CHAPITRE 1 (Partie 2)

In the end,
As you fade into the night,
Who will tell the story of your life ?
And who will remember your last goodbye. 

Black Veil Brides, In the End

Je pénétrai dans ma chambre et déposai mon sac près de mon bureau, avant de finir par m'allonger sur mon lit, les habits et ma veste imbibés d'eau.

La pluie avait cessé lorsque je n'étais plus qu'à quelques mètres de chez moi, enfin plutôt, de chez Jay.

Je contemplais les murs blancs et vierge de toute touche personnelle de ma chambre, mes yeux s'arrêtèrent sur la photo. Prisonnière dans son cadre noir et trônant sur ma table de chevet, je soupirai en la prenant dans mes mains.

Une fille aux longs cheveux ébène rendue indomptable par le vent et aux traits enfantins, fixait l'objectif de ses grands yeux noirs, où se devinait facilement une lueur amusée. Les bras croisés sous sa poitrine, une fausse moue boudeuse déformant son visage. Elle était vêtue d'un débardeur noir qui cachait à peine une sorte de tatouage tribal fait de courbes, de lignes droites et de forme géométrique, sur son épaule droite et son cou. Derrière elle, un garçon, la dépassant de trois têtes l'emprisonnait dans ses bras musclés recouvert de dessin à l'encre. Il souriait espièglement à l'objectif, ses yeux bruns brillaient, à l'instar de sa sœur, d'amusement, et sa chevelure brune étaient ébouriffés par le vent. À l'arrière-plan, se dressait la façade en pierre grise d'une maison ancienne, datant de l'époque de la révolution industrielle.

Un sourire triste et mélancolique vient fleurir mes lèvres, alors que j'effleurai pour la énième fois son visage. Une boule dans la gorge n'avait cessé de grandir en même temps que le trou béant dans mon cœur.

Mon demi-frère et moi, une semaine avant sa mort.

Les larmes ne virent pas. Je les avais déjà suffisamment laissés couler, mes glandes lacrymales sont vides et asséchées.

Il fut emporté par un cancer généralisé, à défaut d'avoir sa tête tranchée par un vampire ou un loup-garou. Larren était un mercenaire, tous comme moi et nos parents. Nous avons dû faire face à des créatures surnaturelles et sanguinaires, qui seraient capables de vous arracher vos membres en moins de trois secondes. Il était conscient des risques que cela impliquait. À l'instar de nos parents, qui se sont fait tuer dans une embuscade, donnant leur vie pour faire le sale boulot, il y a sept ans de cela.

Et pourtant, l'ironie du sort veut qu'il soit décédé dans un lit d'hôpital et non dans un corps-à-corps contre une créature.

J'ai moi-même reçu l'éducation adéquate et déjà exécuté quelques contrats, alors que je venais d'atteindre mes quatorze ans. Depuis que je suis enfant, mes parents n'ont cessé de me parler de créatures, que l'on rencontre dans les mythes ou les légendes. Ces êtres surnaturels étaient à la fois leurs employeurs et leurs victimes et j'étais par conséquent familiarisée à ce monde, qui s'organisait dans l'ombre des Hommes.

Aujourd'hui, je voulais rester loin des affaires des surnaturel et de leur fourberie, ou tentative de prise de pouvoir, ou autre plan foireux. J'ai déjà assez sacrifié pour eux : mes parents, mon enfance... Je n'ai aucune envie de rajouter ma propre vie comme tribut sur cette liste déjà bien conséquente pour moi.

Le bruit d'une porte que l'on déverrouille, suivit d'un claquement et de pas lourds, se rapprochant de ma chambre me fit réagir. Je reposai le cadre à sa place initiale et me relevai à la force de mes abdos, au même moment, on toqua à ma porte.

— Entre.

J'enlevai ma veste en cuir et la posai sur le dossier de ma chaise de bureau.
La tête de mon tuteur se faufila dans l'entrebâillement.

— Ça aller les cours ? me demanda mon tuteur, Jay.

Chaque soir, dès qu'il rentrait du travail, il prenait la peine de faire un détour par ma chambre, avant d'aller prendre une douche. Jay était mécanicien et accessoirement le meilleur ami de mon défunt demi-frère, Larren. De ce que j'avais compris, il tenait son propre garage avec un autre employé, le seul de Drover.

— Comme toujours, dis-je, en enlevant mes bottes qui n'avaient pas survécu à la pluie torrentielle.

— Ok. Il laissa son regard traîner dans la pièce. En voyant ma veste et mes vêtements mouillés, il fronça les sourcils. Et t'aurais dû m'appeler, je serais venue te chercher ?

Il désigna d'un geste de la main mon état et celui de ma couette où s'étalait une auréole d'eau, celle-ci avait absorbé une grande partie de la flotte dont j'étais imprégnée.

— Je ne voulais pas te déranger. Ne t'inquiète pas pour moi, j'ai connu pire, j'accompagnai ma réponse d'un petit sourire.

Jay et Larren se connaissaient depuis qu'ils étaient en âge de porter des couches. Indirectement, Jay m'avait vu grandir, mûrir. Et surtout était conscient qu'un monde peuplé de surnaturels existait et côtoyait le nôtre dans l'ombre.

Avant de venir m'installer, ici à Drover, petite bourgade de pêcheur de cinq milles habitants, situés dans le Massachusetts non loin de Danvers et de Salem, j'étais il y a un mois encore, dans une famille d'accueil à Boston.

La mort de mon proche parent m'ayant trop bouleversé, j'avais du mal à faire mon deuil et à aller de l'avant. Les trois premiers mois après sa mort furent les plus sombres. J'étais irritable, instable, incontrôlable et nocive pour les personnes qui m'entouraient, selon les dires de la famille d'accueil.

Je faisais la tournée des bars et des boîtes de nuit de Boston, me bagarrant pour des raisons futiles, et ne rentrant qu'au petit matin, ou ne rentrant pas du tout.

Trois mois plus tard, après le signalement de mon comportement par ma famille d'accueil, aux services sociaux, j'ai fini par atterrir ici. J'ai pris conscience, que mon comportement était purement égoïste, lorsque j'avais vu les yeux emplis de douleurs et de déception de Jay.

Je ne remercierai, jamais assez ce dernier pour tout ce qu'il avait fait pour moi. Il a réaménagé son appartement de célibataire endurci, pour un plus familiale, me donnant un cocon douillet. Il s'est plié en quatre pour que je puisse me sentir bien ici et que j'arrive à surmonter le deuil.

Nous avons tous les deux perdu un frère. Sa douleur m'avait fait l'effet d'un électrochoc et m'avait remis les idées en place. Je ne pouvais plus continuer à rejeter tout le monde, et à en vouloir à la terre entière.

— Black, m'interpella-t-il un peu mal à l'aise. Ce soir, je vais au Hell's Grill rejoindre des amis, tu voudrais m'accompagner ? Cela te changera les idées, tu sais...

— Ouais. Pourquoi pas, le coupai-je enthousiasmée à l'idée de me changer de mes pensées moroses qui embrumaient mon esprit.

Tous les moyens étaient bons pour refouler certains souvenirs trop douloureux et cette culpabilité qui ne cessait de me grignoter.

— Cool. Prépare-toi, alors. On part dans une petite heure.

Je hochai la tête avant qu'il ne referme porte.

Le Hell's Grill, était un bar excentré, réputé pour ces gangs de motards qui faisaient halte. Drover ne comptait pas énormément de bar, deux pour être précise : le Hell's Grill et le Happy Hour, au centre-ville dont l'ambiance était plus familiale et branchée.

Je me dépêchai d'enlever mon sweat et ma chemise trempé, que je déposai sur ma veste, et restais en débardeur.

Ma chambre était certes petite, mais elle me convenait parfaitement. Le lit trônait au centre de la pièce et était situé en face de la porte. Sur la gauche du lit, un bureau placé sous la fenêtre, qui était recouverte d'un léger voilage blanc. À l'opposé de mon bureau, une armoire prenant toute la longueur du mur, et entre, le minuscule interstice qui séparait l'armoire de mon lit, ma table de chevet.

Je plongeai ma tête dans l'armoire à la recherche de vêtements sec. Mon choix étant limité, il fût vite fait, n'ayant presque que du noir, pour mes jeans, débardeur et pull ; la seule note couleur, provenait de mes sweats et de mes chemises à bûcheron. J'optai donc, pour un débardeur noir avec une chemise et un jean de la même couleur. Je décidai de changer mes bottines rendues inutilisables par la pluie, pour des rangers plus confortables.

Quand Jay libéra la salle de bain, je pris place dans celle-ci, de la vapeur d'eau embué le miroir au-dessus du lavabo, et faisaient scintillaient les carreaux de la douche. Je me déshabillai, non sans avoir verrouillé la porte derrière moi.

La vapeur d'eau, faisait briller ma marque, prenant ainsi des reflets rougeoyants et violacés. Cette marque, que j'arborais depuis ma naissance, ressemblait à première vue à un tatouage tribal. Elle s'étalait en de jolies arabesques, sans queue ni tête, dans le creux de mon cou, et jusqu'à mon bras couvrant une grande partie de mon épaule. Quelques traits partant du creux de mon cou finissaient par s'évaser vers le centre de ma poitrine. Elle avait la particularité de croître en même temps que moi, semblable à un membre tel une jambe ou un bras. Je jetai un coup d'œil au miroir, mon teint blafard, malgré mes origines orientales, faisait ressortir mes yeux aussi noirs que mes cheveux, et mes lèvres avaient quelque peu bleuis suite à ma douche forcée sous la pluie.

J'entrai dans la vieille douche dont la vitre était fendue et remerciait d'avoir encore un peu d'eau chaude. L'eau me réchauffait la peau et je laissai me détendre par le jet avec délice. Après quelques minutes, sous l'eau chaude pour me revigorer suite à une journée bien remplis, je quittai la douche, et me séchai rapidement avant que je ne cède à la tentation de m'endormir, mes paupières étant devenu un peu lourdes. Je suis sûr que Jay n'y verrait aucun inconvénient, mais j'ai envie de passer du temps avec lui, c'est la moindre des choses que je pouvais faire. J'enroulai mes cheveux dans la serviette blanche, prévue à cet effet et m'habillai des vêtements que j'avais choisis précédemment. Je quittai la salle de bain pour rejoindre ma chambre croisant au passage Jay dans le couloir.

Fraîchement lavé, il avait troqué sa combinaison bleu tâché de cambouis et d'huile de moteur, pour un jean sombre et un pull épais d'un vert foncé, ce qui mettait en valeur ses yeux émeraude. Ses cheveux bruns étaient plaqués en arrière, et sa barbe de trois jours recouvrait une partie de son visage le mettant en valeur.

— Je suis presque prête. Je n'en ai pas pour longtemps, dis-je en lui souriant et en désignant la serviette sur ma tête.

— Je t'attends dans le salon.

Je disparais bien vite dans ma chambre sans lui répondre.

Quelques minutes plus tard, j'étais enfin prête, malgré mes cheveux humides, que je décidai de laisser sécher à l'air libre, j'avais changé de veste, et fis un petit effort en mettant du rouge à lèvres, et un peu de mascara. Je rejoignis mon tuteur dans le salon, assis sur le canapé en cuir usé, le nez sur son portable. Je me raclai la gorge pour signifier ma présence, il releva la tête surpris, puis fini par me sourire.

— Tu es très jolie, me complimenta-t-il.

— Merci.

Peu habituée à ce que l'on me face des compliments, je laissai échapper un petit sourire crispé, et me tournai vers la porte d'entrée pour éviter un moment de malaise.

Il se leva, et nous passâmes les portes de l'appartement.



¤¤¤¤¤¤¤

Coucou;

J'espère que la suite et fin de ce premier chapitre vous a plu.

Dites moi vos impressions, et n'hésitez pas à laisser un petit commentaire 💬💬.

(J'ai pas pu m'empêcher de vous poster la suite, j'étais impatiente.)

Des idées pour la suite ?

Je suis curieuse de savoir quelles sont vos impressions pour:

👧 Black ?

👨 Jay ?

N'oubliez pas de laisser un petit vote 🌟🌟🌟.

On se retrouve la semaine prochaine pour la suite.

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