CHAPITRE 6 (Partie 2)

Je déverrouillai la porte du garage, et mis quelques minutes à m'habituer à l'obscurité ambiante ainsi qu'à l'odeur qui assaillait mes narines. L'air était saturé d'un mélange d'huile de moteur, de cambouis, de cuir neuf et autres produits d'entretien pour voiture et moto.
Les minces filets de lumière qui filtrait à travers les quelques vitres du garage, me permettaient de distinguer les deux voitures stationnées sur les deux ponts élévateurs, ainsi qu'une moto posée sur ses béquilles. Je m'avançai tâtonnant le mur situé à ma droite pour trouver l'interrupteur ; lorsqu'enfin mes doigts tombèrent sur le boîtier, la lumière inonda l'atelier de travail. C'était un atelier comme un autre, au fond de la pièce derrière des établis étaient encombré de caisse à outils, d'outils traînant ici et là, de chiffons crasseux et disparaissant sous une couche noire de pneus, et de produit d'entretien. Sur la gauche, au fond de l'atelier, se trouvait un espace rectangulaire qui prenait toute la largeur du garage, une pièce sans être une, isolé du reste par des vitres que je supposais faite de plexiglas et recouverte d'un film gras. Il était composé d'un bureau et était séparé par une cloison fine, de ce que je supposai être une sorte de salle d'attente, attenante au bureau. La pièce, qui à mon humble avis ressemblait plus à un aquarium qu'à un bureau, avait des murs peints en blanc, jadis, mais qui à présent tirés sur le gris. Elle était meublée en tout et pour tout, de trois pauvres chaises en plastique noir, d'une table basse en bois laqué de chez IKEA, où reposait différent magazine, le tout était rehaussé par une magnifique plante verte posé sur celle-ci et faite elle aussi de plastique. Une charmante salle d'attente, en somme, très chaleureuse.

Je me dirigeai vers le bureau de Jay pour y déposer mes affaires, avant de retourner près de la devanture du garage pour l'ouvrir complètement.
Dès que cela fut fait, je patientais dans le bureau, bien calé dans le fauteuil à roulette en cuir usée, les pieds sur la table vernis et le nez sur mon portable en train de jouer à une partie de cartes. Mon impatience à interroger Tigrou, faisait que je ne cessais de changer de position tantôt mes pieds était sur le sol et je tapais un rythme imaginaire avec celle-ci, tantôt c'étaient mes doigts qui pianotaient sur le bureau. J'étais pressé de pouvoir enfin avoir le récit d'un des protagonistes, sur ce qui s'était passé vendredi soir du moins, s'il se souvenait encore de son identité et de ce qui s'est passé. J'espérais que cet Adrian se bougerait le cul

Au moment d'entamer une onzième partie de solitaires, une ombre passa, devant la fenêtre du bureau, je finis par me redresser, et posai les pieds sur le sol. Mon portable retrouva sa place dans sa poche, et mes doigts pianotaient un énième rythme, un air innocent masqua mon visage.

Un jeune homme, à peine plus âgée que moi, des cheveux blonds assez long pour être attachés en catogan qui tombait sur sa nuque. Son visage, incroyablement fin, me faisait penser aux statues grecques de l'antiquité, ses long cils blonds projetait leurs ombres sur des yeux d'un gris argentées, sa bouche pulpeuse presque féminine était encadré par une barbe de quelques jours qui recouvrait sa mâchoire. Je ne pouvais pas me mentir, l'employé de Jay était à tomber, il ressemblait à un ange venu tout droit du Paradis, apporter la bonne parole sur Terre. Ce qui ne m'empêcha pas qu'une pointe de méfiance s'insinua insidieusement. Je savais que les apparences pouvaient se révéler trompeuses, bien trop souvent à mon goût.

Il se tenait devant la vitre séparant l'atelier et le bureau, il me fixait les sourcils haussés dans deux parfaites imitations de l'accent circonflexe. J'étirais mes lèvres dans un sourire qui se voulait cordiale, et lui rendit son haussement de sourcils, pas aussi parfaitement réussi que le sien, seul mon sourcil droit avait passé l'épreuve. On se fixait en chien de faïence, dans une guerre de dominance, dont le vainqueur sera celui qui aura fait détourner les yeux de l'autre, et ni lui, ni moi ne voulions céder. On continuait ainsi pendant cinq bonnes minutes, chacun jaugeant son adversaire, il finit par céder le premier. Il longea la vitre et fit irruption dans le bureau de Jay.

Sa stature remplissait l'espace étroit, pourtant, il ne semblait pas être autant baraqué, il paraissait plutôt fin et sec sous sa combinaison bleue, sans être musclé. Seulement quelques choses en lui faisaient que l'on se sentait intimidait par sa personne. Quelque chose entourait sa silhouette, me fit couvrir ma peau de chair de poule, tendre mes muscles et mis mes neurones en alerte. Mon radar à surnat (RS pour les intimes) avait ces voyants au rouge, et une alarme imaginaire ne cessait de hurler dans ma tête.

- Jay n'est pas là.

Sa voix légèrement éraillée était étonnamment douce et onctueuse, et était remplie de promesses de décadence. Un corps d'ange, et une voix qui serait capable de faire brûler une sainte en Enfer.

Il n'était pas humain, sûrement un sorcier ou un loup-garou.

- Bravo Sherlock ! Quelle magnifique déduction que vous avez là ! Dites-moi, vous en avez d'autres comme cela ? fis-je sarcastique.

- Le sarcasme est un moyen de défense où c'est naturel ? demanda-t-il le plus sérieusement au monde.

- Sarcasme est mon deuxième prénom.

- Et le premier ?

- Adrian, déclarai-je.

- Dur-à-cuir ?

- Presque.

- Brenda ?

- Aux dernières nouvelles, ma dignité est toujours là, me hérissai-je.

Sérieusement, j'avais la tête à m'appelait Brenda ? La seule Brenda que je connaissais était une blonde peroxydée, qui était passé, je ne sais combien de fois sous le bistouri et qui travaillait dans un bar de bikers à la sortie de Houston. Je n'avais rien contre elle, si ce n'est que son ton hautain, son arrogance et ses manières qui la rendait insupportable.

- La nouvelle qui se prend pour une dur-à-cuir ?

- Les nouvelles vont vite par ici.

- Non, juste une bonne mémoire des visages, Black.

- Jay à craché le morceau. J'aimerais te dire que je suis enchanté de te rencontrer, Adrian, mais se serait mentir.

- La même chose.

- Jay m'a demandé gentiment de te passer les clés pour la fermeture du garage, que tu feras exceptionnellement.

- Il va bien ?

Le ton inquiet de sa voix me fit sourire de plus belle.

- C'est mignon la façon dont tu t'inquiètes pour lui.

- Je m'inquiète seulement de ma paie.

- Étonnant ! m'exclamai-je à moitié surprise par sa réponse.

- Autre chose ? demanda-t-il sans qu'aucune intonation ne me parvienne pour me faciliter à le décryptage de ces émotions.

- Non.

- Bien. Au plaisir de ne jamais plus te revoir, alors.

Je me levai et passai à coté de lui, frôlant son torse, emprisonnait dans la combinaison bleue, et me demandant s'il ne portait rien en dessous de cette combinaison. Interrogation fort inappropriée que je la chassai de mon esprit, presque immédiatement. Cependant, je ne manquais pas de remarquer la sensation électrique et le très subtil relent de soufre, qui l'entourait. J'avais vu juste il n'était pas humain, c'était un sorcier.

Les sorciers et sorcières avaient tendance à dégager une odeur de soufre plus ou moins prononcé, mais pas assez forte pour qu'un odorat humain, non entraîné puisse reconnaître la fragrance. Elle était subtile et pouvait être atténuée par du parfum ou du déodorant suffisamment pour ne plus rien sentir. Tout comme chaque être surnaturel possédait un marqueur olfactif plus ou moins difficilement identifiable.

Évidemment un humain ne serait pas capable de différencier ces marqueurs sans un minimum d'entraînement et surtout, il fallait être très proche de la personne.

- C'est ça.

Avant de sortir du bureau, sur le pas de la porte, je me retournai une dernière fois vers Adrian, tout en souriant innocemment.

- Sorcier ?

- Comment....

- Merci de cette réponse. Bye ! m'exclamai-je joyeusement.

Je m'échappai rapidement, bondissant comme un chat fuyant une meute de chiens affamés, et me fondit rapidement dans les rues de Drover.

C'est essoufflé et au bout de dix minutes que je passai le seuil de notre appartement, j'avais couru et avais par deux fois évité de finir sous les roues d'une voiture. Lorsque j'arrivai dans le salon, une tension à couper aux couteaux s'étendait entre les deux hommes. Jay s'était enfoncé dans son fauteuil et regardait la télé surveillant du coin de l'œil notre invitée, ce dernier avait croisé les bras sur son torse musclé, et ne cessait de fixer mon tuteur, ces yeux avait pris presque une teinte orangée, le tigre n'était pas loin.

- Salut la compagnie ! m'exclamai-je imitant un ton faussement joyeux.

Mon tuteur me répondit par un borborygme incompréhensible, et le métamorphe se tourna vers moi quelques secondes pour évaluer la menace. Je continuai de sourire et fis comme si de rien n'était malgré qu'une toute petite part de moi, qui voulait s'enfuir. Une des règles de survie importante : si vous êtes face à un prédateur, ne fuyez pas. Fuir, ne ferai que titillait le prédateur en question et ainsi vous finirez dans l'estomac d'un loup ou d'un autre métamorphe de plus de cent kilos.

- Bon, vous m'attendez quelques secondes je vais juste chercher un verre d'eau, déclarai-je avant d'esquisser un pas vers la petite cuisine et de finalement me raviser en entendant le tigre.

- Je n'ai pas le temps, je dois rejoindre mon clan avant qu'il ne s'inquiète, informa-t-il en tentant de se lever du canapé mais se ravisa après avoir chancelai, sans doute pris de vertige.

- Tigrou, vous venez....

- Tigrou ?

- Vous êtes un métamorphe tigre, non ? Je ne connais pas votre nom, et même si je le connaissais pour moi, ce sera Tigrou.

- Mon nom est Khandral

- Ben pour moi ce sera Tigrou. C'est plus simple à retenir. Écoutez, vous venez de vous réveiller d'un coma de trois jours, à la suite d'une boucherie faites sur votre petite personne, je suppose que vous avez faim et soif, de plus vous êtes encore faible pour retourner chez vous. Après avoir mangé, bu et répondu à mes questions, peut-être, je dis bien, peut-être que je vous laisserai rentrez chez vous. Et pas la peine de faire le mal Alpha ça ne fonctionne pas sur moi. Ça vous va comme marché ?

- Je ne sais rien de vous et vous vous voulez que je fasse un marché avec vous ?

- Je m'appelle Black Clanfield, je suis une mercenaire, enfin une ancienne mercenaire, et lui c'est Jayden Kelder un mécanicien et mon tuteur. Je vous ai retrouvé vendredi soir dans une ruelle derrière le Hell's Grill en train de vous faire charcuter par un vampire, une fée et loup-garou. À la suite d'un excès de bonté et de gentillesse de ma part, je vous ai donc sauvé des griffes de ces voyous et vous ai ramené dans notre humble demeure le temps de vous remettre des blessures.

- Vous êtes mercenaires ?

- Dans tout ce que j'ai dit c'est ce que vous avez retenu. Je me retournai vers Jay qui n'avait pas pipé un mot depuis le début de cette conversation ce que je trouvais inhabituel. Tu ne parles pas ?

Sans même me jeter un regard, il se leva et passa près de moi pour rejoindre la cuisine.

- Je reviens, je vais chercher un truc à manger, grommela-t-il.

Je le fixai complètement éberlué par ce qui venais d'arriver, Jay qui était habituellement enthousiaste de côtoyer le monde surnaturel et qui était d'un naturel curieux, voulant toujours mettre son nez dans les affaires des autres, ce qui était parfois agaçant, me laisser un moment seul avec un potentiel prédateur, alors qu'habituellement il n'aurait pas bougé d'un pouce, prêt à intervenir au cas ou cela tournerait au vinaigre.

Je regardai le métamorphe un sourcil haussé espérant avoir une explication sur le comportement douteux de mon tuteur.

- OK. Vous lui avez fait quoi ? l'interrogeai-je

- Moi ! Rien. S'exclama le prédateur un peu trop rapidement à mon goût avant de reprendre. Je ne fais pas confiance aux mercenaires. Ce sont des personnes cupides avides de violence et de sang.

-Je trouve que vous brossez un portrait assez caricatural des mercenaires, même si d'une certaine manière vous n'avez pas tort. Je me fous de ce que vous pensez des mercenaires. Le fait est, que l'on vous a retrouvé agonisant dans une ruelle entourée de trois créatures qui d'ordinaires n'ont rien avoir ensemble, et du jour au lendemain se retrouve à faire front commun contre un métamorphe. Je ne crois pas aux coïncidences, ni au hasard et je ne pense pas que cela soit un règlement de compte. Je veux connaître simplement la vérité. Si vous le voulez, je peux vous jurer de ne pas me mêler de cette histoire.

- Pourquoi ? Qu'est-ce que cela vous rapportera ?

- La paix et la tranquillité. Je n'ai pas envie de voir débarquer la Garde Palatine et L'Ordre Teutonique, ici à Drover. Et vous non plus. Je crois que personne n'a envie que Drover se transforme en champ de bataille, ou en camp d'extermination pour surnat. Si j'ai bien observé cette ville est peuplé d'un bon nombre d'entre qui ne cherche qu'à vivre tranquillement. N'est-ce pas ?

Après quelques, secondes de silence, il finit par se résoudre.

- Très bien.

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Bonjour;

Je sais que ça fait un bail, mais je suis pas mal occupée, avec les cours qui sont plus durs chaque jour.

Je voulais vous remercier pour Les 11 k de vues c'est vraiment incroyable je ne pensais jamais arriver jusqu'à là. 😭😭😭😭😭😭🥳🥳🥳🥳
Je veux aussi vous remercier pour votre patience je sais que je tarde à poster les chapitres, et malgré cela vous êtes toujours là.

Voilà n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce nouveau chapitre.
Bisous à la prochaine (et promis le chapitre 7 sortira dans max 2 semaine, enfin je suis en vacances)
😘😘😘😘😇

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