Patterson pense que les lions vont encore revenir dans le camp-hôpital : cela fait deux fois qu'ils attaquent les tentes où sont couchés les malades.

Il a donc l'intention de se cacher à proximité du dernier camp ayant servi d'hôpital, celui où a été emporté l'infirmier, et de surveiller, depuis un wagon de chemin de fer dont la porte sera restée ouverte, des tentes d'infirmerie vides laissées là exprès. Il espère ainsi, depuis le wagon, avoir une chance de voir et de tirer au moins l'un des lions si d'aventure il prenait idée aux fauves de revenir sur les lieux pendant la nuit...

Passer la nuit dans un wagon ouvert, à la merci des lions, est une idée plus que périlleuse qui donne une bonne idée de l'état dans lequel devait se trouver Patterson.

Le médecin du camp se propose de l'accompagner dans cette entreprise risquée.

Tard dans la soirée, ils prennent position dans le wagon et se mettent à guetter l'enceinte de l'ex hôpital.

La boma, toujours en place, est fermée et l'on a attaché du bétail à l'intérieur dans l'espoir d'y attirer les fauves.

Au milieu de la nuit, ils entendent le bruit d'un animal qui se déplace et le bétail qui s'agite. Pas de doute, au moins l'un des lions est là.

Patterson et le docteur sont aux aguets. Le doigt sur la détente, ils essayent de percer la nuit de leur regard.

Soudain le lion, qui les a sans doute sentis depuis longtemps et qui voit clair dans l'obscurité, bondit depuis le sol en direction du battant grand ouvert de la porte à travers lequel ils guettent.

Ils font feu en même temps, au jugé.

Bien que semblant n'avoir pas atteint le lion, ces coups de feu leur sauvent la vie, détournant l'élan du mangeur d'hommes qui, sans cela, aurait atterri sur eux dans le wagon.

Du coup, il manque son saut, heurte le bas de la porte et s'enfuit.

Ils ne le reverront pas de la nuit.

Patterson est passé à un cheveu de la mort mais au moins, pense-t-il, il a vu le lion et l'a tiré.

Il a alors une autre idée : construire un grand piège dans lequel il servira d'appât !