Chapitre 5 - Le calme
L'idée de Patterson est aussitôt mise à exécution : il n'y a en effet pas une minute à perdre car en dépit de tous ses efforts pour détruire les lions, nombre d'ouvriers ont quitté les lieux, craignant d'être dévorés à leur tour par ce qu'ils croient définitivement être des démons insaisissables.
Un piège est donc construit avec des morceaux de rails, des travées de chemin de fer, des câbles et divers matériaux.
Il s'agit d'une sorte de cage à deux compartiments séparés l'un de l'autre par des barres de fer : le premier compartiment est destiné à accueillir les hommes servant d'appât, et le second compartiment est celui où le lion, attiré par l'appât, est censé monter. Une porte coulissante viendra fermer le compartiment du lion lorsque celui-ci aura pénétré dedans, le retenant ainsi prisonnier.
Le tout est abrité sous une tente, afin de mieux leurrer le lion.
Dès son achèvement, Patterson s'installe dans ce piège de fortune chaque soir afin d'y passer la nuit.
Mais rien ne se passe.
On n'entend subitement plus parler des lions.
Jusqu'au 2 mai. Ce jour là, Patterson apprend que les lions ont déplacé leurs attaques vers les camps des ouvriers construisant la voie ferrée -et non le pont sur la rivière-, ces camps dits avancés qui, avec la progression de la voie, sont maintenant loin de Tsavo.
Il ne peut évidemment pas s'en réjouir mais du moins cela ramène-t-il la sérénité au sein des ouvriers affectés à la construction du pont et qui logent dans les camps de Tsavo.
La tension retombe alors et les travaux du pont se mettent enfin à avancer, même si nombre d'ouvriers qui s'étaient enfuis par peur des lions ne sont pas revenus.
Pendant trois mois, c'est le calme à Tsavo.
Cependant, Patterson apprend régulièrement des mauvaises nouvelles en provenance du camp avancé : là-bas les lions continuent leurs méfaits de plus belle.
Toujours la même férocité, la même hardiesse.
C'est l'horreur : en juillet, l'ingénieur Stevens, que Patterson connaît, a fait venir sa femme et son petit garçon.
Mal lui en a pris ! Le soir même de leur arrivée, les deux lions traversent la boma, attaquent la tente des Stevens et emportent l'ingénieur Stevens et son épouse, qu'on ne retrouvera pas. Le garçonnet lui, est retrouvé la tête arrachée dans la tente.
L'ingénieur Preston lui-même, qui dirige le chantier d'avancée de la ligne, manque de peu de figurer au menu des deux mangeurs d'hommes lors d'une autre occasion !
Tout comme à Tsavo à la fin avril, les ouvriers désertent le chantier pendant que d'autres font la grève.
Preston réclame le secours de l'armée, qui lui sera refusé.
On lui envoie seulement quelques soldats, auxquels se joignent des chasseurs attirés là par la prime que promet le Foreign Office britannique pour l'abattage de tout lion sur le secteur.
Mais, se dit Patterson, plus la ligne avance, plus les lions s'éloignent de Tsavo, suivant apparemment le camp avancé.
Encore une fois il se trompe, car le raffut fait après les lions près du camp avancé va les ramener vers lui.
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