Chapitre 5
21 mars 2044
À la mort de la vieille femme, une des créatures s'était approchée et de sa longue griffe avait ouvert son ventre d'une entaille précise. Des ombres noires en sortirent et se mirent à tourner autour du corps. Quelques soient la nature de ces choses, elles allaient si vite que, dans le ciel, elles ressemblaient seulement à des traits de peinture noire tracés dans l'immensité bleue, telle une œuvre abstraite.
Les trois créatures abandonnèrent la dépouille et se mirent en marche. Malgré leur carrure imposante, leur démarche était étonnamment légère. Elles progressaient lentement à travers les arbres, suivis de près par les ombres en constant mouvement, vers un but qu'elles seules semblaient connaître.
Au loin commença à se distinguer les formes d'un petit village. Les maisons en pierres grises formaient un cercle autour de ce qui semblait être la place principale. En ce milieu d'après-midi, les villageois étaient, pour la plupart, dehors occupés à diverses tâches. Les enfants courraient dans les rues et leurs rires se mêlaient au brouhaha général. Ils étaient loin de se douter du massacre qui allait bientôt se produire.
Toujours dans la plus grande des discrétions les créatures avancèrent jusqu'à arriver au milieu du village. Les parents appelèrent avec terreur leurs enfants et les plus courageux s'armèrent de fourches ou autres outils capables de les aider à se défendre. Les rires s'étaient transformés en pleurs et désormais le village , d'ordinaire, si plein de vie était plongé dans un effroi collectif. Les créatures ne bougèrent cependant pas, elles se contentèrent de pousser à l'unisson un grognement.
À ce signal, les ombres noires qui, jusque-là, étaient restées proches des trois abominations, se dispersèrent. Sans que les villageois ne puissent réagir, elles s'infiltrèrent dans leur corps ; par leur bouche grande ouverte de peur et en moins de temps qu'il n'en fallait pour appeler à l'aide, le village tout entier fut plongé dans le silence total. Les habitants se retrouvèrent incapable de parler ou d'hurler et les plus fragiles commencèrent à voir leurs membres se teinter de bleu.
Très vite les plus jeunes tombèrent, entièrement bleus, incapables de bouger leurs jambes ou leurs bras. La panique et la peur déformaient le visage de ceux encore debout qui, incapables de crier, accouraient auprès de leurs enfants. Certains hommes, poussés par la rage, tentèrent d'attaquer les créatures, mais ce fut inutile. Elles s'élancèrent subitement, sur leurs quatre pattes, à une vitesse incroyable hors du village.
Désormais, elles ne pouvaient plus se permettre de progresser tranquillement, elles devaient infecter le plus de personnes possible avant que la nouvelle n'arrive aux oreilles du roi d'Edora et ne complique ainsi leur mission.
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