Luke avait essayé plusieurs fois de reparler de ce qui c'était passé sous le gui lors de la soirée du nouvel an. Annabeth esquiva habilement toutes les tentatives. Elle ne savait pas quoi faire. Elle avait eu un faible pour Luke à la middle school mais c'était fini maintenant, enfin... elle en était presque sûre. Elle était absolument perdue et elle détestait ça plus que tout. La dernière fois qu'elle avait été perdu dans ces sentiments pour un garçon il lui avait déchiré le cœur en milliers de petits bouts et plus jamais elle ne permettrait ça une nouvelle fois, plus jamais.

C'est en fixant le plafond de sa chambre orné d'étoiles fluorescentes qu'elle pensait à tout ça car elle venait de recevoir un message de Luke sur Instagram.

La notification affichait uniquement le début du message.

luke_castellan vous a envoyé un message : Comme tu évites le sujet IRL et que veux vraiment parler de CA je te coince ici, ne m'igno...

Elle n'avait pas ouvert le message, il ne fallait pas que Luke sache qu'elle l'avait lu. Elle devait d'abord réfléchir à sa réponse. A où elle en était.

Ding

Un snap de Cervelle d'Algues ❤🌟🗽

Elle fixa longuement le cœur rouge à côté du surnom de Percy. Elle l'avait mis là une nuit vers cinq heures du matin après que Percy soit resté éveillé jusqu'à huit heures pour parler avec elle et regardé les étoiles car elle avait vraiment, vraiment besoin de lui à cause de... il valait mieux ne plus jamais en reparler. Un smiley qui n'avait pas échappé à Silena donc. Juste à côté il y avait un émoji étoile, lui était assez évident et pourtant... il semblait si poétique et même si personne ne comprenait pourquoi elle avait choisi cet émoticône il voulait tout dire. Et le dernier émoji était celui représentant la statue de la liberté. Comme un rappel douloureux qu'il ne fallait pas s'attacher à lui de la mauvaise façon. L'univers qui lui criait à la face qu'il serait largement préférable de se laisser embarquer dans les bras de Luke. Elle loucha longtemps sur cette maudite statue représentant la liberté (quelle liberté !?). Puis frustrée, elle enfoui son téléphone sous les couvertures et attrapa sa lecture en cours.

Et même si Chase voulait dire poursuivre, Annabeth fuit. Elle préféra incarner cette héroïne un peu gauche dans ce livre un peu banal plutôt que d'affronter ces sentiments. C'était plus simple.

Et à la fin de sa lecture elle se détestera pour avoir repoussé le problème à plus tard, mais pour le moment elle voulait juste oublier le temps d'un instant.

La bande son des Dents de la mer interrompit sa lecture. C'était la sonnerie réservée à Silena, angoissante, comme le devenait la jeune fille lorsque Annabeth ignorait un de ses appels.

- Allô ?

- Annabeth, qu'est-ce que tu fous ? demanda Silena sans même s'occuper des politesses.

- Euh, je lis ?

- Tu es pleine d'humour ma petite Annie ! Je veux dir...

- Ne m'appelle pas Annie !

- Et toi, ne met pas Luke dans cet état ! Tu l'embrasse et puis plus rien ! je ne te demande pas de te marier avec lui, mais parle lui, s'il te plait...

- Pour lui dire quoi Silena ? Je- je sais pas quoi penser, avoua-t-elle.

Même si elle détestait demander de l'aide elle devait bien reconnaitre que ne pas lire les messages n'était pas une solution à long terme. Et Silena était une véritable déesse dès qu'il s'agissait de sentiment. Elle l'avait déjà beaucoup aidé après Ethan, elle pouvait recommencer.

- Ce que tu ressens, c'est un bon début.

- Alors, je ne sais toujours pas quoi lui dire, souffla la jeune fille.

- Tu ne ressens rien ? s'étonna la brune à l'autre bout du fils. (Annabeth pouvait facilement l'imaginer froncer ses sourcils parfaitement épilés.)

- Beaucoup trop de choses serait plus exacte.

- Alors dis-moi. Ne te ferme pas, Annabeth, pas encore.

- Je ne sais pas quoi faire, quoi penser. Et ça m'énerve au plus haut point. Argh !

- Eh, respire. Pour une fois dans ta vie Annabeth, ne repousse pas tes sentiments, même si ça fait mal. Ça fera mal une fois, comme un pansement qu'il faut arracher d'un coup.

- Très bien, inspira la blonde. Avant Ethan... j'avais ce petit crush pour Luke, ok ? Mais y a eu ce connard et tous mes sentiments pour Luke sont redevenus de l'amitié. Une forte amitié. Mais je me demande si je ne m'empêche pas de ressentir plus pour lui parce que j'ai peur du pouvoir que ça lui donnerait. Parce qu'au final, il est pas si mal Luke. Et puis, il reste peut-être quelque chose de mes vieux sentiments, rien ne disparait jamais vraiment. Mais je sais pas et j'ai pas envie de briser notre amitié... et je veux pas lui faire du mal. Et si je dis que je suis pas intéressée ça va mettre un terrible malaise entre nous et des tensions dans le groupe. Mais si je dis oui et qu'on se rend compte que ça marche pas et qu'on rompt alors là le malaise sera fois mille et je m'en voudrais d'avoir voulu essayé tout en étant pas sûre de moi. Je dois toujours être sûre avant de prendre une décision, et là je suis sûre de rien.

- Sûre de quoi ? fit Silena comme s'il n'y avait rien dont on pouvait être sûr.

- De la meilleure décision pour que ça se passe le mieux possible, je dois en être sûre avant de faire un choix.

- Anna, Anna, Anna... Tu peux pas prédire ce genre de chose, genre vraiment pas. Regarde, moi avec Charlie je n'avais pas la moindre idée de si c'était bien ou pas, si ma mère et ces critères ultra selecte allait approuver, si je n'aurais pas été mieux vu avec Brandon. Je savais juste que j'avais envie. Et ça, c'est la seule question qu'il faut se poser. Alors, as-tu envie de sortir avec Luke ?

- Je sais pas... hésita Annabeth.

- C'est quoi le mais ?

- Il s'appelle Percy et il vit trop loin pour que je puisse même y rêver.

- Tu es amoureuse de Percy ?

- ...

***

- Dire que le deuxième jour où on s'est parlé je me suis dit que cela ne durerait que quelques semaines, informa Annabeth durant le Skype qu'ils faisaient pour célébrer leurs cinq mois d'amitié.

- Je me sens blessé. De toute façon tu ne pouvais pas résister à tout ça, dit-il en se désignant de manière prononcée et en offrant son sourire de pub de dentifrice.

- Vire ce sourire, il te va pas.

- Moi ? Il ne me va pas, à moi ? Je suis outré, dit Percy en rejetant ses cheveux imaginaires en arrière de manière très superficielle et absolument tordante.

Annabeth rit, un vrai rire. Percy la regardait avec ce sourire béat qu'il arborait à chaque fois qu'il provoquait ce son (le plus beau de l'Univers, si vous lui demandez).

- T'es belle quand tu ris, laissa échapper Percy.

Annabeth stoppa de rire et regarda son écran en quête d'un signe qui prouverait qu'il rigolait, elle ne vit rien.

- Pas que tu ne sois pas belle quand tu ne ris pas, rectifia sa Cervelle d'Algues. Tu es très belle, tout le temps. Juste quand tu ris, tu as cet éclat dans les yeux que je peux deviner même à travers les pixels, et hum... je te trouve belle comme ça. Et je vais me taire maintenant parce que je deviens super gênant.

Annabeth rougit et même si la lumière ne lui permettait pas de le voir, elle sut que ses joues à lui aussi avaient rosi.

- Tu n'es pas gênant Percy, ça fait toujours plaisir à entendre. Surtout venant de la part de quelqu'un à qui on tient. Surtout toi pour moi, Percy.

- Tu trouves important que je te trouve jolie ? demanda le brun confus.

- Pas important. Mais ça me touche vraiment, ça me fait sentir plus belle, genre jusqu'à maintenant je me sentais « ok » et maintenant je me trouverais presque belle, parce que ton avis compte pour moi.

- L'avis des gens change la manière dont tu te perçois ? Je ne pensais pas.

- Mais c'est pareil pour tout le monde. L'humain est un animal social, l'avis du groupe importe, surtout depuis l'invention des critères de beauté très strictes, argumenta-t-elle.

- Bah je dois pas être comme tout le monde, fit Percy.

- Eh bien, Percy, même si cela ne changera rien pour toi : je te trouve beau, Cervelle d'Algues, sourit Annabeth, des étincelles dans les yeux.

- Wow, je crois que je vois ce que tu veux dire en fait.

- Personne ne te le dit jamais ? s'étonna-t-elle.

(Il était canon, à ce niveau-là ce n'était même pas une question de gout, c'était juste un demi-dieu.)

- Bah ma mère, mais c'est ma mère tu vois, elle n'est pas très objective même si ça me fait plaisir...

- Ha ! tu vois, ça te fait plaisir !

- Oui mais bon c'est ma mère, elle compte plus que tout pour moi...

- C'est ce que je disais, l'avis des gens compte. Et encore plus celui de ceux qu'on aime.

- Et encore une fois la grande Annabeth Chase a raison !

- Comme c'est étonnant ! rajouta l'intéressée.

- A part ça, tes chevilles se portent bien ?

- Bah je ne sais pas ce qui arrive, mais elles ont tendance à être un peu enflées en ce moment, ça peut être quoi docteur ?

- Mmm, je vois. Ça doit être une crise de jetage de fleur, autrement appelé grozamourproprecémie. Je peux vous prescrire un peu de modestilax, un comprimé matin et soir et un demi comprimé à toutes les crises, fit Percy en entrant dans son jeu.

Ils rirent. Annabeth bascula à la renverse sur son lit, le temps de finir de rire et de se calmer et quand elle se releva et que ses yeux rencontrèrent ceux de Percy, elle comprit que quelque chose avait changé. Pas dans ces quelques secondes. Mais dans les derniers mois.

Un changement qui prend place doucement, qu'on ne voit pas venir et une fois qu'il est là on ne veut plus s'en défaire

La musique que Percy écoutait fit le seul bruit qui emplit le silence.

Stars don't disappear, they keep blazing
Even when the night is over
That's how I find the light

Don't you, give up, for me
Don't fall, don't give up, for love

« Les étoiles ne disparaissent pas, elles continuent de briller
Même quand la nuit est terminée
C'est comme ça que je trouve la lumière

Ne renonce pas à moi
Ne craque pas, ne renonce pas à l'amour » (Stargazing, Kygo ft. Justin Jesso)

.

En regardant dans les pupilles vertes océan de sa Cervelle d'Algues et en serrant instinctivement le collier qu'elle ne quittait plus entre ses doigts, elle comprit que ses sentiments avaient largement évolué et que rien ne pourrait les arrêter, aucun de ces murs, de ces barrages, Percy avait tout brisé. La tête lui tourna. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il habitait l'autre bout du pays, bon dieu ! A quel moment il a semblé à ses sentiments que c'était une bonne idée de s'amouracher de ce gars-là ?

Certes, Percy était intelligent, attentionné, drôle, insouciant, insolent, poli, il avait de très beaux yeux, il était aussi courageux et loyal, mais ce n'était certainement pas de bonnes raisons.

Quoi que.

Mais elle n'avait pas le droit n'est-ce pas ? Il était trop loin.

Son cœur implosa. Elle se posait trop de question sans réponse dans un moment où elle ne devrait même pas les chercher. Mais comprenez-la, ce n'est pas tous les jours que l'on se rend compte que rien de ce qu'on a mis des années à rebâtir ne tenait contre un simple gars qui avait parler de pizza dans un commentaire banal.

C'était officiel, elle haïssait Aphrodite.

En proie au même tourment, Percy se mordit la lèvre inférieure. (Comment vouliez-vous qu'elle reste concentré ?)

Ils ne reparlèrent pas de ce moment. Ils n'en eurent pas besoin. Ils s'étaient compris. Et un accord tacite les unissait pour ne pas en reparler. Ce serait trop douloureux. A partir de là même si Annabeth essayait de se rattraper, elle tombait toujours un peu plus.

Don't fall, don't give up, for love

Les dernières notes de la mélodie moururent au loin. Et c'est pleine d'émotion qu'Annabeth demanda :

- Ce- c'est qu'elle chanson ?

- Stargazing.

- Elle est magnifique.

- Elle parle d'étoile.

- Ça pourrait être notre chanson ? fit-elle.

- Ça l'est déjà.

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Je suis tombée amoureuse comme on s'endort : d'abord doucement et puis tout d'un coup.

John Green, Nos Etoiles Contraires

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Bonne année à tous, meilleurs vœux ! Puisse cette année être rempli de bonne lecture 🍾

Ps : pardonnez les fautes d'orthographe 😉

Bye.....