Chapitre 18
Je suis de retour ! Sur terre et pas sous-terre, et c'est merveilleux.
Sur le chemin, j'ai redécouvert l'humain dans toute sa splendeur repoussante ou avenante. Certains ont fini quelque peu amoché tandis que d'autres sont repartis avec une nouvelle opportunité s'ouvrant à eux.
Au final, on a crié mon nom. Mon ancien nom. Ancien nom d'un jour, c'est vrai. Mais me faire appeler Jade correspond à une évidence pour mon cerveau. C'est pourquoi, j'ai réagi au bout d'un certain moment quand on criait "Jasmine".
Quand je me suis retournée, j'ai découvert avec surprise mon ami Mack. Bien qu'hésitant à ma vue, je n'ai pu me retenir de me jeter dans ses bras en pleurant. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfant.
Je plaisante. Il m'a juste rendu mon étreinte et m'a réconforté avant de m'amener dans un restaurant.
- Tout va bien, Jasmine ?
Assise sur le canapé à ces côtés, je regarde dans le vide.
- Cela peut aller.
- Tu as disparu depuis des mois...
Je me mords la lèvre en évitant son regard inquiet.
- Je sais... J'ai eu quelques soucis.
- Oui.. J'ai entendu pour ta mère. Je suis désolé pour toi.
- Je sais.
- Tu as besoin d'aide ?
Je lâche un petit sourire.
- Si seulement, cela suffisait.
- Qu'est-ce qui se passe alors ? Que fais-tu aussi loin de New York ?
- C'est une longue histoire.
On reçoit notre commande : une glace géante recouverte de chantilly et de chocolat fondu. J'engouffre une grande cuillère avec un plaisir démesuré.
- Tu as tellement changé. Je n'aurais jamais cru te voir habillé comme cela un jour.
- Et moi donc...
- Et tu as tout ses marques et brûlures. Tu ne veux pas m'en parler.
Mack se sert également tout en me regardant.
- Ce n'est pas vraiment ça... C'est juste que tout devient fou autour de moi. Je suis complètement perdue sur ce que je dois faire...
En vrai, je ne me vois pas lui raconter les dernières 24 heures. Je n'ai pas envie que mon meilleur ami me prenne pour une cinglée. Mais en même temps, j'aimerais tout lui déballer. Juste comme ça et m'en libérer.
- Je suis là pour t'aider, tu le sais ?
- Je ne pense pas que tu puisses cette fois...
- J'ai déménagé ici suite à ta disparition. Et mon père a plus que réussi à s'intégrer au mouvement de la ville. J'ai de quoi t'aider.
- Ce n'est pas de ce genre d'aide que j'ai besoin.
Je soupire en jouant avec ma cuillère. J'ai l'impression que tout repose sur mes épaules sans que je l'ai demandé et que je me vois obligée de faire avec.
Je sens une main réconfortante se poser sur mon épaule et je repose alors ma tête sur lui.
- Je suis quand même là. Quelque soit ce dont tu as besoin.
- Merci.
- Je peux te poser une question ?
- Vas-y.
- Pourquoi tu n'as pas répondu à mes appels et mes SMS ? Je t'ai harcelé pendant des jours. Des semaines en fait. Puis, j'ai arrêté car j'avais saturé ta messagerie mais également car je pensais que tu ne voulais simplement plus me parler.
Touchée par ses paroles laissant entendre un certain désespoir, je sors mon téléphone de ma poche et lui tend après m'être redressée.
- Regarde par toi-même. Je n'ai rien eu. Je n'ai jamais rien reçu depuis 3 mois.
Il tient l'appareil entre ses mains mais ne vérifie pas.
- Je ne comprends pas. Tu as changé de numéro ?
- Non.
Il ouvre alors mon téléphone et me montre l'intérieur. Je lui arrache des mains et observe de plus près ma carte SIM. Elle est bousillée. Complètement grillée.
- Je vais le tuer ! Il m'a laissé croire que vous m'aviez abandonné...
- Qui ?
Mack est tout aussi énervé que moi. C'est bizarre car c'est moi qui vient de découvrir qu'on avait trafiqué mon téléphone pour que je ne reçoive rien.
- Mon père.
Un ange passe. Je me mords la langue et l'observe du coin de l'oeil. Il est choqué ?
- Ton père ? Il n'est pas mort ?
- Non. Bien vivant.
- Tu nous as dit qu'il était mort.
Là, il est en colère. Contre moi.
- Je le pensais. Je n'ai pas menti. Tu me connais !
- Je n'ai plus l'impression de vraiment te connaitre pourtant.
Je suis blessée par ses paroles. Mon seul ami me prend pour une menteuse et une cachotière. Je ne lui ai pas tout dit mais je ne lui mens pas...
- Je l'ai retrouvé par hasard. Mais je ne savais pas qu'il était en vie jusqu'à qu'il me le dise. Je te le promet.
- Comment ça se fait ?
- Je n'en sais rien. Ce gars est cinglé. Je l'évite à tout prix. Mais il a eu le temps de bousillé mon téléphone. Je lui ferais regretter...
- Jasmine... Qu'est-ce qui se passe ? Je suis largué là.
- Pas aujourd'hui Mack. Cela serait te mettre en danger.
Et voilà, j'en ai encore trop dit vu son regard. Je ne sais jamais me taire quand il le faut.
Pourtant, il fait quelque chose que je qualifie d'incroyable. Il ne me pose qu'une seule et unique question.
- Tu me raconteras un jour ?
- Promis.
Je lui souris et le remercie en l'embrassant sur la joue.
- Tu es vraiment génial.
- Je le sais. Tu me devras une énorme glace la prochaine fois.
Je ris avec plaisir à sa phrase de réconciliation.
- Raconte-moi.
- Te raconter quoi Jas' ?
- Tout !
Je l'encourage d'un coup de coude et il se lance dans un récit rocambolesque comme il sait si bien le faire avec des gestes démonstratifs, des voix différentes et une manière de parler qui me fait sourire et même parfois rire.
La tête entre mes mains, je l'écoute avec attention mais surtout avec joie. Retrouver mon ami aussi loin de chez moi est un plaisir que je n'échangerais pour rien.
Finalement, son entrain s'éteint petit à petit tandis qu'il observe quelque chose derrière moi. Je ne comprends que lorsque ma chère et tendre Alice s'assoit à mes côtés et que j'entends la voix timide de Lysie me demander.
- Tu connais ces gens Jasmine ?
Je les observe l'un après l'autre suite à la question de mon amis.Je réponds après plusieurs secondes interminables.
- Non. Je ne connais aucun d'entre eux. Connaître des menteurs, c'est ne connaître personne.
- Jade !
J'ignore l'exclamation de Peter et me retourne face à Mack qui cherche à savoir ce qu'il se passe. Je secoue lentement la tête face à sa question muette.
Il fait alors quelque chose auquel je ne m'attendais pas. Il lève lentement sa main gauche.
Des bruits de chaises raclants le sol se font entendre en même temps.
Une dizaine de clients viennent de se lever. Ce ne sont que des hommes. Des hommes imposants et qui s'approchent des nouveaux arrivants.
- Je vous prie de nous laisser tranquille ou mes hommes devront s'en charger.
Je le regarde ahurie et il me sourit en haussant les épaules me faisant comprendre qu'on est quitte.
Alice se met à rire tandis qu'Adesh dévoile une dentition parfaitement blanche par un sourire amusé.
- Les humains ont le sens de l'humour, apparemment. Peut-être qu'ils ne sont pas aussi bêtes qu'on peut le croire.
- Si, ils sont stupides. Je l'ai vu à de nombreuses occasions. Les humains sont assez pathétiques. Mais c'est marrant de les voir essayer de s'en sortir !
- Arrêtez ça vous deux !
Je me lève brusquement et renverse le verre qui contenait la glace. Celui-ci explose en morceau. Je pousse Alice sans ménagement et elle se retient in extremis pour ne pas tomber.
- Calme toi le Dog ! On est juste là pour discuter.
- Je ne veux pas vous parler. Je ne veux même pas vous voir en fait. Je veux juste être tranquille.
- Ce n'est plus possible pour toi maintenant, Jade. Tu le sais.
Je me tourne vers Adesh qui vient de nouveau de prendre la parole.
- Je ne sais rien. Vous n'en savez rien. C'est ce que tu as dit, non ?
Lysie dit oui de la tête.
- Alors, laissez-moi. Comme le dise les "humains", mieux vaut être seul que mal accompagné.
Ils ne bougent pas. Mack a une main sur mon épaule tremblante et appelle ses hommes.
- Ne fais pas ça l'humain.
Peter dit cela calmement mais son regard exprime tout le contraire tandis qu'il ne me quitte pas des yeux.
- Ce sont qui Jasmine ?
- Personne.
- Mais tu les connais ?
- Pas vraiment.
- Ils te posent problème ?
- Oui.
Il m'attire contre lui et fait de nouveau un signe aux montagnes de muscles qui sont à son service.
- Alors c'est suffisant pour moi pour qu'ils s'en aillent.
- Si tu ne retiens pas ton copain Jade, tu sais que ces humains risquent de souffrir par ta faute, n'est-ce pas ?
Liam est direct. Je sais que malgré leur force, ils n'auront aucune chance face aux chasseurs face à eux.
Toujours dans les bras de Mack, je retire la tête du creux de son cou pour lui parler à l'oreille.
- Ne leur fais pas faire ça. Crois-moi.
On ne se quitte pas des yeux pendant une longue minute. Il ne veut pas m'écouter, je le vois.
J'entends en fond des gens qui crient et qui quittent le restaurant en bousculant tout sur leur passage. Mais je ne bouge pas et lui prend les mains.
- Arrête les.
Il secoue la tête. Il vient de refuser. Je me retourne et découvre la situation. Je ne sais pas quoi faire.
Quand je m'écroule sur la table face à une attaque magique, mon dos est entaillé par les morceaux de verre. Je me remet sur pieds et mon pouvoir se déclenche. Je murmure un mot que je ne retiens même pas tandis que mes mains se rejoignent lentement pour n'en former qu'une. Une glyphe jaune s'échappe et le temps se suspend.
Je marche à travers le désordre créé et m'arrête devant chaque humain en appuyant deux doigts sur leur front. J'observe ensuite Mack. Je ne peux pas lui faire.
- Jade.
Je sursaute en entendant mon prénom. Le temps est censé s'être arrêté.
Peter m'observe, hésitant. C'est la première fois qu'il perd son assurance et qu'il semble hésiter.
- Je tiens à te présenter mes excuses. Je vois que tu ne voulais rien de tout ça et que tu as ta vie ici. Je n'avais pas à te juger ni à te critiquer.
- Ni à me marquer.
Il esquisse un petit sourire.
- C'est vrai. Mais je peux...
- Non, c'est bon.
Il ne rajoute rien mais son étonnement est flagrant.
- Tu veux bien m'aider à nettoyer votre bazar ?
- Tu veux dire que je le fasse car tu ne sais pas comment faire, c'est ça ?
Cette fois, c'est moi qui esquisse un sourire.
- Allez, fait le s'il te plait.
- Demandé aussi poliment, je ne peux pas refuser.
- Tu es vraiment casse-pied.
- Et toi, une petite emmerdeuse.
- C'est ce qui fait mon charme.
Il rit plus pour se moquer de moi qu'autre chose mais ça me fait du bien d'entendre ce son dans le silence que procure l'arrêt du temps.
Il se met au travail et je m'approche lentement de Mack. Je lui touche la joue et l'observe longuement. Je le vois, ici. Maintenant. Mais je sais qu'il doit faire partie de mon passé depuis que je me suis réveillée et ce, jusqu'à que tout redevienne normal. Je le serre longuement dans mes bras tandis que deux larmes silencieuses coulent le long de mon visage.
- Jade. Il va falloir arrêter maintenant. Contrôler le temps trop longtemps peut avoir des répercussions négatives.
Je relâche mon ami et m'essuie discrètement les joues avant de me retourner vers Peter.
- Pourquoi tu n'es pas touché ?
- Je n'en sais rien. Peut-être à cause de la marque... Mais c'est la première fois que je vois ça.
- D'accord.
Je regarde autour de moi une dernière fois et voit que tout est en ordre.
- Peter... ?
Ma voix est hésitante.
- Tu veux de l'aide ?
- Oui.
J'avoue, je ne sais pas comment arrêter ce que je viens de faire.
Il me rejoint en quelques enjambés et prend ma main droite dans la sienne et la gauche dans l'autre tandis qu'il se place derrière moi. Son souffle se fait sentir sur l'arrière de mon crâne.
- Prête ?
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