Chapitre 10

Je sais maintenant ce que je fais là. Non, je ne reste pas spécialement par "peur" d'Alice. En fait, je me fiche de ses menaces. Je me fiche de tout. Je suis complètement passée au dessus de tout ça. La seule chose qui m'intéresse, c'est la mort. Pas tuer à tout bout de champ. Je ne suis pas une psychopathe ni une sociopathe. La mort dans le sens de vengeance.

Quel cliché, peut-on se dire ! Cela en est un en quelque sorte. Mais on a tué ma mère. On l'a exécuté sans état d'âme. Ce ne sont pas que des monstres. Ils ont la capacité de réfléchir, de parler, de comprendre et de s'organiser dans un but commun. Ils savent donc ce qu'ils font. Et ils aiment faire souffrir pour le plaisir. Tout ça n'était qu'un plan pour m'atteindre et ils ont réussi.

Bien que je pense avoir tué (sans en être sûre) tous ceux qui ont assassiné ma mère, ce n'est pas assez. Il manque des maillons. D'autres sont derrière tout ça et je compte bien remonter chacun des maillons un à un, les exterminer au passage, et arriver au commanditaire. Lui subira un sort différent.

Ce qu'on déduit facilement est ma facilité à détruire tout ce que je touche. Je suis remplie d'une haine inconsidérée qui tue petit à petit ma personne pour la remplacer par un fantôme vengeur et sans état d'âme. En quelque sorte, le mal avance sûrement sur le bien. Cela me rend dangereuse car tout ce qui se trouve sur mon chemin a la possibilité de se voir réduit en poussière si cela ne me plait pas. Comme on a pu le voir.

On pourrait se dire que maintenant que je suis au courant de tout ça, je pourrais reprendre le dessus et aller contre cette tendance. La chose est que je n'en ai pas envie. Même ma bonne partie s'incline devant cette idée et laisse avec bonne intention, la haine, la colère et la vengeance m'envahir petit à petit. Je me transforme petit à petit en quelque chose de peu recommandable.

- Qu'est-ce que tu as encore ?

- Tu n'as pas compris ? Espace vital.

- Tu es descendu comment ?

- Je ne sais pas. J'ai juste abandonné et le glyphe a pris « feu » avant de disparaitre et de me relâcher, je réponds d'une voix morne.

Le menton entre les doigts, il caresse sa barbe naissante du bout des doigts et m'observe.

- Intéressant.

- Ouais, super.

- Tu as raté ton test pour faire cette tête ?

- Je l'ai réussi en fait.

- Et donc ?

Je lève les yeux vers lui et le regarde avec profondeur.

- Sais-tu qui tu es vraiment Peter ? Dans tous les sens du terme.

Le sourcil de son œil vert se hausse et la jugulaire de son coup palpite soudainement.

- Je ne comprends pas vraiment ce que tu souhaites comme réponse...

- C'est parce-que tu ne le sais pas alors.

- Et toi ?

- Je crois que oui.

- Quel est le résultat ?

- Pas celui auquel on s'attend.

- Tu serais alors douce comme un agneau au fond et tu serais polie, aimable et agréable ?

- Quel petit rigolo tu fais.

Je récupère mon sac et passe devant lui. Mais je m'arrête à la porte pour me retourner et le regarder avec plus d'attention.

- Depuis quand tu as des lunettes ?

Oui, cela m'intrigue car le change radicalement. On le voit moins doux comme un agneau avec, comme il le dit si bien.

- Toujours, je crois bien.

- Tu ne les portais pas plus tôt.

- Les lentilles finissent par me fatiguer.

- Et ton pouvoir ne te permet pas de soigner tout ça ?

- Pourquoi je le ferais ? La nature m'a fait comme ça, je n'ai pas à me changer. Cela serait injuste pour ceux qui n'ont pas cette possibilité. Nos pouvoirs ne sont pas là pour réaliser nos souhaits les plus chers mais pour nous entraider et protéger le monde.

- En profiter n'est pas un crime. Pourquoi devrait-on se priver de ce que l'on a ? Autant l'utiliser.

- Tu ne comprends pas ce que cela implique vraiment. Tu n'es encore qu'une enfant.

- Une enfant ? Bien. Si tu veux. Mais au moins, je ne suis pas à la botte de quelqu'un à le servir comme bon lui semble.

- Tu te trompes.

- As-tu au moins une personnalité ? Ou juste une coquille vide comme semble dire tout ton corps ?

- Je ne rentrerais pas dans ton jeu, Jade. Va falloir grandir et vite, ici. Tu risques de te faire écraser plus rapidement que tu ne le crois sinon.

- On verra bien.

Je quitte la pièce et marche au hasard tandis que mon esprit se concentre sur l'image de Gina. Notre parcours emprunté apparait en quelques secondes dans mon esprit. Je vois alors clignoter un point jaune dans tout ça. Je décide de me fier à mes sens et de suivre ce qu'ils me disent. Quand j'arrive devant la porte jaune, je toque.

- Entrez.

Je fais ce qu'on me dit et je referme derrière moi.

- Alors ?

- C'est bon.

Je suis debout face à elle et attend.

- Tu es toujours sûre de vouloir entrer ici après ce que tu as compris ?

- Oui.

- D'accord.

- Vous ne me demandez pas ce que j'ai appris ? Aucune question ?

- Tu veux que je t'en pose ?

Elle relève enfin la tête du papier qu'elle remplit. Je ne réponds pas.

- C'est bien ce que je pensais. Tant que tu le sais, c'est bien assez je pense.

- Je pourrais vous mentir.

- Sauf que tu ne le ferais pas.

- Et pourquoi ?

- Tu vas rapidement apprendre que notre guilde, la seule règle qui compte est : Mens à n'importe qui si tu le veux, mais jamais à Gina.

- Vous êtes sérieuse ?

- J'ai l'air d'une personne qui a le sens de l'humour ?

- Non.

- Bien. Tu vas pouvoir passer le test d'entrée maintenant.

Je secoue la tête d'incompréhension ? Je ne viens pas de le faire ? A quoi elle joue ?

- Tu ne pensais tout de même pas que cela était aussi facile ? Bon, allons dans la salle d'entraînement.

Elle m'y conduit et je regarde la pièce, qui a la taille d'un terrain de foot, avec une certaine crainte.

- Si tu réussis chacune des étapes, tu es avec nous. En cas d'échec à l'une d'entre elles tu dois revenir au début. Tu as le droit d'abandonner à tout moment.

Elle laisse sous-entendre que si j'abandonne, je ne ferais pas partie de sa guilde.

- Combien ont réussi ?

- Depuis le début du mois ? 1 sur 7. C'est un bon résultat ce mois-ci.

Le pire, c'est qu'elle dit cela sincèrement. Elle pense vraiment que c'est une bonne chose.

- Seras-tu la deuxième ? Car si tu ne te lances pas, ça ne risque pas d'arriver. Je n'ai pas envie de rester des plombs ici.

Je prends une grande inspiration et regarde ce qui m'attend. De ce que je peux voir, je vais très certainement morfler. Sauf si mes pouvoirs en décident autrement et s'activent d'eux mêmes pour me protéger.

Bien sûr, ce n'est pas le cas. Je me fais brûler, couper ou frapper à plusieurs reprises par tout les pièges installés et tout les étapes aussi compliquées les unes que les autres. Je recommence peut-être 20 fois. Je me fais casser le nez. Ma tempe saigne. Le seul truc qui me fait recommencer est la question incessante de Gina : "Alors on abandonne cette fois ?". Je sais que je suis incapable de réussir mais je suis trop bornée et vexée pour arrêter. Alors, je continue.

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