Chapitre 3 - Protections illusoires
Dans la nuit du surlendemain, l'un des médecins du camp qui a été réveillé par du bruit voit un énorme lion à l'intérieur de la boma du camp-hôpital !
Le fauve s'en prend d'abord à lui mais il réussit à lui échapper en sautant dans sa tente.
Le lion lacère alors une tente où se trouvent des malades, pénètre dedans et, semant un chaos indescriptible dans lequel la tente s'écroule, parvient à emporter l'un des malades.
Le médecin le voit distinctement traîner sa proie à travers la boma avant de s'enfuir avec.
Au matin, c'est la consternation :
Hormis le malade emporté par le lion, deux autres sont gravement blessés, mais surtout la preuve est faite que ce lion de taille extraordinaire est capable de franchir la protection pourtant supposée fiable...
Le camp-hôpital est littéralement ravagé.
Aussi Patterson le fait déplacer, avec les malades bien sûr, plus près du camp central et on édifie pour le protéger une boma très solidement renforcée.
Dans la nuit suivante va alors se produire une chose incroyable : alors que Patterson, persuadé que le lion va revenir dans l'ancien camp-hôpital afin d'y prélever une nouvelle proie facile, y a fait répandre du sang de bœuf et se tient à l'affût dans l'espoir d'un beau coup de fusil, le lion attaque cette fois le nouvel hôpital et emporte l'infirmier ! A nouveau, des témoins l'ont vu nettement traverser la boma, emportant avec lui le malheureux infirmier.
Et ce n'est pas tout : les investigations menées par Patterson vont révéler que le lion était entré en sautant par-dessus la boma !
Les quelques restes de l'infirmier sont retrouvés non loin du camp : tout ou presque de son corps a été dévoré.
Il faut se rendre à l'évidence : les bomas ne sont ni assez hautes, ni assez épaisses. Patterson ordonne de les faire renforcer encore, sans trop d'espoir.
Les témoins qui ont vu le ou les lions disent qu'outre leur taille gigantesque, ils n'ont presque pas de crinière. Or, au vu de leur taille, il s'agit de mâles dans la pleine force de l'âge, à n'en pas douter.
Cet aspect n'est en fait guère étonnant : tous les habitants de la région de Tsavo savent que les lions mâles d'ici n'ont que très peu de crinière comparés à ceux d'autres endroits où la végétation est moins dense. Il s'agirait en quelque sorte d'une adaptation de l'espèce à cet environnement composé de fourrés épineux. Pour eux, la boma du camp-hôpital n'est donc qu'un fourré comme un autre...
Patterson fait de nouveau déplacer l'hôpital, encore plus près du camp central, avec une boma encore plus fournie.
En réalité, on ne sait plus que faire.
Les travaux de construction du pont sont arrêtés déjà depuis un moment, car on consacre la main-d'oeuvre à l'édification des protections contre les lions.
Patterson voit le temps filer et le désespoir gagner les milliers d'ouvriers.
Encore quelques coups d'éclat des lions comme celui de l'hôpital et, il le sent bien, on ne pourra éviter la désertion massive du chantier.
D'autant qu'il vient d'apprendre que les lions ont attaqué les employés de la gare de Tsavo, et en plein jour cette fois. Leur hardiesse ne semble plus connaître de limites !
Lui vient alors une idée. Une idée de fou.
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