(je précise que c'est une sorte de suite à 1. : je vous laisse libre de donner des prénoms à ces personnages si vous le souhaitez)

Ce soir j'étais venu dans l'objectif d'un peu plus lui parler, en priant qu'elle soit également  présente ici. Cela faisait quelques semaines depuis la dernière fois qu'on s'était vus ; peut-être trois. Dans tous les cas, j'avais attendu ça avec impatience. 

J'étais venu accompagné de deux amis ; on traînait ensemble depuis des années maintenant, la plupart du temps on faisait de la musique, généralement lorsque nos esprits étaient imbibés de substances illicites. C'était un peu une source d'inspiration, ou bien les mots nous venaient plus facilement, nos esprits pouvaient divaguer vers d'autres mondes alors on y trouvait dedans une simplicité. 

La maison dans laquelle nous étions était composée de plusieurs étages. Je crois qu'au final il y en avait trois. J'étais assez populaire, bien que ce n'était en aucun cas mon objectif, ce qui me permettait de pouvoir aller voir de nombreuses personnes. Je ne me sentais pas réellement bien ou à ma place, c'est pour cela que j'affectionnais disparaître de ces soirées pendant un moment.

Actuellement, j'étais assis dans un des canapés au premier étage avec un groupe de mon âge ; on parlait de choses banales, de la pluie et du beau temps, ce qui avait le don de me désintéresser de la discussion. Sincèrement, je faisais mine d'être présent. Mes deux acolytes étaient sûrement partis parler avec d'autres personnes, alors je me retrouvai seul. 

J'avais toujours l'espoir qu'elle soit là, elle. Je l'attendais patiemment, en souhaitant au plus fort la voir durant cette soirée. Je voulais partir à sa recherche dans cette maison remplie d'étrangers, mais je trouvais cette idée totalement ridicule.
En revanche, cela n'empêcha en rien le fait que je m'éclipsai doucement afin de prendre l'air dans le jardin. Le crépuscule donnait une couleur orangée au ciel, pour mon plus grand plaisir. Il faisait naturellement bon grâce aux chaleurs d'été, ce qui me convenait entièrement. Étrangement, peu de personnes s'étaient rendues à l'extérieur, ce que je ne pouvais comprendre car l'air y était très respirable et frais. Peut-être pas assez frais d'ailleurs, mais c'était une question de subjectivité.

Je m'assis sur une longue chaise près de la piscine puis enfouis mes écouteurs dans mes oreilles, l'histoire de m'isoler pendant un petit moment, être loin de cet endroit et prendre un léger recul. Malheureusement, seule l'idée de cette fille traversa mon esprit. Je me rendis compte que je ne connaissais pas son prénom, ni si elle habitait ici, ni les études qu'elle faisait ou ce qu'elle appréciait faire dans la vie. Ça me rendait à la fois très triste bien que d'un autre côté ça me donnait l'envie de vraiment faire connaissance avec.
Je sortis une cigarette de ma poche arrière et l'alluma doucement : je trouvais toujours autant un échappatoire dans ce démon. Je ne saurais même pas expliquer pourquoi ; la brûlure qui descendait le long de ma trachée pour terminer son voyage en explosion dans mes poumons ne se faisait quasiment plus ressentir de part son habitude. Peut-être que le simple concept de me faire du mal me soulageait.

- Tu es là toi aussi.

Une voix résonna à côté de moi. Il ne fallut qu'un seule syllabe pour que mon cœur se mette à tambouriner. Je savais que c'était elle. Et on s'était retrouvés.
Je lâchai un petit soupir qui esquissa un léger sourire. Je ne répondis pas, mais fis en sorte qu'elle vit mes écouteurs s'écrouler sur mes jambes.

- Je m'ennuyais, ça me fait rire de te tomber dessus... Continua-t-elle.

J'avais peur de parler et de briser cet instant. Elle restait encore en retrait derrière moi, et je souhaitais qu'elle s'assoit à mes côtés pour que je puisse la regarder afin que son souvenir perdure le plus longtemps possible dans mon esprit.
Je restais muet et me concentrais sur le monde qui nous entourait. La fête continuait de battre son plein, on pouvait entendre de nombreux éclats de rire et un léger fond de musique hip-hop. Quelques personnes étaient au même endroit que nous, étant malgré tout éloignés. Généralement c'était des couples ou des personnes qui se plaisaient mutuellement. Leurs discussions se faisaient à une distance relativement courte entre les deux personnes, en conservant un volume assez bas, s'approchant du chuchotement. Les derniers oiseaux se permettaient de chanter une dernière fois avant d'aller se nicher. Mes écouteurs dégageaient de légères pulsations à cause de la musique que je n'avais pas interrompue et je pouvais discerner les crépitements de sa cigarette allumée. 

- En effet c'est drôle, peut-être que tu me suis au final, pris-je la parole.

Elle ricana discrètement. Je souris bêtement.
Je la sentis s'approcher un peu plus de moi et elle s'assit sur la chaise longue à quelques centimètres de la mienne. Je pus l'observer d'un œil attentif. J'aimais ses lèvres fines qui dessinaient un sourire charmeur faisant remonter ses pommettes importantes. J'aimais ses longs cheveux ondulés et sa frange qui tombait sur ses yeux gris, ou peut-être verts : je n'arrivais pas vraiment à distinguer leur couleur à cause du ciel qui s'était assombrit. Elle avait une mèche rangée derrière son oreille ce qui me permettait de voir les contours de son visage bien dessiné. Son nez n'était pas tout à fait droit, ce qui lui donnait beaucoup de charme et ses traits étaient très stricts, lui donnant tout de même un côté sévère. 
Je ne sais pas trop si elle était réellement belle ou si c'était tout bonnement subjectif. 

- Qu'est ce que tu fais? Questionna-t-elle.

Je rougis légèrement à sa question, ne savant plus où me placer ni quoi faire. Je rabaissai ma fidèle casquette sur mon visage et chuchotai une petite grossièreté. Je me devais de rattraper mes actes mais être sincère pourrait aussi porter ses fruits.
Je remis mes écouteurs dans mes oreilles afin de pouvoir échapper à cette situation l'histoire d'un instant. La musique jouée par mon téléphone faisait partie de mes favorites : it's ok, you're ok de Bonjr.
Je pris par automatisme mon paquet de cigarette et m'en allumai une. Parfois, je songeais à  m'en défaire mais cela reviendrait à peut-être perdre une part de ce que je suis, peut-être que ça me ferait devenir quelqu'un d'autre. Peut-être que j'avais simplement peur, comme habituellement. 
Je sentis sa main toquer à plusieurs reprises sur la chaise longue qui supportait mon poids. 

- J'écoutais les actions. Fis-je spontanément. 

Je mentais, mais je l'avais fait tout à l'heure ; cette phrase provenant d'elle m'avait étonnement beaucoup impacté.
Je la vis sourire ce qui permit à mon ventre de se nouer, me laissant envoûté bien que je faisais tout pour que ça ne se remarque pas.

- Tu n'écris pas ce soir?

Je la regardai interrogé. Comment savait-elle que j'écrivais? Elle me scruta, attendant probablement une réponse : du moins, elle en avait tout l'air.

- Tu vois bien que je suis en train d'écouter de la musique. Fis-je.

Elle rigola, se resserra à côté de moi et prit un de mes écouteurs d'une seconde à l'autre. Puis, elle éclata de rire. Et je comprenais sa réaction : j'avais justement arrêté ma musique. Je me sentis extrêmement idiot à ce moment-là.
Elle s'écarta et s'essuya les yeux légèrement humides à cause de ses rires. Elle se leva, me regarda avant de faire son plus beau sourire.

- Merci d'avoir écouté mes conseils. J'espère que ça t'apportera quelque chose. Dit-elle.
- Tu avais dit qu'une fois que je le ferai, on pourrait en rediscuter.
- Pas ce soir, j'aimerais que cela se passe un autre jour, si tu le veux bien.

Je ne répondis pas. Je pris l'initiative de rentrer dans la maison après ces nombreuses minutes éloigné de mes amis et de la fête. Elle m'avait attendu. Elle partit tout de même avec un pas d'avance après m'avoir fait un clin d'œil ; chose que je ne savais malheureusement pas faire. 
La fête battait toujours son plein, et je l'avais déjà perdue de vue tant de personnes étaient présentes. Je souris à la vue de mes acolytes et me resservis en boisson. 
J'étais content de cette soirée, plutôt merveilleuse de mon point de vue. En espérant, que je ne sois pas le seul à l'être.