Chapitre 41 - La Falaise de Feu [corrigé]
-Ça me paraît logique pourtant. L'océan de Sang, c'est un coucher ou un lever de soleil.
-Un coucher. Confirma Glaciale.
Sable posa sur elle un regard interrogateur, lui demandant silencieusement d'argumenter.
-J'ai trouvé des feuilles volantes dans la couvertures du livre. Souvenir écrivait sa fuite. Elle se trouvait sur une falaise, avec devant elle un coucher de soleil.
Et sortit de sa besace le livre, et se saisit de la feuille en question, avant de le parcourir rapidement.
-Voilà, c'est là : « Le soleil semblait sombrer dans les eaux tumultueuses aux couleurs rougeoyantes. Comme sil il mourrait dans un bain de sang. »
Elle montra la feuille, comme pour leur dire « ben voilà, on a notre réponse. ».
-Donc... il faut aller sur une côte ouest. Nota Sable.
Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas autant parlé depuis la « mort » de Glaciale. Ça lui faisait plaisir de retrouver l'Écaille de Rivière qu'elle avait tant apprécié dans le Palais de la Reine Carpe, celui-là même qui savait tout sur tout, se souvenait de chaque passage d'un parchemin et qui comprenait le fonctionnement de tout avec tant de facilité.
Glaciale pensait qu'il devait se sentir coupable de n'avoir pu empêcher Maléfique de lui trancher la gorge, et qu'il s'était alors refermé sur lui même, de peur de faire indirectement du mal à quelqu'un d'autre. Sa participation à cette conversation était un grand pas.
En parlant de Maléfique, Glaciale et Tourmente n'en avaient parlé à personne d'autre. Ce détail restait entre elles.
-Oui, approuva Granite. Mais où y a-t-il une falaise ? Le Grand Glacier ?
-Je ne pense pas. C'est une falaise de glace, alors qu'elle dit... « ... ses vagues semblant vouloir déchiqueter la roche de la falaise. ».
-Et à l'extrême nord de la Plaine de Glace ? Elle a un morceau de falaise, elle aussi, mais c'est de la roche, malgré la neige et les stalactites. Contesta Sable.
Glaciale haussa les épaules.
-Je ne pense pas. Elle aurait parlé du froid, de la neige ou des iceberg...
-La Falaise de Feu ! S'exclama Arc-en-ciel.
Tous les dragons se tournèrent vers elle.
-Quoi la Falaise de Feu ? Demanda Tourmente.
-C'est au sud de l'Île, c'est un peu une péninsule. Et du coté de l'océan de l'Ouest, c'est une falaise : la Falaise de Feu. On l'appelle comme ça parce qu'on dit que l'océan s'embrase à chaque coucher de soleil !
Tourmente la regarda, un sourcil levé.
-Et ça t'a pas parut logique plus tôt qu'on parlait de ça ?
Elle prit un air désolé.
-Je regardais le papillon...
Elle monta de la queue un papillon de la taille de sa tête, qui s'était posé sur une gigantesque fleure aux couleurs tape-à-l'œil. Glaciale sourit.
-Qu'est ce qu'on attend ? Demanda Arc-en-ciel, soudain pleine de vigueur.
-Hein ?
Tourmente regarda la dragonne, sans comprendre.
-Qu'est ce qu'on attend pour y aller ?!
L'Île du Soleil était sans doute l'endroit le plus beau et merveilleux que Glaciale ait vu de sa vie.
Et elle en avait vu, des paysages grandioses, ces derniers temps. Elle avait quitté les grandes étendues de neige blanche, pour parcourir les montagnes grises du Royaume de Roche, elle avait découvert les montagnes-maison, ces étonnantes habitations, avait volé au dessus de rivières et de lacs étincelants, marché dans un Palais recouvert de nacre. Ses pattes avaient aussi foulé le sable du Désert, ses griffes s'étaient enfoncées dans la terre des Steppes vertes, ses écailles avaient été réchauffées par la douce lumière du soleil passant entre la canopée des arbres de la Forêt Touffue.
Bien que tout n'ai pas été rose, elle ne regrettait en rien d'avoir fuit le cage de glace qu'était son Palais.
Bien sûr, elle était triste. Pour Cyprès, et surtout pour Harpie.
Et elle n'allait pas mentir, elle avait peur. Peur de ce que pouvait faire Maléfique. Peur que le rêve qu'elle avait fait de Grêle ne se réalise.
Par Divine ! Quand elle y pensait, elle se rendait compte qu'elle avait été sotte et égocentrique !
Mais il y avait une petite voix en elle, qui la rassurait. Elle lui murmurait, dans ces instants de remise en question « Mais non, tu as fait le bon choix. C'est ta destinée. Il ne va rien se passer, quand tu reviendras, tout sera comme tu l'as laissé. »
Alors, elle s'accrochait à cette idée, et continuait de battre des ailes, suivant ses amis et observant le monde qui l'entourait. Ces arbres aux feuilles roses, comme tout droit sortit d'un rêve, ce soleil éclatant, ces plaines garnies de fleurs, comme une explosion de couleur.
Elle ferma les yeux, ne pensant à rien d'autre qu'au soleil chauffant ses écailles doucement. Était-ce normal pour une Écaille de Neige d'apprécier cela ? Ça faisait presque autant de bien que de se rouler dans la neige toute fraîche et poudreuse, après avoir passé un mois entier enfermé dans le Palais, avec comme seule compagnie des livres.
C'est alors qu'à l'horizon, ils aperçurent enfin la mer. Ils arrivèrent sur une falaise à moitié recouverte d'herbe à moitié de roche. La mer grondait, en contre-bas. Et comme l'avait écrit Souvenir : « Ses vagues semblaient vouloir déchiqueter la roche de la falaise ».
C'est alors qu'elle le vit. Un monticule de roche sombre, cachant quelque peu un trou noir béant par des stalagmites et des stalactites aiguisés se rejoignant parfois en colonne, qui formaient une sorte de gueule de dragon, inquiétante.
Glaciale était sûre que c'était là, là que Souvenir s'était tenue, qu'elle était sortie de cette grotte, derrière Crépuscule, qu'elle avait regardé la mer, sentit le même air salé, le même vent qui frôlait ses écailles aujourd'hui.
Alors elle s'introduisit dans la grotte, sous le regard étonné de ses amis.
La grotte était froide. Glaciale entendait le plic ploc de gouttes d'eau, créant un écho incertain.
Elle s'avança, le bruit de ses griffes se joignant à de l'eau s'écoulant. Des dizaines de stalactites et stalagmites, comme à l'entrée de la grotte, entourait une sorte de lac. Elle découvrit que c'était d'un pic au dessus de l'étendue liquide que tombaient les gouttes d'eau.
Elle avait entendu les pas de Tourmente, mais ne dit rien. Elle profitait du calme de la grotte. C'était comme vivre un moment de la vie de Souvenir. Comme si sa vie à elle était sur pause pendant quelques secondes.
Au bout d'un moment, elle ressortit dehors.
Le ciel semblait s'être embrasé. Le soleil se noyait dans des eaux tumultueuses rouge sang, alors que les nuages prenait une teinte orange, rouge, voir rosée.
-Pourquoi c'est toujours le soir que tout devient magnifique ? Demanda Tourmente, faisant illusion aux Pierres Célestes de l'Arène.
Glaciale sourit. Elle ouvrit en grand les ailes, alors que ses amis s'alignaient avec elle sur le bord de la falaise.
Elle sentait le vent gronder à ses oreille, s'engouffrer dans ses ailes, comme pour lui crier de s'envoler, de se libérer de la terre. De se laisser emporter.
Celui-ci la soulevait déjà un peu du sol.
Alors, l'Écaille de Neige se laissa tomber en avant, les ailes repliées contre ses flancs.
Les piques pointus émergeant des roches se rapprochait dangereusement de Glaciale, quand celle-ci ouvrit grand les ailes, pour aller frôler l'eau. Avec un soupir de bonheur, elle laissa sa patte percer les vagues, alors que le bruit de battements d'ailes résonnait déjà derrière elle.
Avec un sourire, elle regarda par dessus son épaule. Sept dragons, rouge, noir, bleu, marron, noir et gris, brun-gris et multicolore.
Elle reporta son regard devant elle, vers le soleil couchant. Comme si elle voulait l'atteindre avant qu'il ne sombre entièrement, de peur de ne jamais le revoir.
C'est alors qu'elle s'en rendit compte.
Tout ce qu'ils avaient fait jusqu'à maintenant n'était encore rien par rapport à ce qu'il leur restait à parcourir.
Et c'est avec une vigueur nouvelle, poussé par l'espoir, quelle battit des ailes.
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