Chapitre 11-Histoire tumultueuse entre une crevette et un gastéropode [corrigé]
C'est le cri des oiseaux dans les arbres environnants qui réveilla Tourmente. Elle s'étira et donna un coup d'aile à Glaciale, allongée à côté d'elle, qui grogna et se retourna pour se rendormir. Le soleil matinal nimbait la grand pièce d'une lumière pâle, qui à travers les rideaux devenait rougeâtre. Elle se leva et regarda autour d'elle. C'était une pièce de belle taille, aux murs gravés de fresques, dans les tons blancs surmontés de rouge. Des meubles luxueux comme un canapé blanc aux coussins rouge ou une coiffeuse servaient de mobilier.
« Faites comme chez vous.» Leur avait dit Sable
« Si vous avez faim, les cuisiniers auront vite fait de vous servir une assiette. »
L'estomac de Tourmente gargouilla. Elle sortit de la pièce discrètement. Elle arpenta le couloir des chambres, puis entra dans le hall avec une fontaine en son centre. Tourmente regarda l'eau cristalline s'écouler peu à peu des têtes de dauphins et retomber avec un murmure doux.
Son estomac poussa une plainte, ce qui la ramena à la réalité. Elle descendit un escalier en regardant les murs, émerveillée par la nacre les couvrant, formant des arabesques parmi des petits galets de différentes nuances. Elle suivit un couloir, en utilisant plus son nez que ses yeux et aboutit devant une porte d'où sortait une douce odeur et des bruits de fer contre fer. Elle passa sa tête, vit des dizaines de dragons bleus, verts et gris, s'activant devant des chaudrons remplis de nourritures d'où s'échappaient des odeurs enivrantes. Un petit dragon vert s'avança près d'elle.
-Vous êtes les inviter de Sable ? Demanda-t-il.
-Heu... oui.
-Je vais vous chercher quelque chose ! Dit le dragon vert avec entrain.
Il disparut entre les dragons qui zigzaguaient de fourneaux en fourneaux. Il revit juste après avec une assiette posée sur une aile. Une grosse anguille qui gigotait encore reposait sur une sauce foncée.
-Heu... c'est du poulet ? Demanda-t-elle.
-Bien sûr que non ! Anguille cru à la sauce d'algue et d'œuf de truite ! Un régal, goûtez, je vous assure !
Tourmente fit une moue dégoûté. Elle attrapa le poisson du bout des griffe par la queue, lança un regard de travers à la sauce noire qui dégoulinait, et le mit d'un coup dans sa gueule. Elle eut un regard de surprise quand le poisson gigota dans sa bouche, mais un coup de dent le fit cesser. La sauce était étonnamment savoureuse, et le poisson avait la chair tendre. Elle avala l'anguille sans difficulté, et lâcha un rot bruyant.
-Hum... pas si mauvais ! Approuva-t-elle.
Tourmente se rendit compte que le petit dragon vert était déjà repartit. Elle haussa les épaules, et s'engagea dans le couloir pour essayer de retrouver le chemin menant à sa chambre.
Soudain, à un tournant, un dragon qui courait lui rentra dedans avec une telle puissance qu'elle bascula en arrière, suivie par le dragon, et se retrouva sur le dos, les ailes déployées de chaque côté de son corps, avec le dragon de Rivière sur le ventre.
Tourmente secoua la tête, et regarda son assaillant grommelant sur son ventre. Le dragon gris bleuté se leva tant bien que mal, et lança un regard turquoise sur Tourmente.
-Désolé, j'aurais dû vous entendre et pouvoir vous éviter. Lui déclara une voix féminine.
Tourmente se rendit compte que le dragon était en fait une dragonne, avec un unique œil. L'autre était barré par une vilaine cicatrice qui zigzaguait du bout de son museau jusqu'à sa corne. Une de ses cornes était aussi sectionnait en son bout.
La dragonne grise s'avança d'un pas claudiquant vers la Princesse, qui baissa son regard vers sa patte où une plaie signait abondamment.
- Bonjour, je me nomme...
-Vous... votre patte !
La dragonne jeta un regard à sa patte.
-Oh, ça, ce n'est rien... oh, juste un conseil : ne jamais sous-estimer un adversaire...
-Mais... qui êtes-vous ?
-Ha... ça... je suis le Commandant de l'Armée des Écailles de Rivière... mais on ne peut pas réellement juger un dragon par son titre non ? Je suis en même temps bien plus et bien moins que ça...
Elle esquissa un sourire devant l'air déconfit de Tourmente. La dragonne rouge la regarda des pattes à la queue. Elle avait une silhouette fine et très peu de cicatrice barrait ses écailles. À part celle sur sa tête et une petite sur le torse, aucune boursouflure visible. Bien que ses muscle soit visible sous ses écailles, rien ne laissait à penser qu'elle était la Commandante de l'Armée. Sauf une chose...
Son aura.
-Bon, ce n'est pas pour te presser, mais je me dirigeais vers l'infirmerie, et je ferais mieux d'y aller... Alors soit tu me laisses passer soit je te fais la même patte que moi... ou tu m'accompagnes, je ne suis pas contre un peu de compagnie.
Elle lui adressa un grand sourire et partit en boitillant vers le fond du couloir, sans attendre sa réponse. Après une seconde d'hésitation, Tourmente se retourna et suivit la dragonne grise. Malgré sa patte blessée, la dragonne de Rivière se mouvait avec une étonnante grâce et fluidité. Bien que Tourmente n'ai pas fait beaucoup de bruits, la commandante l'entendit et, sans la regarder, lui demanda :
-Tu t'appelles comment.
-Tourmente. Dit-elle sans réfléchir.
Si l'Écaille de Rivière se doutait de quelque chose au sujet de son nom similaire à celui de la princesse des Écailles de Feu, elle n'en dit rien. Elle prit un tournant et s'arrêta devant une porte, où elle toqua trois coup. Une petite dragonne bleu claire aux yeux gris leur ouvrit.
-Commandant ? Demanda-t-elle.
La petite dragonne bleue remarqua la patte en sang du commandant.
-Ah, je vois... Terrible ? Demanda-t-elle.
-Oui... je ne m'attendais pas à ce qu'il maîtrise aussi vite son arme...
Elle rigola, la tête en l'aire.
La petite dragonne les firent entrer et fit s'asseoir le Commandant.
-Ah ! Ruisseau, je te présente Tourmente... Elle fait partie des invités de Sable. Dit la dragonne grise à la dragonne bleue avec un clin d'œil.
-Enchantée.
Ruisseau n'avait même pas levé la tête. Elle était trop occupée à nettoyer la plaie sur la patte du Commandant. Une fois finit, elle lui fit un bandage en soie de Criqueur.
-Voilà, c'est fini. Essai juste de ne pas en faire trop...
La dragonne grise rigola à gorge déployée.
-Moi ! En faire trop ?
Elle se dirigea vers la porte, un grand sourire sur les lèvres.
-Bon, aller, j'y retourne, Terrible m'attend !
Elle sortit, et Tourmente la suivit comme son ombre.
Ruisseau étouffa un petit rire. Quel drôle de numéro celle-là. C'était toujours elle qui redonnait le sourire au Palais.
Tourmente qui suivait le commandant de l'armé à travers les couloirs de nacre, lui rentra dedans quand celle-ci s'arrêta brusquement.
-Dis-moi, tu vas où ?
-Ben...heu... Bafouilla la princesse rouge.
-Ça te dit de venir faire un petit exercice avec moi, dans la salle de combat. Lui proposa-t-elle.
-Que... quoi... Oui !!
-Bon, alors en route !
La dragonne repartit d'un pas certain vers d'autres couloirs. Un vrai labyrinthe ce Palais ! Elles montèrent un escalier, et arrivèrent dans un grand hall avec une fontaine en son centre, comme le hall de la bibliothèque. Elle se dirigea vers une grande porte de nacre rouge et noire, qu'elle poussa. Elle se faufila dans la salle avec souplesse.
Tourmente s'avança vers la porte et passa sa tête dans l'entrebâillement. La salle de combat était une grande salle, avec des carrés de sol en tatamis et des dizaines d'armes accrochées au mur. À l'exception de Terrible et de la dragonne grise, la salle était vide. D'un geste, le Commandant l'invita à entrer.
Terrible eut un regard surprit en voyant Tourmente entrer. La dragonne rouge le détailla. Il était un peu plus grand qu'elle, avait les écailles grises tachetées bleu foncé. Ses cornes étaient bleues comme ses yeux. Elle remarqua, qu'il n'avait pas de nageoire derrière les pattes, mais qu'il les avait palmées.
-Heu... Salut ! Lança Tourmente avec un sourire laissant voire toutes ses dents blanches.
-Terrible, je te présente Tourmente. C'est une Écaille de Feu, invitée de Sable, qui a bien voulu faire un petit combat avec toi.
Il lui lança un regard suppliant.
-Non mais, attend, tu as vu ce que je dois affronter !
-Hé, oh, je t'entends ! Je te signale que j'ai mangé il y a même pas dix minutes !
-Hé, toi la crevette, je ne t'ai pas parlé !
Tourmente se retint de ne pas lui arracher le bout de la queue d'un coup de dents.
-Combien de fois je t'ai dit de ne pas sous-estimer tes adversaires !
-Ha merci madame !
Le Commandant se tourna vers elle.
-De rien, mais ne m'appelle pas comme ça.
-Heu... d'accord...mais comment...
Elle se retourna vers Terrible.
-Écoute, si tu bats cette dragonne, elle est à ton service pour toute la journée.
-MAIS JE NE SUIS PAS D'ACCORD ! Se plaignit Tourmente.
-Et si elle gagne, tu lui dis d'où on vient, et tout ce que tu sais de là-bas, et moi je lui dirais mon nom.
Elle se tourna vers Tourmente.
-Ça te va ?
La curiosité de celle-ci piquée à vif, elle accepta en secouant frénétiquement sa tête de haut en bas.
-Que le combat commence alors !
Terrible lui sauta dessus, misant sur l'effet de surprise, mais Tourmente, une fois lancé dans un combat, n'était pas facile à surprendre. Elle glissa au sol et lui lacéra le ventre pour se relever une fois derrière lui. Il se retourna et vit Tourmente lui sauter sur le dos. Elle le griffa entre les deux ailes puis elle s'envola de quelque mètre et se laissa tomber un pique sur lui. Il tomba au sol où elle le retourna sur le ventre d'un coup de patte et plaça ses pattes sur sa gorge.
-Alors, c'est qui la crevette, petit gastéropode !?
Celui-ci lui sourit, et Tourmente reçut un coup de queue sur l'épaule si puissant qu'il la fit rouler à deux mettre de là. Elle sentit un filet chaud lui couler le long de la patte, mais elle n'y fit pas attention et esquiva, plutôt, au dernier moment l'assaut de Terrible, qui fit un rapide demi-tour et se lança sur son dos. Celle-ci fut clouée au sol sous l'impact.
C'est là que lui revint en mémoire ce que lui avait dit son professeur de combat : « Les dragons Magma sont la puissance du volcan dans un corps de dragon. Ils ne craignent pas le feu, ils en vivent. Ce que tu connais pour le moment de ton pouvoir, c'est comme si tu croyais Volviane ne se résumait seulement qu'à ton lit de Princesse !» Tourmente se concentra.
Ce n'était pas comme cette terrible fois, là elle la demandait, la Flamme ne s'imposait pas en elle... Elle pourrait la contrôler
Elle ressentit la Flamme qui vivait en elle, et essaya de la pousser vers ses écailles. Très rapidement, celle-ci devinrent brûlante, à tel point que Terrible hurla de douleur, et la lâcha pour s'éloigner d'elle comme si elle était atteinte de la peste. Elle se releva lentement, savourant son nouveau pouvoir. Le sol sous ses pattes grésillait puis brûlait avec un petit sifflement. Ses écailles rouges étaient lumineuse, comme le fer chauffé, comme si elles étaient le seul rempart entre le volcan qui brûlait en elle, et le monde extérieur. Elle s'avança vers Terrible, qui reculait jusqu'à buter contre le mur. Au fur et à mesure que Tourmente approchait, l'air devenait chaud, a point que ses écailles le brûlait, que chaque inspiration était un supplice qui incendiant ses poumons. Elle avait un rictus diabolique sur le visage.
Alors qu'elle était à une longueur de queue de lui, elle se dressa sur ses pattes arrière avec un sifflement aigu. Du feu sortit de ses ailes déployées autour d'elle et de ses cornes comme de l'eau d'un geyser. Puis elle retomba au sol et s'approcha de lui, leva une patte et y fit jaillir une flamme. Elle lui donna la forme d'un dragon qui battait des ailes dans un ciel invisible. Puis elle referma sa patte et la flamme disparut. Elle le regarda avec un sourire victorieux et s'approcha pour lui murmurer à l'oreille :
-Alors, c'est qui la crevette, petit gastéropode ?
L'air était étouffant autour de lui. Il avait de plus en plus de mal à respirer. Il commençait à voir flou.
Puis ce fut le noir.
Terrible tomba par terre, évanoui.
Tourmente eut à peine le temps de savoure sa victoire. Le monde commençait à tanguer autour d'elle.
« Une fois que tu auras vraiment utilisé ton pouvoir pour la première fois, tu risques d'être épuisé. Tu t'évanouiras sans doute. Tu peux aussi en mourir »
Puis à son tour, elle tomba au sol.
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