Chapitre 4

Bon, je suis toujours entière sur cette moto. Je ne sais pas comment mais depuis que j'ai décidé que je ne voulais pas mourir dans cette course de la mort, ma perception du monde a changé. Je vois les choses différemment. Je suis plus apte que la normale à conduire cet engin en folie.

Je distingue les petits détails de la route, j'entends les bruits de chaque véhicule que je double et je manœuvre avec une souplesse inespérée après seulement 5 minutes. Je suis devenue une professionnelle de l'asphalte en moto. Le bémol ? Cet état là me vide de mon énergie à une vitesse folle.

Dans le rétroviseur, je vois que le premier combat engagé est terminé. La victoire est pour nous. Tandis qu'elle atterrit de nouveau sur la selle de la moto. Oui, elle l'avait quitté, je ne sais pas comment ni quand, mais elle s'était retrouvée sur celle de notre poursuivant. Une vraie malade. Qui déchire.

- Tu connais la ruelle aux tags du côté sud de Central Park ?

Je lui fais savoir. Bien sûr que je connais. Je ne suis pas New-Yorkaise à moitié mais complètement.

- On va là bas.

- Tu sais que c'est un cul de sac ?

- Tu peux m'écouter pour une fois ?

Pendant quelques secondes, je perds le contrôle de l'engin. C'est ce que m'a dit ma mère le soir de sa mort.

- Eh ! Le deal, c'est que j'arrive vivante, je te rappelle ! Pas un membre en moins !

- Désolée.

Je reprends l'état inconscient qui me permet de ne pas nous faire tuer sur ce maudit bolide.

Elle n'est même plus là. Elle est en train de rejoindre un des monstres en sautant sur le capot de différents véhicules. Qui sont en mouvement bien sûr, sinon ça ne serait pas assez cool pour elle. J'arrête de l'observer et me concentre sur la route. Je calcule dans mon esprit le chemin le plus court permettant d'arriver dans cette voie sans issue.

Un plan en 3D s'imprime dans mon esprit et je le suis à la lettre. Me dites pas : "ce n'est pas possible". Si, je peux le faire. Depuis que je suis enfant lorsque je m'étais perdue dans cette ville. Maintenant, j'ai comme un GPS dans ma tête. Il connait aussi bien les travaux, les bouchons, les passages piétons que les raccourcis. Bon pour ça, je me suis informée sur internet toutes les semaines depuis des années pour être au courant de tout. Et aujourd'hui, je me retrouve avec la faculté d'être un GPS ambulant.

Je tourne donc brusquement à droite en coupant la route à de nombreux automobilistes pas contents. Je slalome entre les nouvelles voitures et profite d'un trottoir étrangement vide pour gagner un peu plus de terrain. C'est sans compter le dernier monstre qui me colle au train et qui en profite pour me rattraper.

Hop. Je change mon itinéraire et il s'éloigne de quelques mètres. Une course folle en moto dans New-York, c'est chercher la mort. En quelque sorte, je cherche la mort et la mort me cherche. Ma vie est franchement géniale.

Je sursaute quand j'entends sa voix derrière moi. Je ne l'avais même pas remarqué.

- Tu peux te dépêcher là ? Je n'ai plus vraiment les moyens pour le dernier.

- Je fais ce que je peux, d'accord ?

Je tremble de fatigue et des gouttes de sueur coulent le long de mon front puis sur mes lèvres.

- Merci.

- De quoi le Dog ?

- De t'en être occuper.

- Pas le choix, t'es capable de rien.

- Je conduis cette moto quand même !

- Concentre toi sur la route, ma mort n'est pas pour aujourd'hui.

Pour parfaire le tout, elle me tape sur la tête pour que je ne perde pas ma concentration.

Elle est tellement énervante. Je ne sais pas ce que je fais avec elle. Enfin, si. Mais pourquoi je suis tombée sur une fille comme ça ? Elle ne pouvait pas être cool et sympa ?

- Je suis cool et sympa.

- Qu'est-ce que tu viens de faire ?!

- Écoute, je vais pas t'apprendre la vie sur cette moto, d'accord ? J'ai d'autres chats à fouetter. Déjà que tu me fous en l'air ma journée de chasse et tu ne cesses de poser des questions.

- Je pense plutôt que ta chasse est réussie étant donné que je t'en apporte à volonté.

- Le problème, c'est que je suis avec toi, tu vois ? Et genre, ça, c'est grave gonflant.

Elle soupire et installe nonchalamment son dos contre le mien. Oui, elle n'est pas face à la route, compris ?

- Droite !!

Suite à son cri, je réagis au quart de tour et on évite une attaque de justesse de la part du dernier monstre.

- Tu ne l'as pas vu ça ?

- Tu peux la fermer, oui ? J'essaie de nous garder en vie sur cette chose instable qu'on appelle moto alors te la ramène pas.

- Oh Madame est susceptible. Je n'y peux rien si tu n'as rien vu.

- Aaaaaah !

Elle me gonfle. Je ne peux déjà plus l'encadrer. Et oui, je n'ai rien vu venir. Je sens que pouvoir conduire cette moto en est la cause.

Quand je vois la ruelle, je freine brusquement et rentre sans accrochage dans la petite rue où je m'arrête dans un dérapage de poussière. Elle en saute souplement tandis que j'en descends avec lenteur et lourdeur. Je suis prête à m'écrouler mais elle me retient par le bras.

- Ne me dis pas que je vais devoir te porter en plus ?!

- Je peux plus avancer... Je ne sais pas pourquoi...

Je trébuche et m'appuie lourdement contre elle. Elle pousse un grognement de frustration.

- Sérieusement, pourquoi je devais tomber sur elle aujourd'hui ?

Elle demande ça au ciel en soupirant. Le ciel ne lui répond pas si vous vous posez la question.

- Donne la moi et tu en es libre.

Cette voix, je la connais bien maintenant. Ils ont la même. A quelques accents prêt.

Elle me place dans son dos et me murmure quelque chose.

- Passe par cette porte. Elle devrait s'ouvrir.

- Devrait ?

- Je n'en suis pas sûre.

- En gros, j'ai une chance sur deux ? Génial...

- Vas y, c'est tout.

- Et toi ?

- Je dois m'occuper de lui.

- Tu m'as dit que...

- J'ai dit des choses, oui. Maintenant, bouge. Tu me déranges.

- Je ne te laisse pas seule face à cette chose.

- Tu es tout le temps aussi chiante ?

- Et toi ? C'est inné de l'être ou tu t'entraines tous les jours ?

- Vous avez fini vos disputes de gamines ?

En même temps, apparait à ce qui ressemble à une lance mais en moins sympa entre ses pattes.

- Tu traites qui de gamines là ??

On est en chœur sur ce cas là.

- Vous les siamoises. On peut passer à la prochaine étape, où toi, je te tue, et toi, je t'emporte.

- Tu penses vraiment me tuer ?

- Pourquoi vous me voulez tous à la fin ? Je suis pacifiste moi, je vous ai rien fait.

- Arrête de geindre, il s'en fiche.

- Ton amie a raison. Ton passé m'intéresse peu. Je veux juste ce que tu as.

- Ce n'est pas mon amie.

Le chœur est de nouveau réuni.

- Et pour être au courant, j'ai quoi ?

- Pauvre petite chose...

Il rit.

Elle me tape de coin de l'épaule en haussant un sourcil.

- Pourquoi il rit ?

- J'en sais rien. La chose que je sais, c'est qu'il me gonfle. Je suis fatiguée là, tu ne peux pas revenir un autre jour ?

Il rit de nouveau en s'approchant avec son arme.

- Non, Jade. On a besoin de toi.

- Vous faites fausse route, je suis Jasmine moi.

Il s'arrête et m'observe tandis que je me désigne du doigt.

- Tu mens !

- Euh... Non. Je m'appelle réellement Jasmine. Vous devez vous tromper de personne. A un de ces quatre alors !

Je lui fais signe d'au revoir et il me regarde, sincèrement troublé. Il secoue la tête et semble peser le pour et le contre. Puis il renifle.

- Tu ne t'appelles pas Jade ?

- Non. Jasmine. Jasmine Deremez. J-A-S-M-I-N-E.

Il pense accepter cette idée et j'essaie de cacher mon soulagement.

- Bon, alors je peux vous tuer toutes les deux du coup !

Il n'a vraiment rien compris. Et nous, on est dans de beaux draps !

- Super.

Mon acolyte semble enchanté de mon intervention.

Soudain, un grincement se fait entendre. La porte que je devais ouvrir s'est ouverte d'elle même. Okay... Flippant. Un tunnel plongé dans de la lumière bleu s'enfonce dans les profondeurs de le ville.

- Tu as vraiment cru que j'allais rentrer là-dedans ?

- Tu n'as plus le choix maintenant. Attention, tu vas avoir mal...

Elle me dit ça avec un grand sourire.

Un coup à l'arrière de la tête et je m'effondre comme une masse.

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