Chapitre 30

- Nissa ?

Je n'obtiens pas de réponse. Je l'appelle de nouveau mais rien.

J'ouvre alors la porte de la bibliothèque que je n'osais pas ouvrir à cause de Alden et je m'avance dans le couloir pour la découvrir au sol.

- Nissa !

Je hurle son prénom et me jette au sol sans ménagement. Mes doigts s'illuminent de bleu mais ça ne fonctionne pas. Ils s'éteignent aussi rapidement qu'ils se sont allumés et au même moment que je découvre son corps sans vie, la porte d'entrée s'ouvre brusquement.

- Jade ?

- Aidez-la... Je vous en supplie...

J'implore d'une petite voix.

- Tu sais qu'on ne peut rien, Jade.

- Essayez ! Faites quelque chose ! Ne restez pas planté là et faites ce qui la sauvera !

- Tu m'écoutes Jade ?

- Dépêchez-vous !

Je leur hurle dessus et les incite à faire ce que je dis par tous les moyens. Leur réponse se fait finalement connaître par un geste sec de la tête de Paul. Négatif.

Adesh doit alors m'arracher de Paul sur lequel je viens d'atterrir pour le rouer de coup et l'insulter. Je continue à crier. D'abord de rage et de colère, puis de désespoir et de tristesse.

- Calme-toi Jade !

La gifle d'Alice me fait arrêter de crier instantanément.

- Alice !

- Quoi Adesh ? Tu vas essayer de me frapper peut-être ?

- Ne me tente pas.

- Elle en avait besoin pour se calmer.

- Je ne suis pas calme. Loin de là.

Je les coupe en regardant dans le vide.

- Je vais le tuer.

Lysie s'écrit de surprise face à mon ton morne mais sérieux.

- Et si quiconque s'interpose, il trouvera le même sort que je réserve à tous les autres : la mort.

Je fixe Paul en disant cela et celui-ci montre de la nervosité en entendant mes paroles.

- Sache que je ne vous le pardonnerais jamais.

Je tourne les talons et quitte ce nouvel endroit maudit par la mort. Je sais ce que je dois faire. Maintenant, il suffit juste que je trouve où aller. Si la prophétie dit vrai, et que je l'interprète bien, je suis celle qui doit choisir. Je dois suivre mon instinct.

*********

Ça y est. Je suis enfin arrivée à destination.

- Tu peux nous dire pourquoi ici, le Dog ? J'aimais bien L.A. moi...

Enfin, nous sommes arrivés car je n'ai pu me débarrasser des autres. Ces derniers jours ont été intenses. Après la mise-main sur de faux papiers pour ces chasseurs et la programmation du voyage, nous voilà enfin arrivé là où je suis née. Tokyo.

J'avance dans la foule japonaise encore plus dense que celle new-yorkaise et regarde autour de moi. C'est immense et magnifique. Des centaines de restaurant se bataillent le long des rues et de bonnes odeurs s'en dégagent. Mon ventre gargouille d'envie mais je le fais taire car ce n'est pas encore l'heure ici.

- Mademoiselle ?

- Oui ?

- Excusez-moi de vous déranger.

L'homme me salue comme la coutume japonaise l'instaure et je fais de même, intriguée.

- Mais vous venez de faire tomber ceci.

Il me tend un téléphone. Mais ce n'est pas le mien. Je l'observe quelques secondes le temps de m'infiltrer dans son esprit pour ne découvrir qu'une personne agissant avec réelle sympathie. Pourtant, je suis certaine que cet objet ne m'appartient pas. Je finis par le prendre et le glisser rapidement dans ma poche quand j'entends mon prénom.

- Jade ! C'est la galère ici pour avancer, on t'avait perdu.

Adesh glisse sa main dans la mienne pour ne plus me perdre. Je l'observe l'œil de nouveau vide. Il le remarque comme depuis ces derniers jours. Bien que blessé dans sa fierté et dans son amour propre, il ne me lâche pas. Je ne sais pas ce qui le fait tenir vu la distance que j'ai instaurée avec chacun d'entre eux.

Le Japonais observe Adesh surpris et l'est encore plus lorsqu'il le voit prendre ma main. Ce n'est pas de coutume au Japon que de se montrer aussi démonstratif en public et de plus, avec un étranger au pays.

- Merci, Monsieur.

- Pas de quoi Mademoiselle. Bonne journée.

- A vous aussi.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Je regarde Liam. Il n'a pas entendu ou quoi ? Puis je vois le même regard que celui-ci sur les autres visages m'accompagnant.

- Bonne journée.

- Mais tu parles japonais ?

- Sûrement.

Je n'en dis pas plus et continue d'avancer. Plusieurs personnes nous regardent d'un œil inquiet tandis qu'on traverse la ville avec nos sacs de voyages.

Finalement dans le hall de l'hôtel, j'attends les clés de nos chambres en repensant à cet étrange rencontre et ce téléphone dans la poche de mon manteau. Il me tend alors 5 cartes magnétiques qui me sortent de mes pensées.

- N'hésitez pas à contacter la réception pour tout besoin. Nous sommes à votre entière disposition. En espérant que votre séjour ici, vous plaise.

- Merci beaucoup.

Je donne une carte à chacun avant de me diriger vers les ascenseurs.

- Cet hôtel est magnifique !

- Et hors de prix !

- Tu imagines les chambres ?

- On va bien dormir, c'est certain.

Liam et Lysie ont raison. En effet, j'ai pris un des hôtels les plus chers et des plus réputés de Tokyo. Mettre les pieds dans un tel lieu me semble inapproprié mais j'avais envie de changement. Et ce n'est pas mon compte en banque qui se plaindra.

- A plus tard.

Je descends au dixième étage. Les autres sont au onzième. La chance est avec moi pour une fois. J'entends qu'on retient les portes de l'ascenseur.

- Tu es sérieuse ?

- Toujours.

La porte se referme et j'avance dans le couloir sans attendre. J'insère ma carte et ouvre ma chambre. Ce que je découvre est incroyable. Et la vue est époustouflante. Je lâche mon sac au pied de mon lit et observe la vue que j'ai d'ici.

Un bip me sort de mon état de transe et je récupère le thé vert tout juste préparé par la machine à café-thé haut de gamme de la chambre. Je m'installe sur le fauteuil du balcon, la couette de mon lit sur le dos et bois à petite gorgée ma boisson chaude tandis que j'observe la ville. Apaisée, une vague de chaleur m'envahit et me laisse dans un état calme pour quelque temps.

Je pousse un cri de surprise quand Alice apparaît à mes côtés. Elle vient de descendre du balcon supérieur et de se propulser sur le mien malgré les mètres qui nous séparent du vide. Elle n'a rien. Ne semble même pas effrayée ou épuisée par cet acte dément.

- Mais tu es malade ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Je m'ennuyais. La chambre est trop grande. Et seule, ça craint.

- Et tu t'es dit « pourquoi ne pas venir l'emmerder » ?

- J'ai frappé avant !

- Ah oui ?

- Je suppose que tu n'as pas entendu.

Son ton est sarcastique.

- Oui.

- Ou que tu n'as pas voulu entendre.

- Oui.

- Tu vas rester en colère encore longtemps ?

Je fais mine de réfléchir.

- Oui.

- C'est assez puéril comme réaction.

- Oui.

- Mais tu t'en fiches ?

- Et bien oui.

- Tu ne connais que ce mot ?

Je souris imperceptiblement. J'ai réussi à la mettre en colère.

- Non.

- Tu fais chier Jade !

- Oui.

Furieuse, elle entre dans ma chambre et s'installe sur mon lit pour allumer la télévision et regarder des émissions japonaises en sous-titré anglais.

Je ne bouge pas. Je la laisse faire et un petit pincement au cœur me rappelle nos soirées devant la Tv à regarder des programmes télévisés aussi stupides les uns que les autres.

Quand j'ai fini mon thé, je dépose ma tasse sur la table basse du balcon et reste à contempler les humains défilés. J'en suis plusieurs du regard jusqu'à qu'ils disparaissent de mon champ de vision.

- Jade ?

- Vous vous êtes passés le mot pour me faire chier ou quoi ?

Cette fois, c'est Lysie que j'entends parler au dessus de moi. Sa chambre ne doit pas être très loin de la mienne comme celle de la personne qui se tape l'incruste dans mon lit.

- Je suis désolée, Jade... Sincèrement... Si j'avais vu, je l'aurais empêché. Je ne veux pas que tu souffres.

- Trop tard.

- Je sais. Et tu ne peux pas savoir à quel point, je m'en veux...

En fait, si. Je le sais car Lysie dépérit encore plus rapidement que moi. Sa joie et son regard pétillant l'on déserté pour un regard triste et de la honte. Mais j'avoue que ça ne m'avait même pas touché jusque là.

- Passe au-dessus.

Je suis dure. Je le sais. Mais je leur en veux. À un point inimaginable. Ils m'ont laissé tomber. Ils n'ont rien tenté et n'ont fait que me réprimander de ma bêtise. En gros, tout ce qui c'était passé, était de ma faute.

- Jade, excuse-moi, s'il te plait.

Son ton fait pitié et est suppliant.

- Si tu veux.

Je suis sincère. Mais je ne lui pardonne pas. Elle doit le savoir étant donné sa réponse.

- Je comprends. Merci Jade.

J'entends sa baie vitrée se refermer quand elle retourne dans sa chambre et je fais de nouveau face au silence. Pas au calme car Tokyo est une ville très animée. Mais je me sens à l'aise. Comme si j'étais un peu chez moi. 

Le bruit d'une sonnerie de téléphone me fait me lever précipitamment et je fouille dans la poche de mon jean pour en sortir le petit appareil noir que ce monsieur m'a donné. J'observe l'écran et comme je pouvais m'en douter, le numéro est masqué. Quand je jette un regard à Alice, elle est toujours aussi fascinée par l'écran. J'hésite encore une seconde avant de décrocher.

- Allo ?

- Moshi Moshi. Continuer en japonais vous dérange-t-il ?

- Non. Juste pour savoir, pourquoi ?

- De ce que je sais, vos amis ne comprendront pas s'ils vous surprennent.

- Mes amis ?

- Vos 5 compatriotes arrivés avec vous cette après-midi.

- A qui ai-je l'honneur ?

- Pas l'un d'entre eux si c'est ce que vous vous demandez.

- Ah oui ? Et quelle preuve j'ai ?

- Aucune. Seulement ma parole. A vous de voir.

- De toute manière, que ce soit vrai ou non, je m'en fiche. 

- Je m'en doutais. Dans les deux cas, vous trouveriez un avantage, n'est-ce pas ?

- Oui.

- Me tuer si je mens ou me cuisiner dans le cas contraire.

- Pour le dernier cas, il faudrait que je sache qui vous êtes et pourquoi j'ai cet appareil.

- J'ai utilisé un humain pour vous le faire passer. Pour que nous puissions communiquer.

- Que voulez-vous ?

- Vous rencontrez, Jade. Vous revoir plus précisément.

- ...

- Si votre question est de savoir si je vous connais, la réponse peut être oui. En quelque sorte.

- Où ?

- Je vous ferais communiquer tout cela en fin de soirée. Un bon restaurant typique doit vous tenter, non ?

- Et pour les autres ?

- Qu'ils viennent bien sûr ! Mais sans qu'ils sachent la véritable raison.

- Qui est ?

- Me rencontrer. 

- Et si le coeur ne m'en dit pas ?

- Je suis certain que si. Je vous dis à tout à l'heure du coup, Jade.

- Dites moi votre nom au moins !

- Sachez juste que je suis le chef des chasseurs de ce pays. 

- Et mon arrivée pose problème, n'est-ce pas ?

- ... Je jugerais de cela moi-même.

La communication se coupe. Appuyée contre la rambarde, je réfléchis. Est-ce une bonne idée ? Pas vraiment. Mais ai-je le choix ? Pas vraiment non plus. 

Quand je croise le regard d'Alice dans la chambre, il est curieux. Mais elle ne dit rien. Ne fait aucune remarque. 

- Je vais me doucher, alors reste calme.

Dans la salle de bain que j'ai fermé à clé, je profite du bain-jaccuzzi pour laisser mes muscles se détendre dans la mousse. 

Donc, ce soir, je vais rencontrer un chasseur. Je ne pensais pas vraiment en trouver ici. Enfin, si mais pas une indépendante des Etats-Unis. Je pensais qu'il n'y avait qu'un groupe. En même temps, il semble plus logique que chaque pays dispose du sien pour plus de facilité et d'organisation. Mais qu'il me contacte avec autant de facilité me fait poser de nombreuses questions...

Notamment qu'il m'avoue être le "chef". Il ne semble pas avoir plus de 25 ans. Et s'il ne me ment pas, je dois me méfier car cela signifie qu'il dispose de grands pouvoirs... 

A ce soir M. L'inconnu...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top