Chapitre 29
- Attends... Tu es en train de me dire qu'ils... Ils utilisent cette couverture d'association pour se nourrir à loisirs sur les humains ?
L'information passe mal me concernant. Les autres sont comme vaccinés. Ils ne sont même pas étonnés de la cruauté de cet acte. En même temps, ils ne comprennent pas le concept d'association. Ce qui me met encore plus en rogne.
- Vous ne comprenez donc pas ?
- Jade, ils font juste ce qu'ils ont toujours fait. Utiliser les humains pour se nourrir.
- Mais c'est bien pire que ça Liam ! Ils réduisent à zéro la valeur et le sens moral que sont censés faire passer les associations.
- Tu devrais savoir qu'ils n'ont aucune morale. Seul leur intérêt compte. Alors arrête de geindre. Ça nous donne une piste sur l'endroit où on pourrait en trouver en grand nombre.
- Et alors ??
- Ben tu nous refais ton truc de la mort et paf, on a exterminé un bon groupe.
- Car tu crois que ça me vient comme ça ? Que ça me plaît ? Que je vais faire ça à chaque fois qu'on trouve une de leur planque ? Pendant toute ma vie ?
- Tu me fatigues Jade ! Je te rappelle que c'est notre but. Notre mission. Et tu étais prête à t'y plier. Qu'est-ce qui change maintenant ?
Le ton d'Alice est rageur et je peux comprendre mais je ne pensais pas vraiment à ça quand je les ai suivis et que je me suis lancée dans cette folle idée.
- Je ne pensais pas que ça allait prendre autant de temps.
- Tu croyais quoi ? Qu'en un claquement de doigt tout serait terminé ? Ou qu'ils se regrouperaient bien gentiment et nous laisserait les tuer ?
- Non ! Je...
- Tu rien, ok ? C'est trop tard maintenant.
- Alice...
- Quoi Lysie ? J'ai tort peut-être ? Faut qu'elle grandisse maintenant et qu'elle se mette dans la tête que tout ne va pas se faire en quelques heures !
- Elle le sait mais...
- Alice a raison. Si Jade n'intègre pas plus rapidement cette idée, on n'en finira jamais. On n'a plus le temps de jouer. Il faut attaquer avant qu'ils ne répliquent et cela ne saurait tarder étant donné qu'Alden s'est échappé.
Je ne m'attendais pas à ça. Peter qui approuve Alice. Je crois rêver.
- Je vous rappelle que je suis là !
- Et bien, écoute moi gamine, maintenant il va vraiment falloir que tu comprennes que tu n'as pas le choix. Tu vas devoir grandir et vite. Tu as choisi d'en faire partie et c'est trop tard pour reculer.
- Pardon ? Je crois que j'ai du mal comprendre !
- Il a très bien résumé. Tu dois t'endurcir et réfléchir un peu plus avant d'agir bêtement.
- Ta gueule Alice !
- Tu vois, encore l'enfant qui parle.
- Vos gueules à tous. Vous vous la jouez supérieur car vous savez faire des trucs que je ne maitrise pas. Tant mieux pour vous, je n'en veux pas. Vous savez des choses que je ne sais pas et bien, tant pis. Mais ici, vous êtes chez moi. Vous ne savez rien et vous ne comprenez rien. Prenez-vous en compte ne serait-ce qu'une seconde la vie des humains ? Pas comme une mission à accomplir mais comme des êtres vivants ? NON. Alors que eux si. Cet homme s'est inquiété pour moi alors qu'il mourrait dans mes bras. Mack a tenté de me protéger malgré qu'il ait compris que je n'étais pas comme lui. Et Nissa ! Elle le sait. Elle sait tout pour ainsi dire. Pour autant, elle garde le secret et nous a aidé sans se poser de questions. Sans hésiter. Ils l'ont fait naturellement !
Je pousse un petit cri de rage pour évacuer ma colère.
- Alors que vous ne faites ça que parce-que vous y êtes destinés. Que vous n'avez pas le choix. Par défaut. Par dépit. Les humains ne sont peut-être pas parfaits et je peux que l'affirmer car j'ai vécu avec. Mais eux, au moins, ils ont un cœur. Pour certains, avec de la compassion. Et du désintérêt. Tout le contraire de vous tous. Vous voyez juste ça comme une opportunité. Un jeu. Un moyen de s'amuser. De se moquer. De profiter. En fait, vous êtes aussi égoïstes que la race humaine dont vous vous moquez tant.
Je respire profondément.
- Ce que vous qualifier d' « enfantin » chez moi, ça s'appelle les sentiments. Et quelque soit mon destin à cause de cette prophétie stupide, je ne changerais pas. Pas pour vous. Je ne le ferais que si c'est pour moi. Vous allier contre moi n'y changera rien. On m'a éduqué comme ça. Et à votre place, j'aurais honte. J'aurais franchement honte de penser comme vous pouvez le faire. En fait, je suis bien plus triste pour vous que pour l'ignorance des humains par rapport aux conditions dans lesquels ils vivent. Car vous savez et pourtant, vous êtes comme vous êtes. Et c'est pathétique à voir.
- Jade...
- Laisse-moi. Je n'ai vraiment pas envie de vous voir aujourd'hui. Je préfère sortir.
Je me dégage de la main d'Adesh et repousse celle de Lysie puis d'Alice.
Après m'être changé en vitesse, je redécouvre mon monde à moi. Il est loin d'être parfait mais je ne l'échangerais pas.
Mes pas m'amènent au bord de mer. Les pieds dans l'eau, je continue à marcher toujours plus loin. J'observe les enfants se courir après en riant et les parents les observer en souriant fièrement. Ce regard me rappelle des souvenirs avec ma propre mère et j'avance plus légèrement qu'avant.
Les pieds finalement gelés par l'eau de l'océan, je quitte le banc de sable mouillé qui se fait lécher par les vagues pour le sable fin et chaud. Mon regard se porte alors au loin et je remarque une limousine.
Téléphone en main, je me retrouve rapidement dans les transports en commun pour arriver à l'adresse indiquée. Je sonne sans attendre à la jolie villa qui me fait face et je me laisse guider jusqu'au salon où un repas de roi m'attends.
- Tu as faim, j'espère ?
- Je suis affamée pour tout vous dire !
- Tant mieux !
Elle me sourit et me laisse me servir. Elle me laisse manger en silence pendant un moment.
- Alors, ma petite puce. Que me vaut le plaisir de te voir ?
- J'avais envie de voir quelqu'un de...
- Normal ? Pas que tu sois anormale ma chérie.
- Euhm... Oui, en quelque sorte. Et en même temps, qui sache pour moi.
- Je peux comprendre. Mais où sont tes amis ?
- Pas ici, apparemment.
Ma tentative d'humour se solde par un échec, car le cœur n'y est pas.
- Tout va bien ?
- J'ai connu pire. Et mieux également...
Elle prend ma main gauche dans la sienne et me regarde.
- Tu sembles bien trop jeune pour porter le fardeau que l'on t'a mis sur les épaules. Mais tu es également courageuse et ambitieuse, tu devrais te débrouiller.
- C'est bien plus compliqué que vous ne pouvez l'imaginer...
- Je me doute bien. Mais je ne doute pas de ta réussite. Je vois que tu prends cela au sérieux et très à cœur. Peut-être trop...
Je joue avec mes haricots dans mon assiette en réfléchissant à ses paroles.
- Savez-vous pourquoi moi ?
- Ta question est compliquée, je dois t'avouer... Car je ne sais pas grand chose. Même si je pense que c'est déjà trop. Si j'essaie de ramener tout ça à quelque chose de plus rationnel, je dirais que c'est à cause de ton cœur. Il ne se limite pas à battre et à te permettre de vivre, ni à sa place dans ta poitrine. Il ne connaît aucune barrière. Il est immense et prêt à tout. C'est aussi pour cela que tu es si sensible.
- Vous vous trompez. Je n'ai jamais été comme ça.
Ma voix ressort plus froide que je ne le pensais mais elle n'en tient pas compte.
- Je me trompe rarement... Peut-être que c'est le cas aujourd'hui.
- Je pense.
- Ou sinon que tu as changé depuis quelque temps. Que tu as compris des choses par tes vécus récents.
Je ramène ma main à moi et je regarde distraitement par la fenêtre. J'étais intouchable. Rien ne m'atteignait. Enfin presque rien. Qu'est-ce qui a changé ? Ma mère...
Je dois la venger. Car je fais tout ça pour elle. Rien n'est plus important que ça au jour d'aujourd'hui. Et si au passage, je réussis à sauver quelques humains, je ne dis pas non.
- Je suis navrée de te faire pleurer...
- Ce n'est rien. J'évacue.
À la fin du repas, elle me laisse me détendre dans sa bibliothèque et je m'endors un bouquin dans les mains. C'est sa chute qui me réveille en sursaut. Recouverte d'un plaid en cachemire, et entourée de coussins, je ne pourrais rêver mieux. Je finis tout de même par me lever.
J'entends alors des voix. Elle a appelé les autres ! J'y crois pas ! Quand je me rapproche de la porte, je ne reconnais pas la voix de son interlocuteur mais Nissa semble mal à l'aise et a perdu de son assurance.
- Vous êtes certaine ?
- Bien sûr. Je m'en souviendrais. Je ne suis pas sénile.
- Ce n'est pas ce que m'ont rapporté certains des invités.
- Et bien, ils se trompent. J'ai quitté cette fête juste après le dessert.
- Ah oui ?
- Oui. J'étais... indisposée.
- Quel dommage. Vous avez raté le meilleur.
- Une autre fois, peut-être.
- Avec plaisir. Je vais vous laisser vous remettre de tout ça alors. Excusez-moi du dérangement.
- Il n'y a pas de mal, M. Alden.
Je sursaute de surprise et je bouscule la table se trouvant à mes côtés.
- Vous avez de la visite ?
- Quoi ? Non ! C'est mon... chat.
- Je vois. J'avais cru entendre que vous étiez allergique.
- Quand je dis mon chat, je parle de ce chat qui ne cesse de s'introduire chez moi depuis quelque temps.
- Faites attention. Une porte mal fermée ou une fenêtre laissée ouverte peut laisser entrer bien plus qu'un chat.
Je frissonne de dégoût.
- Vous saluerez Jade de ma part. Dites lui qu'on se reverra bien plus vite qu'elle ne croit. En effet, j'ai quelque chose qui lui appartient et qui lui est sûrement cher. Elle l'a malheureusement oublié la dernière fois.
Je ne sais pas de quoi il parle. S'il veut me rendre mes escarpins, qu'il les garde. Je lui offre sans problème.
- Je lui en ferais part si je la vois.
- Je suis certain de cela. Merci beaucoup. Au revoir à vous deux... Le chat et vous. À bientôt.
Je m'effondre alors au sol. Ma bouche est hermétiquement fermée mais je hurle intérieurement tandis que des images de plus en plus précises défilent devant mes yeux. Quand, je suis enfin libre de son emprise, je reste au sol et fixe le tapis l'œil vide. Je sais ce qu'il détient. Et il avait raison, je veux le récupérer. Je vais le récupérer.
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