de monde possible dans mon dos et je guette un groupe d'humains qui ne copinent avec aucun loup pour m'en approcher, mais il n'y en a pas. Évidemment, les membres de la meute sont les meilleurs et ont forcément la sympathie de tous les membres de l'équipe.
D'autres groupes sportifs se rendent vers le local des vestiaires. Chaque sport a le sien et évidemment celui de mes frères n'est pas dans le coin. Des femelles de la meute me bousculent, je me retourne sur une blonde vénitienne avec de très grands yeux vert qui me narguent, Amber, à côté d'elle se trouve Hannah qui a une moue désolée. J'inspire profondément, si la meute se contente de ce type de provocation je peux encaisser.
J'entre dans la fosse.
Avec la transpiration et les hommes torses nus, l'odeur de la meute est forte, je me retiens in extremis de grogner en simulant une toux, je n'avais pas anticipé ce problème.
Il y a beaucoup de choses auxquelles je n'avais pas pensé et c'est ma faute si nous sommes embarqués là-dedans.
Un mec m'envoie un ballon dans le visage que je réceptionne de justesse. Je serre la mâchoire et le pose par terre tout en rejoignant mes affaires. Mais ils ont vraiment décidé de me rendre chèvre, car à peine j'ai le dos tourné, c'est un maillot qui me tombe dessus, il est imprégné de l'odeur du mâle auquel il appartient. Ma colère continue à monter et je la muselle comme je peux. Les autres loups de la pièce ont senti m'a difficulté, car au milieu du chahut commence à s'élever leurs auras dominantes. J'ai une envie impérieuse de me transformer. Je lute, je n'avais jamais ressenti ça. Ma peau tire, je me sens à l'étroit dans mon corps et j'ai l'impression qu'il se met à bouillir.
Je me mords la langue pour étouffer le grognement qui grossit dans ma poitrine. J'ai les mains fermées contre mes affaires à m'en faire blanchir les phalanges.
Vael et Myron sont dans la même difficulté. Jam est le seul qui est en capacité de nous aider.
Quelqu'un me tamponne, des ricanements s'élèvent, même les humains s'y mettent. Je vois rouge. C'est un enfer. Je me mords la langue jusqu'au sang pour me taire.
Je plisse mes yeux aussi forts que je peux, même la transformation partielle qui n'est pas forcément évidente est à portée de main dans l'état où je suis. J'ai des envies de meurtres.
Je suis à nouveau secoué et trop concentré sur la maîtrise de mon corps, je manque de réflexe et m'étale au sol. Je me blinde, j'ai peur qu'ils me rouent de coups et que je craque. Mais le coach entre à ce moment-là.
— Vous êtes bien mous et bien bruyants ! Arrêtés de rêvasser et fichez le camp !
Les assauts psychiques cessent, mon corps tremble, je sais que je suis ridicule. Si le coach me prend à parti, je suis fini. Je sens que mon corps a commencé à se transformer. Le bout de mes doigts et de mes pieds, ma mâchoire et mes yeux. La douleur devient insoutenable. Quand c'est rapide, je ne la sens presque pas, mais là, je me bats pour qu'elle ne se termine pas et mes membres semblent suspendus dans un entre deux.
— White ! Debout !
Les poings et les yeux fermés, je tente de m'exécuter. Je suis lent. Trop.
Le coach m'empoigne et me redresse. Il m'entraîne dans son bureau. Je suis incapable d'expliquer à mes frères ce qui se passe.
— White ! Ouvrez les yeux !
J'obéis et à la vision un peu déformée du visage peu amène du coach, je sais que mes pupilles ne sont pas humaines.
— Intéressant, s'amuse-t-il en s'appuyant sur son bureau.
Mes crocs commencent à se rétracter et mes griffes à disparaître, mais elles m'ont laissé des marques profondes qui se mettent à goutter sur le sol. Le coach Brown, si je me fie à ce qui est écrit, me scrute. Je sais que mon hémoglobine tachant son lino ne lui a pas échappé. L'odeur capiteuse de mon fluide vital emplie la pièce.
— Tu as besoin de passer à l'infirmerie ?
— Non, coach, dis-je avec une voix peu assurée.
Mon corps est éprouvé, il me tarde de rentrer, sauf qu'avant que ce soit possible, je bosse. J'hésite à me faire porter pâle, mais c'est un problème pour un peu plus tard.
— Si tu n'as pas le contrôle sur ta nature, tu n'as rien à faire ici ! Cet incident sera reporté à Peter, notre alpha.
— Je comprends. Je me contrôle mieux que tous vos adolescents qui ne sont pas capables de maîtriser leur nature et qui m'ont provoqué à longueur de temps. Je suis un loup dominant et malgré tout, jamais je n'ai cédé à leur tentative pour me faire sortir de mes gonds. Par précaution, c'est pour cette raison que je voulais intégrer un club artistique, peut-être qu'avec votre appui ce sera possible, déclaré-je en désespoir de cause.
— Tu rêves, si l'alpha estime que tu n'es toujours pas un danger et qu'il vous autorise à rester, tu ne m'échapperas pas aussi facilement. J'aime la victoire et je suis sûr qu'avec les motivations adéquates, tu pourras m'être utile. Je compte bien t'essayer en tant que linebacker ou qui sait, si les autres te tolèrent, en tant que running back. Tu cours vite et part ta nature, je sais que tu as de la puissance en réserve.
Je suis perdu, j'ai l'impression qu'il ne sait pas ce qu'il veut. C'est un dominant lambda, peut-être qu'il souffre de certains complexes. Il y a peu de soumis dans leur meute de ce qu'on a vu jusqu'à présent, peut-être que ça rend leur cohésion et la compétition entre les dominants dure à canaliser. Il aimerait que je dégage et que je l'aide à gagner, drôle de mélange. J'ai assez repris mes esprits pour faire un compte-rendu à mes frères.
— Je ferais comme vous voudrez, coach. Mes frères et moi voulons simplement vivre nos vies et ne déranger personne.
— À demain. Pense à faire soigner tes plaies.
Je hoche la tête, conscient que je suis dans un bourbier dont je risque d'avoir du mal à m'extirper. Le seul point positif c'est que les vestiaires sont vides quand j'y retourne.
Quand je rejoins enfin le couloir, Vael et Myron sont là. Nous nous inspectons mutuellement sans un mot, ils regardent mes mains fermées sur des mouchoirs pour éponger les saignements. Myron n'a pas une égratignure. Par contre Vael a un œil qui rougit, il va sûrement avoir un cocard, car le tour est un peu enflé. Il a pris un ballon en pleine tête dans les vestiaires, alors qu'il essayait de ne pas réagir agressivement aux provocations des autres.
— On peut dire que niveau souffrance, j'ai eu mon compte, me sourit-il.
J'ai envie d'un contact physique pour sentir leur soutien, mais je me retiens, puisqu'au bout du passage, il y a une partie de la meute. Vael n'aime pas la douleur, mais ça le rassure quand il est angoissé, c'est son exutoire. J'ai perçu des brides de son passé et comme moi, il a déjà été tabassé au point de limite tomber dans les pommes et de pas savoir ce qui allait lui arriver. La douleur s'atténuait au fur et à mesure qu'il sombrait et depuis, tant qu'il la sent, il a l'impression qu'il maîtrise. Je me demande à quel point nous sommes tous bousillés par ce que nous traversons, car moi le premier, je suis hanté par le fait de me retrouver impuissant depuis notre passage à Chicago. Myron lui a peur du rejet, sauf que c'est de plus en plus rare qu'il y pense. Dans nos consciences mêlées, il a bien vu que nous préfèrerions crever que de le perdre. J'aimerais moi aussi pouvoir être rassuré de la sorte, sauf que je sais que mes frères pourraient finir par arriver trop tard un jour... Ou ne pas suffire.
Nous devons traverser la masse d'adolescents de la meute pour quitter le bâtiment. Amber, Brian et Tony sont là, entre autres, même si je n'ai pas encore mémorisé tous leurs prénoms. J'aurais préféré que certains humains soient avec eux, ça aurait tempéré leurs ardeurs. Je suis toujours à fleur de peau, il ne m'en faudrait pas beaucoup plus.
À force de fixer le groupe, je remarque en retrait, une jeune femme châtaine dont les yeux marrons nous scrutent avec énormément de supériorité, Kate. Elle nous juge, mais avec plus de dédain que les autres, elle semble ennuyée d'être là. Ou alors elle se pense vraiment au-dessus de tout le monde. Malgré sa banalité, je dois reconnaître que je la trouve belle, ça ne m'étonnerait pas qu'elle soit embêtée de ne pas être le centre de l'attention. Si elle savait comme je préfèrerais que ce soit le cas, comme ça, nous aurions la paix.
Nous sommes obligés de passer en file indienne pour traverser au milieu de tous ces adolescents hostiles. Sans nous concerter, Vael prend la tête et moi je reste derrière, pour encadrer Myron.
— Hey ! White, le coach sera pas toujours là, s'amuse Brian.
Je me demande si ce gland a conscience qu'en m'appelant comme ça, il appelle aussi mes frères qui portent le même nom que moi. En même temps, ce type n'a pas l'air de briller par son intelligence.
— Merci pour l'avertissement, répond Vael avec une sincérité qui paraît réelle.
Si la situation était moins délicate, je pense que la tête que tire Brian me ferait rire aux éclats. Il vient de comprendre qu'il était idiot.
— Ne me regarde pas comme ça, reprend Vael. Excuse-moi, nous voudrions passer.
Brian ne bouge pas et au contraire, ses potes se serrent encore plus autour de lui, nous emprisonnant tout à fait dans la masse.
— Je peux vous aider ?
La voix calme et basse me soulage en partie, c'est celle de Run. Je ne sais pas ce qu'il fait là, je n'ai pas compris qu'il était en route, j'étais concentré sur le fait d'empêcher Myron de paniquer et de surveiller les personnes hostiles autour de nous.
Nos détracteurs se retournent tous comme un seul homme vers le nouvel arrivant. Run est impressionnant de calme. Il n'a qu'un an de plus que Vael et Myron, mais avec ses cheveux blancs et son charisme naturel, il en impose.
— De quoi je me mêle ? grogne Brian.
— Venez, nous encourage Run sans prêter attention à son vis-à-vis qui voit rouge.
Vael se frai un passage dans la masse et nous le suivons de près. Quant à Run, il continue de suivre notre avancé et fait mine de ne pas surveiller les autres. Nous on sait que c'est faux. Mais s'il l'avait fixé Brian directement, il aurait pu être accusé de l'avoir provoqué, sauf que ce dernier n'aime pas être ignoré et tente de frapper Run qui esquive sans répliquer.
— Ah vous voilà ! s'enthousiasme Suny en arrivant à son tour.
Il sue, ses boucles sont collées à son crâne, il a dû courir comme un dératé pour arriver jusqu'ici. Les deux ont dû lâcher leur travail sans demander leur reste. J'espère qu'ils n'en subiront pas les conséquences, tout ça à cause de ma fantaisie de vouloir être scolarisé.
— Arrête de t'auto-flageller ! me houspille Suny. Reste concentré.
La meute demeure sur ses gardes, ils ne s'attendaient pas à voir arriver nos frères au compte-goutte. Décontenancés, ils nous laissent passer et réalisent trop tard que nous nous sommes extirpés de leur piège.
Nous les ignorons et partons. Ils sont en colère, mais n'osent pas nous suivre, par contre leurs auras ne se gênent pas pour nous percuter.
— Ils sont plus qu'incontinent, ces cons, râle Suny. Putain que j'aimerais leur pisser dessus aussi !
Run et moi ne disons rien, mais nous bataillons contre notre nature, nos consciences brillent comme des phares. Le bleu de Run, le gris de Suny et mon rouge se répandent, mais vaillamment le rose et le jaune tentent de contenir ces débordements. Soumettre tous ces idiots d'adolescents me démange. Je suis quand même rassuré de voir que Suny et Run ont du mal face à autant de provocation, même si ça ne m'aidera pas à les surmonter à l'avenir.
Nous nous rendons jusqu'à l'épave en silence. À peine installé, Myron sort notre trousse de secours et attrape l'aiguille et le fil.
— Montre.
— Ça peut attendre ce soir, ça va, dis-je. Avec les chaos de la route, ça va être compliqué pour la couture.
— Tu laisses Myron, faire, intervient Run derrière le volant.
— Et tu écris à Brooke pour voir si elle peut pas te remplacer au taf, ajoute Suny.
— Je peux bosser.
Tout le monde se ligue contre moi et je capitule. J'appelle ma collègue au lieu de lui écrire. Comme toujours, elle est adorable et même si ma demande l'embête, elle cède de suite, elle se propose même de gérer notre patron. Je ne suis pas inquiet, il est plutôt cool donc j'accepte.
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