Chapitre 6

Cela fait maintenant quatre heures que nous sommes dans le carrosse. Les secousses ont diminuées depuis que nous approchons de notre destination mais j'ai toujours la nausée.

Ma sœur de cœur n'est pas dans un meilleur état même si ce n'est pas le mal des transports qui la tourmente.

Elle n'a pas ouvert la bouche depuis que nous avons quitté la demeure familiale. Elle regarde inlassablement dehors, la bouche pincée, les yeux plissés.

Je peux voir ses mains triturer le bout de sa natte blonde. Je sens son angoisse mais je n'ose pas intervenir. J'ai peur de ne pas trouver les mots justes. D'empirer les choses. Alors je fais la seule chose possible dans ces cas-là. Je la sers dans mes bras pour lui transmettre mon soutien inconditionnel. Après quelques minutes, je la sens se détendre.

— Merci d'être là. Je n'aurais pas pu supporter d'être seule pour l'affronter.

— Je sais. C'est pour cela que j'ai tout de suite accepté.

— Je suis rassurée de savoir qu'Anna n'auras pas à subir cela. Elle a un esprit si indépendant. Je pense qu'elle aurait eu du mal à se formater au mode de vie de la cour.

— Je crois que c'est plutôt la cour qui devrait être soulagée de ne pas avoir à l'affronter. Elle aurait été capable de retourner l'esprit de tout le palais avec ses idées folles, dis-je en riant pour détendre l'atmosphère.

— Oui. Tu te rappelles la fois où elle nous a convaincue de nous déguiser en garçons de ferme pour aller à la fête du village ?

— Je me rappelle surtout de la tête du pauvre frère d'Elicia quand elle lui avait demandé de nous prêter ses vêtements. Il était resté la bouche ouverte pendant plusieurs minutes avant de répondre.

— Difficile de lui résister quand elle a une idée en tête.

Nous avions continué à échanger des souvenirs pendant la demi-heure suivante. En arrivant dans la capitale, Milly avait repris son air sérieux et torturé. N'en pouvant plus, je finis par lui proposer un plan fou. Un plan qui je ne le savais pas encore, allait complétement changer mon destin.

— Nous pourrions saboter le mariage.

— Mon père ne me le pardonnerait jamais.

— Mais si c'est le Prince qui annule le mariage cela serait différent, non ?

— Oui, je suppose que mon père ne pourrait pas m'en vouloir. Mais tu l'as entendu. La paix du Royaume en dépend.

— Il y'a sûrement un autre moyen de garantir le soutient de la noblesse. Peut-être que ton père pourrait revenir vivre à la capitale et être nommé main du Roi. J'ai lu dans un de vos livres d'histoires que c'était courant de nommer un allié puissant à ce poste. Surtout quand un mariage était exclu.

— Oui c'est vrai que s'il n'y avait eu que Paul c'est ce que mon père aurait fait. Mais il a deux filles. Deux possibilités de mariage. Enfin, trois maintenant, ajoute-t-elle.

— Alors à nous de faire en sorte que le Prince annule ce mariage. Ils ne peuvent pas attendre que ta sœur soit en âge de se marier et je ne suis pas un bon parti. C'est maintenant qu'ils ont besoin de cette alliance. Si votre mariage tombe à l'eau, ils seront obligés de se tourner vers cette autre solution.

— Mais comment faire ?

— Ne t'inquiète pas, j'ai ma petite idée. Fait-moi confiance, je m'occupe de tout.

La fin du voyage est plus détendue. Je crois que j'ai réussi à redonner espoir à ma petite protégée.

Le Prince Eldric n'a qu'à bien se tenir car je vais lui faire vivre un enfer jusqu'à ce qu'il cède.

*****

Quand nous arrivons enfin au Palais, je suis émerveillée par la beauté des lieux. Le grand bâtiment est composé d'une multitude de tours scintillantes, d'un blanc éclatant. En voyant notre comité d'accueil je ne peux m'empêcher de sentir une boule me sérer la gorge.

Des valets se précipitent pour ouvrir notre carrosse et nous aider à descendre. Je n'ai pas l'habitude de faire l'objet d'autant d'attention. J'ai l'impression que la moitié de la Capitale nous attend sur le parvis.

De chaque côté d'une grand allée, les badauds jouent des coudes pour nous voir arriver. Tous ont les yeux rivés sur nous. Sur moi. La fille mystérieuse recueillie par la famille Estrus. La nouvelle de mon apparition avait fait grand bruit dans le Royaume.

En effet, au vu de mes vêtements et de ma langue étrange, il était clair que je venais d'ailleurs. Bien plus loin que les confins du monde connu. Il y'avait eu pleins d'histoires racontées à mon sujet. Je serais une Princesse perdue ou encore une messagère d'Elios, venue à Zahela pour guider le Royaume vers un monde meilleur.

Mais moi je sais. Je ne suis rien d'autre qu'une fille sans souvenirs. Ni plus ni moins. Rien de prestigieux, rien d'exotique.

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