Chapitre 5
Quand je me réveille, je suis installée sur quelque chose de mou et des coussins se trouvent sous ma tête. Pitié, que ce n'ait été qu'un rêve ! Pitié...
Et non ! Surprise. Quand j'ouvre les yeux, je ne suis pas dans ma chambre. Ma mère n'est pas là non plus. Je me relève sur mes coudes et observe autour de moi. J'ai l'impression d'avoir voyagé dans le temps cette fois. Cette pièce est d'une vieillesse... Genre 19ième siècle.
J'éternue quand je me relève à cause d'un nuage de poussière qui se dégage d'un des coussins que je viens de faire tomber au sol. La propreté, ce n'est pas leur truc ici. Toujours assise sur le canapé de la pièce, je regarde lentement autour de moi. Personne.
Je cherche mon sac des yeux et le vois quelques mètres plus loin. Je me lève et tente de faire le moins de bruit possible. Je fouille à l'intérieur et en sors mon portable. Je n'ai pas eu l'idée avant. J'étais trop obnubilée par ces choses.
Une porte toute proche ne claque pas loin et je me précipite sur le canapé en enfonçant mon portable dans ma poche. Une image traverse mon esprit. Ils sont trois à venir. Et elle est là.
On prend la peine de frapper.
- Entrez, vous trois.
La porte s'ouvre et comme je l'ai dit, ils sont 3 : elle, l'agaçante ; un jeune d'une vingtaine d'années ; et un autre d'une cinquantaine.
- Alors pas trop mal après tout ça le Dog ?
- Tu veux dire mon agression par l'arrière ? Nooooon. Je suis aux anges maintenant. Je peux compter mes bleus un peu partout sur mon corps grâce à vous. Il m'en manqué un à la tête.
- Tant mieux. Je ne voudrais pas que tu m'en veuilles après tout.
- Ne t'inquiète pas pour ça, cela ne risque pas d'arriver !
- Merci Alice de ces attentions très attentionnées que je vois là.
Le vieux prend enfin la parole. Je l'observe.
- Pas de quoi, Monsieur. Et Jade, ce n'est pas bien de le traiter de vieux. Un peu de respect voyons !
- Arrête ça tout de suite !
Elle rit avant de quitter la pièce.
- Jade.
Le vieux me reprend comme une enfant.
- Je suis Jasmine, d'accord ? Vous allez arrêter avec ce prénom, maintenant. Même cette chose a accepté cela. Je ne pense pas que cela est très compliqué à comprendre. JASMINE.
- Écoute, tu portes ce faux nom depuis des années. Mais ton réel prénom est Jade.
- Pardon ?! Qui vous êtes d'abord ? D'où me connaissez-vous ?
Je réagis comme une gamine. Je le sais. On le sait tous. Mais franchement, je suis à bout de tout ce qui se passe, de tout ce qu'on me dit et ainsi de suite.
Il soupire de nouveau d'exaspération et fait un signe au muet de l'histoire, un blond aux yeux vairons : un noir et un vert.
- Vous avez été enlevé par votre mère à l'âge de 3 ans. Pour vous cacher de votre famille et vos origines, elle a changé votre prénom en celui de Jasmine et le sien en celui de Mary. Les recherches pour vous retrouver ont été vaines jusqu'à aujourd'hui.
Son ton est neutre et sans vie.
- Ola ! Déjà, je ne sais pas de quoi vous parler mais ce n'est pas moi. Ensuite, c'est moi qui vous ai trouvé, pas le contraire. Une bande d'incapable ne se jette pas des fleurs alors que le mérite revient à une autre personne.
- Ta mère te laisse vraiment parler comme ça ?
Le vieux japonais s'énerve rapidement dis-donc.
- Et bien, allez lui poser la question. C'est au fond du couloir à droite, direction Mort puis Fantômes.
Ils m'observent tous deux avec pitié. Je détourne le regard et prend une grande inspiration.
- Quand ?
- Il y a 3 mois. Quand ils sont venus à la maison pour me chercher. Elle m'a enfermé dehors et... je crois qu'elle s'est battue.
- Ta mère était une femme forte, Jade.
- Jasmine, je le reprends.
- Ici, tu es Jade que tu le veuilles ou non.
- Et on est où ici ? Car pour l'instant, je préfère mon New York pollué et peuplé que ce trou à rat poussiéreux.
- Cesse donc des enfantillages. Tu as 17 ans maintenant. Grandis.
- Vous vous prenez pour qui là ?
- Ton père.
Allez, une nouvelle baffe dans la tronche. Comme j'aime. Je le regarde. Ouais, je lui ressemble peut-être un peu.
- Oh non... Pourquoi je suis maudite comme ça ?
Le blond hausse les sourcils de surprise face à ma réaction.
- Tu fais partie de la plus grande lignée de chasseurs de monstres. Tu hérites donc du don, celui de voir et des pouvoirs qui vont avec.
- Et si je ne veux rien de tout ça ? Car je préfère retourner à ma vie tranquille. Là où tu n'existes pas.
- Pour vivre où ? Avec ta mère morte peut-être ?
Choquée et folle de rage, mon regard se voile de lui-même de noir.
- Répétez.
Ma voix a pris de l'intensité et ne ressemble plus du tout à la mienne tandis que je me lève comme un automate.
- Cesse ça tout de suite, Jade.
- JASMINE !
Quand le voile de mes yeux se retire, tout autour de moi est réduit en morceaux. Je respire avec difficulté et observe le blond se relever tandis que mon "père supposé" remet son costume en place et passe une main dans ses cheveux recouverts de poussière, par des gestes précis, secs et froids.
- Tu te comportes comme une enfant. On n'accepte pas ça ici. Peter, vous allez bien ?
- Merci Monsieur, ça va.
Il m'observe lui aussi de haut. Mais pour qui il se prend lui ?
- Et bien, soit. Je ne reste pas ici.
- Tu as pourtant supplié Alice de t'amener à nous.
Il a raison le vieux.
- Je change d'avis alors. C'est ça les enfants. On n'est jamais sûr de rien.
- C'est trop tard. A cause de toi, des gens sont morts.
Quoi ? Je reçois soudain comme un violent coup à l'estomac. Pliée en deux, j'ai du mal à respirer. Je panique. Je panique vraiment. Je n'arrive plus à respirer et mes yeux se voilent de petites lumières blanches. Je tombe sur me genoux au sol et mes mains me retiennent d'aller plus bas encore.
D'un coup, je me retrouve à quelques centimètres du sol entouré d'une aura bleu. L'air se débloque dans ma poitrine et je vois de nouveau Peter qui psalmodie lentement avec des gestes précis et linéaires de ses mains. Je prends une goulée d'air et mon corps vivant à nouveau éjecte l'intrus en moi par une poussée d'adrénaline d'un blanc intense et pure.
Peter se voit à son tour genoux au sol tandis que je le touche de nouveau du bout des pieds. Je prends une grande inspiration et me sent libéré d'un poids immense.
- Que m'avez-vous fait ?
- Rien. C'est ton corps qui a réagit comme cela à cause d'un précédent maléfice.
Il aide Peter à se relever.
- Peter t'aidait. Pourquoi l'as-tu attaqué ?
Je me mets en position de défense en croisant les bras sur ma poitrine et en détournant le regard.
- Je ne l'ai pas attaqué. J'ai expulsé l'intrus et il était là aussi. Je ne savais pas.
- Tu as expulsé l'intrus ?
Ils sont étonnés.
- On ne dit pas ça comme ça ? J'en sais rien, j'y connais rien à vos trucs. Moi, ça me fait juste flipper, d'accord ? Mon corps a juste réagit et s'est débarrassé de quelque chose.
Mon père se tourne vers Peter.
- Peter peut-il t'ausculter ?
- Non, merci. Je ne vais pas me déshabiller devant vous. Et je ne veux pas que vous me touchiez non plus.
- Cela n'est pas nécessaire. N'as-tu rien appris ces trois dernières heures ?!
- Si. Ma mère est morte. Le monde est envahit de monstres qui sont à ma poursuite mais pas pour me tuer, attention, j'ai de la chance. Personne ne semble les voir à part quelques "élus" et pour mon malheur, j'en fais partie. Puis, il y a ce délire de "clan" ou de guilde là avec vous dedans. Ah, et j'ai apparemment un père qui n'a pas de sens de l'humour. Je suis bien avancée avec tout ça.
- Très amusant, Jade... Je te parle des capacités que nous avons.
Ah oui... ça... C'est vrai que c'est pas mal. Il semble qu'on puisse faire beaucoup de chose avec quelques paroles et nos mains. Alice peut se battre et Peter, soigner.
Moi... Détruire. Moins cool tout d'un coup. Je regarde mes mains et sers mes poings. Et si je m'en prenais à des gens innocents sans m'en rendre compte ?
- Jade. JADE.
- Il y a une Jade, ici ? Je demande en regardant mon père.
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