41 - Jusqu'à ce que l'aube se lève -
Coucou !
Alors voici l'un des chapitres voir peut être celui que j'étais le plus pressée de vous offrir. J'ai mit énormément de temps à l'écrire alors que paradoxalement c'est l'un des premiers que j'ai imaginé quand cette histoire n'était encore qu'un projet.
Il me semble que c'est le premier qui n'est écrit du point de vue que d'un seul personnage, même si je peux me tromper. Alors pour les gens qui ne sont pas fans de mes OC ( ce que je comprends parfaitement, ayant moi même du mal avec elles parfois ), je vous promets que ce sera certainement le seul, ou du moins le dernier. J'ai un peu honte en plus étant donné que c'est le chapitre le plus long jamais écrit pour cette histoire jusqu'à présent ( je suis désolée pour la longueur des chapitres, je ne le répéterais jamais assez ). Enfin bref, j'espère que ça ne vous désespèrera pas trop de le lire.
Je ne le répèterai jamais assez mais vos avis m'intéressent énormément. Surtout en ce qui concerne ce chapitre parce qu'il est important mais que je suis mitigée sur la façon dont je l'ait écrit. Alors n'hésitez pas à me faire part de tout ce qui peut potentiellement être constructif.
Et enfin, avant de vous laissez sur ce chapitre je tenais à vous dire qu'on approche doucement mais sûrement de la fin de la première partie de mon histoire, c'est à dire la fin de leur sixième année. J'espère avoir fini cette partie 1 avant Noël pour pouvoir débuter le tome 2 le plus rapidement possible.
Bonne lecture :)
Chapitre 41 : Jusqu'à ce que l'aube se lève
La première fois qu'il lui avait pris la main, ça avait été si bon que tout le reste avait disparu. Ça avait été meilleur que la somme de toutes les fois où elle avait eu mal.
Eleanor & Park
Maïlys discutait tranquillement avec Dorcas depuis maintenant une bonne vingtaine de minutes. Les deux adolescentes se trouvaient actuellement dans un des multiples couloirs de Poudlard. La Serdaigle était assise adossée nonchalamment en tailleur contre la fenêtre par laquelle perçait des rayons de soleils venant éclairer les deux jeunes filles. Maïlys pour sa part s'était également assise en tailleur juste en face et devait plisser les yeux régulièrement pour ne pas être aveuglée par le soleil du milieu d'après midi.
Dehors, le vent était probablement encore froid en ce mois d'avril, et les deux sorcières pouvaient distinguer les branches des arbres se soulever plus ou moins légèrement à la lueur du soleil. D'ici seulement quelques jours, les vacances de Pâques toucheraient à leur fin et Poudlard redeviendrait l'école vivante et animée que Maïlys aimait temps.
Ce n'était pourtant pas les premières vacances que cette dernière passait à Poudlard. Habituellement, elle trouvait les deux semaines de solitude forcée horriblement longues. Cette année, la présence de Sirius avec qui elle avait pratiquement passé tout son temps et celle de Dorcas malgré sa présence discrète avaient largement amélioré son ressenti. Pour être honnête, elle s'était sentie beaucoup moins déprimée et avait passé beaucoup moins de temps à resasser des idées noirs qu'en temps normal. Maïlys avait su cette fois apprécier ses vacances même si elle attendait toujours impatiemment le retour de ses amies.
- Je préfère quand on le surveille à deux. Fit soudainement remarquer Dorcas tout en se prélassant sous la douce lumière qui éclairait son dos. C'est bien moins ennuyant.
Les deux sorcières étaient en effet sensées surveiller Augustus Roockwood mais ce dernier n'avait pas quitté la bibliothèque depuis près d'une demie heure aussi étaient elles postées à l'entrée de la bibliothèque, attendant le plus discrètement possible que le Serdaigle n'en sorte. Elle jetait de temps à autres de petits coups d'œil furtifs à la porte lorsque celle ci s'ouvrait mais pour l'instant rien ne s'était passé et Roockwood n'avait pas quitté les lieux.
C'était la première fois qu'elles se retrouvaient uniquement toutes les deux. Habituellement, Sirius alternait surveillant parfois avec Maïlys et parfois avec Dorcas mais les deux adolescentes n'avaient pas encore eu l'occasion de suivre ensemble le Serdaigle. Seulement aujourd'hui, Sirius avait obtenu une autorisation de sortie exceptionnelle pour se rendre chez les Potter. Maïlys n'avait pas bien compris pourquoi McGonagall avait accepté en connaissant son règlement stricte et précis à propos des autorisations de sorties mais toujours était il qu'elle l'avait fait. Peut être avait elle été amadouée par le fait que Sirius s'y rendait principalement pour prendre de leurs nouvelles et discuter avec eux, qui n'avaient toujours aucunes nouvelles de leur fils. Sans compter que Maïlys avait vu durant les vacances de Noël la façon dont les parents Potter avaient tendance à percevoir Sirius comme un fils d'adoption, et que compte tenu de ce fait, l'autorisation de McGonagall n'était peut être pas si surprenante.
Toujours était il que les deux adolescentes se retrouvaient toutes seules pour la journée et pour rendre cette dernière moins ennuyeuse, avaient décidées d'un commun d'accord de surveiller ensemble le Serdaigle. Dorcas n'avait de toutes façons pas vraiment d'amis à Serdaigle et ne s'entendait que peu avec ses camarades qui s'arrêtaient rapidement à son aspect provocant. De même Maïlys, si elle intriguait et était relativement appréciée au sein de Gryffondor du fait de son amitié avec les filles, n'avait pas vraiment d'autres connaissances. Pour être exacte elle ne parlait à personne et préférait la compagnie de Dorcas au silence du dortoir vide de sa chambre.
- Je suis complètement d'accord. Approuva t-elle d'une petite voix.
Si le début de leur surveillance partagée avait été un peu gênante étant donné qu'elle ne se connaissait qu'assez peu au final, la façon dont Dorcas avait eu l'air à l'aise et pas le moins du monde intimidée avait eu tôt fait de rassurer Maïlys. Cette dernière laissa encore passer quelques minutes de silence pour demander justement d'une voix prudente :
- Sans compter que ça doit être particulièrement difficile pour toi de le surveiller seule. Je veux dire, il te connaît bien et ça ne doit pas être évident d'être discrète.
Dorcas grimaça légèrement et répondit :
- Non seulement ce n'est pas évident, mais c'est également compromis quand on sait qu'il a la ferme intention de se remettre avec moi. Dès qu'il arrive à me voir, il essaye de me convaincre que notre couple lui manque. C'est donc beaucoup mieux pour moi d'être discrète si je veux éviter qu'il ne me fasse des avances.
Maïlys hocha la tête troublée. La Serdaigle ne lui avait jamais dit que Roockwood n'acceptait pas leur rupture et essayait de se remettre avec elle. Elle se demanda furtivement si c'était réellement une bonne idée de la laisser le surveiller. Sentiment qui fut accentué lorsqu'après quelques secondes supplémentaire de silence, Dorcas marmonna de nouveau :
- Et crois moi c'est à contre cœur que je refuse d'accepter de reprendre. C'est ce qui rend les choses si difficiles.
Surprise, Maïlys écarquilla les yeux. Elle aurait pensé que la jeune fille n'aurait jamais ne serait ce qu'envisager l'idée de sortir avec quelqu'un qui portait la marque sur le poignet. Elle ne s'attendait pas à ce que Dorcas puisse encore ressentir la moindre attache pour lui après ce qu'il avait fait. D'un autre côté, ce n'était pas totalement surprenant : ça faisait presque deux ans qu'ils étaient ensembles. Ils avaient certainement eu des hauts et des bas mais cela ne devait pas empêcher la jeune fille d'être attachée à leur histoire. Cependant, Dorcas parut mal interpréter ses yeux écarquillés car elle se braqua légèrement et souffla sur la défensive d'une voix sarcastique:
- Tu croyais quoi exactement ? Que j'étais heureuse de ne plus être avec lui ? Ce n'est pas le cas. Pas du tout. Ça peut te paraître idiot et c'est sûrement le cas mais j'étais vraiment amoureuse de lui. Ce n'était pas un passe temps ou un autre gars de plus que je sautais comme semble le croire à peu près tout Poudlard.
Maïlys rougit légèrement : elle n'avait pas du tout voulue insinuer ça. Elle aimait bien Dorcas, malgré les rumeurs qu'elle avait pu entendre, et était convaincue que cette dernière était parfaitement libre de mener sa vie comme elle l'entendait. Elle comprenait même que la jeune fille ait pu aimer Roockwood même si elle savait qu'elle ne voudrait jamais d'un amour comme du leur. Elle avait simplement été surprise d'entendre qu'il était aujourd'hui encore difficile pour Dorcas de refuser de se remettre avec le Serdaigle après tout ce qu'il avait fait. Mais elle était bien loin de trouver ça incompréhensible.
- Je suis désolée. S'excusa t-elle les joues rouges. Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire et je comprends parfaitement que tu aies été amoureuse de lui. C'est simplement que j'avais stupidement imaginé que dès l'instant où tu te serais rendu compte de sa trahison, tes sentiments auraient disparus.
Dorcas parut s'adoucir et marmonna dans un haussement d'épaule en détournant légèrement le regard :
- Tu peux me croire j'aurais bien aimé que les choses se passent comme ça. Mais il faut croire que je ne suis pas encore assez forte pour me débarrasser de l'amour que je ressens pour lui. Et même si cet amour peut étonner, il a été la seule constance dans ma vie depuis près de deux ans.
Elle marqua un léger temps d'arrêt puis poursuivit :
- Seulement, je pense que même l'amour le plus intense peut avoir ses limites. Et je sais que d'un point de vue morale, je suis tout simplement incapable de rester ou de me remettre avec un garçon qui a rendu possible l'enlèvement de nombreux élèves dont ma propre petite sœur. Avec un garçon qui porte sur son poignet la marque des Ténèbres et dont l'ambition actuelle est sûrement de devenir Mangemort.
La Gryffondor opina du chef et souffla :
- C'est compréhensible. Et très courageux de ta part.
Elle le pensait vraiment. Dorcas proclamait haut et fort ses convictions et étaient prête à s'éloigner de l'homme qu'elle aimait parce que celui ci était désormais aux antipodes de son sens de la justice. Elle était convaincue qu'il fallait être courageuse pour être capable de refuser de se remettre avec quelqu'un qu'on aimait malgré les insistances de ce dernier, parce qu'au delà de ne pas être quelqu'un de bien pour nous, il n'était pas non plus quelqu'un de bien intérieurement.
- J'aimerais seulement que ce soit plus facile parfois. Soupira l'adolescente d'un ton légèrement amer. J'aimerais bien ne pas avoir l'impression de me planter moi même un couteau en plein cœur lorsque je refuse ses propositions malgré son insistance. Je sais qu'il m'aime et je l'aime mais ce n'est définitivement pas une bonne idée. Pour personne.
Maïlys ne trouva rien à répondre. Elle ne se rendait que trop compte à quel point l'amour qu'avait vécu Dorcas si il l'avait peut être rendu heureuse la faisait aujourd'hui énormément souffrir. Il était évident que la Serdaigle était blessée, même si elle faisait de son mieux pour ne pas le montrer, et que s'en remettre complètement lui prendrait du temps. Elle observa quelques secondes la silhouette de l'adolescente en face d'elle. Avec ses longs cheveux châtains, illuminés par le soleil, ses lèvres teintés d'un gloss pailleté et ses vêtement voyants et courts au possible, elle semblait à première vue être l'exemple même de la jeune fille pleine de confiance et joueuse. Mais il ne fallait pas être voyant pour réussir à deviner que toute cette mascarade s'apparentait plus à une façade qu'autre chose et qu'en dessous de tout ça, Dorcas souffrait vraiment de la situation actuelle. malgré son sarcasme et son ironie toujours présente.
L'adolescente se détourna justement et haussa les épaules en soufflant d'un ton cynique :
- Enfin je suppose que j'aurais au moins la satisfaction personnelle de ne pas avoir cédée aux avances d'un meurtrier quand tout cela sera terminé.
- Ce n'est pas encore un meurtrier. Protesta machinalement Maïlys sans vraiment réfléchir. Pas encore du moins.
Elle se disait que peut être, la Serdaigle aurait meilleur conscience de ne pas être sortie avec un vrai meurtrier. Mais cela sembla lui être complètement égale car elle répondit simplement :
- Qu'importe il ne va sûrement pas tarder à le devenir. Sans compter que pour moi, il a une grande part de responsabilité dans la mort de Lyméria, et dans toutes celles des élèves enlevés que nous ignorons encore.
Maïlys se crispa légèrement préférant ne même pas envisager la possibilité qu'il puisse y en avoir d'autres. Dorcas sembla s'en apercevoir car elle eut un petit sourire aussi moqueur qu'amer mais eut la délicatesse de ne rien dire.
Malgré elle, Maïlys ne pouvait s'empêcher d'admirer éperdument la jeune Serdaigle. Malgré son cynisme, elle faisait preuve d'une volonté et d'une détermination sans failles. Peu importe à quel point l'enlèvement de sa petite sœur devait la faire souffrir, elle avait réussie à se préparer et à s'attendre à sa possible mort. Sans compter qu'elle avait également, contre l'avis de son propre cœur, décidée de soupçonner puis d'incriminer un homme dont elle était sincèrement amoureuse. Peu importe ce qu'on pouvait dire de son comportement, tout ça démontrait un courage indiscutable.
Maïlys avait beau être à Gryffondor, elle savait qu'en ce qui la concernait, elle aurait probablement été incapable de voir les choses de la même façon que Dorcas. Si sa petite sœur avait été enlevée... Elle secoua rapidement la tête pour s'empêcher d'y réfléchir. La mort de sa sœur était une chose à laquelle elle n'avait jamais pu faire face et rien que pour ça, elle admirait le courage dont Dorcas faisait preuve depuis que la sienne avait été enlevée. Maïlys était plutôt du genre à s'enfermer dans le noir et à pleurer pendant des heures, persuadée que rien ne pourrait aller plus mal. Et généralement, les choses finissaient d'ailleurs par s'empirer contrairement à ses prédictions, avant de s'améliorer.
Le silence inconfortable qui s'était installé entre elle fut finalement rompue lorsque Maïlys interrogea d'une voix curieuse quoi que marquée par la prudence :
- Je ne sais pas vraiment si tu t'en souviens mais le jour où tu nous a tout raconté concernant la culpabilité de Roockwood, tu as également mentionné certains aspects de votre relation. Je sais que tu nous a expliqué que ce n'était pas inhabituel pour vous mais tu réussissais vraiment à l'aimer malgré tout ça ?
C'était une question sincère. Maïlys avait ressasser pendant des nuits ce que leur avait expliqué l'adolescente concernant le fait qu'elle et Augustus du temps où ils étaient ensembles se disputaient très fréquemment. Elle n'avait pas oubliés que Dorcas avait mentionné des coups plus ou moins fréquents. C'était peut être elle qui n'avait pas suffisamment d'expérience avec les relations humaines mais elle ne pouvait pas concevoir que ce genre d'amour ait réellement pu rendre heureuse la jeune fille.
Pour être honnête, elle n'arrivait même pas à concevoir qu'un amour puisse faire souffrir de la sorte. Elle était peut être naïve mais avait toujours cru à l'exemple d'amour parfait, sincère et attentionné que ses parents éprouvaient l'un pour l'autre de leur vivant. Elle n'arrivait pas à envisager la possibilité que les façons d'aimer puissent être différentes et qu'une relation probablement douloureuse et destructrice puiss être apparentée à de l'amour.
Dorcas parut d'abord méfiante, puis hésitante, et Maïlys crut qu'elle n'allait pas répondre. Après plusieurs minutes de silence, elle finit cependant par lâcher d'un ton assuré bien que légèrement distant :
- Je ne m'attends pas à ce que tu comprennes. Mais oui c'était de cette façon que je l'aimais. D'une façon nocive et explosive mais ça n'en restait pas moins de l'amour. Je ne te dis pas que ça me rendait heureuse et que je voulais que ça dure pour toujours. En fait ça me faisait énormément de mal la plupart du temps, et je sais qu'il en souffrait certainement aussi. Mais je ne pouvais juste pas concevoir d'y mettre un terme tant je l'aimais et j'avais besoin de lui.
Maïlys songea vaguement que Lily se serait sûrement empressée d'assurer que ce n'était pas sain. Elle elle n'aurait pas eu tort. Elle, étant plus prudente, se contenta d'interroger avec une sincère curiosité :
- Mais un amour qui te fait souffrir de la sorte, est ce que c'est vraiment de l'amour ?
Dorcas eut un ricanement léger et haussa les épaules en répondant :
- Je ne vais pas t'en mentir, je n'ai ai pas la moindre idée. A vrai dire, je ne me posais même pas la question. Tout ce que je savais, c'était à quel point notre attraction était forte. A quel point j'étais prête à tout pour lui. Je n'avais pas besoin de me poser plus de questions. Je pense que c'est d'ailleurs résister à cette attraction, à tout ce que nous partagions, qui a été le plus compliqué à abandonner. J'avais en permanence envie d'être avec lui, et ce même en sachant qu'il était un futur Mangemort et qu'il était responsable de l'enlèvement des élèves de l'école.
Maïlys n'était pas vraiment certaine de comprendre où la Serdaigle voulait en venir. Elle savait qu'elle même n'aurait jamais pu se satisfaire d'une relation comme celle ci, du moins elle ne le pensait pas possible. Elle interrogea donc tout en conservant don ton prudent :
- Mais comment as tu fait pour être capable de résister à cette attraction comme tu dis du jour ou lendemain ? Pour être capable de ne plus vouloir entendre parler de lui dès l'instant où tu as appris sa trahison et ce alors que tu l'aimais toujours ?
Dorcas eut de nouveau un rictus, cette fois infiniment plus amer. Puis, après avoir laissé passer quelques secondes de silence, visiblement hésitante, elle laissa tomber d'une voix à peine audible :
- Je n'en ai tout simplement pas été capable.
Elle marqua de nouveau une légère pause puis souffla sous le regard interrogateur, bien que méfiant, de Maïlys :
- Quand j'ai découvert qu'il était bien à l'origine des enlèvements et que je ne m'étais pas trompée je l'ai tout simplement quitté sans lui expliquer pourquoi. Je pensais qu'il ne méritais aucune explication. J'ai approfondi un petit peu mes recherches puis, étant donné que je me retrouvais bloquée et que je ne savais plus comment agir, je suis venue tout vous raconter.
Sn interlocutrice opina doucement du chef : elle savait déjà tout ça. Elle admettait de ne pas bien comprendre aujourd'hui encore les raisons qui avaient poussées Dorcas à venir leur parler à eux mais elle était convaincue que c'était peut être la meilleure décision que pouvait prendre la Serdaigle à ce moment là. Cette dernière détourna légèrement le regard, semblant se perdre dans la contemplation du mur en face d'elle puis laissa tomber d'une voix si faible que Maïlys fut aussitôt convaincue qu'elle espérait presque que personne, elle y compris, ne l'entende :
- Environ une semaine, peut être un peu plus, après vous avoir tout raconté, j'ai craqué. On a passé la nuit ensemble.
Maïlys avait beau être relativement prude, elle n'était pas idiote et avait parfaitement compris le sous entendu de Dorcas. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement malgré elle et la Serdaigle souffla d'une voix un brin honteuse qui lui ressemblait peu :
- C'était la toute dernière fois que c'est arrivé et dire que je n'en suis pas fière serait presque un euphémisme. Mais je n'ai tout simplement pas pu lui résister. C'est assez contradictoire quand on pense que moins d'une semaine auparavant, je vous informais de sa culpabilité n'est ce pas ?
La Gryffondor n'y connaissait pas vraiment grand chose en relation amoureuse mais elle était à peu près convaincue que ce n'était pas une histoire d'amour saine qu'avait entretenue les deux Serdaigle. Ils s'aimaient très probablement, et elle n'était personne pour remettre cela en cause, mais l'espèce de dépendance qu'il ressentait l'un envers l'autre n'avait rien de romantique à ses yeux. Dorcas haussa les épaules et poursuivit d'une voix toujours amère :
- Je me suis tellement détestée après ça que je me suis formellement interdite à moi même de recommencer. Je ne vous en ai pas parlé parce que j'ai beau vous apprécier et vous faire relativement confiance, c'est quelque chose dont j'ai toujours honte. Je ne sais même pas exactement pourquoi je t'en parle d'ailleurs. Toujours est il que j'aurais beau me répéter avec le plus de détermination possible que ce genre de chose ne se reproduira plus jamais, je ne serais totalement dupe. Si j'ai craqué une fois, je ne sais que trop bien que je peux encore craquer à tout moment.
C'était mot pour mot ce à quoi était de penser l'adolescente. Elle se demandait si la jeune fille pouvait de nouveau retomber dans les bras de son ancien petit ami, aussi malsaine que puisse être leur relation. Visiblement, Dorcas savait très bien que c'était une possibilité. Une fois de plus, Maïlys fut prise d'un doute : elle ne devrait peut être pas s'occuper de surveiller Roockwood ou du moins pas lorsqu'elle était seule.
D'un autre côté, ce n'était pas difficile de voir qu'au delà de tout ça, Dorcas était blessée. Ca se voyait à la lueur dans ses yeux lorsqu'elle parlait de lui, au sourire amer qui venait tordre sa bouche quand elle soufflait qu'elle ne voulait pas qu'un quelconque rapprochement avec lui ne se reproduise. Malgré leur manque d'intimité en temps normal, Maïlys pouvait assez facilement voir qu'elle s'était montrée sincère sur toute la ligne et rien que pour ça, elle était impressionnée. La Gryffondor souffla d'onc d'une voix légèrement incertaine, qu'elle espérait toutefois suffisamment réconfortante :
- Ça doit être terriblement compliqué. Mais Dorcas tu sais que tout n'est pas entièrement de ta faute ? Je veux dire tu l'aimes. Je suppose que c'est normal de ne pas toujours être capable de contrôler l'équilibre entre cet amour et la personne qu'il est vraiment, qui n'est définitivement pas quelqu'un de bien.
Dorcas eut un rictus et son regard alla se perdre par la fenêtre, sur les frémissements des arbres et la douce lueur du soleil dont était baignée la cour. Elles restèrent silencieuses plusieurs minutes, Maïlys ne savant pas vraiment quoi ajouter et Dorcas n'ayant visiblement plus envie de parler de tout ça. Lorsque la porte de la bibliothèque grinça, les deux adolescentes y jetèrent un même temps un regard furtif avec discrétion. Mais ce n'était pas Augustus Roockwood, simplement une Poufsouffle qui avait certainement achevée ses révisions du jour. Cependant, sans se concerter, elles purent toutes les deux distinguer le Serdaigle dans l'entrebâillement de la porte avant que celle ci ne se referme. Il était attablé non loin de l'entrée et paraissait plongé avec concentration dans un manuel à l'aspect impressionnant.
- Je suis désolée. Marmonna finalement Maïlys, décidant qu'il valait mieux combler le silence avant que celui ci ne s'éternise. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit de te poser toutes ces questions.
Dorcas eut un nouvel haussement d'épaule et répondit d'une voix à la fois moqueuse et légèrement sarcastique :
- Effectivement tu es plus introvertie habituellement. Enfin ce n'est pas grave. Je m'étais seulement dit qu'avec toi au moins j'aurais peut être la chance d'esquiver l'interrogatoire par lequel m'ont faîtes passés les Maraudeurs.
- Ils ont vraiment fait ça ? Demanda Maïlys surprise de ne pas en avoir entendue parler.
La Serdaigle hocha la tête avec un soupir qui cette fois paraissait cependant légèrement amusé. Elle leva les yeux au ciel et répondit d'une voix que Maïlys décela comme faussement agacée :
- Oui. Et à chacun leur tour. Ils m'ont envoyés Remus en premier : je suppose que c'est parce qu'il a plus de tact que Black, et que Pettigrew m'en veut encore de vous avoir indirectement incombé la responsabilité d'aller ou non tout révéler au directeur.
La jeune fille eut un demi sourire : effectivement ce n'était pas étonnant. Elle marmonna donc d'une voix mi amusée, mi gênée :
- Je ne savais pas qu'ils t'avaient déjà parlé de tout ça. Si j'avais su, je te promets que je n'aurais pas insisté.
Dorcas eut un mouvement évasif de la main et répondit :
- Je t'ai dit qu'ils m'en avaient parlés, je ne t'ai pas dit que je leur avait répondu. C'était avant que Remus nous parle de sa situation et je ne savais pas vraiment si je pouvais lui faire confiance alors je ne lui ait rien dit. En ce qui concerne Sirius qui est venu après, je ne lui ait pas non plus parlé de Roockwood. Ce n'est pas un problème de confiance, je suis simplement partie du principe qu'il savait déjà beaucoup de choses sur moi et que ce n'était pas nécessaire d'en rajouter une couche. Et je l'ai prévenu avant même qu'il n'essaye de ne pas m'envoyer Peter, ce qui n'aurait bien évidemment mené à rien même si je ne doute pas du fait qu'il est sûrement un garçon très gentil un temps normal. Toujours est il que tu es la première à laquelle je réponds.
Cela étonna singulièrement Maïlys : elle ne se connaissaient presque pas. D'un autre côté, ce n'était pas vraiment une surprise. Dorcas était le genre de personnes pouvant être comparée facilement à un puzzle. Elle semait des morceaux de son identité un peu partout, un peu à n'importe qui, laissant le soin aux gens de les déchiffrer et de les rassembler. Et quand enfin ils croyaient y parvenir, c'était pour s'apercevoir que de nouvelles pièces avaient été dispersées et que le puzzle était loin d'être complet.
- Je...eh bien merci. Répondit donc l'adolescente en bredouillant sans vraiment savoir que dire d'autre.
Dorcas eut cette fois un sourire, visiblement amusée par la gêne apparente de Maïlys et souffla d'un ton plus détendu, ayant visiblement clos le sujet de Roockwood pour cette fois du moins :
- Ne te fais pas de bile, je ne suis pas en train de te promettre une amitié pour la vie. Je te dis simplement que tu es la première à qui je parle de ça, mais ça ne veut strictement rien dire. Ce n'est pas pour autant que tu dois te sentir obligée de te livrer à moi en retour ou quelque chose de ce genre.
Maïlys eut à son tour un sourire, bien qu'un peu incertain. C'était peut être ridicule mais elle avait effectivement l'impression d'avoir désormais une sorte de lien plus évolué avec la Serdaigle. Elle secoua la tête pour chasser l'idée de son esprit : elle n'était déjà pas douée pour conserver des liens avec ses propres amis, elle n'allait pas essayer d'en créer de nouveau avec une personne de laquelle elle était si différente.
Le silence retomba finalement sur les deux adolescentes. Un silence qui se serait probablement éternisé si Dorcas n'avait pas demandée sur le ton de la conversation :
- Et donc, par simple curiosité puisque ce n'est pas drôle si je peux pas mener un interrogatoire à mon tour : tu as l'intention de demander à Sirius de sortir avec toi dans les prochains jours ou tu vas encore attendre ?
Maïlys prit aussitôt une teinte rouge vive et détourna le regard, n'était que trop consciente de sa facilité à rougir dans ce genre de situation. Formidable, la Serdaigle était maintenant également au courant. Comme si l'insistance régulière de ses amies ne suffisait pas. La plupart du temps, elle parvenait à esquiver le sujet ou à faire dévier la conversation. Mais il aurait été tout bonnement cruel de faire ici dévier la conversation de nouveau sur le sujet de Roockwood et Dorcas avait suffisamment donné en matière de révélation de ce qu'il lui semblait. Elle allait donc chercher à nier avec un sourire gêné lorsque son interlocutrice la devança et siffla avec un petit sourire moqueur :
- Tu sais je ne suis pas stupide. Ça ne sert à rien de nier quelque chose que je sais être vraie. Et puis ce n'est pas très compliqué à deviner : je pense qu'une bonne moitié du château à compris que tu étais amoureuse de lui.
Maïlys sentit ses joues rougirent davantage. Comment ça une bonne moitié du château ? Elle pensait pourtant être plus ou moins discrète étant donné que Sirius lui n'avait visiblement rien vu. Elle laissa passer quelques seconde, puis face au regard insistant de la Serdaigle, se contenta de souffler dans une maigre défense :
- Je ne sais même pas si je suis réellement amoureuse de lui, c'est tout de même étonnant qu'une bonne partie de l'école ne soit au courant.
Dorcas eut de nouveau un sourire moqueur et siffla tranquillement :
- Si. Tu le sais très bien et je pense que c'est principalement pour cette raison que tu n'arrives à berner personne.
- Non. Insista Maïlys incertaine, les joues toujours d'un rouge vif. Je ne sais pas si je suis amoureuse de lui pour la bonne raison que je ne connais rien des relations humaines. Je ne sais pas si tu as remarqué mais je suis probablement la fille la plus associable de Gryffondor.
- Tu l'étais peut être avant que tu ne te mettes à passer tes journées avec Sirius. Se moqua Dorcas avec une légère malice. Et si ce n'est que ça, moi qui suis une experte en relation humaine de tout genre, je peux d'ors et déjà t'affirmer que tu es amoureuse de lui.
Maïlys se mordilla nerveusement la lèvre inférieur. En réalité, elle ne mentait pas, ou du moins pas vraiment, quand elle affirmait qu'elle n'en savait rien. Elle savait que la compagnie de Sirius avait pour sûr une fâcheuse tendance à éveiller tout le romantisme qui dormait en elle. Elle avait bien conscience que ce n'était pas de l'amitié pure : pas quand elle avait envie de faire n'importe quoi pour lui plaire, qu'elle se sentait incapable de lui refuser quoi que ce soit. Pas quand les battements de son cœur s'intensifiaient à chaque fois qu'elle le dévisageait. Mais ce qu'elle ne savait pas en revanche c'était si il était vraiment possible de parler d'amour. Elle était attachée c'était une évidence mais espérait en son for intérieur qu'il ne s'agissait que d'un béguin, comme celui qu'elle avait eu pour lui lors de ses trois premières années. Quelque chose qui passerait et qui n'allait pas durer. Et une partie d'elle espérait d'ailleurs fermement que ce ne soit rien de plus qu'un béguin.
- Je ne sais pas. Insista t-elle en haussant les épaules d'une voix remplie de gêne. Je ne sais pas si on peut vraiment parler d'amour. Peut être que c'est simplement un béguin. Ou que je suis juste attiré par lui parce que c'est le garçon dont je suis la plus proche à l'heure actuelle.
Dorcas hocha négativement la tête un sourire désormais fermement amusé sur ses lèvres alors qu'elle répondait avec assurance :
- Juste attirée par lui c'est ce que je suis à titre de comparaison. Je le trouve très beau et je serais plus que ravie de passer une nuit avec lui. Quoi que ce serait peut être un peu bizarre. Mais enfin je ne voudrais jamais d'une relation avec lui. Or en ce qui te concerne, c'est évident que ce n'est pas ça.
Maïlys manqua de s'étouffer une nouvelle fois, peu habituée à côtoyer des personnes aussi franches que Dorcas. Sans compter que ce que la Serdaigle venait d'affirmer n'était pas une question, simplement un fait qu'elle énonçait. Et l'adolescente ne pouvait pas dire qu'elle avait tort puisqu'il lui apparaissait comme évident qu'elle était loin de vouloir seulement passer une nuit avec Sirius. Certes, elle avait terriblement envie de l'embrasser lorsqu'elle le voyait et se sentait indéniablement attirée par le fait qu'il était beau mais ce n'était pas que ça. Maïlys était une romantique dans l'âme et devait admettre qu'elle voulait plus. Dorcas avait raison, elle éprouvait bien plus qu'un simple béguin ou de l'attirance, même si elle n'était pas encore convaincue de pouvoir réellement parler d'amour. Mais elle ne voulait pas l'avouer à voix haute aussi se contenta d'elle de demander finalement d'une voix intriguée :
- Pourquoi tu ne tentes rien avec lui alors ? Je veux dire, si tu es attirée ? Tu peux avoir pratiquement tous les garçons que tu veux.
Dorcas eut cette fois l'air franchement amusée alors qu'elle répondait :
- Merci du compliment mais ce n'est pas tout à fait vrai. Enfin en grande partie je dois bien l'admettre. De la même façon que Sirius peut obtenir à peu près toutes les filles qu'il veut. Je pense que ce serait juste trop étrange, étant donné que je le connais depuis mal de temps même si je n'ai commencé à lui parler que cette année.
Elle marqua une légère pause puis poursuivit avec amusement :
- Sans compter que je suis peut être une fille volage mais je n'irais jamais jusqu'à passer la nuit avec un garçon dont je sais qu'une fille est amoureuse. Enfin, sauf si la fille en question est vraiment odieuse mais figure toi que ce n'est pas exactement on cas. Et puis, je veux bien admettre qu'il est beau mais je suis une Serdaigle. Je suis trop intelligente pour un crétin pareil. Et enfin dernière raison pour être tout à fait honnête, je préfère le style intello torturé
Maïlys avaient toujours les joues rougies mais ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel à la dernière phrase de Dorcas, ayant parfaitement compris où la Serdaigle voulait en venir. Après quelques secondes de silence elle répondit donc avec une gêne évidente :
- De un tu n'es pas exactement ce que j'appellerais une fille volage : tu es amoureuse du même garçon depuis près de deux ans. Mais merci pour le compliment sur le fait que je ne suis pas odieuse. Ensuite Sirius n'est pas un crétin. Enfin peut être un peu mais il reste dans le raisonnable. Et pour terminer...
Elle roula des yeux en soupirant :
- Je pense que tu es un peu trop optimiste. Ca m'étonnerait que Remus, même si tu apprécie son style ne te trouve à son goût. Pas que tu ne sois pas assez bien ou quelque chose du genre mais je pense qu'il préfère les filles disons... moins extravertie.
Dorcas eut de nouveau l'air franchement amusée alors qu'elle répliquait en haussant les épaules d'une voix légèrement ironique :
- Pour ton information personnelle, sache que presque tout Poudlard pense que je suis une fille volage. On ne peut malheureusement rien faire contre sa réputation que veux tu. Mais ça ne me dérange pas, je ne pense pas qu'être considérée comme une fille volage pour parler poliment puisse être perçue comme une insulte. Je pars du principe que sur ce sujet, je fais ce que je veux et ce que je pense moral. Ensuite je ne suis peut être pas encore au goût de Remus mais il me plaît assez je dois te l'avouer. Mais pour être honnête, il me plaît depuis qu'il nous a mit au courant de sa lycanthropie. Et je trouve à peu près tous les garçons de Poudlard attirants, voir certaines filles alors ça ne veut pas vraiment dire grand chose.
Maïlys ne releva pas le fait qu'il était évident que Dorcas mentait et qu'elle avait beau ne pas manquer de confiance en elle, le fait d'être considéré à tort comme une fille facile à obtenir lui laissait un gout amer dans la gorge. Elle eut simplement un petit sourire franchement amusé en l'entendant évoquer son attirance pour Remus étant intimement convaincue qu'il ne pourrait jamais rien y avoir entre eux. Elle ne voyait pas le jeune homme être du genre à accepter une relation ne ressemblant ne serait ce qu'un peu à celle que Dorcas avait eu avec Roockwood et il était encore trop évident que la jeune fille à l'inverse recherchait une nouvelle relation qui lui permettrait indirectement de se remémorer la sienne. Même si ce n'était bien évidemment pas une bonne chose pour autant.
- Tu trouvais James attirant alors ? Demanda t-elle avec une certaine curiosité. Je veux dire, il est indéniablement beau et si tu trouves la plupart des garçons de l'école attirant, tu as forcément du le remarquer ?
Dorcas eut une fois encore un sourire moqueur et répondit avec assurance d'une voix singulièrement amusée :
- Potter ? Non pas vraiment. Enfin si bien sûr qu'il était très beau et que je n'aurais peut être pas dit non si il m'avait proposé de passer une nuit avec lui. Ce garçon a un charisme monstrueux. Mais pour te dire la vérité, je n'ai jamais prit le temps de m'attarder sur lui parce que pour moi il était indubitablement associé à Evans. J'étais persuadée qu'ils allaient finir ensemble et un garçon en couple c'est tout de suite moins attirant, même pour moi.
Maïlys comprenait sans mal le raisonnement de Dorcas : elle n'était pas la seule, de loin, à avoir déjà tenue le même discours. Il était vrai que jusqu'alors toutes les petites amies que James avait eu avaient toutes sans exception finies par être jalouses de Lily quand bien même celle ci ne faisait que hurler sur l'adolescent et lui envoyer des gifles dans les meilleurs cas. C'était certainement du au fait que James passait son temps à ne rechercher que son attention à elle et à se moquer plus ou moins de ses autres petites amies.
Pour beaucoup ils étaient liés et ainsi cela avait rapidement découragé un bon nombre de garçons de s'approcher de Lily, au plus grand désespoir de cette dernière qui maudissait Potter d'influer sur sa vie de cette façon. Surtout que l'adolescente en ce qui la concernait avait toujours été très claire sur toute la ligne : jamais elle ne sortirait avec James. Sauf que lorsqu'elle affirmait ça d'une voix déterminée, James à l'autre bout du château avait tendance à raconter qu'il sortait déjà pratiquement ensemble ce qui prêtait facilement à confusion et avait une fâcheuse tendance à décourager leurs prétendants.
Dorcas ajouta finalement d'un ton indéniablement amusé :
- Et puis, pour être parfaitement honnête, j'ai longtemps considéré Potter comme un crétin fini. Je veux dire, comme quelqu'un qui était foncièrement mauvais malgré ce qu'il essayait de laisser paraître. Je n'ai changé d'avis que récemment, lorsqu'il m'a invité au Nouvel An chez lui alors que nous n'étions pas particulièrement proches. Alors de Potter et Evans, j'avais beaucoup plus tendance à être attirée par elle. Plus déterminée, moins niaise et plus juste. Je ne sais pas si on te l'as déjà dit mais ton amie beaucoup de charme.
Maïlys écarquilla les yeux, franchement surprise. Le fait que Dorcas soit également attirée par les filles n'avait rien d'étonnant en soi : ce n'était même pas une surprise pour Maïlys qui savait qu'elle avait déjà eu des expériences avec des personnes de tout les genres. Ce qui était en revanche plus surprenant, c'était sa facilité à aborder le sujet, comme si il n'y avait rien de particulièrement gênant. Bien évidemment, la Gryffondor n'était pas le moins du monde gênée par ça et trouvait les relations homosexuelles on ne peut plus normales. Mais c'était bien loin d'être le cas de tout le monde à Poudlard et les jugements par rapport à ça étaient encore très nombreux. Dans le monde sorcier comme dans le monde moldu, l'homosexualité commençait tout juste à être acceptée et restait tabou chez un nombre conséquent de personnes. C'était généralement quelque chose qu'on essayait de dissimuler, même au sein de Poudlard.
Mais elle aurait du s'y attendre : c'était Dorcas et celle ci n'avait aucun problème à s'affirmer haut et à fort et à se moquer plus ou moins du regard et des jugements des autres. Maïlys eut un petit sourire intérieure : elle ne pourrait décidemment jamais être comme la Serdaigle et ne pouvait s'empêcher de l'en admirer davantage.
- Non on ne me l'a jamais dit. Répondit elle simplement au final lorsqu'elle fut sortie de ses pensées.
Dorcas haussa les épaules et n'insista pas davantage, se contentant de balayer de la main sa remarque. Puis elle demanda d'une voix malicieuse à la Gryffondor :
- Et toi, tu as déjà été attirée par James ?
- Non. S'empressa de répondre l'adolescent en écarquillant les yeux une fois de plus. Je n'ai jamais été attirée par personne de toutes façons. Enfin jusqu'à maintenant. Et puis, je suis loin d'être assez proche de Potter.
Elle ne mentait pas. Elle avait eu un béguin pour Sirius pendant ses trois premières années et éprouvait indéniablement quelque chose pour lui aujourd'hui mais n'avait jamais porté de regard autre que sympathique sur un garçon ou sur qui que ce soit avant l'adolescent. Dorcas haussa les épaules et enchaîna avec malice :
- Très bien et Remus alors ? Tu as dit qu'il préférait sûrement les filles introverties, je pense qu'on ne peut pas faire mieux avec toi ?
Cette fois, les joues de l'adolescente s'empourprèrent singulièrement et elle protesta :
- Dorcas !
La jeune Meadowes éclata de rire visiblement amusée par la réaction prude de Maïlys. Puis elle eut un nouveau haussement d'épaule et prononça d'une voix narquoise :
- Je plaisantais. Remus tu me le laisses.
L'adolescente ne put s'empêcher de rire avec elle, franchement amusée par son insistance.
**
Maïlys ouvrit les yeux en sursaut : elle s'était à moitié assoupie sur un fauteuil de la Salle Commune de Gryffondor, près de la cheminée dans laquelle crépitait encore un léger feu, bien que presque éteint. Elle n'avait pas la moindre idée de l'heure mais visiblement il devait être tard puisque la salle commune était vide. Elle avait du être réveillée par un crépitement plus intense du feu l'espace de quelques secondes, ou par la position inconfortable dans laquelle elle se trouvait, assise sur son fauteuil.
Elle repensa vaguement à la journée qui s'était écoulée : elle avait laissée à contre cœur Dorcas surveiller Roockwood pour la nuit étant donné qu'ils faisaient partis de la même maison, ce qui rendait les choses plus simples pour elle. Après avoir passé la journée ensemble, les deux adolescentes s'étaient donc séparées et étaient retournées dans leurs Salles Communes respectives.
Maïlys avait passée quelques heures à réviser, puis avait finalement abandonnée. Elle avait hésitée à aller se coucher puis s'était décidée à attendre le retour de Sirius dans la Salle Commune qui à ce moment là était encore occupée par d'autres élèves. Elle ne savait pas à quelle heure le jeune homme était sensé revenir de son expédition chez les Potter aussi avait elle du finir par s'endormir malgré elle.
Mais désormais, vu le silence uniquement rompu par la cheminée qui régnait autour d'elle, Maïlys se fit la réflexion qu'il devait être plutôt tard. Hésitante, elle se demanda si il n'était pas rentré sans la voir ce qui était possible étant donné qu'elle se trouvait dos à l'entrée et que le fauteuil était à la fois plus grand et plus large qu'elle. Il avait du se rendre directement dans son dortoir en rentrant et n'avait pas aperçu la jeune fille. L'autre explication plausible était qu'il n'était pas encore rentré mais vu l'heure, si c'était le cas, elle était à peu près convaincue que McGonagall ne le laisserait pas dormir au château.
Elle décida finalement d'aller voir par elle même dans le dortoir des Maraudeurs. S'emmitouflant sous la fine couverture rouge qu'elle utilisait lorsqu'il faisait froid mais que les températures étaient plus douces qu'en hiver, et se leva le plus doucement possible. Puis elle se dirigea vers les escaliers menant au dortoir des garçons et prit soin de les gravir le splus discrètement possible pour ne pas réveiller les quelques élèves dormant également dans leurs dortoirs durant ces vacances.
Lorsqu'elle arriva finalement en haut des escaliers, elle se prit les pieds dans sa couverture et manqua de s'étaler de tout son long. Heureusement pour elle, elle parvint de justesse à se rattraper au mur et continua d'avancer. Une fois arrivée devant la porte du dortoir des Maraudeurs, elle frappa deux petits coups discrets et rapides. Elle attendit quelques secondes dans le plus grand silence mais n'obtint aucune réponse. Peut être qu'il dormait déjà même si elle trouvait ça plutôt étonnant.
Intriguée, elle se décida donc tout de même à ouvrir la porte par simple vérification. Cette dernière s'ouvrit dans un grincement qui la fit grimacer légèrement. Tant pis pour la discrétion. Elle jeta un coup d'œil par l'entrebâillement et aperçut la silhouette parfaitement reconnaissable de l'adolescent, occupé à ranger sa malle avec frénésie.
Elle dressa un sourcil surprise : à en juger par la lune qui était déjà haute dans le ciel, il devait être au moins deux heures du matin. Ce n'était pas franchement le moment de faire un nettoyage intégrale. Absorbé par son rangement, il ne l'avait de toutes évidences pas entendu entrer aussi se faufila t-elle par l'ouverture, en refermant la porte derrière elle par esprit de préservation. Si quelqu'un venait à la surprendre ici en pleine nuit, elle était bonne pour des railleries certaines jusqu'à la fin de l'année. Qu'importe, elle avait juste à ne pas se faire prendre et la discrétion était quelque chose qu'elle maîtrisait généralement plutôt bien.
Elle s'approcha donc à pas de loup de l'adolescent, qui toujours absorbé par son rangement lui tournait le dos et ne l'avait pas entendu. Elle commençait à se demander si elle devoir parler pour qu'il la remarque, alors qu'elle n'était plus qu'à quelques centimètre de lui, lorsqu'il se retourna dans un léger sursaut. Maïlys dut également retenir un sursaut, ayant été légèrement surprise elle aussi.
- Maïlys ? Interrogea l'adolescent en la voyant. Par Merlin mais ça ne vas pas de débarquer quelque part comme ça.
Il avait un léger sourire mais la jeune fille pouvait dire qu'il avait vraiment été surpris.
- Tu ne m'a pas entendue frapper ? Interrogea t-elle d'une petite voix tout en connaissant déjà la réponse évidente.
Il hocha négativement la tête tout en se redressant pour lui faire face. Heureusement, la lumière de la chambre était encore allumé, sinon il y avait fort à parier qu'elle aurait été singulièrement gênée. Sirius la contempla d'un regard intrigué l'air de toujours se demander ce qu'elle faisait dans son dortoir et l'adolescente rougit légèrement en lui répondant d'une voix mal à l'aise, se sentant un peu stupide :
- J'avais décidée de t'attendre dans la Salle Commune de Gryffondor. Mais je me suis endormie et quand je me suis réveillé, c'est à dire il doit y avoir dix minutes, il n'y avait plus personne. J'ai pensé que ce n'était pas normal que tu ne sois pas rentré et j'ai voulu venir vérifier, je ne sais pas trop pourquoi.
Sirius eut un sourire sincère et souffla :
- Tu n'étais pas obligée. Tu aurais pu aller dormir, je savais que je rentrerais tard.
- Mais tu ne m'avais pas prévenu. Marmonna l'adolescente en rougissant légèrement.
A vrai dire, elle se sentait maintenant un peu stupide d'avoir débarquée à sa chambre à une heure pareille. En revanche, lui avait l'air relativement détendu et souffla tranquillement :
- Je suppose que tu n'as plus vraiment sommeil ?
Les joues toujours rouges, la jeune sorcière hocha négativement la tête. Sirius haussa les épaules et lança d'une voix détachée :
- Tu n'as qu'à rester un peu ici. De toutes façons, je n'arrivais pas non plus à dormir.
- C'est pour ça que tu t'es lancé dans un grand rangement de malle nocturne ? Interrogea t-elle d'une petite voix.
Il eut un sourire amusé tout en s'asseyant sur le lit le plus proche, à savoir celui de Remus. Il l'invita d'un bref mouvement de tête à en faire de même et celle ci s'exécuta sans se départir de ses joues cramoisies.
- Exactement. Répondit il. Je cherchais quelque chose et comme Remus n'arrête pas de me répéter que je dois ranger cette malle, j'ai pensé que c'était le bon moment pour le faire.
Maïlys jeta un coup d'œil furtif au réveil de Peter un peu plus loin et marmonna d'une voix légèrement sceptique :
- A une heure du matin ?
- Que veux tu, je suis un garçon plein de surprise. Sourit Sirius en passant une main confiante dans ses cheveux, avec un petit clin d'œil à son attention.
Elle ne put s'empêcher de sentit des palpitations dans son ventre. Par Merlin mais qu'est ce qui avait bien donc pu lui passer par la tête de monter dans le dortoir des Maraudeurs à une heure pareille. C'était d'autant plus bien connu que la nuit et la fatigue faisaient faire et dire des choses stupides, que l'on finissait généralement par regretter une fois l'aube levée.
- C'était bien ? Finit elle par interroger pour rompre le silence. Je veux dire, chez les parents de James ?
Sirius haussa les épaules et son regard s'assombrit légèrement. Il parut hésiter quelques secondes puis répondit évasivement :
- Disons que c'était particulier.
- C'est à dire ? Insista d'une petite voix l'adolescente.
Elle ne voulait pas paraître trop curieuse mais elle avait déjà remarquée plusieurs fois qu'il avait une certaine tendance à ne pas développer ses phrases lorsque le sujet le perturbait ne serait ce qu'un peu. Il haussa finalement les épaules et répondit tranquillement :
- Et bien je suppose que c'était un peu étrange de me retrouver tout seul avec eux. Et je crois qu'ils auraient aimés que je reste plus longtemps. En fait je crois qu'ils auraient même aimés que je rentre pour les vacances de Pâques. Mais toujours est il qu'ils sont très optimistes quand au sort de James. Ils sont persuadés qu'il va revenir et que les Aurors vont rapidement le retrouver.
- Ce n'est pas franchement étonnant. Fit remarquer la jeune fille avec justesse. Je veux dire, son père lui même fait partie des Aurors. C'est plutôt normal qu'il mette tout en place pour que son fils puisse être retrouvé.
- Sa mère aussi était une Auror. Précisa Sirius. Elle a arrêté de travailler à peu près lorsque James est entré à Poudlard, trop consciente que ce métier lui prenait trop de temps et qu'elle négligeait sa vie de famille, enfin de ce qu'elle raconte. Si mon souvenir est bon, elle a d'ailleurs mis un terme à sa carrière d'Auror à peu près au moment où Fleamont à commencé la sienne.
- Après l'invention de sa potion pour les cheveux. Sourit légèrement Maïlys se remémorant ce que lui avait raconté le père de James durant les vacances de Noël sur cette fameuse potion qui avait faîtes toute sa renommée mais n'avait jamais réussi à donner une forme correcte aux cheveux de son propre fils.
- Exactement. Sourit Sirius qui avait du lui aussi entendre cette histoire plusieurs fois, tant Monsieur Potter semblait prendre plaisir à la raconter à n'importe qui.
- Est ce que Lily t'as écrit ? Interrogea finalement l'adolescente décidant de changer de sujet.
Son interlocuteur roula des yeux et soupira d'un ton légèrement agacé :
- Oui. Deux fois. Si tu veux mon avis, elle s'inquiète beaucoup pour pas grand chose.
Maïlys était à vrai dire plutôt d'accord avec lui. Lily s'était alarmée à la proposition d'Emily consistant à aller fouiller un manoir, elle ne savait plus exactement lequel, à l'intérieur duquel pouvaient être retenus les prisonniers. Si Maïlys était d'accord avec son amie et trouvait l'idée complètement déraisonnable, elle était convaincue que cette dernière en faisait trop. Elle lui avait envoyé près de cinq lettres pour lui dire de raisonner Emily si elle y parvenait et de ne surtout pas l'encourager dans son plan. Elle avait visiblement rédigé le même genre de lettres pour Sirius et elle savait par Alice que cette dernière en avait reçue trois également. Du point de vue de Maïlys, si personne n'acceptait son idée, il était évident qu'Emily ne tenterait rien.
- Elle s'inquiète. Souffla tout de même l'adolescente par souci de défendre son amie. Je pense qu'elle a peur qu'on ne se laisse tous tenter par l'idée saugrenue d'Emily.
Peur qui, malgré tout, n'était pas si injustifiée que ça. Dorcas comme Sirius avaient eu l'air relativement séduits par la proposition au début.
- Elle ne devrait pas. Souffla t-il tranquillement. Nous ne sommes pas des idiots complètement dépourvus de capacités intellectuelles.
La mine légèrement sceptique qu'arbora involontairement Maïlys le fit rire quelques secondes plus tard. En réalité, l'adolescente n'avait affiché cet air douteux que pour la simple raison qu'elle n'était pas convaincue de la véracité des paroles de l'adolescent. Avant de recevoir les lettres de prévention de Lily, Sirius avait même eut l'air de trouver l'idée d'Emily particulièrement intelligente. Sans compter que même si il était évident qu'il n'était pas idiot, il avait une certaine tendance à être excessivement téméraire aussi la jeune fille se méfiait elle un peu.
- Je ne voulais pas dire que je doute de tes capacités intellectuelles. Marmonna t-elle en maudissant la capacité que ses joues avaient à rougir si facilement. Juste que je pense que l'inquiétude de Lily est peut être légitime.
Sirius parut amusé par sa gêne évidente et haussa finalement les épaules en lançant :
- Peut être. Enfin, elle aurait tout de même pu rajouter un simple " bonjour " au début de sa lettre. Elle est relativement avare en formule de politesse.
- Ça c'est uniquement à cause de ta dispute de l'autre jour avec Rogue. Rectifia Maïlys avec un léger sourire. Elle s'est montrée parfaitement attentionnée et polie avec moi.
Sirius marmonna quelques mots faisant mine d'être vexé mais retrouva rapidement son sourire pour interroger :
- Et toi alors ta journée avec Dorcas ? Elle n'a pas été trop insupportable ?
Maïlys eut une seconde imperceptible d'hésitation, repensant au moment où la Serdaigle l'avait interrogée sur ce qu'elle ressentait pour Sirius, mais se reprit bien vite et affirma :
- Pas du tout. Elle est très gentille.
- J'ai du mal à associer " gentille " et " Dorcas " dans une même phrase. Se moqua légèrement le jeune homme avec un sourire narquois. Tu es sûre qu'on parle bien de la même personne ?
- Arrête. Souffla Maïlys d'une petite voix bien qu'amusée elle aussi. Je sais que tu l'apprécie.
- Je n'ai jamais dit le contraire mais ce n'est pas pour autant qu'elle est gentille. En fait je crois qu'elle même détesterait être qualifiée par ce mot. Fit remarquer l'adolescent toujours en souriant.
Elle devait admettre qu'il n'avait pas tort. Gentille n'était pas le premier mot qui lui serait venu en tête pour qualifier la Serdaigle si elle avait du être honnête. Impressionnante, courageuse et franche oui mais gentille, c'était une autre histoire.
- Pourtant c'est un compliment. Fit elle valoir de sa voix naturellement intimidée, en haussant les épaules. Je veux dire, être gentille c'est une bonne chose.
- Une bonne chose qui ne s'applique pas à tout le monde voilà tout. Sourit simplement Sirius en secouant la tête. Toi tu es gentille, c'est une évidence. Dorcas a beau être formidable, elle n'est certainement pas gentille. Tout comme Evans d'ailleurs.
- Eh. Protesta doucement Maïlys. Lily est la fille la plus gentille que je connaisse. Simplement elle ne te montre pas cet aspect d'elle.
- Peut être bien. Souffla l'adolescent l'air peu convaincu.
Maïlys ajouta tout de même, le cœur battant légèrement plus vite :
- Enfin, merci d'avoir dit que j'étais gentille.
L'adolescent eut l'air amusé sans pour autant être moqueur et lança avec un petit sourire en coin :
- J'aurais difficilement pu dire le contraire.
Ce n'était pas grand chose mais étonnamment, le cœur de l'adolescente s'emballa de plus belle. Il la trouvait gentille. Certes ce n'était pas vraiment une surprise compte tenu du fait qu'elle essayait de ne jamais critiquer personne mais l'entendre dire restait très agréable. Surtout venant de lui. Cependant, la sensation retomba bien vite lorsqu'elle se rendit compte de ce que cela pouvait vouloir signifier. peut être qu'il la trouvait gentille comme on appréciait une bonne amie. Ou peut être qu'il préférait les filles comme Dorcas, plus extravertie et déterminée. Intérieurement, elle était à moitié convaincue que c'était le cas, même si elle refusait de se l'admettre, se berçant sans doute de faux espoirs. Par Merlin, Lily avait raison elle allait rapidement devoir faire une croix sur ce sentiment quel qu'il soit.
Il lui souriait toujours et elle sentit malgré elle son estomac papillonner. Comment était elle sensée le sortir de son esprit lorsqu'il la regardait de la sorte ? Elle était d'ailleurs à moitié convaincue également qu'il était plus que conscient de l'effet qu'il avait sur elle, même si il s'efforçait de ne pas le laisser paraître, et qu'il s'amusait par conséquent beaucoup. Elle jeta un furtif coup d'œil au réveil de Peter et s'aperçut avec surprise qu'il était déjà un peu plus de deux heures du matin. Ils avaient vraiment passés près d'une heure à discuter ?
- Je devrais peut être rentrer. Fit elle remarquer d'une petite voix.
Sirius dressa un sourcil ironique et interrogea l'air singulièrement amusé :
- Rentrer où exactement ? Parce que si mon souvenir est bon, tu es sensé passer la nuit dans l'école toi aussi.
Maïlys devint une nouvelle fois cramoisie et bredouilla d'une voix incertaine :
- Rentrer dans mon dortoir. Parce que c'est là bas que je suis sensée passer la nuit. Et je dois être levée à huit heures demain matin pour surveiller Roockwood.
Sirius, qui avait visiblement oublié ce détail eut l'air légèrement agacé et souffla :
- Pourquoi faut il que ce Serdaigle ne se lève si tôt, même pendant les vacances ? Quand on l'aura définitivement coincé, je lui apprendrais que le sommeil, c'est sacré.
Maïlys songea avec un certain amusement que c'était plutôt ironique de sa part. Elle était certaine que le nombre d'heure qu'il passait à véritablement dormir la nuit se comptait sur les doigts d'une main. Très facilement.
- Enfin peu importe. Souffla t-il en souriant ce qui ne manqua pas de faire palpiter le cœur de l'adolescente. Je prendrais ta place demain matin si tu préfères.
- Mais non. protesta t-elle d'une petite voix. Tu ne vas pas le surveiller et le matin, et l'après midi.
- Je t'assure que ça m'est égal. Assura t-il en haussant les épaules. Ce n'est pas comme si j'était franchement occupé pendant ces vacances et j'ai entendu dire qu'il ferait trop mauvais demain pour tenter d'aller faire du Quidditch.
Maïlys grimaça : elle avait toujours quelques bleus qui témoignaient de son essai peu concluant du sport favori des sorciers. Elle s'avoua donc facilement convaincue et convînt avec l'adolescent qu'il irait donc le surveiller demain matin. Elle se sentait un peu mal à l'aise mais d'un autre côté, ce n'était peut être pas plus mal. C'était les premières vacances que Sirius passaient à Poudlard et plus il pouvait trouver matière à s'occuper, mieux c'était. Sans compter que la plupart du temps, lorsqu'il ne surveillait pas Roockwood, il semblait prendre un malin plaisir à faire tourner en furie leur directrice de maison qui ne pouvait tout simplement plus le croiser sans lui jeter un regard furieux d'avertissement, comme pour le prévenir de ne pas lui adresser la parole. Oui, il valait définitivement mieux qu'il ne surveille le Serdaigle plutôt que de le laisser s'ennuyer ce qui pouvait rapidement devenir dangereux. Pour les autres.
Elle réprima toutefois un léger bâillement. Elle commençait à être réellement fatiguée et sentait venir le moment de retourner dans son dortoir. Sirius eut un sourire et parut sauter sur l'occasion car il proposa d'un ton innocent :
- Tu n'es pas obligé de retourner dormir dans ton dortoir. Tu peux rester ici pour cette nuit.
La respiration de Maïlys se bloqua. Elle savait, au vu du sourire légèrement narquois qu'il affichait, qu'il le faisait exprès pour la rendre mal à l'aise. Elle ne savait même pas si c'était une vrai proposition. Toujours était il que ça marchait. Elle pouvait presque sentir ses joues la brûler tant elles devaient être rougies. Elle essaya de ne pas se concentrer sur tout ce que sa proposition pouvait sous entendre : si ça se trouve, elle était en train de se faire des films et il lui proposait ça simplement en toute amitié. Mais même elle n'était pas convaincue par cette hypothèse.
- Je ne vais tout de même pas dormir là. Protesta t-elle d'une voix timide, bien que peu convaincue.
Sirius haussa les épaules tranquillement et insista :
- Pourquoi pas ? Ne me dis pas que tu apprécie particulièrement de dormir toute seule dans ton dortoir.
Là dessus il avait raison : la jeune fille détestait ça. Elle ne supportait pas de s'endormir dans le silence triste, sans les respirations et les chuchotements de ses amies autour d'elle. Peut être que c'était pareil en ce qui le concernait et que c'était pour cette raison qu'il lui proposait de rester. Elle secoua rapidement la tête, refoulant bien vite cette hypothèse : Sirius était apprécié d'à peu près tout le monde. Si il n'avait pas voulu être seul, il aurait pu aller s'incruster dans n'importe quel dortoir ou presque.
- Pas vraiment mais ce serait bizarre. Marmonna t-elle dans un souffle.
Le sourire de son interlocuteur s'agrandit alors qu'il interrogeait d'un ton amusé :
- Bizarre pourquoi ?
Cette fois ci, elle baissa les yeux et essaya de cacher de son mieux ses joues empourprés à l'aide de ses cheveux tout en marmonnant qu'elle ne savait pas. Le jeune homme eut l'air encore plus rieur et lança donc d'un ton concluant :
- Alors si tout va bien, pourquoi ne resterais tu pas ici pour la nuit ?
A vrai dire Maïlys ne savait pas. Ou peut être que si. Elle était bien consciente qu'elle éprouvait plus que de l'amitié pour lui. Et elle était à la fois terriblement angoissée qu'il puisse se passer quelque chose entre eux et également inquiète à l'idée qu'à l'inverse, il ne se passe rien. C'était définitivement une mauvaise idée de dormir ici : si elle acceptait et qu'il ne tentait absolument rien ne serait ce que pour l'embrasser, elle comprendrait facilement qu'il n'était pas intéressé ce qui ne manquerait pas de la rendre triste. Elle n'était pas idiote et savait bien que Sirius, étant ce qu'il était, ne pouvait dormir de façon platonique avec une fille que dans l'optique ou celle ci ne l'intéresserait pas le moins du monde. D'un autre côté, si elle acceptait de rester et qu'à l'inverse il l'embrassait ou quelque chose du type, elle serait probablement infiniment heureuse sur le coup. Mais elle n'oubliait pas qu'il était deux heures du matin et que la plupart des aventures de l'adolescent se finissaient lorsque l'aube se levait. Elle ne voulait pas de ça non plus.
- Non. Marmonna t-elle toujours d'une voix emplie de gêne. Je t'assure que je pense que je serais mieux dans mon dortoir.
Sirius eut une fois de plus un sourire. Visiblement, elle n'avait pas été convaincante pour deux sous.
- Comme tu voudras. Répondit il en haussant les épaules. Je peux te raccompagner jusqu'à ton dortoir ?
Sans savoir si elle devait être déçue ou soulagée, l'adolescente opina simplement du chef, les joues toujours rouges et l'air toujours hésitante. Ils se levèrent donc d'un même mouvement, le plus discrètement possible, du lit de Remus et sortirent du dortoir des adolescents sur la pointe des pieds.
Maïlys se sentit immédiatement mieux à l'extérieur. Elle avait l'étrange impression que l'air était plus respirable. Peut être que c'était du au fait que la pièce lui avait parue incroyablement petite lorsque l'adolescent lui avait demandé si elle voulait rester dormir avec lui. Elle n'arrivait d'ailleurs toujours pas à croire que c'était réellement arrivé, et encore moins qu'elle avait hésitée à accepter.
Ils descendirent ensemble les escaliers le plus discrètement possible et continuèrent d'avancer lorsqu'ils furent arrivés dans la Salle Commune, en direction de l'escalier menant au dortoir des filles. Ils grimpèrent ce dernier toujours silencieusement, ou du moins ils essayèrent car à peine furent ils arrivés au milieu des marches que celle ci disparurent, transforma l'escalier en un toboggan.
Automatiquement, Maïlys qui était légèrement devant glissa en entraînant l'adolescent dans sa chute. Ils se retrouvèrent bientôt tout les deux d'un bout à l'autre du sol de la Salle Commune. Ils échangèrent un rapide regard silencieux puis ils éclatèrent de rire en même temps. La jeune fille devait admettre que la position du jeune homme était particulièrement ridicule, et sentait bien que sa propre coiffure, le toboggan ayant ébouriffé ses cheveux, l'était tout autant. Sirius fut le premier à se relever et lui tendit une main salvatrice pour l'aider à faire de même.
Sans réfléchir davantage, Maïlys s'en empara tout en essayant de réprimer le frisson qui s'empara d'elle lorsque leurs mains se touchèrent. Elle pouvait presque dire que les extrémités de leurs doigts étaient alimentés par un courant électrique tant elle se sentit trembler. Heureusement, Sirius ne sembla pas s'en apercevoir ou alors ne le fit pas remarquer et se contenta de lorgner l'escalier en grimaçant :
- Je ne peux pas monter.
Ils avaient effectivement complètement oubliés le sortilège interdisant aux garçons l'accès au dortoir des filles, règle que Maïlys trouvait pour sa part franchement rassurante malgré l'indignité de certains. Avec un sourire aussi timide qu'amusé, la jeune fille suggéra d'une petite voix :
- Tu es sûr de toi ? Tu ne veux pas réessayer ?
Sirius parut amusé par l'ironie perceptible dans sa voix ce qui fit sourire l'adolescente. Elle n'était pourtant pas une adepte de l'ironie en temps normal mais supposait que ça devait être l'heure tardive. Il lorgna de nouveau les escaliers alors que Maïlys se demandait si il allait prendre sa proposition au sérieux. Bien évidemment, ce fut ce qu'il fit et, sans lâcher sa main, l'entraîna à sa suite dans les marches.
De nouveau, ils glissèrent dans une position des plus inconfortables et ridicule. Maïlys repartit dans des éclats de rire silencieux et attrapa une nouvelle fois la main qu'il lui tendit pour la relever. L'adolescent eut un sourire insolent et lui chuchota du ton le plus innocent qu'il possédait sûrement en réserve, toujours en agrippant sa main :
- Puisque les escaliers ne veulent pas nous laisser passer, on peut toujours dormir ici, sur un canapé.
Maïlys sentit une nouvelle fois son cœur s'accélérer. Pour autant, elle ne sut pas vraiment quoi répondre et opta donc pour un timide :
- Mais moi je peux encore monter. C'est seulement aux garçons que l'accès est interdit.
Le sourire de l'adolescent s'agrandit alors qu'il demandait, en pressant un peu plus fort sa main :
- Et je te le redemande, tu as vraiment envie de passer une nuit toute seule dans ton dortoir ?
Maïlys ne savait pas ce qui avait exactement changé par rapport à tout à l'heure dans le dortoir des Maraudeurs. C'était peut être le fait qu'il tenait toujours sa main et que son cœur battait tellement fort qu'elle était presque convaincue qu'il pouvait entendre distinctement ses battements. Sans compter que le cadre chaleureux de la Salle Commune lui paraissait bien moins intimidant et étouffant que le dortoir des Maraudeurs.
- Pas vraiment. Souffla t-elle d'une petite voix, les jambes légèrement tremblantes.
Elle avait l'impression que tout son corps tremblait et ne s'était jamais sentie incertaine. Surtout compte tenu du fait que l'adolescent la regardait d'une façon un peu trop intense pour n'être qu'amicale, ce à quoi elle s'efforça de ne pas répondre.
- Alors dormons sur le canapé. S'exclama Sirius dans un chuchotement.
Elle retint un frisson. Par Merlin il n'avait toujours pas lâché sa main. Et venait elle vraiment d'accepter de dormir avec lui sur un canapé au beau milieu de la Salle Commune ? Lily allait la tuer. D'un autre côté, le fait de se trouver dans la Salle Commune la rassurait considérablement. Il y avait certaines choses que l'adolescente ne se sentait tout simplement pas prête à faire et le fait de ne pas se trouver dans l'intimité du dortoir des Maraudeurs lui assurait au moins cette sécurité.
Paraissant se rendre compte de sa gêne évidente, le jeune homme prit finalement les devants, ce qui n'avait rien d'étonnant, et l'entraîna à sa suite sans lâcher sa main, en direction du canapé le plus proche possible de la cheminée, non loin du fauteuil sur lequel l'adolescente s'était endormie quelques heures plus tôt.
Visiblement, la galanterie était cependant un mot qu'il ne connaissait pas car il s'installa sans la moindre gêne en premier sur toute la longueur du canapé. Puis il eut un sourire narquois et lança avec un petit sourire moqueur :
- Voilà ! Je suis prêt à dormir.
- Pour la galanterie, on repasser. Signala timidement l'adolescente. Et je te ferais remarquer que tu prends toute la place. Enfin peu importe, je pense que je vais aller me rendormir sur le fauteuil.
Sirius eut un sourire entendu et la ceintura par la taille la faisant basculer en arrière sur le canapé. Sans qu'elle ne comprenne vraiment comment, Maïlys se retrouva allongée contre lui. Elle crut qu'elle allait arrêter de respirer tant ils étaient proches. Cette fois ci, c'était certain, il devait entendre les battements de son cœur qui s'intensifiaient. L'adolescente n'avait jamais dormie lovée de la sorte contre quelqu'un, pas même avec ses amies. Sa tête étant calée sur son torse, elle pouvait entendre les respirations légères qu'il prenait ce qui lui rajouta inexplicablement des papillons à l'estomac. C'était stupide : tout le monde respirait et ça n'avait rien de romantique. Ou peut être que c'était simplement parce que c'était sa respiration à lui.
- L'avantage d'être petite. Conclut il avec un sourire narquois. C'est que tu peux te servir de mes muscles comme oreiller.
C'était légèrement vrai. Du fait de sa petite taille, elle ne voyait que sa mâchoire dans cette position et reposait presque entièrement sur son torse. Cependant elle se hissa légèrement de sorte à ce que leur tête se retrouve à la même hauteur, manquant au passage de basculer en arrière et de tomber sur le sol, ce qu'elle aurait sans doute fait si il ne l'avait pas retenue.
- Merci. Souffla t-elle les joues rouges. Et pour ton information, je suis dans la norme en ce qui concerne ma taille.
C'était vrai : elle était certes bien plus petite que lui qui devait frôler le mètre quatre vingt mais elle ne pouvait pas non plus être réellement considérée comme petite. Pas comme Emily qui devait tout juste atteindre un mètre cinquante cinq. Mais cela semblait lui être égale car il se contenta de hausser les épaules. En l'observant, Maïlys se rendit compte de certains détails qu'elle n'avait jamais remarquée avant d'être à ce point proche de lui. Comme par exemple qu'il possédait des yeux gris absolument incroyable. Elle ne savait même pas qu'une telle couleur pouvait exister.
- Tu savais que Dorcas te trouvais attirant ? Interrogea t-elle d'une petite voix distraite, tout en contemplant ses yeux.
Elle eut aussitôt envie de se frapper. Qu'est ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour qu'elle ne se lance sur un terrain de discussion aussi dangereux. A l'heure actuelle, elle ne savait toujours pas si ils allaient simplement s'endormir de la sorte où si ils allaient continuer de parler. Et lancer ce genre de phrase de son plein gré ne lui ressemblait pas du tout. Elle songea que c'était peut être seulement la fatigue de l'heure tardive et se fit vaguement la réflexion qu'il fallait qu'elle fasse attention si elle ne voulait pas regretter tout ce qu'elle aurait dit dès le lendemain matin. Cependant, Sirius se contenta de son habituel sourire mi narquois, mi insolant, et s'ébouriffa d'un geste bref les cheveux en interrogeant :
- Vous avez donc passé votre journée entière à parler de moi ?
- Pas du tout. Souffla Maïlys en bégayant légèrement et en sentant ses joues rougir de nouveaux. Dorcas m'a juste dit qu'elle te trouvait attirant mais que quitte à choisir elle préférait Remus.
Sirius éclata d'un rire silencieux et souffla :
- Je savais qu'elle avait un petit faible pour Remus en ce moment. Mais je ne crois pas que le sentiment soit réciproque en ce qui le concerne.
Maïlys était fermement d'accord avec lui.
- Vous avez eu d'autres discussions de ce genre ? Demanda t-il toujours avec son sourire insolent dans un chuchotement.
L'adolescente frissonna, sentant son souffle se répandre dans son cou. Ils étaient décidemment bien trop près pour son propre bien. Sans compter qu'à cette distance là, elle pouvait sentir son odeur, et c'était peut être niais à dire mais cette dernière l'hypnotisait. Il sentait l'automne, ce qui était sûrement du à son parfum, mêlé à une légère odeur de cigarette presque imperceptible et à une autre senteur de plante qu'elle n'aurait pas su analyser. Elle espéra évasivement que du fait de la nuit qu'ils s'apprêtaient à passer, elle retrouverait son odeur sur ses vêtements. Ou tout du moins sur sa fine couverture rouge qu'il avait enroulé autour d'eux deux et qui ne suffisait pas plus que le feux dans la cheminée à les réchauffer. Elle se rendit compte à ce moment là que Sirius semblait attendre une réponse et rougit de nouveau avant de souffler d'une petite voix :
- On a un peu parlé de Roockwood. Et elle m'a demandée si j'avais déjà été attirée par James.
Sirius eut un rapide sourire et affirma d'un ton confiant :
- Ce à quoi tu as répondu sans hésitation qu'il était bien trop crétin pour t'intéresser. Et que de toutes façons, il était destiné à finir avec Evans.
- Ce à quoi j'ai répondu que ce n'était rien d'autre qu'une personne avec laquelle je m'entendais bien. Corrigea la jeune fille d'une voix hésitante. Et si tu veux tout savoir, c'est toi qu'elle considère comme un crétin.
- J'en déduis que vous avez pas mal parlé de moi. Sourit moqueusement Sirius.
L'adolescente essaya de nier d'un mouvement de tête, bien trop consciente cependant qu'elle n'était pas crédible pour Deux Noises. Elle réprima de nouveau un frisson, cette fois entièrement du au froid qui commençait à s'insuffler en elle. Le jeune homme sembla s'en apercevoir car à sa grande surprise, il passa ses mains autour de sa taille de nouveau et la rapprocha de lui. L'adolescente écarquilla les yeux le cœur battant et les joues rouges, des tas d'interrogations sur les lèvres. Il n'avait toujours pas lâché sa taille et la maintenant toujours lorsqu'il haussa les épaules pour souffler avec désinvolture :
- Tu avais l'air d'avoir froid.
Cette fois Maïlys pouvait presque affirmer avec conviction qu'il était en train de chercher à la séduire. Ce qui était assez amusant étant donné qu'en réalité, il n'avait besoin de rien faire du tout. Sa simple présence suffisait à la rendre moite et leur proximité actuelle ainsi que la sensation de ses mains sur sa tailles lui bloquait l'estomac avec une pression et une force qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. Elle n'avait que trop conscience que ses joues étaient toujours teintées de rouge, et qu'elles ne perdraient certainement pas de leurs éclats avant le lendemain matin. Etonnamment, le froid avait maintenant presque entièrement disparu, et elle n'était pas loin d'avoir trop chaud malgré sa petite couverture. Sirius lui, toujours doté de son assurance tranquille, l'interrogea avec un petit sourire insolent, poursuivant leurs conversations précédentes :
- Et après t'avoir demandé pour James, Dorcas n'a même pas cherchée à savoir si tu étais attirée par moi ?
Maïlys mordilla sa lèvre inférieur nerveusement, mouvement qu'elle cessa bien vite lorsqu'elle se rendit compte que le regard de l'adolescent commençait à descendre légèrement vers ces dernières. Elle ne sut pas vraiment ce qu'il lui passa dans la tête mais elle souffla d'une voix à peine audible et emplie d'incertitude :
- Si elle me l'a demandée. Je lui ai dit que je ne pensais pas être attirée par toi.
- Ah oui ? Murmura t-il d'un ton qui n'était absolument pas convaincu.
Elle pouvait voir son regard se fixer et s'attarder plusieurs instants sur ses lèvres avant de revenir à ses yeux. Il était évident qu'il n'était pas dupe et n'attendait qu'un signe de sa part, même le plus furtif pour l'embrasser. Et cette simple pensée suffisait à faire accélérer de façon impressionnante le cœur de l'adolescente, malgré l'appréhension qui lui tordait la gorge. Elle n'avait encore jamais embrassée qui que ce soit.
La distance entre eux s'étaient encore un peu plus réduite, et leur proximité n'était plus à contester. Leurs deux nez pouvaient pratiquement se toucher et les mains de l'adolescent lui entouraient toujours fermement la taille faisant remonter des frissons le long de son dos. Ses yeux gris brillaient légèrement, donnant envie à Maïlys de se perdre dedans et d ne plus jamais revenir. Elle n'avait jamais été aussi angoissée et aussi impatiente à la fois de toute sa vie. Ce fut sans doute pour ça que, animée par un courage qu'elle ne soupçonnait pas en elle, l'adolescente précisa dans un murmure lent et à peine audible :
- Je lui ait dit que je pensais éprouver quelque chose pour toi. Quelque chose de plus fort qu'une simple attirance.
Cela sembla être le signe qu'il attendait car, comme au ralenti, Maïlys vit son visage se rapprocher lentement du sien alors qu'il détachait une main de sa taille pour venir lui écarter une mèche de cheveux. Quelques secondes plus tard, ses lèvres étaient fermement appuyées sur les siennes.
L'adolescent crut qu'elle allait exploser de l'intérieur : ce fut comme un déferlement de sentiments multiples en elle. Quelque chose qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. Elle n'arrivait à songer à rien d'autre qu'à leur proximité actuelle, qu'à la présence chaude de ses lèvres sur les siennes. Elle ne connaissait pas le mode d'emploi pour embrasser quelqu'un, aussi se laissa t-elle guider par le jeune homme qui lui n'avait de toutes évidences aucune difficultés en la matière. Elle se contenta de lui rendre son baiser avec toute la force et la conviction dont elle se sentait capable de faire preuve. Les papillons dans son estomac explosèrent. Elle n'avait tout simplement pas les mots pour exprimer à quel point l'instant était incroyable.
Lorsque enfin il recula, pour lui laisser le temps de reprendre son souffle, il avait son habituel sourire craquant sur les lèvres. Ce fut à ce moment là qu'elle se rendit compte qu'elle n'avait cessée d'espérer ce moment, depuis de nombreux mois. Elle ne voulait pas que cela s'arrête. Elle se demanda vaguement si elle devait dire quelque chose mais renonça bien vite trop consciente que cela n'aurait fait que briser l'intensité du moment.
Alors elle se contenta de fermer les yeux, oubliant absolument tout le reste autour, et ne se concentra qu'à la pression de plus en plus intense de ses lèvres sur les siennes. Elle ne pouvait penser à rien d'autres qu'à sa main autour de sa taille, qu'à son cœur qui battait de plus en plus fort. Elle oublia tout le reste, désirant simplement que cet instant ne s'arrête jamais.
**
Lorsque Maïlys ouvrit les yeux le lendemain matin, elle était seule, allongée sur un canapé de la Salle Commune sans avoir la moindre idée de comment elle avait pu arriver là. La cheminée s'était éteinte et le brouillard qui annonçait d'ors et déjà une journée pluvieuse filtrait à travers les fenêtres. Il lui fallut plusieurs minutes pour se remémorer entièrement les évènements de la veille. Lorsqu'enfin ce fut totalement fait, ses joues étaient rouges et l'adolescente était catastrophée. Ils s'étaient embrassés jusqu'à tard dans la nuit, ne parlant que très peu. Elle ne se rappelait pas du moment exacte où elle avait finie par s'endormir. Ou peut être qu'après tout, c'était lui qui s'était endormi en premier. Ça n'avait pas vraiment d'importance. Lily allait l'assassiner.
Elle jeta un rapide coup d'œil à l'horloge : il était déjà dix heures. Tous les Gryffondor restés pour les vacances avaient du passer par la Salle Commune ce matin et la voir en train de dormir avec Sirius. Ses joues s'empourprèrent encore plus. Elle n'aurait jamais du acceptée de rester dormir ici avec lui. L'adolescent n'était d'ailleurs nul part mais cela n'étonna pas vraiment Maïlys. Il avait du tenir sa promesse d'aller surveiller Augustus Roockwood à sa place.
Ce qui ne tombait pas plus mal car l'adolescent allait avoir du mal à se convaincre que ce qu'elle avait vécue la veille ne relevait pas d'un rêve. Ils s'étaient vraiment embrassés. Et plus que tout, elle lui avait réellement avoué qu'elle éprouvait quelque chose pour lui. Ça plus que tout le reste la terrifiait bien plus qu'elle ne voulait se l'admettre.
Soupirante, elle prit quelques minutes dans son dortoir pour enfiler un pull et s'observer dans le miroir. Bien évidemment, ses joues étaient rougies. Mais son regard s'attarda principalement sur ses lèvres gercées : les mêmes lèvres qui la veille, étaient en train d'embrasser Sirius. Par Merlin elle n'avait aucune idée de la façon dont elle était sensée gérer la situation. Et ses amies n'étaient même pas là. Résignée, et espérant de tout cœur ne pas le croiser tout de suite, l'adolescente se décida finalement à descendre dans la Grande Salle pour aller prendre son petit déjeuner.
Cependant, à peine eut elle franchit la porte une dizaine de minutes plus tard, cherchant indirectement le regard de Sirius parmi les élèves attablés, que deux filles de Serdaigle, restées pour les vacances, accoururent vers elle. Maïlys ne connaissait ni leur prénom, ni leur année. Seuls leurs visages lui étaient vaguement familiers. La première se planta devant elle et interrogea sans même avoir pris le temps de la saluer :
- C'est vrai ce que dit la rumeur ? Tu sors réellement avec Sirius ?
Maïlys arrêta de respirer. C'était précisément tout ce qu'elle redoutait qui paraissait être en train de s'accomplir.
- On le sait déjà que c'est vrai tout les Gryffondor qui sont encore là les ont vu se réveiller ensemble enlacés sur un canapé. Siffla la deuxième fille qui avait l'air bien moins aimable que la première, qui ne respirait déjà pas la gentillesse. Mais depuis quand ça dure exactement ?
L'adolescente se sentit automatiquement au bord des larmes. Elle avait toujours fait de son mieux pour passer inaperçue au sein de l'école et était d'une nature intimidée par tout. Sans compter qu'elle ne savait pas vraiment comment réagir au contact des autres, encore moins lorsqu'elle avait l'impression que ces derniers l'agressait. Elle ne voulait pas se mettre à pleurer maintenant : elle allait avoir l'air ridicule.
- Je... Se contenta t-elle de souffler en essayant de son mieux de se calmer et de trouver ses mots.
Elle avait beau regarder dans toutes les directions, Sirius n'était nul part. Ce qui n'était pas étonnant : il devait suivre Roockwood qui brillait lui aussi par son absence. Par Merlin pourquoi n'avait elle pas attendue ses amies pour dormir avec Sirius. Ces dernières auraient pu être là pour elle ou pour empêcher les autres de l'assaillir de questions. C'était là plus que la Gryffondor ne se sentait capable de gérer à elle toute seule. Heureusement pour elle, elle entendit à ce moment là la voix salvatrice de Dorcas qui employa son ton le plus autoritaire pour déclarer :
- Viens Maïlys on y va.
La jeune fille se contenta d'opiner du chef, encore trop étonnée par la scène qu'il venait de se passer. Elle se laissa entraîner par la Serdaigle jusqu'à la table des Gryffondor sans prononcer un seul mot. Lorsqu'elles furent assises, le plus loin possible de tous les autres élèves restés pour les vacances, Dorcas prit soin de lui servir un grand verre de Jus de Citrouilles ainsi que des céréales puis souffla d'une voix évasive :
- Laisse tomber pour ces filles. Ce ne sont que des quatrième années stupides. Elles ont passées une nuit à pleurer l'année dernière après la dispute de Lily et James sous le Saule Cogneur parce que de leur point de vue, James méritait amplement mieux que cette sorcière toxique et malsaine qui le faisait souffrir.
Maïlys écarquilla les yeux une nouvelle fois : alors ce type de " groupies " des Maraudeurs existaient réellement à Poudlard. N'en ayant jamais vu, elle avait eu tendance à croire qu'il ne s'agissait que d'une rumeur.
- Enfin bref, on s'en moque. Conclut Dorcas avec un haussement d'épaule. Qu'est ce qu'il s'est passé exactement ?
L'adolescente n'était pas idiote et comprit parfaitement que la Serdaigle sous entendait " ce qu'il s'était passé avec Sirius ". Elle fut tentée de lui fournir une réponse approximative puis songea qu'elle n'avait aucune idée de quoi faire, ni de comment agir et qu'aucune de ses amies n'étaient présentes pour lui venir en aide. Or, toute la situation l'effrayait terriblement.
- Je ne me rappelle plus trop comment ont s'est retrouvés à dormir ensemble. Souffla t-elle les joues rougies et d'une voix légèrement honteuse. Toujours est il que d'un seul coup, tout l'aspect amical de notre relation avait l'air d'avoir complètement disparu. j'étais collé contre lui sur le canapé, emmitouflée dans la même couverture. Et on était très proches. beaucoup plus que je ne l'avais jamais été de qui que ce soit.
La Serdaigle dressa un sourcil curieux, l'invitant à poursuivre ce que Maïlys fit d'une voix légèrement tremblante et remplie d'hésitations :
- Je ne sais plus trop comment mais j'en suis venue à lui dire que j'éprouvais quelque chose pour lui. Et après, il m'a embrassé. je me suis laissée faire et j'ai répondu à son baiser. Alors on a continué de s'embrasser, pendant presque deux heures il me semble. On ne s'est interrompus que pour reprendre nos respirations.
Dorcas écarquilla les yeux et souffla :
- Et bien pour une surprise. Je t'avoues que je pensais que vous mettriez plus de temps. Et il ne s'est rien passé de plus ?
- Non. Protesta fermement Maïlys les joues rougissantes. Rien du tout. C'est en grande partie pour ça que j'ai refusé de dormir dans son dortoir lorsqu'il me l'a proposé. Je ne suis pas prête du tout à ce qu'il y ait plus. Et en dormant dans son dortoir, je craignais que l'on ne finisse par s'embrasser et que je sois incapable de me satisfaire de ça. La Salle Commune m'offrait une limite toute trouvée.
- Tu as eu raison. Approuva vigoureusement la Serdaigle.
Il y eut quelques minutes de silence puis elle interrogea d'une voix douce :
- Et qu'est ce que tu comptes faire maintenant ?
C'était principalement la question qui tournait en boucle dans l'esprit de l'adolescente depuis le matin même. Elle n'en avait pas la moindre idée.
- Je ne sais pas. Murmura t-elle d'une voix à peine audible. Je lui ai déjà admit que j'éprouvais quelque chose d'indéniable pour lui. Maintenant je ne sais juste pas comment ça va se passer. Et je crois que c'est ça qui me terrifie. Plus que tout le reste.
- Plus que l'idée d'entamer une espèce de relation avec lui ? Demanda Dorcas perplexe.
- Oui. Souffla Maïlys. Si on doit entamer une relation peu importe. En fait, la seule chose dont je suis certaine actuellement c'est que je n'avais jamais rien ressenti de pareil. Que si il débarquait maintenant dans la Grande Salle, je n'aurais aucune autre envie que celle d'aller me pendre à ses lèvres pour l'embrasser peu importe ce que cela pourrait engendrer.
Elle n'exprima pas ce qui la terrifiait à haute voix, mais Dorcas parut le comprendre. En réalité, elle se moquait parfaitement de quelles façons tout ça continuait, tant que ça continuait. Elle voulait être avec lui, sentir de nouveau ses lèvres sur les siennes et sa main sur sa taille. Elle avait l'impression que son être tout entier lui soufflait qu'elle devait à tout pris revivre ça. Ce qu'elle n'était pas certaine de pouvoir faire. Elle ne savait que trop bien que les histoires de Sirius avaient tendance à s'arrêter dès le lendemain matin. Et elle était terrifiée de n'être qu'un baiser d'une nuit. Quelque chose de sympa mais qui n'engendrerait rien de plus. Elle était terrifiée à l'idée de ne plus jamais l'embrasser de nouveau, de ne plus sentir son odeur, de ne plus se perdre dans ses yeux comme elle l'avait fait la nuit dernière.
Elle se fit une seconde fois une réflexion qu'elle avait déjà eu lors de son entraînement de Quidditch : ce n'était décidemment pas humain de pouvoir avoir cet effet là sur les gens. Et la seule chose qu'elle espérait, c'était qu'il n'en avait pas conscience.
Elle fut soudainement ramenée à la réalité par un éclat de rire joyeux. Augustus Roockwood venait d'entrer dans la Grande Salle. L'adolescente retint aussitôt son souffle, trop consciente que Sirius n'allait certainement pas tarder à arriver.
Elle distingua le regard inquiet que lui jeta Dorcas mais eut un haussement d'épaule. Elle attendait juste de le voir, de savoir si il allait la regarder, si leurs regards allaient se croiser, si il avait l'intention de venir l'embrasser devant tout le monde. Ça ne lui ressemblait pas du tout mais honnêtement elle s'en moquait. Elle voulait seulement ressentir de nouveau ce qu'elle avait ressentie la veille.
Finalement Sirius entra dans la Grande Salle. Et le cœur de Maïlys se contracta si fort que l'adolescente du retenir une grimace de douleur. Il n'était pas seul. Il avait le bras passé autour du coup d'une Poufsouffle que l'adolescente savait être l'une de ses ex. C'était d'elle qu'avait émanée le rire. Elle paraissait indiscutablement joyeuse et Sirius lui adressait exactement le même sourire, mi insolent, mi moqueur avec lequel il l'avait regardé hier soir. Il ne parut même pas la remarquer et se contenta d'accompagner la Poufsouffle à sa table, tout en lorgnant de temps à autre Roockwood avec attention.
- Maïlys. Souffla prudemment Dorcas. Tu te rends bien compte que vous allez devoir avoir une discussion ?
La jeune fille hocha la tête très lentement, tout en repoussant son petit déjeuner. Elle n'avait pas faim. En fait elle avait juste envie de vomir et c'était incroyable parce qu'une personne qu'on avait embrassé qu'une seule fois n'était absolument pas sensé faire cet effet là. Pourtant, elle avait l'impression que son cœur était compressé et qu'il était sur le point d'exploser. Une explosion bien différente des papillons qu'elle avait ressentie la veille.
Elle avait opiné du chef à la question de Dorcas mais n'avait en réalité pas la moindre intention de lui parler de nouveau. En fait, elle venait tout juste de prévoir de l'éviter pour le restant de ses jours. Parce qu'il n'y avait pas la moindre discussion à avoir, et parce que l'explication était simple et toute trouvée : la nuit était terminée, et l'aube venait de se lever.
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