Chapitre 6 : Un lien très spécial
Au fur et à mesure que les jours avançaient, la menace de l'armée ennemie se précisait. Les altercations avec les détachements adverses étaient de plus en plus fréquents et de plus en plus sanglants, réduisant lentement mais sûrement le nombre de soldats des deux côtés. L'ombre menaçante de l'ultime bataille planait au-dessus du royaume Todoroki et se rapprochait à grands pas.
Le moral était au plus bas, tout le monde attendant une attaque à tout instant. Heureusement, quelques personnes toujours de bonne humeur (parmi elles, Mina et Ochaco) étaient de petits rayons de soleil qui empêchaient les entraînements aux armes et à la magie d'être moroses.
Katsuki, en manque de carnage, enrageait de ne pas pouvoir foncer dans le tas et décimer tous ceux qui se trouvaient sur sa route, mais Shoto avait préconisé la patience en misant sur le fait que, quand l'ennemi en aura assez des échauffourées infructueuses, il passerait à l'attaque frontale.
Alors à ce moment-là, le cendré pourrait déclencher autant de bains de sang qu'il le voudrait.
En attendant, seul Eijiro était capable de canaliser Katsuki et de l'empêcher de massacrer qui que ce soit. Ils étaient d'ailleurs officiellement amants et ils continuaient toujours de partager la même chambre, et pas seulement pour dormir...
Il y avait aussi l'apparition de ces marques étranges.
Eijiro les avait remarqué dans le miroir le matin suivant sa première nuit d'amour avec Katsuki. Ne sachant pas si le roi les connaissait, le dragon les cachait sous son foulard en se demandant d'où elles venaient, qu'est-ce qu'elles signifiaient et pourquoi il sentait son cou chauffer de manière indéfinissable dès qu'il se trouvait à moins de trois mètres du cendré, et uniquement en présence du cendré.
C'était comme si ces marques représentaient une espèce de lien secret qui leur était propre, à Katsuki et lui.
C'était absurde, ça n'avait aucun sens, mais c'était la seule signification possible.
Ce jour-là, Katsuki en avait eu marre de rester enfermé entre quatre murs avec "Double Face", "le crétin à lunettes" et "la sorcière à tête d'œuf" à discuter stratégies guerrières et était sorti quelques minutes en hurlant qu'il avait besoin de prendre l'air et que ce n'était pas négociable. Bien entendu, personne ne s'y était opposé.
Le cendré se dirigea directement vers les jardins royaux en poussant un profond soupir de soulagement comme s'il retenait son souffle depuis très longtemps. Il y trouva dans une allée Denki en train d'offrir une rose à Kyoka (pour rappel, ils sont mariés) et Eijiro qui, bizarrement, lapait comme un chien l'eau de la fontaine située au centre.
Alors que le couple de chevaliers s'éloignait en flirtant, le roi donna une claque derrière la tête de son amant qui, pris par surprise, eut un mouvement un peu trop brusque et éclaboussa ses vêtements au passage.
-Mon pr... Katsuki ! Ça se fait pas de faire sursauter les gens comme ça !
-J'fais ce que je veux, tête d'ortie. Et j'peux savoir ce que tu foutais dans la fontaine de Vanille Fraise ?
-J'avais soif. Et Shoto m'a demandé de faire une patrouille dans les alentours, alors je me prépare pour partir.
-Alors de 1, tu pourrais pas prendre un verre comme tout le monde ? Et de 2... D'OÙ EST-CE QUE CE CONNARD DE DOUBLE FACE CROIT QU'IL PEUT DIRIGER MES SOLDATS ET SURTOUT MON AMANT ???? JE VAIS LE TUER !!!!
-Katsuki, il me l'a gentiment proposé, et puis j'avais envie de me rendre utile plutôt qu'à me tourner les pouces à rien faire.
-MAIS T'AURAIS PU M'EN PARLER AU LIEU DE CAUSER DE ÇA AVEC DOUBLE FACE !!!!! T'ES À MOI, J'TE RAPPELLE !
-Tu serais pas un peu jaloux, Katsuki ?
À ces paroles, le cendré perdit de sa superbe et rougit en un clin d'œil sous le regard amusé de son amant.
-Mais oui ! Tu es jaloux !
-NAN J'SUIS PAS JALOUX DU TOUT !!!!
Le dragon rouge se lova dans ses bras et déposa un petit bisou sur sa joue, ignorant le fait que ses vêtements mouillés se collaient à ceux de son amoureux.
-Tu sais que je t'aimerai jusqu'à la fin des temps, Katsuki. Alors t'as pas à être jaloux de qui que ce soit puisque tout en moi t'appartient, OK ?
-Tu m'écœures avec tes discours à l'eau de rose, tête d'ortie, marmonna le roi sans chercher à dissimuler un sourire.
Il raffermit sa prise autour du dos de celui qu'il aimait et laissa tomber sa tête sur son épaule. L'hybride savoura ce moment de paix et d'amour parce qu'il savait que c'était un privilège que Katsuki n'accordait qu'à lui.
Comme toujours depuis qu'il avait ces marques étranges dans le cou, une douce chaleur envahit son corps telle une flamme bienfaisante. Eijiro ne voulait plus quitter l'étreinte de son amant, il se sentait bien et heureux auprès de lui.
-Kirishima...
-Hein ? répondit distraitement celui-ci, perdu dans l'agréable parfum de Katsuki. Quoi ?
-Ton cou est en train de briller sous ton foulard.
Le dragon rouge cligna des yeux, surpris, en se détachant à regret des bras de son amoureux en enlevant le foulard et en se regardant dans l'eau de la fontaine.
Le blond avait raison : le miroir limpide renvoyait l'image de son cou où scintillaient les symboles étranges, de couleur plus flamboyante que jamais.
-Dis, Katsu, tu les trouves pas bizarres, ces marques ? questionna Eijiro en se retournant pour faire face au dénommé. Elles sont apparues comme ça, en un claquement de doigts, elles brillent quand je te touche et elles dégagent de la chaleur... C'est curieux, nan ?
-Pas tant que ça.
-TU PLAISANTES ??? Si ça se trouve, quelqu'un m'a ensorcelé et je vais mourir dans quelques secondes ! Argh, je sens déjà la vie me quitter, gémit théâtralement l'hybride en faisant mine de défaillir.
-Arrêtes de faire le con ! Si t'y tiens tant que ça, je vais te dire ce qu'elles signifient et on n'en parle plus...
-Quoi ? Tu sais ce qu'elles veulent dire ????
-Évidemment.
-Et pourquoi tu me l'as pas dit avant ?
-Tu voulais que je te le dise quand ? Pendant qu'on baisait comme des sauvages durant notre première nuit, peut-être ????
-C'est sûr que ça aurait un peu pourri l'ambiance...
-Idiot !
Katsuki lui donna un coup de poing sur la tête sans vraiment lui faire mal (il faut se rappeler qu'il l'aime, quand même) avant de se composer une espèce de visage un tantinet sérieux. Eijiro le fixa avec des yeux pleins d'attente tandis que le blond finit par soupirer :
-Bon, pour commencer, les marques dans ton cou forment une phrase.
-Une phrase...?
-Oui, écrite dans une langue magique assez ancienne, mais que je peux comprendre.
-Mais ça n'a pas de sens !
-LA FERME ! SI TU ME COUPES TOUT LE TEMPS, JE POURRAIS PAS T'EXPLIQUER !
Le blond s'assit sur le rebord de la fontaine en faisant un signe de tête au dragon pour qu'il le rejoigne. Sitôt celui-ci installé, Katsuki reprit :
-J'y croyais pas trop quand mes vieux m'en avaient parlé, mais il faut croire que c'est vrai. Pour faire court, il s'agit d'un pouvoir relativement ancien qui est dans ma lignée depuis très longtemps. Il consiste à créer une espèce de "lien" spirituel entre le roi régnant et quelqu'un en qui il a particulièrement confiance. Quelqu'un qu'il respecte et estime sincèrement.
-Un peu comme toi et moi, quoi.
-Laisse-moi parler, putain ! Ce "lien" magique se caractérise par une apparition de marques dans la chair du partenaire et un changement d'aura imperceptible pour les gens normaux, mais pas pour le roi des Dragons et pour les personnes qui pratiquent la magie comme l'autre tête d'œuf.
-Et... Je peux savoir à quoi il sert, ce lien ?
-En premier, augmenter la force.
-Pardon ?
-À moins d'être con ou sourd, tu m'as entendu. Il multiplie la force, l'endurance et le courage en cas de combat et immunise au poison. Je te rappelle que je viens d'une lignée guerrière, c'est le minimum.
-Trop bieeeeeeeeeeen !!!!!!!!!! Ça veut dire qu'on va tous les éclater, bouffer leurs organes pour le dîner et rentrer chez nous dès ce soir !!!!!
-Ce serait tellement cool, mais il s'accompagne d'un prix à payer.
-Quel prix ? Ça peut se payer en diamants ?
-MAIS T'ES CON !!!! UN PRIX D'UN AUTRE GENRE !!!!
Eijiro se demandait de quoi Katsuki pouvait bien parler jusqu'à ce qu'il le vit tirer une dague, fine et ciselée, d'un fourreau situé à sa taille près de celui de son épée. Sous les yeux perdus de son amant, le blond s'entailla doucement le bout de l'index jusqu'à ce qu'une goutte de sang tâche la lame. Presque aussitôt, Kirishima ressentit une petite douleur dans son propre doigt et, quand il regarda, il le trouva également entaillé, ce qui le laissa perplexe et confus.
-T'as compris, maintenant ? grinça le souverain en rentrant sa dague. Ta force est ma force, mais ta douleur est aussi ma douleur. C'est ça, le prix à payer.
-Donc, en gros, si tu meurs...
-... Tu me suivras dans la tombe, oui. Il y a une autre faculté de ces marques, mais je ne me rappelle plus quoi...
-Si j'ai bien suivi, ces... trucs nous confèrent une grande puissance en combat mais si l'un de nous meurt, on y passe tous les deux ?
-Ouais...
Il y eut un court moment de silence assez embarrassant ; après tout, comment réagir dans une situation pareille ? Katsuki s'était attendu à tout de la part de son amant (une crise de panique à l'évanouissement en passant par une peur bleue) mais la réaction d'Eijiro défia toute logique puisqu'il prononça une phrase à laquelle seul lui aurait pu penser dans un moment aussi solennel :
-C'est l'équivalent d'un mariage, en gros.
Katsuki avait envie à la fois de le taper, de hurler, d'appeler l'auberge psychatrique et de l'embrasser.
-UN MARIAGE ????? T'AS DU YAHOURT PÉRIMÉ DANS LE CERVEAU OU QUOI ???????
-Bah, moi, je le vois comme ça.
Kirishima prit les mains de son roi et les serra tendrement dans les siennes comme le jour, si lointain à présent, où il avait accepté de venir avec lui pour se battre contre les ennemis.
-Écoute, mon prince, je t'aimerais jusqu'à la fin des temps et je te suis entièrement loyal. Alors quand tu me dis que tu m'as lié à toi pour toujours... C'est même mieux qu'un mariage, parce que de toutes façons je ne pourrais pas vivre sans toi...
Son visage était tellement sérieux, son expression si sincère et son sourire si doux que le souverain se sentit fondre intérieurement à cause de cette déclaration qui venait, c'était évident, du fond du cœur de l'hybride. Une paisible aura d'amour et de confiance enveloppa les deux tourtereaux pendant quelques instants au moment où les Marques rayonnaient sereinement dans le cou de Kirishima.
-Au fait... À quel moment tu m'as... "lié" ?
-Sans doute lors de notre première nuit. Ce truc s'établit surtout quand il y a une connexion parfaite entre le roi et son partenaire.
-C'est un peu bizarre quand même...
-"Tu m'appartiens pour toujours". C'est ça qui est écrit, déclara Katsuki en rivant ses yeux sur les symboles rougeâtres.
-Bah, toi aussi, tu m'appartiens. T'avais pas besoin de me marquer pour le savoir...
-NON ! JE NE T'APPARTIENS PAS, TU M'APPARTIENS, COMPRIS ??????
-Enfin, si on est ensemble, c'est...
Eijiro se figea brusquement. Il se redressa d'un seul coup, l'air aux aguets et très agité puisqu'il avait sorti ses attributs de dragon instinctivement. Faisant face à l'extérieur du château qu'on voyait depuis le jardin, il tentait sans succès de minimiser les tremblements de sa queue.
-Mon prince...
-Quoi ?
-Le vent vient de tomber, mais juste avant, j'ai senti une odeur de sang et de fumée.
Katsuki plissa les yeux, se releva à son tour et regarda dans la même direction qu'Eijiro.
Pas besoin d'être un génie pour comprendre ce que cela signifiait.
Leurs ennemis avaient finalement décidé, comme Shoto l'avait envisagé, de passer à l'attaque finale.
"À peine nos sentiments ont-ils dévoilés que nous devions partir livrer le combat le plus dangereux et le plus sanglant de toute notre vie..."
(J'ai énormément galéré à écrire ce chapitre, même si au moins on a l'explication sur les Marques qui sont apparues dans le cou d'Eijiro. Je trouve beaucoup le fonctionnement de ce "lien" similaire à la manière d'un Alpha de s'approprier un Oméga dans les Omégaverses, mais en un peu différent et plus compliqué par la suite...
Restez Ultra-Cool, mes petits Evoli ! 💞)
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