Chapitre 2 : Le pétard et l'ortie

Malgré l'insistance de Denki et Mina, Katsuki avait tenu à porter seul le blessé dans ses bras pendant tout le trajet du retour. L'alien rose bonbon voulait encore une fois se proposer mais le jaune l'en empêcha de justesse, n'ayant pas envie qu'elle soit défigurée à cause d'une explosion bien placée de la part de leur souverain.


La nuit venait de tomber quand ils revinrent enfin au château. Le chambellan Hanta fut soulagé de voir tout le monde en un seul morceau tandis que la Lady Knight Kyoka s'étonna en apercevant l'hybride rouge dans les bras de Katsuki. Mais elle n'eut pas le temps d'interroger le cendré à son sujet que celui-ci congédia tout le monde et emmena le blessé dans ses appartements en réclamant que personne ne le dérange pour quelque motif que ce soit.


Enfin seul dans sa chambre avec son "invité", Katsuki le déposa avec précaution sur son lit. Il avait eu tout le loisir d'observer l'hybride pendant le trajet du retour et d'identifier ses blessures qui nécessitaient le plus de soins. Le roi ouvrit donc le coffre qui contenait ses onguents, ses médicaments et ses bandages et entreprit de panser les plaies du dragon.

C'était un miracle que celui-ci respire encore, et il bataillait visiblement pour rester en vie.

Katsuki eut un léger mouvement de recul en entendant son "invité" crier faiblement de douleur quand il passa de l'onguent sur une brûlure, mais il se ressaisit. Allons, ce dragon avait survécu à un massacre et à un incendie, ce n'était pas une malheureuse pommade qui allait le tuer !

Ignorant ses petits cris et ses gémissements, Katsuki continua donc ses soins.


Une fois qu'il estima que c'était bon, le blond referma son coffre et s'assit sur le lit à côté du blessé. Esquissant un léger sourire, il constata avec une certaine satisfaction que le dragon avait retrouvé un souffle plus ou moins régulier. Il était solide, il s'en sortirait après quelques jours ou quelques semaines de repos.

En attendant, le blond devrait le nourrir à la petite cuillère.


Katsuki sentit subitement la fatigue s'abattre sur lui et décida d'aller dormir, avant de se rappeler que c'était l'hybride qui roupillait sur son lit.

Oh, et puis il s'en foutait : après tout, il faisait ce qu'il voulait dans son château et ce n'est pas comme si le dragon allait se réveiller avant un bon bout de temps...

Le blond se glissa alors sous les draps à son tour et s'installa confortablement. Le lit était plutôt petit, tant et si bien que la tête de son "invité" touchait son torse, mais étonnamment ça ne le dérangeait pas tant que ça. Katsuki ferma les yeux et sombra dans le sommeil, emportant comme dernière image de la journée le visage assoupi de l'hybride qui dormait à ses côtés.




Durant les jours qui suivirent, sur ordre de Katsuki, Denki et ses hommes ne ménagèrent pas leurs efforts pour découvrir qui était à l'origine de l'attaque des terres de son royaume, mais sans succès. Le roi ne mit pas longtemps à les traiter d'incompétents et en égorgea trois avant que Mina n'intervienne pour arrêter le massacre.

Autre chose qui inquiétait Kyoka mais dont elle n'avait pas encore parlé à leur roi était le brusque arrêt des échanges commerciaux avec le royaume Todoroki, leur principal allié. Contrairement à Katsuki, le roi Shoto se montrait toujours poli et diplomatique, d'autant plus que ce genre de chose ne s'arrêtait pas du jour au lendemain sans explications.


Néanmoins, dans tous ses changements alarmants, une seule chose positive en était ressortie : s'occuper du dragon rouge avait un effet bénéfique sur l'humeur de Katsuki. Sans la changer tout à fait, elle devenait un peu plus supportable et facile à anticiper. Les blessures de l'hybride se refermaient bien, ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne se réveille.

Ce qu'il fit environ deux semaines après son arrivée au château. C'était Kyoka qui avait informé Katsuki de son rétablissement complet, faisant leur souverain hurler à Hanta de se rendre utile pour une fois et de s'occuper de son taf pour qu'il puisse aller le voir.



Le roi poussa la porte de sa chambre et trouva le dragon rouge assis sur le lit, ses yeux brumeux paraissant encore remplis de sommeil. Ses cheveux carmin fanaient tout autour de son visage, lui donnant un air innocent. Son "invité" était dépourvu de vêtements, juste couvert de la cape du roi (fallait bien qu'il soit nu, pour traiter toutes les blessures) et des bandages entouraient toujours ses bras. Mis à part quelques cicatrices qui ne se refermeraient probablement jamais, il était parfaitement guéri.


(Imaginez Eijiro un peu comme ça mais avec quelques pansements en plus et les cheveux lâchés ^^)



Sans qu'il sache pourquoi, Katsuki sentit les battements de son cœur s'accélérer à cette vue sublime et dû se forcer à se concentrer sur quelque chose d'autre : ses cheveux justement, qui ressemblaient étrangement à des orties rouges qu'on lui aurait collés sur la tête. Se félicitant de cette réflexion, le blond se détendit et déclara :

-J'ai cru que tu te réveillerais jamais, tête d'orties.

L'hybride se retourna à ses paroles en ouvrant de grands yeux ; qu'il avait rouges, par ailleurs, exactement comme le souverain.

-"Tête d'orties" ? C'est quoi ce surnom ????

-J't'appellerais comme ça que tu le veuilles ou non. Et j'ai pas à me justifier !

-Bah, d'accord... Mais faut que je te trouve un surnom à toi aussi, alors !

-D'OÙ TU CROIS QUE TU PEUX ME TUTOYER ??????

-Pourquoi je ne pourrais pas, d'abord ?

-JE SUIS LE ROI ! ON NE TUTOIE PAS SON ROI !!!!

Loin d'être impressionné, l'hybride parût au contraire réfléchir.

-Sa Majesté le pétard mouillé... Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve que ça te va bien.

-C'EST QUOI CETTE MERDE ???? T'AS PAS INTÉRÊT À M'APPELER COMME ÇA ENCORE !!!

-Dis, pétard mouillé, on est où, là ?

-Chez moi.

"Tête d'ortie" le fixa d'un air tellement paumé que Katsuki s'interrogea sur son niveau d'intelligence.

-Et... ça veut dire quoi, qu'on est chez toi ?

-DANS MON CHÂTEAU, MERDE !

-Ah, OK. Et qu'est-ce que je fais ici ?

-Tu ne rappelles pas avoir été attaqué ? T'aurais pu crever si je t'avais pas trouvé !

Immédiatement, le dragon perdit sa bonne humeur tandis que les souvenirs qu'il avait inconsciemment enfoui en lui remontaient à la surface pour le frapper avec la violence d'une lame de fond.



Le sang qui coulait.

Le combat sans espoir.

Les cendres qui voletaient.

Le feu qui crépitait sans merci.

L'odeur de la mort qui le prenait à la gorge.

Son ami, et tous les autres dragons, tombés en poussière ou réduits en cendre sous ses yeux sans qu'il n'ait pu rien faire.

Le carnage, le génocide, la destruction de tout ce qu'il connaissait.



"Ils sont morts... Ils sont tous morts..."



Les larmes se mirent à ruisseler sur ses joues tandis que le corps de l'hybride fut secoué par de puissants sanglots et des spasmes incontrôlés. Il sentit pousser ses cornes sur son front, ses griffes déchirer les draps et sa queue battre l'air violemment derrière lui sous les yeux stupéfaits de Katsuki.



"Non ! Non ! Ne perds pas le contrôle ! Pas ici ! Pas maintenant !"



Mais c'était plus fort que lui. Sa tristesse, sa rage, sa colère, son sentiment d'impuissance, tout en lui ne demandait qu'à éclater et à déborder comme un fleuve en crue destructeur.

-Hey ! Je sais pas ce que tu fous, mais t'as intérêt à te calmer !

En un éclair, avant que l'hybride ne puisse aller plus loin et achever sa transformation, Katsuki grimpa sur le lit avec l'intention de le gifler pour le ramener à la raison. Mais, allez savoir pourquoi, sa réaction fut tout autre.


Le roi le plaqua contre son torse en le serrant fortement, ignorant ses griffes qui lui lacéraient le dos. Le caressant doucement pour limiter les tremblements de son corps, le blond approcha tendrement ses lèvres contre son oreille en répétant de sa voix la plus apaisante :

-Calme-toi, tête d'ortie...

Très surpris par ce câlin inattendu, le dragon se détendit progressivement sous les cajoleries du cendré.

Le parfum de Katsuki, ou plutôt sa fragrance, évoquant les épices et la puissance, était de loin l'odeur la plus délicieuse et virile que l'hybride ait pu sentir de sa vie. En outre, le contact du torse nu du souverain, à peine couvert de ses quelques colliers, n'était pas pour le déranger, bien au contraire.


Le sentant apaisé au bout de quelques minutes, Katsuki relâcha un peu son étreinte en demandant :

-Maintenant, t'es calmé ?

-Oui... mon prince.

Tiens, il était passé de "pétard mouillé" à "mon prince". Décidemment, Katsuki ne le comprenait pas.

-D'ailleurs, comment tu t'appelles, tête d'ortie ?

-Kirishima... Eijiro Kirishima.

-OK. Il va vraiment falloir que je te trouve des vêtements et que tu arrêtes de péter les plombs chaque fois que je mentionne... tu sais quoi.

-Je... Je comprends. T'inquiètes pas, hein, je crois que je vais gérer... plus ou moins.

-On est sur la bonne voie.

Quelques secondes passèrent avant qu'Eijiro ne déclare finalement :

-Merci mon prince, c'est très agréable.

-Hein ? De quoi tu... ?

Le cendré constata soudainement que l'hybride était toujours dans ses bras, et que lui-même avait recommencé à lui caresser le dos par pur automatisme. C'était un geste tellement simple et naturel qu'il n'avait pas pensé à arrêter. Eijiro s'était lové dans son cou confortablement entre-temps en évitant soigneusement de le blesser avec ses cornes, et maintenant il poussait ce qui pouvait s'apparenter à des petits ronronnements ravis.



"Euh... Y se passe quoi, là ? Qu'est-ce que je fous avec lui ?"



Dire que ce contact déplaisait au cendré aurait été un mensonge. Il se demandait bien pourquoi ça ne le dérangeait pas plus que ça d'étreindre Eijiro alors qu'il le connaissait pour ainsi dire à peine.

C'était sans doute parce que Katsuki n'avait pas eu beaucoup de marques de tendresse dans sa vie ; pour preuve, c'était la première fois qu'il recevait un câlin de quelqu'un.


Ou alors, c'était autre chose...

Une chose indéfinissable sur laquelle il n'arrivait pas à mettre un nom...


Quoi qu'il en soit, Eijiro était mignon, il avait des yeux magnifiques, il était beau.


Petit à petit, l'hybride s'était redressé jusqu'à se retrouver entre les jambes du souverain, les mains enroulées autour de son cou. Il fixait les croissants de chair de Katsuki avec insistance, mordillant les siens d'embarras comme s'il se demandait s'il pouvait passer à l'étape suivante sans briser leur complicité naissante.

Le roi lui épargna toute réflexion en lui soulevant le menton et en approchant son visage du sien. Leurs souffles s'emmêlèrent brièvement au rythme de leurs battements de cœur, leurs yeux se mirent à briller d'un éclat étrange mais rassurant, leurs peaux nues se touchaient de manière particulièrement intime et tendre...


Le cendré était conscient que ça allait vite, beaucoup trop vite, mais c'était plus fort que lui : il avait terriblement envie d'embrasser l'être situé entre ses jambes...

-Votre Altesse ? lança Denki sans s'annoncer en ouvrant la porte de la chambre du monarque. Il faut que vous... OH MERDE !

Il écarquilla de grands yeux devant la scène qui lui était donné de voir : l'hybride, toujours nu, blotti contre le roi sur le lit et visiblement à deux doigts de l'embrasser.

Immanquablement, tous deux se retournèrent vers l'intrus et rougirent : Eijiro de gêne, et Katsuki de colère. Denki bredouilla en faisant de grands gestes paniqués :

-E-E-E-Excusez-moi ! Je... Je voulais pas v-vous int-terrompre !

Puis il s'enfuit dans le couloir, immédiatement poursuivi par Katsuki qui hurlait qu'il allait l'écorcher vif et se servir de sa peau pour décorer son trône.




Resté seul dans la chambre, Eijiro avait toujours les joues rouges, son état n'étant pas arrangé par l'odeur omniprésente de son... amant (?) dans la pièce.


Mais pourquoi l'hybride avait-il la sensation étrange que la chaleur de ses joues s'était également répandue dans tout son corps et que Katsuki n'y était pas étranger ?





"Ces premiers sentiments ont été l'élément déclencheur d'un amour aussi puissant que limité dans le temps..."





(Coucou, c'est Princesse ! Je n'ai pas grand-chose à dire sur ce chapitre, si ce n'est que j'en suis satisfaite et que j'espère comme toujours qu'il vous a plu !

Restez Ultra-Cool, mes petits Evoli ! 💕)

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