A la base, il est un projet audiovisuel pour mon nouveau compte Instagram féministe, dont je le retranscris, ici à l'écrit avec un fond musical, pour vous mettre dans l'ambiance 😊 Bonne lecture à tou•te•s !

Cher Corps, ô mon petit cher Corps,

Déjà, pour le début de cette vidéo, je tiens à présenter mes excuses pour le mal que j'ai pu te faire dans ma vie.
Il est vrai que je n'ai pu être compréhensible, ni en osmose avec toi.
Après tout, la manière dont tu te présentais devant tout le monde me faisait honte.
L'image de la société dont elle me renvoyait me faisait terriblement mal.

Déjà petite fille, comme petit garçon, mes camarades de classe me disaient que j'étais moche.
Tu me diras que nous étions des mômes, et les enfants sont parfois ignobles entre-eux.
Sauf, que les enfants sont influençables et façonnés par les adultes de comment nous devrions nous juger et se juger.

Dis ? Te rappelles-tu, ô mon cher Corps, l'arrivée de tes premiers acnés aussi jeune, à tes neuf ans ?
C'était terrible. Devoir entrer à la puberté aussi jeune devant les regards incompris des enfants.
Ils pensaient que j'avais de la varicelle (rire). Ils étaient si naïfs et ignorants.
Mais je ne leur en veux pas, après tout, on ne leur disait pas grand-chose.
Et puis, ce fut les représailles en entrant en secondaire.

Qu'est-ce qu'on me disait... ? Ah oui !

"Tu es ignoble."

"Cache-toi que je ne saurais voir."

"Tu n'as pas honte de sortir comme ça ?"

"Mets-toi un sac en plastique et en carton sur la tête !"

"Continue à te trimbaler ainsi, t on te jettera un seau pleine d'acide sur ta face..."

"Vas te suicider !",

Et j'en passe des meilleurs.

Oui, comme pour beaucoup d'entre nous, la première adolescence est une période compliquée.
Entre les changements physiques, moraux et de la vision des choses vues durant notre enfance, dont on préférerait les détruire pour se renaître de ses cendres tel un Phœnix.
Un âge dit ingrat, pourtant révolutionnaire et passionné !
Un âge quittant l'enfance et allant à l'âge adulte.
C'est aussi un age où nous voulons le plus correspondre à l'image de la société, en faisant l'intéressant et prenant des risques.

Puis, un jour, mes seins sont arrivés au monde, et là je t'ai encore plus détesté que je ne l'étais!
C'était la décadence, et je suis tombée dans la boulimie avec toi.
Tu t'en es pris plein dans la gueule, à devoir autant manger pour tout revomir par la suite et devoir pratiquer autant des activités physiques pour maigrir.
Ce fut long, pendant huit ans, huit longues années à être en guerre, entre mes démons et toi...
Je t'en voulais tellement, tellement de ta présence et de ton existence.

Mais comment ai-je pu tomber aussi bas ?
Pour quelle raison cette poussée de poitrine m'a fait-elle aussi mal ?
Ne pas assumer d'avoir un corps féminin ? Ne pas mériter d'être complimentée ? Ou tout simplement, ne plus vouloir grandir ?
Je ne saurais quoi répondre à cette question, mais voilà tout, j'étais mal dans ma peau.

Et pourtant ! Je suis née avec un grand sourire, je ne l'ai jamais lâché jusqu'à présent, sûrement pour enrager les haineux et les jaloux.
C'est ma manière à moi de me revendiquer, de me rebeller face aux images toxiques proposées par la société et face aux systèmes hétérocentrés du patriarcat !

Aujourd'hui, je me sens comme libérée, épanouie,avec des hauts et des bas bien évidemment.
J'aime ta façon de danser, de te déhancher et comment tu fais l'amour avec passion et bienveillance.
J'aime charier tes imperfections physiques comme tes seins qui sont des boules de glace qui tombent (rire).
J'aime t'entendre chanter, rire fortement à en avoir mal au dos.
J'aime ta sensibilité, ton empathie et ton brin de folie.
J'aime ton courage, ton pouvoir de remonter la pente et ta capacité à t'adapter.
Je te félicite de s'être détaché du regard des autres, de moins te casser la tête à te demander comment devrais-tu t'habiller aujourd'hui, de te maquiller ou non et de t'épiler autant pour être beau au lit.

Voilà, cher Corps, ô mon petit cher Corps, j'espère que tu ne m'en veux pas de t'avoir fait du mal et je te fais de gros bisous.

Je t'aime ❤

Melanie