Chapitre 7 : Que le combat commence

Il n'en fallait pas plus pour que le château et les deux armées soient en effervescence : à peine une petite heure après l'annonce d'Eijiro, tout le monde sans exception, armes à la main, était réuni à l'entrée du pont-levis pour une dernière harangue des deux souverains.


Le prince Shoto avait fière allure, juché sur son fidèle destrier blanc, Flocon. Suivi de près par Izuku qui était à pied avec une épée trop grande pour lui, il prit son temps pour passer devant chaque soldat en hochant la tête comme pour leur promettre que tout irait bien, même si lui-même appréhendait surement la bataille qui approchait.


À l'inverse, le roi Katsuki se contenta d'un rapide coup d'œil pour vérifier que personne ne manquait à l'appel et que les armes étaient en bon état avant de reporter toute son attention sur son escorte et plus particulièrement sur son amant.

Denki, Kyoka, Mina et Hanta constituaient la garde d'élite car ils étaient les meilleurs soldats de son armée et qu'ils savaient qu'ils avaient tout intérêt à assurer lors du combat. Pour info, Denki maniait une Schiavona (l'épée des mercenaires), Kyoka se débrouillait bien avec un fouet, Mina avait un cimeterre à la garde en agate rose et Hanta utilisait une arbalète.

Vous vous doutez bien qu'Eijiro accaparait involontairement toute l'attention du souverain, même après lui avoir assuré que oui, il allait bien, oui, il avait ses armes avec lui et non, il ne regardait pas Izuku d'une drôle de manière depuis cinq minutes. Le cendré poussa un soupir moyennement convaincu et le serra fortement contre lui, pour se rassurer lui-même et donner tout son amour à l'être qu'il désirait tant.


Après quoi il se recomposa le masque d'un guerrier cruel pour cracher à son armée en guise de harangue :

-Écoutez-moi bien, bande d'imbéciles, parce que je ne le dirais qu'une seule fois : la lâcheté n'a jamais été permise dans mon royaume et c'est pas aujourd'hui qu'elle le sera ! Alors on expédie ce foutu combat comme on l'a toujours fait, on fait pourrir leurs cœurs au bout de quelques lances pour avertir les prochains crétins et on rentre à la maison, c'est clair ?

-OUI ALTESSE ! lancèrent les soldats réunis sous ses ordres.

L'air extrêmement satisfait de son petit discours, Katsuki se retourna vers son escorte personnelle et bien sûr son amant au moment où Shoto finissait son propre monologue pour son armée.

-C'est valable pour vous aussi !

-Oui, comme si on le savait pas déjà, marmonna Denki.

-QU'EST-CE QUE TU MURMURES DEVANT MOI, ABRUTI ????

-Que vous êtes le roi le plus sage et le plus courageux de tous les temps. (sentez-vous le sarcasme dans la voix de Denki ?)

-ME PRENDS PAS POUR UN CON !!!!!!! J'VAIS T'ÉGORGER !!!!!

-Tu pourrais peut-être remettre ça à plus tard, Katsuki, lui conseilla Eijiro en voyant que Shoto et ses comparses prenaient déjà la route pour le champ de bataille. On doit y aller.

Le souverain blond, à défaut de pouvoir tuer Denki en vrai, l'assassina du regard avant de faire signe à son armée de le suivre pour marcher dans les pas de Shoto.

Le trajet ne dura que quelques minutes. L'ambiance était très tendue, personne n'osait ne serait-ce que de prononcer un simple mot comme si chacun avait conscience de la gravité de la situation. La peur et l'angoisse semblaient former un dôme oppressant au-dessus des deux armées, qui vola subitement en éclats lorsqu'ils débouchèrent sur une vaste lande desséchée.


Et en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, ils aperçurent l'armée adverse, reconnaissable avec ses étendards noirs et bleus ainsi que l'odeur de sang, de mort et de poussière qui était désormais cruellement familière à Eijiro.

Une silhouette légèrement plus grande que les autres fit un signe de la main à cette armée qui, sans aucune autre forme de cérémonie, partit à l'assaut dans la seconde.


Le combat débuta presque immédiatement, et l'endroit auparavant si paisible s'emplit du fracas des armes et des sorts qui fusaient de partout.

Il était impossible de savoir, au milieu de toute cette cohue, qui avait l'avantage pour l'instant.



Eijiro avait pris son apparence de dragon en poussant un rugissement agressif, les Marques brillant de mille feux dans son cou. S'il était bien trop jeune pour pouvoir cracher du feu et que de toutes façons il en avait maintenant une peur bleue, il compensait en se battant avec ses longues griffes acérées et ses crocs luisants. De nombreux ennemis tombèrent lacérés sous ses attaques. À ses côtés, bien plus petit mais tout aussi redoutable, Katsuki déclenchait explosion sur explosion en hurlant "CREVEZ, CONNARDS DE VILAINS !!!!!".

Les héros semblaient, lentement mais surement, gagner du terrain. Eijiro restait concentré sur sa tâche de massacrer des adversaires quand une douleur fulgurante lui déchira l'épaule au niveau d'une de ses ailes. Poussant un hurlement bestial, il fut obligé de reprendre sa forme humaine et sentit avec horreur une odeur de chair carbonisée émaner de son propre corps.



Il avait été brûlé. Par les sorts de feu que lançait un homme aux cheveux noirs, balafré à la mâchoire, qu'il aperçut quelques mètres plus loin en train de carboniser quelques soldats alliés.



Aucun doute possible pour l'hybride, c'était bel et bien Dabi, l'homme qui était responsable de la perte de tout ce qu'il aimait et connaissait.

Une rage sourde envahit le dragon rouge qui, saisissant ses poignards en mettant temporairement sa souffrance en sourdine, fendit la foule d'adversaires en les tuant sans le moindre remord pour se rapprocher de Dabi dans le but de lui faire subir le même sort.





Katsuki avait perdu de vue son amant avec la cohue et le combat désordonné qu'il devait mener, mais dès qu'il ressentit une vague de douleur intense lui traverser l'épaule, la mâchoire et les cottes et qu'un goût de bile ensanglantée envahit sa bouche, il sut qu'Eijiro menait un duel difficile.



"Tête d'ortie !"



Se frayant à son tour un chemin dans la foule qui s'entredéchirait, il partit à la recherche de l'homme qu'il aimait et le trouva debout, les vêtements fumants et légèrement brûlés, ses poignards luisant de sang, au-dessus du cadavre d'un homme aux cheveux noirs qui avait été égorgé avec cruauté.


Manifestement, Eijiro avait enfin eu la vengeance qu'il désirait depuis tout ce temps.


Pourtant, nulle satisfaction, nulle fierté ne brillait dans le regard de l'hybride, assombri par un voile d'horreur et de dégout.

-Hého ! Tête d'ortie, arrête de lambiner ou tu vas nous faire buter ! lui cria Katsuki en repoussant les ennemis qui tentaient de venir vers eux.

Ramené à la réalité par la voix du roi, Eijiro se jeta de nouveau dans la bataille aux côtés de son amant. Entre deux parades et trois blessures, il bafouilla d'une voix étranglée :

-J-J'l'ai tué, Katsu... C'est ce que je voulais depuis des mois, mais je me sens hyper mal maintenant !

-Écoute mon cœur, le moment est UN PEU mal choisi pour remettre en question la notion de bien et de mal !

Il empala un ennemi sur son sabre et en explosa un autre avec ses paumes avant de poursuivre :

-Mais si t'as besoin de mon avis, pour moi t'as fait ce qu'il faut ! Ce sera toujours un connard en moins sur cette planète !

S'il l'avait pu, Eijiro se serait jeté dans ses bras pour le remercier, parce qu'il s'agissait littéralement des seules paroles de réconfort que Katsuki pouvait se permettre en plein milieu d'une bataille aussi importante et sanglante. Aussi l'hybride se contenta de lui jeter un regard énamouré que son cendré lui rendit lors d'un court répit avant de reprendre le combat.

Guerroyant dos à dos, les deux amants se couvraient l'un l'autre et formaient un duo meurtrier, aussi unis dans le combat que dans leur amour. Eijiro tailladait avec efficacité et Katsuki pourfendait avec la joie d'un enfant qui ouvre ses cadeaux de noël. Une aura de puissance renforcée par leur lien émanaient du duo qui provoquait des ravages.

Il fallait se rendre à l'évidence : ils étaient nés pour se battre.



Mais les autres membres de l'armée n'étaient pas en reste eux non plus.



Izuku semblait mort de peur, pourtant il causait de lourds dommages dans les troupes ennemies avec son épée légendaire One for Light qu'il tenait de son défunt mentor, Sir Might. Utilisant sa puissance magique à 5%, le brocoli torpillait les forces adverses à petit feu comme s'il l'avait fait toute sa vie.

Shoto galopait sur son cheval à travers les opposants, les réduisant en cendres ou les changeant en glaçons tour à tour.

Ochaco faisait léviter ses adversaires pour Tenya puisse les envoyer vers d'autres cieux (littéralement) avec ses coups de pieds dévastateurs.

Plus loin, Tokoyami et la créature d'ombre qui l'accompagnait, Dark Shadow, provoquaient ensemble de grosses pertes dans l'armée ennemie.

Mina faisait fondre les armures avec son acide, occasionnant de sévères brûlures, avant de les achever au cimeterre. Hanta couvrait ses arrières en mitraillant à tire-larigot avec son arbalète, embrochant deux ou trois ennemis à chaque flèche.

Tsuyu bondissait et fauchait les opposants avec sa langue pour que Mashirao les éventre avec son katana et que Momo les tue à l'aide de son épée.

Kyoka ligotait et étranglait les adversaires avec son fouet et ses prises jack, se battant de paire avec Denki qui les massacrait avec sa Schiavona gorgée d'un sort électrique.

De temps en temps, un belligérant s'effondrait, transpercé dans le dos par un poignard, preuve que Toru était passée par là.

Et bien d'autres encore faisaient preuve de courage pour aller jusqu'au bout de la bataille.




Partout où le regard pouvait se poser, on y voyait les membres de chaque armée lutter corps et âme pour la victoire mais d'abord et avant tout pour leur propre vie et pour ceux qui comptaient à leurs yeux.




Le combat se prolongea pendant des heures, jusqu'au coucher du soleil, et même s'il y eut des pertes considérables des deux côtés de la guerre, les membres de l'armée de Yuei, à force de courage et de persévérance, finirent par mettre en déroute leurs adversaires. Katsuki lacéra un ennemi et Eijiro en pourchassa un autre sur quelques dizaines de mètres et lui déchira la poitrine avec ses poignards tandis que les autres membres de l'armée opposée battaient en retraite.

-C'est ça, fuyez, bande de sous-merdes ! hurla le roi blond en ricanant tandis que des cris de victoire résonnaient et retentissaient parmi les alliés.

Tous les soldats encore vivants étaient tous fourbus, épuisés et couverts de sang séché et de boue, mais l'allégresse d'avoir sauvé leurs vies et leurs royaumes l'emportaient sur la dureté du combat.

-Alors on a gagné ? demanda Izuku à Shoto. C'est vraiment fini ?

-Oui, c'est fini Izuku, acquiesça le souverain bicolore.

-Eijiro ! cria Katsuki en le voyant essuyer ses poignards plein de sang à distance. Reviens !

-Oui, j'arrive, ne t'en fais pas !

Le dragon rouge se dirigea vers le blond, le sourire aux lèvres devant son visage épuisé mais magnifique. Eijiro avait l'aile brûlée et douloureuse, des dizaines de plaies sur le corps et il donnait l'impression de s'être roulé dans une flaque de boue, mais ça n'avait plus d'importance.




Oui, dès que leurs blessures seraient guéries, il rentrerait au royaume avec Katsuki, le roi de son cœur, l'homme qu'il aimait. Ils pourraient vivre quelques années de paix bien méritées, habiter réellement ensemble et plein d'autres choses encore trop nombreuses pour les citer...


Ce rêve était doux, parfait, et surtout proche, si proche, qu'Eijiro pouvait presque le toucher du doigt...




Jusqu'à ce qu'une épée s'enfonce dans sa chair et ne le ramène brusquement à la réalité.





"Chaque victoire s'accompagne d'un sacrifice douloureux, mon amour, et nous ne pouvions pas échapper à la règle..."





(Je vais m'abstenir de dire quoique ce soit sur ce chapitre, sinon je sens que vous allez sortir les fourches, les haches et les pierres pour me bannir à jamais du fandom. Mais, si ça peut vous rassurer, ce n'est pas la fin de l'histoire...

Restez Ultra-Cool, mes petits Evoli ! 💓)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top