C'est Noël. Je suis chez mes parents, dans le Lot, et dans la maison familiale, les fêtes ont commencé. Mon jeune frère Benjamin raconte l'opération de son bras cassé en septembre dernier, les enfants de ma grande sœur Virginie dessinent, ma mère annonce qu'on va bientôt prendre l'apéro. On est tous heureux de se reposer ensemble pendant les vacances.

D'accord, le tableau n'est peut-être pas si idyllique que ça. Matthieu, le petit dernier de trois ans, est parfois un peu bruyant. Ma mère s'inquiète de savoir si Ben ne va pas devoir repasser sur la table d'opération. Pierre, le mari de Virginie, espère de tout coeur qu'il ne va pas perdre son boulot, quant à moi, je pense au licenciement abusif que j'ai dû subir il y a un an. Ah, c'est dur d'être un adulte!

On essaie d'oublier nos soucis entre deux verres. Après un dîner de Noël plein de chaleur, le Père Noël passe, laissant Marine et Matthieu complètement surexcités. Il y a du papier multicolore qui traîne un peu partout et des hurlements d'enfants qu'on entend jusque dehors. Le premier jouet, une petite voiture, est cassé dix minutes plus tard. Un Noël typique, en somme.

Les enfants repartent avec papa-maman quelques jours après. De notre fratrie de trois, je suis la seule à rester pour le jour de l'An. Sans l'avouer à personne, je me sens un peu inquiète. Cela fait plus d'un mois que je suis ballonnée. Moi qui ai toujours eu une morphologie en « bonne poire » (le ventre très plat et les cuisses qui enflent facilement), j'ai pris sept centimètres de tour de taille sans changement de poids.

J'essaie de résoudre ce problème toute seule. J'ai essayé le charbon actif, les gélules à l'argile verte, les tisanes, les abdominaux intensifs, les pruneaux, le régime sans gluten. J'ai même essayé des méthodes personnelles moins raisonnables comme la cure de fer, dans l'espoir d'avoir une diarrhée et de voir mon ventre dégonfler. Rien de tout cela ne marche. Je suppose que ces gonflements sont psychosomatiques, à cause du stress dû au chômage forcé. Ou alors, j'ai simplement pris un coup de vieux. On prend peut-être plus facilement du ventre à 33 ans qu'à 20, après tout.

Le soir du 31 décembre, on dîne tous les trois au resto et je me force à sourire. J'aime beaucoup mes parents, c'est pas ça le problème. Simplement, j'ai mal au ventre. On dirait vraiment que mon système digestif fait des caprices. On se souhaite une bonne année 2013 et plein de bonheur pour tous. Tant pis pour mon ventre.

Le lendemain, j'ai un mal de gorge atroce. Ma mère appelle le médecin de garde par téléphone. Je lui décris mes symptômes, il diagnostique une rhinopharyngite et me prescrit un traitement. Je le suis sans qu'il y ait d'amélioration et je rentre à Paris en train. Dès le lendemain, je téléphone à mon médecin traitant. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas chez moi.