Chapitre 25
- Je vais te tuer.
Alice me jette un regard noir tandis qu'elle passe près de moi pour se retrouver dans les bras d'un nouvel homme et continuer cette danse. Elle est prête à m'assassiner vu son regard. Super ma copine !
Je n'y peux rien si pour le moment, on se retrouve embarqué dans cette mascarade initié par notre hôte et qui nous oblige à danser entre nous et à changer de partenaire chaque minute. Je ne suis pas la seule à être frustrée de cette situation.
- Ah Brandon !
Je connais enfin un de mes cavaliers. Il me sourit en me prenant la main et en me posant l'autre sur ma taille.
- Jade. Content de te revoir.
- Tu sais quand ce petit jeu se termine ?
- Tu en as déjà assez de moi alors ?
Il plaisante mais je ne souris pas, trop concentrée sur une opportunité qui pourrait s'offrir à moi.
- Je ne sais pas, pourquoi ? Tout va bien ?
- Oui, oui.
Je l'écoute à peine, cherchant du regard un de mes compagnons. Mais ils ont tous disparus dans la foule de danseur. Je crois voir un pan de la robe émeraude de Lysie mais il disparait aussi vite qu'il est apparu dans mon champ de vision.
- Je peux te poser une question ?
Je me concentre à nouveau sur mon cavalier.
- Vas-y.
- Est-ce que je fais quelque chose de mal pour que tes amis me regardent comme ça ?
Je tourne la tête et découvre enfin trois de mes compagnons. Alice m'assassine toujours du regard. Pas étonnant. Tandis que Peter et Adesh nous lancent des regards hostiles.
- Euh... En fait, je crois bien que c'est de ma faute.
Je lui fais un sourire gêné.
- L'un d'entre eux est ton petit copain ou petite copine ?
- Quoi ??
Des têtes se tournent vers nous. Je baisse la voix.
- Non ! Bien sûr que non.
- Alors pourquoi tant de haine dans le regard de cette fille et de jalousie dans ceux des garçons ?
- De la jalousie ?
Je ris trouvant comique qu'ils puissent être jaloux. Jaloux de quoi ? Que je danse avec une personne connue ?
- Tu ris parce-que je ne pourrais pas les rendre jaloux ou parce-que pour toi ils ne sont pas jaloux ?
- Oh...
Je crois que je l'ai vexé. Je me rapproche un peu plus de lui et nos corps se retrouvent collés et bougent en même temps, pour que je lui avoue la vérité sans me faire entendre. En quelque sorte.
- Tu peux rendre jaloux, ce n'est pas ce que je voulais dire. Ils sont juste en colère de se retrouver à devoir danser. On était censé s'éclipser. Je suis censée m'éclipser...
- Je suis l'homme de la situation alors. Reste bien collée contre moi et laisse toi faire quelques secondes.
Notre minute est terminée mais je ne me décolle pas de lui et d'un mouvement fluide, il arrive à nous sortir de la piste sans que l'on se fasse remarquer. On court jusqu'à un pilier et on se cache derrière.
- Merci Brandon.
- Pas de quoi. C'était avec plaisir.
Il me baise la main galamment et recule.
- Je dois y retourner par contre. Si ma mère ne me voie plus, ça va être la fin du monde.
- Pas de soucis. Merci encore.
Il s'éloigne mais s'arrête pour me regarder.
- Et ils étaient jaloux. Je suis un mec et je reconnais quand l'un d'entre nous est jaloux. Et ces deux là crèvent de jalousie apparemment. En même temps, c'est compréhensible.
Il me sourit et me laisse là. De quoi serait-il jaloux ?
Pour Adesh, j'ai plus de facilité à comprendre car il a tendance à me considérer comme acquise et s'énerve facilement dès qu'un autre gars s'approche trop de moi à son goût ou lorsque je m'extasie devant un des acteurs des séries qu'on a le temps de regarder. Je l'aime beaucoup et quand je suis avec lui, je me sens à l'aise et prête à redevenir moi-même. Mais en même temps, je suis bloquée par quelque chose. Sa manière d'agir envers moi comme si j'étais déjà sa petite amie.
Mais Peter... Je ne comprends rien. Il n'y a jamais rien eu d'ambigu entre nous. Sauf mon fichu rêve, mais ce n'est qu'un rêve. Il est même plutôt distant avec moi et évite le plus souvent de se retrouver seul en ma présence comme si j'allais le contaminer. Le seul moment où on a pu penser qu'il tenait un peu à moi, c'était il y a 2 heures pendant le repas quand il m'a arraché au main d'Alden. Mais cela s'est aussi vite terminé que ça avait commencé.
Je chasse ces pensées perturbantes de mon esprit et je me concentre sur mon plan. J'ai réussi à en faire part à chacun avant que ne soit lancé cette danse dont je ne pourrais citer le nom. Je sais juste que c'est un truc de bourge et que j'ai dû me coltiner maintes cavaliers dont nombres étaient de vieux tripoteurs. Que j'ai vite fait remis à leur place, oui. Et peut-être pas de la manière la plus douce qui soit. Mais au moins, ça calmait leurs ardeurs. Maintenant, je me retrouve seule. Tant pis, une telle opportunité ne risque pas de se présenter de si tôt.
Je vide mon esprit de toutes pensées pouvant obstruer mes capacités déjà médiocres et, escarpins en main, j'avance sans bruit sur le sol froid en marbre de l'habitation. Seul le froufrou de ma robe laisse entendre un léger bruit tandis que je me faufile jusqu'à la porte que j'ai choisi.
Je regarde autour de moi. Personne. Même ces choses sont trop obnubilées par le show. Je tente d'ouvrir la porte mais celle-ci est verrouiller. Merde ! Puis je me souviens d'une vidéo que j'ai regardé il y a quelques années de cela.
Je retire quelques épingles de ma coiffure et me concentre sur le bruit que j'entends quand je les insère dans la serrure. Après soupirs et exaspération, je réussis enfin. Je sautille de joie avant de me souvenir pourquoi je suis là. J'entre alors et referme rapidement derrière moi.
J'avance ensuite dans les quartiers privés du propriétaire. Me souvenant des paroles de Nissa, j'ouvre chaque porte cherchant à grande peine ce qu'elle nous a décrit. Mais dans le noir ambiant, je mets plus de temps. Car allumer une lumière serait comme me braquer moi-même une arme sur la tempe.
Tandis que je continue sur ma lancée toujours infructueuse, j'entends des voix qui sont seulement à quelques mètres. Problème ? Oui, car il n'y a pas un endroit pour se cacher dans un rayons de dix mètres. Foutu barque de riche où les pièces font 50 mètres carré !
La veine de ma tempe droite palpite à toute vitesse tandis que je réfléchis à un moyen d'éviter de me trouver face à face avec ces gardes du corps pas si humains que ça. Je décide de revenir en arrière en courant et de m'engouffrer dans la première pièce que je vois au risque de me fair entendre. Le coeur battant à toute allure, je reste collée au battant de la porte, cherchant à savoir s'ils sont enfin partis.
Non ! Il s'arrêtent devant ma porte. Ma respiration s'accélère sous l'angoisse. Puis une claque mental monumentale me remet sur mes pieds (au sens figuré du terme car je suis déjà debout). "Ne laisse jamais la peur t'envahir où elle t'engouffrera pour ne jamais te relâcher". Je comprends ce que veut dire Alice maintenant. Je prends de grande inspiration pour me calmer et écoute leurs discussions.
- Tu ne comprends pas ! Il y en a encore. Des vivants. Ils sont venus ce soir. Je ne sais pas comment ils ont fait pour nous trouver..
- Au moins, on va enfin pouvoir se rassasier pleinement. J'en ai marre de ces humains. Ils ont rien dedans. Pas comme ces chasseurs ! On pourra même goûter de cette fille...
- Stupide !
- Aïe !
Le second à la voix plus fluette vient apparemment de se prendre un coup.
- Je suis désolé...
Sa voix fait pitié. Il n'est pas comme les autres. Il est plus faible.
- Elle n'est pas pour nous. Ragnir nous l'a dit. Tu sais très bien pourquoi. Alors arrête d'être si bête et réfléchi !
- Je voulais juste goûter...
Il reçoit un autre coup de son comparse.
- Rien. Il faut la garder entière. Ou tu sais ce qui se passera avec les Mentor.
- Pourquoi toujours eux ?
Cette fois le coup fait taire ses jérémiades.
- Arrête de faire l'enfant. On a déjà le droit aux autres. Et si je me souviens bien, tu as eu une bonne dose lorsqu'on a finalement intégré leur sous-terrain. Maintenant, allons-y avant qu'ils ne commencent sans moi. Et si tu l'ouvres, tu sais ce qui se passera.
L'autre gémit et ils s'éloignent enfin.
Je n'ai pas tout compris. Enfin presque rien. Juste qu'ils me veulent toujours entière et qu'ils s'apprêtent à attaquer mes compagnons. Et également qu'ils se sont nourris parmi les chasseurs. Mon père serait-il vraiment en danger ? Et mon équipe ? Je secoue négativement la tête pour chasser ses pensées négatives sachant que chacun peut se débrouiller.
Je remarque alors la pièce dans laquelle je me trouve. Je crois que je l'ai finalement trouvé ce bureau de malheur.
Je me précipite sur les papiers recouvrants le secrétaire et tente de trouver quelque chose d'intéressant. J'ouvre les tiroirs et les vide par terre sans rien trouver de suspect. Je continue ainsi pour finalement m'arrêter. Il n'y a rien. Rien ! Même ces papiers ne sont que de la paperasserie inutile. Je ramasse tout de même quelques feuilles au cas où mes compagnons voient quelque chose que je ne vois pas et m'apprête à ressortir.
Je me retourne brusquement une idée pas si bête en tête et observe la pièce. C'est un bureau. D'une taille plus que respectable. Mais il manque quelque chose. J'analyse chaque recoin de la pièce du regard pour trouver quoi. Puis je comprends. Il manque plusieurs mètres carrés par rapport aux autres pièces.
Je reviens sur mes pas et tente de trouver une trace pouvant m'indiquer s'il y a un passage. Mais rien. Du coup, je me mets à faire comme dans les films et je frappe contre les murs pour savoir s'il y a du vide derrière. Je saisi ensuite chaque livre de la bibliothèque et une pile s'entasse au sol tandis qu'il n'y a toujours rien qui bouge.
Je soupire de frustration en tournant sur moi-même. Je ne sais plus où chercher. J'ai même regarder sous le bureau pour voir s'il y avait un bouton ! Et non, il n'y en a pas.
L'image de moi-même que me renvoie le miroir semble se moquer de moi. Qu'il rigole... En fait non, ne rigole pas. Je m'approche de ce miroir. Qu'est-ce qu'il fait là ? Si j'avais leur tête, me voir sans cesse me pousserait au suicide. Je ne suis pas méchante. Enfin, pas cette fois. C'est juste qu'ils sont vraiment horribles.
Je tire sur le miroir et une porte blindé me fait face. Cette fois mes épingles ne me seront d'aucune utilité. Je tente de la pousser (sait-on jamais) mais je retire rapidement mes mains qui sont maintenant brûlés. Entourée d'un sort, cette porte me pose problème. Et avec mes pouvoirs défaillants choisissant de fonctionner quand ils le veulent, c'est embêtant.
Finalement résignée à revenir plus tard après plusieurs tentatives, celle-ci s'ouvre miraculeusement dans un léger bruit. J'hésite à franchir le pas de la porte tandis que mon regard guette les alentours. C'est trop facile... Mais je ne vois rien et mon esprit ne trouve rien.
Du coup, j'entre dans la pièce et la porte se referme doucement derrière moi. Cool, je suis coincée ici. Bon, en même temps, c'est pas comme si je m'en doutais un peu. Du coup, autant en profiter pour chercher quelque chose qui puisse nous être utile. Je fouille un peu partout et fait des découvertes dont je me serais bien passée pour certaines.
- Je vous avais dit qu'on nous reparlerions Jade.
Je me redresse lentement quelque peu ébranlée et fait face à mon interlocuteur tout en glissant discrètement ce que je viens de trouver dans ma pochette.
- Désolée, mais je suis fatiguée alors si vous voulez bien m'excuser, je vais rentrer faire un petit somme.
Je me prends un bouclier de force en pleine face tandis que je tente de m'éloigner. Sonnée, je ne le perds pas pour autant du regard.
- Tenez, vous avez oublié ça sur le chemin.
Il me tend mes escarpins. Mais qu'est-ce que je peut-être stupide ! Les oublier pendant mon crochetage de serrure est du niveau débutant. Autant enclencher l'alarme directement.
- Je vous les offre. Je suis certaine qu'elles vous plaisent.
- Je vois que ce que l'on m'a dit à votre sujet n'est pas faux.
- Qui a dit quoi ?
- Vos amis de ce soir. Pas très coopératif au début mais vous finissez tous par craquer.
Ma respiration se coupe. Bien que sachant qu'ils allaient attaqué notre équipe, j'ai préféré continuer mes recherches pensant qu'ils se débrouilleraient bien mieux sans moi.
Adesh, Alice et Liam apparaissent alors escortés par ces choses par une porte que je n'avais pas remarqué. Mal en point, le costume des garçons est en lambeau et leur peau à vif à de nombreux endroits. Alice n'a presque rien mais est inconsciente et pend mollement dans le vide.
Ma tentative pour les rejoindre se solde par un échec cuisant dans les deux sens du terme. Je ne fais même pas un pas et mes bras se voient brûler.
Mes yeux se remplissent de larmes et me jambes se dérobent sous mes pieds par la volonté d'Alden. Je ne quitte pas Adesh des yeux. C'est le seul qui semble encore assez lucide par rapport aux deux autres. Il tente de me faire sa grimace mais finit par réellement grimacer de douleur.
- Tu aimes ce que tu vois là Jade ? Sache que ce n'est que le début.
Les larmes s'écoulent alors le long de mon visage, impuissante.
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