Chapitre 8 - Les renforts


Quand Patterson n'a pas vu arriver l'officier du district ce 2 décembre au soir, il a dîné et, fidèle à ses habitudes, s'est posté dans un arbre.

Il a alors entendu les lions en train de manger quelque chose pas très loin de lui. Comme d'habitude, il entendait craquer les os de ce qu'ils étaient en train de dévorer, et leurs grondements sourds caractéristiques. Que pouvaient-ils bien manger ? Sûrement pas un ouvrier car ils étaient tous groupés là dans le camp et il n'avait entendu aucun cri, aucun bruit.

L'officier du district ! Et si c'était lui ?

La nuit est longue pour Patterson qui dès l'aube de ce 3 décembre, alors que les lions repus ont abandonné leur festin, se précipite vers l'endroit.

En arrivant il trouve, couché à proximité et terrorisé, l'officier du district qui est dans un état pitoyable. Il est blessé de partout et couvert de sang.

Celui-ci lui apprend qu'il est bien arrivé par le train la veille au soir comme prévu avec son ordonnance, mais que le train ayant pris du retard, il faisait déjà nuit et la gare était vide.

Avec son ordonnance, ils ont alors entrepris de gagner le camp à pied mais un énorme lion les a attaqués en chemin. Il a tiré par réflexe avec sa carabine, sauvant sa vie, mais le lion a tué l'ordonnance et l'a emporté.

Ainsi voilà donc ce que dévoraient les lions cette nuit...

Rentré au camp avec l'officier qu'on soigne, Patterson apprend par le chef de gare que juste avant l'arrivée du train amenant l'officier et son ordonnance, le lion a attaqué la gare et l'a contraint à s'enfermer avec l'aiguilleur ferroviaire pendant toute la nuit sous peine d'être dévorés tous les deux !

Voilà en tout cas de quoi montrer à l'officier du district que la férocité attribuée à ces lions n'était pas exagérée.

Les soldats arrivent comme prévu, et sans ennuis eux, dans l'après-midi.

Le soir venu, on en installe deux dans la cage-piège, comme appâts. Jusqu'à lors, ce piège n'a jamais rien donné, mais il faut tout tenter.

Des tireurs prennent place dans tous les arbres avoisinant le camp.

La nuit est arrivée. Le silence.

Les deux hommes-appâts dorment à moitié dans le compartiment du piège.

Soudain, clac ! La porte du piège se referme. L'un des lions est pris !

Patterson a entendu le bruit, il exulte. Mais le lion se transforme alors en une véritable furie, sautant partout et rugissant de rage, au point que les deux soldats n'arrivent pas à tirer tellement ils sont terrorisés. Il se rue sur la séparation et ils craignent que celle-ci ne tienne pas sous ses coups de boutoirs furieux. Il est comme enragé.

Ils finissent enfin par saisir leurs fusils mais la panique est si grande qu'ils tirent n'importe où, dans le plafond du wagon, en l'air, ne réussissant qu'à endommager la porte du compartiment où se trouve le lion.

Celui-ci attaque alors la porte avec une hargne indescriptible et la fracasse. On lui tire dessus mais il bondit et disparaît en un éclair dans la nuit.

Le jour venu, on constate les dégâts : le wagon-piège est endommagé de toutes parts et, hormis quelques gouttelettes de sang, le lion n'a visiblement pas été blessé malgré la fusillade nourrie.

Il s'en est fallu de peu qu'il ne rompe la protection qui le séparait des soldats !

On suivra ses traces en vain, sauf pour apprendre de celles-ci que son compère l'a rejoint.

La belle affaire !


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