Chapitre 12 - on aurait dit une vache folle [réécrit]


Quand Tourmente reprit conscience, elle ouvrit brutalement les yeux. Puis les referma juste après. Un abominable mal de tête en était la cause. Elle avait l'impression qu'on lui martelait les tempes à chaque fois que le sang y passait. Elle avait des courbatures partout. Même en réunissant le peu de force qui lui restait, elle ne pourrait pas bouger une griffe.

Elle entendit un souffle près d'elle. Avec un effort de concentration, elle parvint à pousser un léger grognement, perceptible pour celui qui écoute.

Le dragon à côté d'elle écoutait.

-Chut, ce n'est rien. Ne bouge pas, tu dois te reposer.

Elle reconnut la voix d'Assaillant avant de retomber dans le néant.



Tourmente sentit une bonne odeur, mais elle n'arrivait pas à mettre la griffe sur son nom.

Puis tout lui revint : la mystérieuse Commandante des Armées, Terrible, l'affrontement, l'utilisation de son pouvoir, comme jamais elle ne l'avait utilisé... et le nom de l'odeur : vache grillée.

Elle ouvrit lentement les yeux. Elle ne vit d'abord qu'une tache floue, blanche, et une au milieu, noire. Puis la tache noire prit de la netteté, pour devenir un dragon aux nombreuses cornes noire aux bout jaunes, et enfin devint Assaillant.

-J'étais sûr que ce serais ton ventre qui te sortirais de tes songes.

Tourmente eut un petit sourire qui lui tira une grimace. Assaillant, de son coté, n'avait sans doute pas compris à quoi rimait ces mimiques.

-De la vache ? Demanda-t-elle d'une voix à peine perceptible, plus lue sur les lèvres que véritablement entendue.

Il eut un petit rire. Il lui tendit un steak de vache qu'elle mangea à petite bouchée rapides : elle mourrait de faim. Elle sentit presque tout de suite l'effet réparateur de la nourriture.

-Encore !

Il lui redonna un autre steak qu'elle avala encore plus rapidement que l'autre. Elle savoura le bon goût de la viande tendre...

-Merci, murmura Tourmente.

Un grand sourire illumina le visage d'Assaillant.

-Si tu savais ce que j'ai dû faire pour avoir cette vache ! Ici, ils ne connaissent que le poisson ! J'ai dû aller le chasser à la seule force de mon électricité ! Si tu l'avait vu quand elle a pris le jus ! On aurait dit une vache folle ! Elle a commencée à courir partout ! Et après, j'ai dû la porter jusqu'ici ! Elle était au moins aussi lourde que toi !

-Hé ! S'indigna la dragonne rouge.

-Ça va, je rigole, tu es beaucoup plus lourde qu'elle !

Tourmente soupira bruyamment.

-Bref, après pour leur faire cuire cette chose... je ne te dis pas la galère ! Ici, ils mangent tout cru... mais bon, j'ai réussi ma mission !

Tourmente eut un petit rire. Elle se sentait beaucoup mieux avec cette vache dans l'estomac...

-Aller, il faut se reposer, murmura Assaillant, je sais pas ce que tu as fait avec le Commandant, mais tu nous es revenue en dix mille morceau... Aller, dors...

Tourmente ferma les yeux, et en moins de temps qu'il lui fallait pour manger un steak de viande, ce fut le néant.



-Vous croyez qu'elle va s'en sortir ? Demanda une voix caverneuse.

-Oh, maintenant, c'est sûr ! Mais je me demande comment elle a fait pour se remettre aussi vite. Elle était vidé de son énergie. Entièrement ! Elle avait à peine la force de respirer !

-Dès que je l'ai vu, j'ai su qu'elle était exceptionnelle ! Commenta une autre voix.

-Oh oui, pour mettre au tapis Terrible, il faut savoir se battre ! C'est moi qui vous le dit ! Chanta une voix.

-Mais quand même, regardez ses blessures ! Guéries ! En deux jours !

-C'est grâce au Osoth. Leur apprit une autre voix.

Tourmente essaya de se relever. Elle commença à se soulever de son lit de mousse, mais un choc lui coupa la respiration, la clouant au sol.

-Regardez ! Elle a bougée ! S'exclama une voix qui lui mit du baume au cœur.

Assaillant.

Elle ouvrit péniblement les yeux. Assaillant, à coté d'elle, lui prit la patte. Elle sentit sa chaleur sur ses écailles. Et dans son ventre.

-Assaillant, murmura-t-elle.

Elle vit Glaciale, plus loin, au pied de sa couche, jeter un regard complice à Granite, à côté d'elle. Le dragonne qui parlait de ses blessures guéries et qui avait rassuré Granite était sans doute Ruisseau, se tenant à côté de la Commandante des Armée, qui l'avait complimentée sur son adresse au combat. Et la dernière voix, qui avait parlé de son « écaille », c'était à coup sûr Sable. Il était assis à coté de Granite, et la regardait avec des étoiles dans les yeux.

« C'est parce que je suis une dragonne Magma... » se dit-elle.

-Les amis...

Un murmure, pénible, mais qui veut dire tant de chose...

Puis ce fut le néant.



La fois d'après, quand Tourmente se réveilla, le soleil nimbait la pièce d'une douce aura blanche. La dragonne rouge se redressa lentement, et elle fut étonnée de ne plus sentir la douleur qui la faisait souffrir la dernière fois.

Elle scruta autour d'elle et détailla la pièce. La nacre recouvrant les murs dans cette pièce étaient dans les tons verts, et représentaient sans aucun doute un jeu de lumière dans les fonds marins. Les lits de mousse semblables au sien était installés un peu partout, séparés par des tissus blancs suspendus au plafond.

A côté d'elle, sur un petit lit de mousse fait à l'improviste, dormait paisiblement un dragon noir au bout des cornes jaunes, avec des petites taches de la même couleur sous les yeux.

Ses paupières se levèrent sur de grands iris jaunes rayées d'orange. De magnifiques soleils dans lesquels se perdit Péril. Une drôle de chaleur la prit au ventre. Elle avait remarqué que ça lui arrivait quand Assaillant était là, mais pourquoi ? Elle n'en savait rien...

Le dragon noir se leva, un grand sourire zébrant son visage.

-Alors, tu as fini ton hibernation ? Ça fait trois jours que j'attends et que je demande au cuisinier des vaches que je finis par manger seul !

-Des vaches ?!

Le ventre de Tourmente gargouilla si fort qu'on dû l'entendre à l'autre bout du palais.

« Trois jour que j'ai pas mangé ! » Se dit Tourmente « Trois jour qu'il attend que je me réveille... »

Mais Assaillant la coupa dans sa réflexion.

-Je me disais bien que ce n'était pas pour moi que tu avait prit la peine d'ouvrir les yeux. Plaisanta-t-il.

Tourmente rigola. C'était la première fois depuis qu'elle s'était battue contre Terrible que ça ne lui arracha pas une grimace.

-Je me sens si inutile.

-Mais non ! Bien sûr que tu es utile !

-À quoi ?

Il s'était tourné vers elle avec des grands yeux ronds. Elle cacha du mieux qu'elle pu son hilarité.

-À me ramener des vaches !

Assaillant prit un air déçut, mais le cœur n'y était pas.

-Tu te sens mieux ?

-Au poil ! Je pourrais faire cramer le Palais tellement que je suis en forme !

Tourmente partit dans un fou rire, vite accompagné d'Assaillant.

-Tant mieux, quelqu'un veux te voir ! Suis moi.

Il se retourna et poussa la grande porte de l'infirmerie. Tourmente remarqua avant de partir trois dragonne infirmière qui pensaient des plaies, dont une qui était Ruisseau.

Elle sortit dans un couloir et suivit Assaillant qui marchait d'un pas sûr.

« Il doit savoir où il va... » Se dit Tourmente « Mais moi non : où je vais ? »

Ils empruntèrent un escalier, tournèrent à droite à une intersection, descendirent un autre escalier, se retrouvèrent de nouveau dans un couloir tapissé de nacre.

« Où on va ! »

Assaillant s'arrêta brusquement. Tourmente, perdue dans ses pensées, lui rentra dedans. Assaillant la regarda par-dessus son épaule avec un sourire en coin d'un air suffisant.

« Qu'est ce qu'il a le don de m'exaspérer celui-ci ! » Grogna Tourmente. Un peu plus et elle lui aurait mordu la queue !

Il ouvrit la porte devant la dragonne rouge et lui fit un geste théâtrale pour lui dire d'entré.

Il faillit ajouter « les dames d'abord », mais le regard assassin de celle-ci l'en dissuada.

Elle entra dans une pièce meublée de divans confortables, d'une malle, et d'armes accrochées au mur. La porte que Tourmente aperçut sur la droite donnait sûrement sur une autre pièce toute aussi luxueuse.

C'était drôle de voir comment le luxe changeait entre chaque royaume mais restait pourtant semblable et reconnaissable. Le Palais du Royaume de Feu, de Neige, de Roche et de Rivière n'avait vraiment rien à voir.

De cette porte sortit une dragonne. Sa démarche fluide comme de l'eau et sa silhouette musclée à la patte striée d'une cicatrice récente lui laissa deviner son identité.

La Commandante de l'Armée.

Un grand sourire illumina la bouche de celle-ci.

La porte derrière Tourmente s'ouvrit sur une dragonne blanche, et l'air de la salle devint plus frais.

Elle se retourna sur Glaciale. Celle-ci avait remis le bijou bleu à la forme biscornu qui leur avait permit de sortir du palais autour du cou.

Elle se précipita sur elle, et la serra avec ses ailes contre son cœur.

-J'ai eu tellement peur de te perdre. Lui murmura Glaciale. Quand j'ai remarqué que tu n'étais plus dans la chambre, je me suis dis que tu été aller manger. Mais quand je suis sortis, Sable m'a dit qu'il t'était arrivé malheur, que tu étais à l'infirmerie, avec un autre dragon, qui était dans un sale état. J'ai eu si peur.

Sa voix avait accéléré au fur et à mesure qu'elle lui parlait à l'oreille pour devenir une suite de son à peine intelligible.

Tourmente ne dit rien. Ses écailles chauffèrent de plaisir, tandis que celle de Glaciale refroidissaient, ce qui les enveloppa de vapeur.

Quelqu'un toussota, et elles s'éloignèrent l'une de l'autre.

La Commandante les regardait avec un sourire :

-Pardon d'interrompre ses retrouvailles, mais je te rappelle que tu avais fait un marché, Tourmente. Si tu perdait, tu étais au service de Terrible toute la journée, si tu gagnais, on te révélait quelques secrets qui vous seront bien utile. Terrible t'as sous-estimé, il a perdu.

-Donc, vous devez nous dire ces fameux secrets. Demanda Glaciale.

-Oui, et ils t'intéresseront. C'est pour ça que toi aussi tu es ici.

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