Denki avait eu beau jurer à Katsuki qu'il ne dirait rien de la petite scène dont il avait été témoin, elle ne resta pas longtemps secrète et se répandit comme une traînée de poudre dans tout le château.

Mina et Kyoka passaient leur temps à débattre sur qui dévoilerait ses sentiments à l'autre en premier.

Le pauvre électrique appréhendait de croiser le souverain par mégarde et de se faire trancher la tête pour son manque de discrétion.

Quant à Hanta, inutile se s'attarder sur son ressenti par rapport à la situation. (nan, en vrai, j'aime bien Hanta, mais il s'en contrefiche des amours du roi, alors...)

Eijiro était sorti de la chambre de Katsuki le jour même où il s'était réveillé. Et s'il n'arrêtait de cligner des yeux à cause du soleil ou d'avoir des difficultés à marcher à force d'être rester allongé aussi longtemps, il montrait une envie évidente de revoir le monde extérieur. Il semblait également avoir un certain penchant pour la "virilité" (ce qu'il répétait H24) et faisait montre d'un grande joie de vivre assez étonnante. Cependant, il avait parfois des yeux tristes quand il pensait à tout ce qu'il avait perdu lors de l'attaque des terres où il vivait.

À la surprise générale, Katsuki mettait de temps à temps sa fierté de côté pour essayer de lui remonter le moral.

Au terme des deux semaines de soins qu'il avait passé dans les vapes et des trois jours où Eijiro s'était réveillé, un lien étrange mais étroit unissait déjà les deux hommes.

Ils continuaient d'ailleurs de dormir dans la même chambre, mais Katsuki lui avait fait installer un matelas ; faut pas exagérer, hein.

Le quatrième jour après le rétablissement d'Eijiro, celui-ci se réveilla sur son matelas en se frottant les yeux. S'ébrouant légèrement, il se leva puis s'habilla avant de regarder par la fenêtre. Le ciel, à l'extérieur, clair et dégagé, annonçait visiblement une journée de bon augure.

Tout à sa contemplation, il entendit soudainement un bruit derrière lui et devina que Katsuki venait de se réveiller lui aussi et entreprenait de se changer.

-Qu'est-ce que tu regardes à l'extérieur, tête d'ortie ?

-Bonjour, mon prince. Bien dormi ?

-RÉPONDS À MA QUESTION !!!!

-Rien, je regarde, c'est tout.

-Donc tu restes planté là comme le débile que tu es à fixer dans le vide ? On voit tout de suite ton niveau d'intelligence.

Eijiro laissa passer le commentaire, comme tant d'autres avant lui, préférant se tourner dans la direction du roi qui avait commencé à se déshabiller.

Tout de suite, il se mit à rougir violemment en fixant le dos musclé de Katsuki, barré par les légères cicatrices qu'il lui avait infligé le jour de son réveil où il avait failli se transformer en dragon. N'importe qui savant qu'ils partageaient la même chambre pouvait se faire une mauvaise interprétation de ces blessures...

-ARRÊTES DE ME MATER, TÊTE D'ORTIE ! cria le roi qui semblait pourtant s'amuser de la fascination que son corps provoquait sur l'hybride.

-MAAAAAIS ! Je ne matais rien du tout, protesta celui-ci en détournant vite fait le regard, écarlate. Je me suis retourné parce que je pensais que t'avais fini, c'est tout !

-C'est ça, ouais.

-Je te le jure, mon prince !!!

-À d'autres, mais pas à moi. Enfin bref...

Cinq minutes plus tard, Katsuki était habillé et se dirigeait vers son coffre à bijoux. Sélectionnant quatre colliers pour la journée qu'il passa à son cou, il en tira également un long foulard bicolore rouge et noir.

-Viens là, tête d'ortie.

Eijiro se retourna, cette fois sans rougir, et cligna des yeux d'un air surpris en voyant le roi cendré nouer le foulard autour de son cou.

-Euh... Ça, c'est pour quoi ?

-Je t'ai sauvé de la mort, maintenant t'es ma propriété à vie. C'est aussi simple que ça.

-Quoi ? Eh ! J'ai mon mot à dire, non ? Qui a décidé ça ????!

-Moi. Et quand je décide, tu obéis sans discuter !

-Sache, mon cher pétard mouillé, que ça se passe pas vraiment comme ça partout !

-Ici, c'est mon royaume alors c'est comme ça que ça se passe, OK ?????!!!!!

-Votre Grincheusité ? lança Kyoka à la porte sans oser l'ouvrir pour ne pas reproduire la même erreur que Denki. Est-ce que je peux entrer ?

Poussant un grognement qui n'avait étrangement rien d'humain, Katsuki s'écarta d'Eijiro pour déclarer :

-Ouais, ouais, entre !

La Lady Knight pénétra dans la chambre et fit un petit signe amical à l'hybride qui le lui rendit, puis reporta son attention sur le souverain.

-Il y a quelqu'un qui demande à vous voir.

-Vire-le, trancha Katsuki en sortant de la pièce, talonné par le dragon rouge et Kyoka. Si j'avais du temps à perdre, ça se saurait.

-Euh, en fait... C'est... votre ami d'enfance...

Le blond se figea d'un trait et fit volte-face en attrapant la Lady Knight par les épaules et en la secouant comme un prunier.

-T'ES EN TRAIN DE ME DIRE QUE NON SEULEMENT DEKU EST ICI, MAIS EN PLUS QU'IL A LE CULOT DE ME RÉCLAMER UNE AUDIENCE ????

-C'est un assez bon résumé de la situation, Altesse.

-Qu'il entre ! décréta le roi en la lâchant et se dirigeant vers sa salle du trône d'un pas vif. J'vais le buter pour son insolence !

-Vous ne pouvez pas faire ça sans vous mettre le Royaume Todoroki à dos ! Majesté, vous m'écoutez ? MAJESTÉ !!!!

-Dis à l'autre abruti de me l'amener fissa ! J'ai pas que ça à faire !

Katsuki, suivi de près par Eijiro qui ne comprenait absolument rien de la situation, pénétra dans la salle et s'installa sur son trône en tapotant d'un air agacé ses doigts sur l'un des accoudoirs. Debout à côté de lui, l'hybride le questionna :

-Tu peux m'expliquer qui est Deku, et pourquoi sa présence a l'air de tellement t'agacer ?

-Pour faire court : mon allié, c'est le roi Vanille-Fraise. Il a un mec qui s'appelle Deku, que je connais depuis gosse, et qui est venu aujourd'hui m'emmerder. T'as compris ?

-Oui, je pense. Mais je ne sais toujours pas pourquoi il t'énerve.

-C'est une grosse merde inutile qui fait que chialer !

-C'est tout ?

-Tu m'emmerdes avec tes questions !

-Bon, très bien, mais... Je fais quoi, moi, pendant que tu parlementes avec Deku ?

-Tu restes assis, tu écoutes ce qui se passe et tu fermes ta grande gueule de dragon.

-Ok... Je m'assois où ?

Question judicieuse, étant donné qu'en dehors du trône de Katsuki, il n'y avait aucune chaise.

-Par terre.

-Jamais de la vie ! J'ai ma fierté !

-Ou alors, tu te mets en mode dragon, je m'en fous ! C'est soit ça, soit tu vas te chercher un coussin !

S'asseoir sur un coussin aurait été encore plus ridicule et humiliant que d'être par terre. Eijiro opta donc pour la solution que Katsuki avait proposé : il prit son apparence dragonne, se plaça au pied du trône et mordilla une de ses griffes pour en retirer une saleté incrustée. Il fut surpris de sentir la main du roi tapoter de manière presque affectueuse une de ses cornes, mais n'eut pas le temps de se demander pourquoi puisque "Deku" venait d'arriver.

Conduit par Denki, le petit brocoli arriva en effet quelques minutes plus tard. Il appréhendait ce qui pourrait se passer vu que "Katchan" ne le portait pas dans son cœur. Ses yeux étaient toujours aussi cruels que lorsqu'ils étaient enfants et son sabre à portée de main indiquait qu'il risquait de le saisir pour tenter de l'égorger à la moindre contrariété.

Pour couronner le tout, Eijiro participait malgré lui à renforcer la peur d'Izuku et à asseoir la puissance de Katsuki : il faut dire que voir un immense dragon allongé en sphinx au pied d'un roi déjà réputé pour ses coups de sang et qui en avait vraisemblablement fait son partenaire, ça avait de quoi terrifier toute personne un peu sensée.

Voyant que son invité restait silencieux, Katsuki cracha d'un ton aussi acéré que son regard :

-Tu m'as demandé cette audience, alors dis-moi, stupide Deku, qu'est-ce que tu veux ?

-Euuuuuuh... Katchan...

Ah, magnifique. Il était mal à l'aise, alors cette audience risquait de durer un moment. Le monarque poussa un long soupir trahissant son agacement.

-Si c'est tout ce que tu as à me dire, je t'égorgerai pour m'avoir fait perdre mon temps.

-Nononononon, Katchan ! paniqua Izuku en voyant le cendré couvrir son épée d'un regard songeur. C'est que... enfin, tu... mais en fait...

De mieux en mieux. Voilà qu'il s'emmêlait les pinceaux.

-PARLE, SALE NERD !!!!

-L-Le pays est en danger, Katchan ! déballa le petit brocoli. Une espèce d'armée maléfique a commencé à attaquer les villages et les royaumes un peu partout, et d'après ce qu'on sait, le plus gros de l'armée serait à nos portes dans quelques semaines pour tous nous anéantir !

Izuku débitait ces paroles à toute allure presque sans respirer, les yeux écarquillés d'effroi. S'arrêtant un instant pour reprendre son souffle, il constata avec surprise qu'Eijiro l'écoutait avec attention, les yeux plissés. Katsuki avait la même expression quand il déclara d'un ton neutre :

-Continue.

-O-On n'a plus beaucoup de temps pour se préparer à riposter ! D-Du coup, Todoroki-kun m'a demandé ainsi qu'à Uraraka-chan et Iida-kun de rassembler des alliés p-pour le combat... Et, j... j'avais pensé à toi...

-Si tu comptes sur une armée de dragons, laisse tomber. Ils ont tous été tués dans un incendie nocturne il y a deux semaines. Et ce gars-là, ajoute-t-il en donnant une tape sur la tête de l'hybride, c'est le seul à avoir survécu ; et de justesse.

-Un... incendie nocturne ? Ç-Ça ressemble à l'une des stratégies d'un des généraux ennemis... Dabi, il s'appelle. D'après ce qu'on sait, il est plutôt grand, balafré, avec des cheveux noirs...

Le bout de la queue d'Eijiro s'agita autant de colère que de nervosité tandis qu'il revit la silhouette qui, le soir de l'incendie, ricanait en se délectant du spectacle de sa vie d'avant qui partait dans les flammes.

Il pouvait maintenant mettre un nom sur cette personne.

Dabi.

Dabi, un général ennemi.

Dabi, l'incendiaire qui avait tué tous ceux qu'il aimait.

Dabi, qui, il se le jura à partir de maintenant, périrait de sa main.

-Bon, décida Katsuki. Je suppose que Double Face veut que je me ramène le plus vite possible avec ce qui reste de mon armée.

-O-Oui. C-Ce serait b-bien, Katchan.

-Prends pas cet air de victime ! Si c'est ce qu'il veut, je le serai, son allié ! Mais qu'on soit bien clair, il n'a pas à me donner d'ordres !

-C-C'est à lui qu'il faut dire ça, Katchan...

-TU CROIS QUE JE NE LE SAIS PAS, DEKU ??? Face de Hamster !

-Vous m'avez appelé, votre Explosivité ? lança le grand chambellan Hanta en déboulant dans la salle en catastrophe.

-Je te confie le nerd pour la journée. Assures-toi qu'il ne lui arrive rien ; il ne faudrait pas qu'on rende à Double Face son précieux joujou cassé.

-À vos ordres. Sire Izuku, si vous voulez bien me suivre...

Plus par respect du protocole qu'autre chose, Izuku fit une petite courbette de politesse à Katsuki (même s'il avait plus envie de s'enfuir en courant) avant de tourner les talons, escorté par Hanta.

Resté seul avec Eijiro, le roi se tourna vers lui en jetant d'un ton mi-méprisant mi-concerné :

-Tu trembles.

Le rouge reprit sa forme humaine, assis en tailleurs sur le sol, et constata qu'effectivement son corps était de nouveau parcouru de tremblements.

-Me refais pas de crise.

-D... Désolé.

-Tch. Faut que tu te calmes, alors ramènes-toi.

Katsuki le conduisit sur le balcon situé près de la salle du trône. Appuyé sur le rebord de pierre, il laissa l'hybride contempler le royaume depuis ce point d'observation bien placé et constata avec satisfaction qu'il se calmait tandis que le vent ébouriffait doucement ses cheveux carmin et apportait dans son souffle une odeur de forêt et de liberté.

-T'en penses quoi, tête d'orties ?

-C'est grand.

-Évidemment ! C'est mon royaume, j'te rappelle !

Ils restèrent un moment sans parler, mais ce n'était pas un silence oppressant ou tendu. Non, c'était un silence plutôt détendu, apaisé et apaisant, ce dont tous deux avaient grandement besoin.

-Alors ? questionna Eijiro après un instant. Qu'est-ce que tu vas faire ?

-Par rapport à quoi ?

-Par rapport à Izuku, et à Todoroki...

Katsuki grimaça d'un air à la fois dégoûté et résigné.

-Je déteste devoir des choses. Alors je vais donner un coup de main à Double Face, botter le cul de ces soi-disant ennemis et étendre mon royaume en paix sans avoir à supporter une seconde de plus le regard larmoyant de Deku.

-Je vois... C'est un bon plan.

-Je partirai avec tous mes hommes demain. Mais ça ne me suffira pas.

-Comment ça ?

-Eh bien...

Katsuki posa sa main sur le rebord de pierre du balcon et planta son regard dans celui d'Eijiro. Lequel faillit reculer tellement les yeux du cendré étaient intenses et sérieux, plus que l'hybride ne les avait jamais vu.

-Tout roi a un partenaire de combat à ses côtés. Quelqu'un de suffisamment courageux pour l'épauler. Jusqu'à présent, je n'avais trouvé personne pour remplir ce rôle.

Il fallut cinq secondes au dragon rouge pour se rendre compte que le souverain lui demandait, indirectement bien sûr à cause de sa fierté, de venir avec lui.

Parce qu'il semblait le respecter et l'apprécier.

Kirishima n'eût pas besoin de beaucoup réfléchir.

Après tout, il n'avait plus rien à perdre depuis l'incendie qui avait ravagé sa vie. Il n'avait plus de foyer, de famille ou d'amis.

Katsuki lui avait sauvé la vie, et lui-même s'était attaché à ce roi explosif et compliqué à comprendre. Il était la dernière chose qui lui restait, et le rouge n'avait pas l'intention de le laisser guerroyer seul.

Alors, avec assurance, Eijiro posa main sur celle de Katsuki, emmêlant ses doigts à ceux du souverain et le regardant à son tour fermement comme pour sceller définitivement son destin au sien.

-Je t'accompagnerai, mon prince. Je m'en remets totalement à toi car, j'en suis sûr, nous serons vainqueurs.

Une étincelle se produisit dans le cœur et l'esprit des deux hommes tandis qu'ils continuaient à se regarder devant le paysage ensoleillé du royaume de Katsuki qui s'étalait devant eux.

"Il y avait les forts et les faibles. Il y avait ceux qui écrasaient et ceux qui se faisaient écraser. Il y avait ceux qui se battaient et ceux qui renonçaient.

Je t'ai choisi, et toi aussi tu m'as choisi, parce que nous étions de la même espèce."

(Bon. Je trouve que ce chapitre est un peu long car il ne sert que de transition, mais on a quand même une petite avancée de notre couple, alors ce n'était pas du temps perdu !

Restez Ultra-Cool, mes petits Evoli ! 💘)