49 - Les derniers hommages -
Coucou !
Je suis très heureuse de vous retrouvez pour un nouveau chapitre ( pas le plus joyeux mais pas d'inquiétude, les chapitres joyeux reviennent vite) bien plus court en tout cas que le précédent. Je vous promets qu'à partir de maintenant, j'essaye de faire des chapitres plus court, même si je dis ça à chaque fois. J'espère que vous l'aimerez en tout cas, il me tient beaucoup à cœur.
Petite mise au point également, comme vous le savez ( enfin du moins pour ceux qui sont là depuis pas mal de temps ;) ) j'ai ou plutôt j'étais sensé avoir un bêta lecteur. Et bien je vous annonce que je l'ai licencié. Je le précise parce que j'ai reçu des tas de messages me demandant où était passé le bêta, si on s'était disputée, et si vous pouviez prendre sa place. Je vous trouve adorable de m'envoyer ça et votre inquiétude me touche mais je vais faire un petit point du coup. Non je ne me suis pas disputée avec elle (enfin c'est ma sœur donc ça arrive souvent mais pas violemment je veux dire ) et je lui demande toujours son avis avant de poster. Seulement elle est très occupée et elle n'a plus le temps ni de me faire des notes, ni de corriger chacun de mes chapitres. Donc je me débrouillerai sans elle désormais ( même si son avis, quand elle veut bien me le donner, reste une de mes plus grande aide ). Et ensuite, vous êtes adorables mais non, je ne cherche pas le moins du monde quelqu'un pour prendre sa place.
Sur ce n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce chapitre ;) ( Les fangirls de Regulus, je sais que nous êtes nombreux/se, vous allez être servis )
Bonne Lecture !
Chapitre 49 : Les derniers hommages
" Les morts, ce sont les cœurs qui t'aimait autrefois "
Victor Hugo
La vie à Poudlard avait repris peu à peu le cours normal d'un mois de mai ordinaire. Une semaine s'était écoulée depuis qu'il était de retour à Poudlard. Une semaine calme pendant laquelle le soleil n'avait eu de cesse d'éclairer le château. Les tenues se faisaient petit à petit plus légères, et les rires plus nombreux. C'était indéniablement l'été qui s'installait en Ecosse.
James se trouvait présentement dans son dortoir et terminait de se préparer. Il n'avait pas encore reprit les cours, les professeurs s'étant mis d'accord pour accorder une semaine de répit aux élèves qui avaient été enlevés. Il devait admettre en être assez satisfait. Si en ce qui le concernait, il n'avait pas eu difficultés particulières à s'acclimater à la vie de l'école qui lui avait tant manqué, il devait admettre que pouvoir récupérer le sommeil dont il manquait en passant la plupart de ses journées à se reposer était agréable. Sans compter qu'avec l'annulation de tous les examens, exceptions faîtes des BUSES et des ASPICS, aucun de ses amis n'avaient trop de travail, excepté Lily qui travaillait d'arrache pied pour récupérer un retard qu'elle était bien sûre la seule à percevoir.
Toujours était il que ce matin là, malgré le grand soleil qui régnait dehors, le jeune homme n'arrivait pas à se sentir particulièrement joyeux. Et il n'avait pas besoin de sortir de son dortoir pour savoir que tout Poudlard serait très certainement dans le même état. En effet, Dumbledore avait décidé de rendre hommage à Edward et Lyméria, à défaut de pouvoir leur organiser un enterrement, du fait de l'absence de corps. Et si James pouvait toujours prétendre qu'il allait bien et que la vie avait repris son cours, ces morts ne cessaient de lui rappeler que ce n'était pas le cas. Qu'il n'avait toujours pas fait face à ce qu'il avait vécu dans les souterrains et s'était contenté de le refouler au plus profond de sa mémoire. Or, il n'était que trop conscient qu'il ne pourrait vraiment aller de l'avant en agissant de la sorte.
- James, tu es prêt ? Interrogea soudainement la voix de Remus faisant par la même occasion sortir l'adolescent de sa torpeur. On va devoir y aller.
Une boule inhabituelle au creux du ventre, le jeune homme se leva de son lit sur lequel il était installé pensivement depuis près d'une heure, à observer le soleil brillant dehors. Il était entièrement vêtu de noir, malgré le cliché que représentait cette couleur, bien conscient que c'était la plus adéquate. De plus, l'adolescent avait tenu à ne pas aborder d'emblème symbolisant son appartenance à Gryffondor et avait conseillé à toutes les personnes qu'il avait pu croiser ces derniers jours d'en faire de même.
Aujourd'hui, ils étaient tous d'une seule et même famille qui s'apprêtait à pleurer des disparus. Si il était fier de sa maison, il trouvait que ce n'était pas approprié de laisser cette distinction séparer les élèves un jour pareil. Il se demanda évasivement l'espace d'un instant combien des élèves actuellement étudiants de ce château seraient morts avant que la guerre ne soit définitivement terminée. Il ne voulait même pas connaître la réponse.
Remus dut, comme à son habitude, s'apercevoir que James avait pâli car il s'approcha et posa une main réconfortante sur son épaule. L'adolescent lui sourit légèrement, sourire qui s'accentua lorsqu'il se rendit compte que son ami avait suivi son exemple et n'arborait pas de symbole distinctif de sa maison, uniquement une tenue noir.
- Ça ira pour toi ? Interrogea finalement le lycanthrope. Je veux dire, pour aujourd'hui ?
James haussa les épaules et répondit :
- Il faudra bien.
Remus le toisa avec un regard sceptique puis se détourna. James savait que son ami était bien trop perspicace pour être dupe et se laisser convaincre par l'air léger qu'il affichait depuis son retour à Poudlard. Et il savait également qu'il n'y couperait pas longtemps et qu'il allait devoir se résoudre à parler avec ses meilleurs amis de ce qu'il s'était passé dans ces souterrains un jour ou l'autre. Il secoua fermement la tête, revenant à la réalité. Ce n'était définitivement pas le moment de songer à tout ça.
Il avisa Peter qui les attendaient également sur le pas de la porte du dortoir lui aussi vêtu de noir et sans signe distinctif de sa maison. Sirius étant parti près de dix minutes auparavant, affirmant qu'il avait quelque chose à régler et leur assurant qu'il les attendraient au lieu où se tiendrait la cérémonie, les trois garçons n'avaient donc pas à l'attendre.
- Allons y. Décréta Remus calmement.
Peter ouvrit la porte du dortoir et les trois adolescents descendirent dans la salle commune des Gryffondor. Rien que là, l'ambiance générale était déjà terriblement pesante et le jeune homme avait l'étrange impression d'être plongé dans un de ses films moldus en noir et blanc lorsque le silence fait presque frissonner de peur. C'était exactement ce qu'il ressentit malgré le grand soleil, devant le silence lourd et les tenues noires et grises de la plupart des personnes présentes.
Et si dans la Salle Commune, l'effet était déjà troublant, ce fut pire lorsqu'ils en sortirent. Les couloirs du château paraissaient presque fantomatiques, sans parler des portraits vides ou religieusement silencieux. Personne ne semblait oser troubler le silence. or l'adolescent était quelqu'un d'énergique qui ressentait en permanence le besoin de parler, et il ne pouvait s'empêcher de se sentir étouffé dans cette ambiance. James osait à peine respirer tant il avait l'impression que le moindre bruit, la moindre parole résonnerait dans le château tout entier. Remus parut se rendre compte de la difficulté qu'était pour lui cet environnement sordide et lui adressa un regard désolé. Le jeune homme lui affirma silencieusement en retour qu'il allait pouvoir supporter ça simplement le temps d'une journée.
Enfin, après une descente qui dura une éternité pour les trois adolescents, ils arrivèrent dans la Cour du château, là où était sensée se tenir la cérémonie. Le directeur avait tenu à ce que l'hommage soit fait à l'extérieur et sur le moment, ça avait semblé être la meilleure idée possible. Maintenant, James se sentait mal à l'aise : le soleil brillait haut dans le ciel, un soleil que les deux élèves qui n'avaient pas survécus à cette année n'auraient plus l'occasion de voir. Aujourd'hui n'aurait pas du être un beau jour, c'était injuste : ça aurait du être un jour gris morne à l'image de la tristesse qu'ils ressentaient tous. Au lieu de ça, le soleil se reflétait sur chacun de leurs visages.
Il constata rapidement que des chaises étaient disposées dans la cour du château, un nombre incalculable de chaise qui entourait une estrade sur laquelle se tenait déjà tous les professeurs même si aucun n'avait pour l'instant prit la parole. James voulut d'abord se placer derrière, au tout dernier rang, pour ne pas être trop proche mais Remus l'attira là où se trouvait déjà Sirius, c'est à dire avec Lily ainsi que ses amies.
La première chose que remarqua James en arrivant à leur hauteur fut que Lily avait suivie son conseil et ne portait pas de signe distinctif de sa maison. La seconde chose qu'il vit, ce fut la place que Sirius avait laissé à côté de l'adolescente, estimant avec raison que James voudrait s'asseoir près d'elle. Ce dernier envoya à son meilleur ami un remerciement silencieux et constata en troisième lieu qu'en réalité, presque tous les élèves avaient suivis sa demande : très peu portaient un signe distinctif de leur maison. Il alla donc s'asseoir sur la chaise entre Lily et Sirius et sursauta lorsque Lily lui demanda dans un chuchotement :
- Potter, comment tu te sens ?
Il mit quelques secondes à répondre : il était convaincu que personne ne pouvait se sentir bien de toutes façons. Il dodelina finalement la tête et répondit d'un ton qui sonnait étrangement nerveux même à ses propres oreilles :
- Je suppose que ça ira.
Lily lui renvoya un regard inquiet mais n'insista pas davantage. Ce fut seulement à ce moment là que James remarqua qui se tenait à la gauche de l'adolescente. Emily qu'il n'avait pas revu depuis qu'elle avait été transportée à Sainte Mangouste par le directeur. Il ne savait même pas qu'elle était revenue aujourd'hui. Il la dévisagea quelques minutes du regard. Elle tenait fermement la main de Lily d'une part et celle de Maïlys d'autre part. L'adolescent constata également qu'aucune trace des brûlures sordides qu'elle présentait lorsque l'incendie avait pris fin n'étaient plus visibles, tout du moins en apparence. Cependant, il se doutait qu'elles n'avaient pas pu disparaître et que la jeune fille devrait sûrement garder des cicatrices à vie.
- Je ne savais pas qu'elle serait là. Indiqua t-il à Lily dans un chuchotement. Comment est ce qu'elle va ?
Le regard de son interlocutrice s'assombrit davantage, si toutefois c'était possible, alors qu'elle répondait :
- Elle n'est revenue que ce matin. Physiquement elle va bien selon les médicomages qui l'ont prises en charge, même si elle gardera certainement quelques cicatrices à vie. Mais ce n'est pas ça qui m'inquiète. Elle ne nous a pas adressé le moindre mot et n'a pas laissée passer la moindre émotion. Je suis inquiète pour elle.
Du point de vue de James, c'était entièrement compréhensif : il ne pouvait d'ailleurs s'empêcher d'admirer même si la situation n'y était pas propice la façon dont Lily mettait toujours un point d'honneur à prendre soin de ses amies de toutes les façons possibles. Il dévisagea une nouvelle fois Emily qui ne paraissait même pas se rendre compte des regards lourds d'inquiétude que ses trois amies portaient sur elle. Il remarqua cependant que son teint habituellement doré ressortait davantage à la lueur du soleil, faisait ressortir sa pâleur et les cernes s'étendant sous ses yeux. Contrairement à la Emily habituelle, ses cheveux n'étaient pas coiffés avec soin et ses ondulations blondes retombaient de façon désordonnées sur ses épaules. Rien qu'à l'aide de ce détail, James pouvait affirmer que l'adolescente n'allait pas bien. Mais ce qui le frappa le plus, ce fut sans aucun doute la douleur visible dans ses yeux et dans chacun de ses mouvements. Ça allait visiblement bien au delà de la simple douleur physique. Elle était bien loin de la Emily rayonnante, pleine de vie et joyeuse que James avait connu. Il savait déjà qu'elle en serait certainement changée à tout jamais même si il comptait beaucoup sur elle pour se remettre.
- Moi aussi. Murmura t-il en réponse à la phrase de Lily.
Cette dernière parut d'abord surprise qu'il ne s'inquiète pour une de ses amies puis lui fit un demi sourire, vite remplacé par une moue inquiète. Puis elle se pencha légèrement dans sa direction et chuchota à son oreille de façon à n'être entendue que par lui
- Je sais que c'est compliqué pour toi. Ça l'est pour nous tous, mais je vois bien que pour toi c'est différent.
James hocha la tête sans parvenir à articuler le moindre mot en réponse. Lily sembla ne pas s'en formaliser et lui prit simplement la main, faisant une fois de plus réaliser à l'adolescent à quel point elle était merveilleuse. Ils restèrent ainsi, sans prononcer le moindre mot, jusqu'à ce que Dumbledore ne se lève pour aller se placer au milieu de l'estrade faisant ainsi face à tous les élèves rassemblés autour de lui.
L'adolescent constata au passage que le directeur n'était en ce qui le concernait pas vêtu de noir. il arborait une tenue d'un gris très clair, se confondant presque avec le blanc. James se doutait que ça devait être voulu et qu'il devait partir du principe que c'était trop sombre de porter du noir à un enterrement. Surtout compte tenu du fait qu'il n'avait de toutes façons jamais vu son directeur porter cette couleur. Il prit finalement la parole, après avoir attendu quelques minutes que les chuchotements ne cesse, d'une voix calme et sage :
- Chers élèves, je pense que nous pouvons maintenant commencer. Ce n'est jamais facile de débuter une telle cérémonie aussi j'espère que vous me pardonnerez si il m'arrive de perdre mes moyens.
Il se tut un instant, laissant ainsi le temps à James de constater à quel point le silence était lourd et pesant, uniquement rompu par les cris des oiseaux, les froissement des feuilles et les clapotis de l'eau du lac. Albus Dumbledore reprit ensuite tout en conservant la même voix :
- Il y a tellement de choses que j'aurais aimé vous dire aujourd'hui. Mais ce qui est certain, c'est qu'il n'a jamais été dans mes intentions de rendre hommage à deux de vos camarades. Parce qu'aucun d'eux n'auraient du mourir à un si jeune âge. Cependant, c'est bel et bien ce qu'il est malheureusement arrivé et je pense que je peux commencer cette cérémonie en vous demandant à tous d'observer dès maintenant une minute de silence à la mémoire d'Edward Hood.
Tout le monde s'exécuta et le silence s'instaura aussitôt. James serra un peu plus la main de Lily tout en songeant que l'adolescent était bien trop jeune pour mourir. Il ne pouvait s'empêcher de trouver tout ça profondément injuste, mais d'un autre côté, la guerre n'avait jamais été réputée pour être juste. Il ne pouvait cependant s'empêcher de se dire qu'Edward aurait du se trouver parmi eux aujourd'hui. Il les auraient sûrement réprimandés d'avoir négligé leur entraînement de Quidditch et aurait embrassé Emily avec amour. Il se mordit la lèvre inférieur : il était mort et ce genre de pensées ne le mènerait nul part.
Une fois que la minute de silence, le directeur reprit d'une voix un peu plus traditionnelle :
- Edward Hood incarnait de nombreuses qualités représentant la maison Gryffondor. C'était un ami fidèle qui était toujours prêt à se battre et même à se sacrifier pour ceux qu'il aimait. Il travaillait sans relâche et se montrait toujours d'un grand courage. C'était le capitaine d'une belle équipe qui a, grâce à lui, frôler plus d'une fois la victoire. Je pense qu'il est important de rappeler qu'il est mort en faisant preuve d'un courage exemplaire. Il a tenté de s'en prendre seul à Lord Voldemort, dans l'unique espoir d'un avenir meilleur pour ses camarades. Il est mort d'un sacrifice c'est quelque chose qu'aucun d'entre nous ne peut nier.
Emily renifla. Plusieurs personnes dans l'Assemblée l'imitèrent; sûrement émus à la fois par le court discours du directeur et par le rappel de la mort de quelqu'un qu'ils avaient aimés. Le directeur conserva sa voix emplie de sagesse pour reprendre :
- Je suis certain qu'Edward aurait fait le même choix, si nous lui avions donné la possibilité de le refaire. Je vous dirais simplement ces mots aujourd'hui : souvenez vous du courage dont il n'aura jamais cessé de faire preuve tout au long de ces mois qu'il a passé captif des Mangemorts. Il a supporté des mois de captivité dans l'espoir même minime d'entrevoir la lumière un jour et, alors qu'il touchait au but, il s'est résolu de lui même à ne pas toucher à cet espoir, à ne jamais y accéder. Je pense pouvoir affirmer aujourd'hui qu'Edward devrait être un exemple pour chacun d'entre nous à l'avenir, un exemple de courage, de volonté et d'idéaux.
James ne pouvait qu'être d'accord avec le directeur, même si il ne pouvait s'empêcher de penser que pour le coup, son capitaine de Quidditch avait agi de façon inconsidérée en tentant de s'en prendre à Voldemort de la sorte. D'un autre côté si il ne l'avait pas fait, James serait sûrement mort avant que le directeur n'ait eu le temps d'arriver. Personne ne pouvait le savoir. Toujours était il que l'adolescent n'en menait pas large et devait se concentrer fermement sur le chapeau noir et pointu qu'arborait le professeur McGonagall pour empêcher les larmes de lui monter aux yeux.
Il pouvait sentir la petite main de Lily trembler dans la sienne. Un rapide regard deux rangs derrière lui lui permit de constater que Mary sanglotait à chaude larme, entourée de Liam Markle et Raven Dubois. Et elle était loin d'être la seule : il pouvait entendre des reniflements et des sanglots partout tout autour de lui. Edward avait été un élève relativement aimé et populaire au sein de l'école et il était convaincu que, si certains s'en remettraient plus facilement que d'autres, tous regrettaient en cet instant leur camarade.
- Quelqu'un souhaite t-il prendre la parole ? Interrogea Dumbledore en posant sur les élèves un regard encourageant.
James se rappela à ce moment là que c'était un hommage, ce qui voulait dire que tout ceux désirant prendre la parole le pouvait. Certains professeurs parlèrent, certains élèves versèrent quelques larmes et prononcèrent quelques mots. Mary se porta volontaire et se dirigea vers l'estrade pour remercier d'une voix entrecoupée par les sanglots le jeune homme pour tout ce qu'il avait fait pour elle. Elle ne fut pas la seule de l'équipe de Quidditch car Liam Markle, qui avait été recruté par Edward, semblait avoir abandonné sa malice habituelle pour dire quelques mots au nom de toute l'équipe.
L'adolescent aurait voulu se porter volontaire, dire lui aussi quelques mots à l'égard d'Edward. Il estimait qu'après tout il lui devait bien ça. Mais la tristesse l'empêchait de prendre la parole, il ne savait quoi dire, butait sur les mots en pensé et n'avait aucune idée des mots qui seraient juste et adaptés aussi resta t-il finalement assis, tout en serrant fermement la main de Lily. Cette dernière pour sa part couvait Emily avec inquiétude fusillant du regard tous ceux qui la dévisageaient, semblant s'attendre à ce qu'elle ne prenne la parole ce qu'il était évident qu'elle ne ferait pas.
Il fut cependant surpris lorsque, après que les amis d'Edward n'aient prit la parole, Lena Strausser demanda à parler à son tour. Il n'avait entendue pour sa part que quelques fois le son de sa voix, et ce alors même qu'ils avaient passés des mois enfermés dans la même pièce. Il la voyait indéniablement comme une fille fragile et renfermée, à la manière de Maïlys Siren, ce qu'elle était sûrement au fond d'elle mais ce qui visiblement ne l'empêcha pas de se lever et de monter sur l'estrade, l'air décidée à dire quelque chose. Elle prit donc la parole d'une petite voix, heureusement amplifiée par la magie ce qui lui permettait d'être entendue :
- Je ne suis pas douée pour m'exprimer en public comme la plupart d'entre vous le savent sûrement. Mais je tenais à rendre hommage à Edward Hood. J'ai passée près de cinq mois enfermée dans une minuscule cellule, qui par chance était voisine à la sienne. La seule image que je n'aie jamais connue d'Edward, c'est celle d'un garçon d'un infini courage. Il a résisté aussi longtemps qu'il l'a pu aux Mangemorts et s'est rebellé à plusieurs reprises dans les premiers temps, avant que son épuisement physique comme moral ne devienne trop grand. Mais plus que tout, plus que son courage incroyable, ce qui m'aura marquée chez lui restera toujours sa gentillesse. Je passais mes journées à pleurer, à être terrorisée et à hurler. Sans sa présence pour me calmer, ses mots pour m'apaiser, me redonner espoir et confiance, me promettre que tout ce cauchemar allait finir par se terminer, je ne suis pas certaine que j'aurais pu me tenir avec vous aujourd'hui. Edward était un exemple pour moi. Il me parlait de ses rêves, du Quidditch, de ses amis, de la fille qu'il aimait, et malgré nos grandes différences, je ne pouvais m'empêcher de l'admirer. Je sais que tout ce qu'il ressentait, il le faisait avec une sincérité énorme. C'était un garçon entier qui ne mentait pas, ni aux autres, ni à lui même. Je le pleurerais énormément comme je n'ai pas cessé de le faire jusque là.
Puis, sans rien ajouter de plus, elle descendit rapidement de l'estrade laissant sa jupe noire voilée flotter derrière elle. James ne pouvait s'empêcher d'être largement impressionnée : elle n'avait certes pas connue Edward longtemps mais son image était plus que légitime. Le directeur attendit que quelqu'un d'autre ne vienne prendre la parole ce qui n'arriva pas. Alors dans le silence, il reprit sa place au milieu de l'estrade indiqua d'une voix sage :
- Je pense qu'il n'est pas utile d'ajouter que personne à Poudlard n'oubliera Edward Hood, qui comme vous aura toujours sa place dans le château. Et que ce n'est qu'à travers chacun de vous que son souvenir continuera de vivre.
Il marqua une légère pause, laissant aux élèves le temps d'analyser ce qu'il venait de dire, espérant sûrement qu'aucun d'entre eux ne l'oublierait. Puis d'un ton désolé, il reprit la parole de nouveau pour prononcer :
- J'aurais sincèrement aimé terminer cette cérémonie sur ces paroles en hommage à Monsieur Hood. Mais malheureusement, il n'est pas le seul à ne pas être revenu de ces souterrains morbides dans lesquels Voldemort avait enfermé plusieurs de vos camarades. Je pense qu'il est à présent l'heure de vous demandez à chacun une minute de silence pour une fille d'un courage incroyable qui aura également portée jusqu'au bout ses volontés de résistances et de paix, Lyméria Greengrass.
Lorsque le silence se fit, James crispa un peu plus sa main dans celle de Lily. Il songea à cet instant à quel point la situation pouvait sembler étrange. Il connaissait Edward depuis des années et bien évidemment, sa mort l'emplissait de tristesse. Mais la mort de Lyméria n'avait rien à voir. Parce qu'il il y avait assisté, qu'il avait vu son dernier regard, ses yeux pleins de larmes. Parce que c'était lui qui avait crié lorsqu'elle était tombée et qu'il était probablement la dernière personne à laquelle elle avait parlée. Malgré le peu de temps qu'il avait passé avec l'adolescente, il s'y était attaché et savait déjà que sa mort le marquerait toujours bien plus que n'avait pu le faire celle d'Edward. Lily paraissait avoir saisie que la mort de la Serpentard le touchait même si elle ne semblait pas bien réaliser pourquoi. Toujours fut il qu'elle raffermit la prise de sa main sur celle de James voulant visiblement lui indiquer par ce soutien silencieux qu'elle était avec lui. Finalement, la minute de silence s'acheva et la directeur reprit une voix forte et emplie de sagesse à la fois pour lancer :
- Lyméria Greengrass était de façon indéniable une Serpentard, même si beaucoup semblait penser le contraire. Elle ne cédait jamais, recherchait toujours un moyen de parvenir à ses fins et elle était d'une grande ambition : elle attendait énormément des autres mais encore plus d'elle même. Beaucoup d'entre vous n'aviez jusqu'alors pas même connaissance de son existence, et je ne peux pas vous en blâmez. Elle n'était pas de celle que l'on remarque facilement. Pourtant Lyméria aurait méritée votre attention à tous. Elle était intelligente, piquante, bienveillante. Et elle faisait son possible pour respecter tout le monde ce qui n'avait rien d'une évidence dans son cadre de vie. C'était une amie fidèle, elle ne tremblait pas devant le danger et n'hésitait pas à faire valoir ses envies de paix dès qu'elle en avait l'occasion. C'était une victime qui aurait pu être évitée. Elle aurait pu être protégée, aussi répugnant que cela me paraisse, par son statut que ce soit au niveau du sang tout comme au niveau familial. Et elle a fait le choix de ne pas l'être.
Le directeur s'interrompit quelques secondes. James en profita pour réfléchir à ce qu'il venait de dire. Pour être honnête, il ne comprenait toujours pas même aujourd'hui comment la mort de l'adolescente avait été rendue possible, et ce alors même qu'elle était une sang pur et venait d'une famille qui était certes endettée mais relativement réputée tout de même. Il la revoyait assurer fermement à Lord Voldemort qu'elle ne ferait jamais le choix de rejoindre ses rangs que ce soit de gré ou de force et qu'elle préférait mourir plutôt que de prendre part de quelques façons que ce soit à cette guerre. Elle était restée partisane de la paix jusqu'à la dernière seconde. Lily dut sentir qu'il réfléchissait à toutes les manières par lesquelles sa mort aurait pu être évitée puisqu'elle serra un peu plus sa main et murmura d'une voix qu'elle voulut visiblement réconfortante :
- Tu n'aurais rien pu faire.
James le savait déjà très bien. Il savait aussi qui était responsable de cette mort atroce. Et il refusait de laisser une quelconque culpabilité le gagner quand bien même il aurait pu faire quelque chose car il n'était pas celui qui avait tué Lyméria. Il fallait qu'il se raccroche à cet idée. Le directeur reprit la parole cette fois d'une voix moins spontanée :
- Le dernier acte de Lyméria Greengrass relève également du sacrifice. Un sacrifice différent de celui de Monsieur Hood, un sacrifice qui n'avait rien de physique. Mais Lyméria s'est battue pour la paix en laquelle elle croyait jusqu'à la dernière seconde avec un courage pratiquement prodigieux mêlé à une pointe de folie. Elle savait qu'elle allait mourir, si elle refusait de rejoindre les rangs de Lord Voldemort et pourtant elle n'a pas protestée, n'a pas renoncé à ses idéaux et ce malgré la menace de mort qui planait sur elle. Nombre d'entre nous n'aurions de toutes évidences pas eu ce même courage.
James ne savait que trop bien que c'était la vérité. Il aimait à se dire qu'il aurait lui aussi préféré mourir plutôt que de rejoindre les rangs de Voldemort, sans compter que c'était ce qui avait bien manqué de lui arriver, mais il savait que c'était une réaction normale de ne pas vouloir mourir, malgré toute la détermination qu'on pouvait avoir. Finalement, Albus Dumbledore termina :
- Je pense pouvoir terminer en vous conseillant de repenser chaque jour au sacrifice de Lyméria Greengrass. De repenser à tout ce qu'elle à été prête à abandonner, avec quel courage elle à fait face à la mort. Retenez d'elle qu'elle n'était pas parfaite, c'était une adolescente comme vous et moi, mais qu'elle aimait de toutes ses forces et qu'elle croyait dur comme fer en une paix possible. Je ne peux que vous conseillez de suivre son exemple.
James en avait pratiquement les larmes aux yeux malgré lui. Il pouvait presque la revoir se prendre le sort mortel en pleine poitrine et chuter, tellement lentement qu'il lui avait semblé qu'elle glissait pratiquement sur le sol. Il se revoyait hurler lorsqu'elle tombait, il se souvenait de la gratitude à son égard qu'il avait lu dans ses yeux verts, presque identiques à ceux de Lily. Peu importe qu'il ne l'ait pas connue longtemps, Lyméria avait indéniablement marquée sa vie et l'adolescent savait déjà qu'il se rappellerait probablement toujours de sa mort.
Le professeur Slughorn prit la suite de Dumbledore et prononça quelques mots en son hommage. Il se mouchait bruyamment à intervalle régulier et même si James ne l'appréciait pas outre mesure, force était de constater qu'il semblait bouleversé par la mort de l'une des élèves de sa maison. Même si bien sûr, son discours était exagéré, comme presque tout ce qu'il faisait. Puis Dyspan et Wystéria Zabini montèrent ensemble sur l'estrade et présentèrent aux autres élèves un visage uni, ravagés par la douleur d'avoir perdu celle qui avait été leur meilleure amie. Si Wystéria affichait un air détaché et glacial, son frère en revanche semblait singulièrement perdu et mal à l'aise.
Les jumeaux ne prononcèrent que quelques mots. Mais leur discours sembla faire l'effet d'une douche froide à beaucoup de monde. James sentit Lily réprimer un frisson et dut lui même prendre une grande inspiration. Il était évident que Lyméria avait apporté aux deux adolescents bien plus qu'une simple amitié. Et il était également évident que sans elle, aucun des deux ne seraient devenus ce qu'ils étaient aujourd'hui. Même ceux qui ne connaissaient pas le moins du monde la Serpentard eurent les larmes aux yeux tant leurs mots étaient puissants et bien choisis. Du point de vue de James, ils n'auraient pas pu lui rendre de meilleur hommage.
Ensuite, deux autres Serpentard parlèrent un peu, suivis par une troisième année de Poufsouffle dont James avait oublié le nom mais qui avait les yeux ruisselants de larmes. Puis ce fut tout.
James n'était honnêtement pas étonné qu'il y ait moins d'hommage pour l'adolescente, moins populaire et plus discrète qu'Edward. Il devait admettre s'être un peu attendu à ce que Regulus ne dise quelque chose mais, même si il ne connaissait pas l'adolescent, il lui était vite apparu comme évident qu'il ne le ferait pas, de la même manière qu'Emily n'avait pas rendue publiquement hommage à Edward.
Cependant, lui ne voulait pas que les hommages s'arrêtent. Lyméria méritait d'être pleurée longtemps, par un nombre de gens infinis. Il aurait voulu que quelqu'un qui avait partagé des moments avec elle dans leurs cellules ne se lève et prenne la parole pour témoigner de l'exemple de courage qu'elle avait été, notamment lorsqu'elle avait appelé les Mangemorts, tout en étant bien consciente des risques, pour sauver Lena Strausser des flammes qui avaient ravagées sa cellule. Lorsqu'il croisa finalement le regard d'Isabella Foutain et de Bianca Blossom, quelques rangs derrière lui, il comprit qu'elles voulaient exactement la même chose, à ceci prêt qu'elles voulaient toutes les deux que ce soit lui qui se charge de ce discour semblant estimer qu'il était le mieux placé.
Légèrement encouragé par la main de Lily dans la sienne et les regards confiants de ses amis, il se porta finalement volontaire et gravit l'estrade le ventre noué, réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir dire pour être à la hauteur de ce que l'adolescente aurait méritée.
Arrivé devant l'Assemblée, il ne put s'empêcher de déglutir. Il s'était levé sans réfléchir et il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait dire. Il ne connaissait même pas particulièrement bien Lyméria. Mais cette conclusion fit germer dans sa tête une autre idée : il allait rendre un dernier hommage à la jeune fille à sa manière, en décrivant ce que lui avait eu l'occasion de voir d'elle, même si ce n'était qu'au sein de ces prisons sordides.
Et il en profita pour se rappeler intérieurement que Lyméria existerait toujours pour lui. Qu'il n'oublierait jamais complètement sa mort et qu'elle ne sortirait jamais de son cœur quand bien même ce serait finalement la moins importante des gens qu'il finirait sans aucun doute par avoir à pleurer lorsqu'il serait entré de manière active dans cette guerre. Il se promit toutefois à cet instant qu'étant encore de ceux qui vivaient pour l'heure, il pouvait faire en sorte que son souvenir ne meurt jamais complètement.
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Regulus aurait voulu être n'importe où ailleurs tant que ce n'était pas ici, dans le parc de ce grand château, à regarder une foule de gens qu'il ne connaissait que de nom pleurer Lyméria de tout leur cœur quand lui n'avait même pas su lui offrir le sien de son vivant. Il avait l'impression d'en vouloir à la terre entière. Pourtant, ça faisait déjà un peu plus de deux mois qu'il avait appris sa mort. Qu'il savait qu'elle ne reviendrait pas. Mais le savoir n'avait rien changé au fait que son cœur s'était arrêté la semaine précédente lorsque tous les élèves ayant été retenus prisonniers étaient revenus et qu'elle n'était pas parmi eux. Il s'était rendu compte à ce moment là qu'il était loin d'avoir réussi à réaliser que ce serait sans elle que sa vie continuerait dorénavant.
Actuellement, il était installé le plus loin possible de l'estrade sur laquelle les élèves se succédaient. Pourtant, même si il ne voyait pas cette dernière, il ne pouvait malheureusement empêcher les voix de parvenir jusqu'à ses oreilles. or l'adolescent ne voulait pas les écouter. Aucun d'entre eux. La seule chose qu'il voulait présentement, c'était se lever de cette chaise inconfortable entouré de ces gens qui affichaient tous des mines sombres et ne plus s'approcher de Poudlard. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec cette école sur laquelle il rejetait toute la responsabilité de Lyméria tout en étant parfaitement conscient que ça n'avait aucun sens.
Ça n'aurait tenu qu'à lui, le jeune homme ne serait certainement pas venu. D'ailleurs, il avait sérieusement envisagé de ne pas y aller : à quoi bon, son absence n'aurait de toutes façons rien changé. La seule chose qui avait fini par le convaincre avait été la pensée de Lyméria, qui si elle avait été là, l'aurait sûrement forcée à venir, argumentant qu'il ne devait pas rester seul. Et pour une fois, il avait décidé de suivre ses conseils, même si il ne savait que trop bien qu'il était désormais trop tard.
Si il devait être honnête avec lui même, l'adolescent devait même admettre qu'il ne regrettait pas totalement d'être venu. Il avait écouté avec attention le discours qu'avait fait le directeur à propos de la mort de Lyméria et devait admettre que ses mots avaient été bien choisis, ce qui n'enlevait rien au fait que la jeune fille n'aurait sûrement jamais voulu qu'un tel hommage lui soit rendue. Mais après tout il n'en savait rien, puisqu'elle était morte par sa faute sans jamais lui avoir parlé de tous ces détails.
Il y avait une infinité de choses dont il aurait aimé parler avec elle, une infinité de chose qu'il aurait voulu lui raconter et qu'il garderait désormais en lui pour l'éternité puisqu'elle était morte. Et que de son vivant, il n'avait jamais été capable de faire les bons choix. Il secoua la tête en réalisant qu'il se blâmait peut être plus lui même pour sa mort qu'il ne blâmait Poudlard. Si il avait su lui dire alors qu'elle était encore parmi eux à quel point il tenait à elle et à quel point elle comptait, peut être que tout aurait pu être différent. peut être que Lyméria ne se serait jamais aventurée seule dans les couloirs et n'aurait jamais été enlevée. peut être qu'elle aurait abdiqué et aurait rejoint les rangs de Voldemort afin de rester en vie pour lui parce qu'elle aurait su qu'il n'arrivait tout simplement pas à envisager sa vie sans elle. Mais ce qui aurait pu se passer n'avait aucune importance puisque présentement, l'adolescente était morte. Et les regrets n'avaient jamais fait revenir personne.
Regulus avait également écouté avec une grande attention le discours court mais puissant des jumeaux Zabini. Ils étaient peut être les seuls de ceux qui avaient parlés en l'honneur de Lyméria, à avoir réellement connu la jeune fille. A l'avoir connue de la même façon que Regulus la connaissait. A savoir qu'elle était toujours là, qu'elle faisait toujours de son mieux pour aider tout le monde autour d'elle quitte parfois à se perdre au passage. Avant elle, le jeune homme n'avait jamais été doué pour aimer les gens, leur montrer de l'affection ou même simplement qu'il tenait à eux. Elle avait été peut être la première personne à disposer de son entière confiance.
Et encore une fois, il ne pouvait s'empêcher de se répéter que c'était lui qui avait gâché tout ça. Il savait que la jeune fille l'aimait au delà de la simple amitié et avait cependant réduit tous ses espoirs à néants, et ce alors même que les sentiments étaient réciproques, simplement parce qu'il n'avait pas su comment agir. Ce qui n'avait pas du la surprendre puisque c'était Lyméria elle même qui lui avait appris qu'il avait une certaine tendance à se renfermer lorsque les chose échappaient à son contrôle, tendance qui pouvait vite s'avérer difficile à vivre.
Il dut retenir un rictus finalement ironique : la théorie de Lyméria sur son comportement s'était très vite vérifiée puisqu'il n'adressait plus un mot aux jumeaux Zabini depuis la mort de l'adolescente. Il n'avait pas l'impression d'avoir particulièrement cherché à les éviter mais savait que c'était ce qu'au moins Dyspan avait ressenti. Celui qui avait été son meilleur ami lui avait reproché un comportement égoïste et, du fait de leurs nerfs bouillant à tous les deux, ils en étaient très rapidement venus à se battre au beau milieu de la salle commune. Ce qui ne serait jamais arrivé si Lyméria avait été présente : mais sans elle, il était évident que l'adolescent était incapable de maintenir des liens avec qui que ce soit. Il se rappelait que c'était finalement l'intervention de Wystéria qui les avaient calmés tous les deux et même si il lui avait adressé un regard désolé en constatant qu'elle avait les larmes aux yeux, il n'avait plus adressé un seul mot aux jumeaux depuis ce jour.
De toutes façons ça n'avait pas vraiment d'importance : sans Lyméria, leur amitié n'aurait jamais pu se maintenir intact et l'adolescent ne le savait que trop bien.
Il commençait finalement à croire qu'enfin, cette cérémonie qui relevait de la torture pour lui ne se terminait lorsqu'à la surprise générale, et à la sienne aussi il fallait bien l'avouer, Potter se leva pour rendre hommage à Lyméria. Regulus ne savait pas si il la connaissait bien, si il lui avait même ne serait ce que déjà parlé. Et c'était terriblement idiot, mais il en voulait à Potter comme à tous les élèves qui étaient revenus des prisons des Mangemorts de justement en être revenus quand Lyméria elle n'avait pas eu cette chance alors qu'elle le méritait tant. Il savait que c'était égoïste comme façon de penser mais il s'en moquait : il était après tout un Serpentard et n'avait jamais signé nul part pour penser aux autres avant lui même.
Ce fut sans doute pour ça qu'il ne prêta même pas la moindre attention à Potter qui gravissait l'estrade et qui s'installait en face du micro. Il ne voulait pas entendre ce que le jeune homme avait à dire, même si il savait qu'il allait inévitablement l'entendre. Il ne voulait pas être là, il ne voulait voir tout ses visages marqués par la tristesse quand le sien restait de marbre et plus que tout, il ne voulait pas que Lyméria soit morte.
Malheureusement, si il y avait bien une chose que Regulus avait retenu de cette année maudite, c'était que l'on avait pas toujours ce que l'on voulait dans la vie. Et il était convaincu que cette phrase risquait de le suivre pour le restant de ces jours. Malgré le déni de l'adolescent qui s'efforçait de ne pas prêter attention à l'estrade, Potter ouvrit la bouche et commença d'un ton qui sonna trop simple aux oreilles de Regulus :
- Je ne connaissais pas bien Lyméria. Pour être honnête, avant d'être enfermé à côté d'elle dans les cellules de ces prisons sordides, je ne lui avait jamais adressé le moindre mot. je ne voyais même pas qui elle était avant son enlèvement. Après tout, elle était à Serpentard et j'ai toujours eu une stupide tendance à la méfiance envers les gens de cette maison.
Regulus constata qu'au moins l'adolescent se montrait honnête et n'essayait pas de dire qu'il avait réellement connu Lyméria. Il dut également se retenir de ne pas lever les yeux au ciel : si Potter savait tout ce qui se tramait à son encontre dans la Salle Commune des Serpentard, jamais il n'aurait dit que sa méfiance relevait simplement de la tendance. Toujours fut il que le Gryffondor reprit :
- Mais comme je l'ai dit, lorsque je me suis fait enlever par les Mangemorts, j'ai eu la chance, et je pèse mes mots de m'être retrouvé dans la cellule voisine à celle de Lyméria. Alors que je m'imaginait arriver en sauveur des troupes, la réalité m'a bien vite rattrapée et la solitude de ses prisons aussi. Elle a été la seule personne avec laquelle j'ai parlé pendant des jours et des jours.
Selon Regulus, même si il avait parfaitement conscience de ne pas être objectif, il était d'avis que Lyméria aurait du laisser un peu plus James à sa solitude ce qui ne lui aurait certainement pas fait de mal. Ce dernier reprit d'ailleurs son récit et raconta :
- Au début, elle m'a parlé des règles de l'endroit morbide dans lequel j'allais désormais devoir vivre. Puis nos conversations sont devenues plus régulières, plus quotidiennes, plus longues et plus intimes aussi. Je pense qu'on trouvait chacun un réconfort dans les mots et la présence de l'autre. Elle était piquante et n'était pas très optimiste mais sans elle, je serai probablement devenu fou. Elle a été mon seul soutien. Après ma première séance de torture, je ne me serais sans doute pas relevé si elle ne m'avait pas convaincue de la faire. Ce jour là, je me rappelle également qu'elle a fait preuve d'un courage incroyable en prenant l'initiative d'appeler les Mangemorts malgré les risques qu'elle encourrait pour sauver la vie de l'une d'entre nous.
L'assemblée fut parcourue d'un frisson général quand James aborda la notion de torture. Regulus n'était pas idiot et savait que les Mangemorts n'auraient eu aucune occasion de se priver. Il n'en aurait pas été dérangé en temps normal mais savoir que Lyméria avait peut être été victime de quoi que ce soit suffisait à lui soulever le cœur, et à lui donner envie de vomir.
- Je voyais bien qu'elle me dissimulait certaines choses. Poursuivit James dans un haussement d'épaule. Certains traumatismes que lui avait infligés les Mangemorts et dont elle ne parlait jamais. Je le voyais dans chacun de ses gestes à quel point elle se renfermait quand certains arrivaient dans la pièce, à quel point elle paraissait terrifiée mais s'efforçait malgré tout de rester forte.
Regulus eut une vision sordide et dut fermer les yeux pour la chasser de son esprit. Il ne supportait pas de savoir qu'ils avaient pu lui faire subir toutes sortes de choses dont il n'aurait jamais idée, dont il ne pourrait jamais se venger. Il se contenta donc de prendre une grande inspiration et se répéta mentalement de ne pas penser à tout ça, jusqu'à ce que l'idée ne finisse par s'imprimer définitivement dans son cerveau. Il rouvrit finalement les yeux, juste à temps pour voir Potter continuer son discours :
- Le jour où elle est morte, elle venait tout juste de me dévoiler la face romantique, sincère qui se cachait en elle. Elle venait de m'avouer à quel point elle était triste, à quel point elle aurait aimée être ailleurs que là bas, à quel point il lui restait tant de choses à vivre. Et puis Bellatrix l'a tuée. Ça vous semble peut être cruel dis de la sorte mais c'est ce qu'il s'est passé. Elle l'a tuée, sèchement, sans aucune hésitation, sans aucun regret, obéissant simplement à l'ordre sordide de Voldemort.
Regulus dut de nouveau réprimer un rictus nerveux : ce n'était pas une surprise que les Mangemorts n'avaient aucun scrupule que ce soit à tuer ou bien à ordonner la mort de quelqu'un. Il se reconcentra rapidement sur le discours de Potter qui poursuivait d'un ton qui, même aux oreilles du Serpentard, paraissait sincère :
- J'ai été dans le déni de cette mort jusqu'à mon évasion. Je m'efforçais de tenir le coup, de ne pas y songer. Mais lorsque nous avons enfin vu la lumière, la porte de sortie de ces souterrains, la réalité m'est revenue en pleine tête. J'était joyeux bien sûr mais aussi triste de penser qu'elle ne verrait plus jamais cette lumière. Je pense que le meilleur terme que je pourrais employer pour qualifier l'attitude de Lyméria serait brillante. Elle était courageuse, drôle et avant tout elle était humaine. Je me souviendrais toujours d'elle, ce ne sont pas des paroles en l'air et ce ne le seront jamais. J'ai vue cette fille à laquelle je me suis attaché résister au nom des valeurs en lesquelles elle croyait. Je l'ai vu mourir sous mes yeux et mes hurlements et mes protestations n'ont rien empêché. Je l'ai vu mourir le cœur encore emplie d'un amour qu'elle n'avait pas eu le temps de partager, d'une volonté d'apprendre et d'une soif de nouveauté qu'elle n'avait pas encore eu le temps d'assoupir. Lyméria était trop jeune, trop fragile, peut être aussi trop sincère et trop optimiste. Quelques heures avant de mourir, elle m'avait confié qu'elle avait trouvé une raison de rester en vie, de vouloir vivre le plus longtemps possible, et cette raison c'était l'amour. Ainsi, jamais je n'oublierai son regard lorsque le sortilège l'a frappé en pleine poitrine. Ses yeux verts brillaient d'un courage, d'une gratitude, et d'une force incroyable. Mais plus que tout, ses yeux ce jour là brillaient d'un amour inexprimable par les mots, d'une volonté de paix en laquelle elle n'a jamais cessée de croire.
Regulus ignora les battement de plus en plus rapides de son cœur et la nausée qui faisait rage à l'intérieur de lui. Il dut faire un effort sur lui même pour s convaincre que Potter n'était rien d'autre qu'un beau parleur et que son discours aussi touchant soit il n'avait rien de sincère. Il savait qu'il était dans le déni et que lui même ne pouvait nier la tristesse réelle qu'il percevait sur le visage du Gryffondor, mais même si c'était lâche, il trouvait cela bien plus facile de se convaincre du contraire. Contre toute attente, Potter reprit la parole pour terminer d'une voix moins vibrante d'émotion, plus moralisatrice :
- Les Mangemorts ont tués Lyméria simplement parce qu'elle était partisane de la paix et qu'elle refusait de se joindre à Lord Voldemort de quelques manières que ce soit. Alors à tous ceux qui prévoient dans un futur plus ou moins proche de rejoindre leurs rangs, ou tout ceux qui un jour se trouveront confrontés à ce choix : n'oubliez pas que ce sont des être monstrueux capable de tuer une adolescente innocente sans sourciller, simplement parce qu'elle ne pense pas comme eux. Souvenez vous que malgré le courage dont elle a fait preuve, elle n'en aurait pas moins voulu vivre. Et surtout, souvenez vous de Lyméria comme de celle qui a résistée si jamais vous êtes un jour confrontés au même choix.
Et James Potter termina là son discours sous l'œil médusé de Regulus qui, après avoir malgré lui été un peu touché par les émotions qu'il avait montré, se demandait maintenant si le jeune homme n'était pas un imbécile fini. Enfin bien sûr que c'était ce qu'il était mais tout de même, il l'aurait pensé ne serait ce qu'un peu plus intelligent. Potter espérait que son petit discours ait quel effet exactement ? Dissuader tous les futurs Mangemorts de l'école d'aller au bout de leur objectif ? Et bien si c'était le cas, il s'y prenait très mal ce qui n'était pas étonnant puisqu'il n'y connaissait rien.
Il parlait d'un choix sans avoir la moindre idée de la pression qui allait avec que ce soit pour Regulus comme pour des tas d'autres adolescents. . Et plus que tout, il parlait d'un choix sans avoir la moindre idée de ce que c'était d'avoir passé sa vie dans une famille où la haine des Nés Moldus et les bienfaits des Mangemorts étaient vantés en permanence. Il était plus qu'évident que la plupart des Serpentard qui avaient en tête de devenir Mangemorts ne prendraient pas le moins du monde James au sérieux. pas comme il parlait d'une façon typiquement Gryffondor, prétendant savoir où était le bien et vouloir aider chacun à s'y diriger.
Rompant finalement le silence troublant qui s'était installé, Regulus fit grincer sa chaise et se leva le premier, quittant la cour du château d'un pas ferme. Il sonnait ainsi la fin d'un hommage qui pour lui était loin d'avoir été à la hauteur de la personne grandiose à laquelle il était destiné.
****************
Sirius venait de voir son frère se lever dans un silence auparavant morbide, rapidement suivi par plusieurs élèves alors que la cérémonie organisée par Dumbledore prenait lentement fin. Sans réfléchir plus longtemps il poussa brusquement sa chaise à son tour. Il n'avait pas adressé le moindre mot à son cadet depuis que celui ci ne les avaient informés de la mort de Lyméria n'ayant pas réellement eu le temps, trop pris par l'espionnage de Roockwood.
Il avisa rapidement James qui se tenait auprès de Lily lui tenant la main en silence et lui adressa un simple signe de la tête indiquant qu'il allait régler quelque chose et qu'il le rejoindrait plus tard. Sans s'attarder davantage, l'adolescent traversa d'un pas rapide la cour du château, si dirigeant vers l'intérieur. Le parc était encore éclairé par un soleil brûlant et il devait être seulement aux alentours de dix sept heures. Si certains avaient semblés vouloir s'attarder après la cérémonie, Sirius ne regrettait pas d'être partie. Il n'avait jamais trop apprécié les rassemblements de tristesse de toutes façons.
Il continua son chemin et s'engouffra par la Grande Porte à l'intérieur de Poudlard. Il était pratiquement certain que son cadet se trouvait en haut de la Tour d'Astronomie, bien que le lieu soit en théorie interdit en dehors des horaires de cours. De toutes façons, ce n'était pas la première fois que son frère se rendait là bas : la carte permettait à Sirius d'établir qu'il s'y rendait à chaque fois qu'il paraissait avoir envie d'être seul, ce qui arrivait de façon relativement régulière.
Lorsqu'enfin il arriva en haut de la tour, il fut d'abord ébloui par la lumière frappante du soleil qui était particulièrement aveuglante à cette hauteur. Une fois qu'il se fut finalement habitué à la lumière, il plissa légèrement les yeux et put distinguer la silhouette de son cadet, dos à lui, assis sur les rebords de la Tour. Sirius songea évasivement que ce n'était peut être pas pour rien que l'accès à cette Tour était interdit, et que le nombre d'étudiants qui avaient du tenter de sauter d'ici devait être considérable. Il secoua la tête et se rapprocha de son frère se demandant si ce dernier était conscient de sa présence. Visiblement c'était le cas puisque, sans toutefois se retourner, Regulus prononça d'une voix à la fois remplie d'agressivité et de regret :
- Qu'est ce que tu fais là ?
Sirius ne put s'empêcher de sourire avec une amertume évidente tout en répondant tranquillement :
- Je voulais te voir. Depuis quand il me faut une raison précise pour avoir une conversation avec mon frère ?
Il insista volontairement sur les derniers mots, pouvant presque deviner que Regulus même si il était de dos, levait les yeux au ciel. Puis, toujours sans le regarder, son cadet interrogea :
- Comment tu as su que j'étais là ? Personne n'est sensé monter ici.
Sirius se retint de lui faire ironiquement remarquer que lui non plus n'avait théoriquement aucun droit d'être ici. Au lieu de ça, il haussa simplement les épaules et souffla :
- Intuition.
Enfin, Regulus sembla se décider à se retourner puisqu'il fit un mouvement rapide et se retrouva face à Sirius, dans une position de défi évidente. Or l'heure n'était ni aux défis, ni même à la provocation, quand bien même Sirius en mourrait d'envie, étant donné qu'il n'avait pratiquement jamais rien échangé d'autre avec son frère. Pour autant, il savait que ce n'était pas adapté à la journée sûrement éprouvant qu'avait du passer son frère et il n'était pas venu pour se disputer avec lui. Cependant, avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, son frère interrogea cette fois d'une voix nettement plus froide :
- Je répète : qu'est ce que tu fais ici ?
Sirius voyait bien que le cinquième année faisait de son mieux pour conserver un visage impassible et vide de toutes expressions, chose qu'il n'avait jamais réussit à suffisamment bien faire pour être capable de le berner. Il pouvait presque malgré la lumière du soleil distinguer les jointures de ses mains trembler, comme si elle s'efforçait de conserver une attitude maîtrisée ce qui était sûrement la cas. Finalement l'adolescent souffla simplement :
- Je suis désolé pour Lyméria.
Regulus parut pris de cours. Il le dévisagea quelques secondes puis eut une expression remplie d'amertume alors qu'il laissait échapper un ricanement acerbe en sifflant :
- Tu es désolé maintenant ? Ça fait trois mois que tu sais qu'elle est morte.
Sirius savait qu'il avait raison et qu'il aurait du venir le voir avant. Mais retrouver les élèves enlevés avaient occupés toute ses pensées durant les derniers mois. Sans compter que la dernière fois qu'ils s'étaient adressés la parole, leurs échanges n'avaient pas vraiment été cordiaux. Cependant il savait bien que ça n'excusait rien. Mais parce qu'il était trop fière pour l'admettre il se contenta de rétorquer d'une voix qui malgré lui se trouvait être légèrement agressive :
- Je te signale que ça fait aussi trois mois que tu prends un malin plaisir à esquiver tout le monde.
C'était aussi la vérité mais il savait qu'il aurait pu trouver mieux. Que son cadet ne cherche à l'éviter ne l'avait jamais empêché de venir le voir auparavant. Et ce dernier semblait en être conscient puis il eut de nouveau un sourire moqueur et qu'il siffla tout en haussant les épaules avec résignation :
- Te fous pas de moi. Tu as réussi à me trouver ici sans problème, si tu n'es pas venu me voir avant c'est parce que tu n'en avais pas envie. Ce qui de toutes façons ne devrait même plus me surprendre.
Sirius inspira. Il n'était pas venu pour que la discussion tourne en dispute même si il savait que c'était presque entièrement de sa faute si ça finissait généralement par être le cas. Pourtant il voulait vraiment l'éviter le plus possible, et pas seulement parce que c'était mieux d'avoir une discussion tranquille mais également parce qu'il présupposait que la journée de son cadet avait déjà été assez difficile comme ça et qu'il voulait simplement lui parler. Il secoua donc la tête et reprit d'une voix qu'il rendit plus tranquille :
- Peu importe ce n'était pas de ça que j'étais venu te parler.
- Étonnant, je ne l'aurais pas deviné. Ironisa son frère d'un ton grinçant.
Sirius ne releva pas : ça n'aurait mené nul part et il supposait qu'il pouvait avoir mérité un peu d'ironie. Il se contenta donc de dévisager Regulus avant d'interroger sans réfléchir :
- Qu'est ce que tu comptes faire maintenant qu'elle n'est plus là ?
Il regretta aussitôt d'avoir posé cette question. Ce n'était de toutes évidences pas la chose à dire. Le mépris et l'amertume qui jusqu'alors étaient visibles sur le visage de son cadet disparurent alors qu'il paraissait simplement surpris. Puis son expression changea de nouveau, devenant plus incertaine. Chose que Sirius pouvait aisément comprendre. En faisait un petit effort, il pouvait même deviner avec quels choix intérieurs se battait son cadet. Et de fait ce dernier ne tarda pas à répondre, visiblement sans pouvoir s'empêcher d'ajouter à sa voix déjà sur la défensive une note d'agressivité :
- Je ne sais pas.
Sirius hocha lentement la tête ne lui demandant pas de développer davantage. De toutes façons, il était certain que son frère ne l'aurait pas fait, ce qui ne l'aurait donc pas avancé. Contre toute attente, Regulus reprit une nouvelle fois la parole pour interroger cette fois d'une voix indéniablement agressive :
- C'était tout ce que tu voulais ?
Sirius fut pris de cours. C'était évident qu'il était venu parler à son frère dans un tout autre but mais étonnamment il n'arrivait plus à s'en souvenir exactement. Ou peut être qu'il ne voulait tout simplement pas l'exprimer. il ne put s'empêcher de passer sa main dans ses cheveux dans une imitation nerveuse de James puis souffla à demi voix en prenant sur lui :
- Non ce n'est pas tout. Je voulais aussi savoir comment tu allais ?
Cette fois, ça semblait véritablement être la phrase à ne pas dire et Sirius s'insulta mentalement en constatant que la colère paraissait revenir au galop sur le visage de son frère alors qui le toisait et répliquait dans un rire passablement nerveux :
- A merveille ça ne se voit pas ? Après tout Lyméria est morte, je n'ai plus aucun amis et je finirais sûrement par rejoindre les Mangemorts cet été et si ce n'est pas cet été ce sera indéniablement avant la fin de ma scolarité ? Honnêtement je ne vois pas ce qui pourrait aller mieux. Je pourrais tout aussi bien me jeter volontairement du haut de cette Tour maintenant que l'effet qui en résulterait serait le même.
Sirius revint évasivement à la pensée qu'il avait eu précédemment comme quoi c'était une bonne chose que la Tour d'Astronomie soit de manière générale interdite et se fit la réflexion silencieuse que le directeur aurait du prévoir de l'entourer de sortilèges de protections pour éviter de possibles incidents. Puis il revint à la réalité, bien conscient que son frère semblait attendre une réponse. Or, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait dire tant rien ne lui paraissait approprié. Finalement, il se contenta de souffler :
- Ne dis pas n'importe quoi.
Cette fois ci Regulus se mit à rire, d'une façon aussi nerveuse que pleine de colère puis il siffla :
- Va t'en !
Sirius savait qu'il aurait du protester et refuser. Mais de toutes évidence, il ne servait plus à rien de discuter parce que leurs dialogues ne pourraient mener à rien. Il ne savait pas pourquoi il avait espéré que cette fois serait différente : peut être parce qu'il était venu avec la ferme intention de s'enquérir simplement de l'état de son cadet suite à ces mois éprouvants. Mais il réalisait bien que du point de vue Regulus, il venait trop tard.
Plus en colère contre lui même que contre son frère de façon inexplicable, Sirius finit par tourner les talons. Alors qu'il s'éclipsait de la Tour d'Astronomie, il entendit de façon parfaitement audible les marmonnement remplis de haine de son frère à son égard. Il haussa les épaules pour lui même : son cadet venait probablement de vivre les mois les plus éprouvants de sa vie, et il n'avait pas tort, Sirius aurait du faire l'effort d'essayer d'aller le voir ne serait ce qu'une seule fois.
Dépité, l'adolescente se dirigea finalement d'un pas contrarié en direction de la Salle Commune des Gryffondor.
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