Chapitre 1

- Savez-vous où vous êtes ?

- A l'hôpital.

Ce n'est pas réellement compliqué de le deviner étant donné les appareils. Mais parler est compliqué. Pour chaque mot que je prononce, je dois me concentrer intensément sur ma voix.

- Lequel ?

Je l'observe pour voir s'il est sérieux. Et il est sérieux. Je me demande où j'ai atteri.

- Donnez-moi mon dossier et je ferais semblant de deviner l'hôpital qui m'a pris en charge.

Il note quelque chose dans son dossier. Sûrement que je suis une petite fille malpolie mais qui reprend rapidement du poil de la bête.

- En quelle année sommes-nous ? Quel mois ? Quelle ville ?

- 2016. Novembre. New York.

- Nous sommes en 2017, Jade. Le 9 février 2017 pour être exact.

- Pardon ?

J'ai la bouche ouverte maintenant. Le truc, c'est qu'il ne semble pas se moquer de moi.

- Vous venez de vous réveiller d'un coma de 3 mois.

Un coma ? Pourquoi je serais dans le coma ? Il s'est passé quoi ? 3 mois sérieusement ?

- Jade ?

Je lève les yeux vers le docteur. Il a du me parler quand je réfléchissais.

- Vous sentez vous prête à recevoir les agents ?

- Pourquoi m'appelez-vous Jade depuis tout à l'heure ?

Il a l'air pris au dépourvu par ma question.

- C'est votre prénom. Vous ne vous en souvenez pas ?

Si, je me souviens de mon prénom. Mais ce n'est pas Jade. C'est Jasmine. Pourquoi mon dossier indique-t-il que je m'appelle Jade ? Qui s'est occupé de celui-ci ? Il y a quand même une grande différence entre Jade et Jasmine... non ?

- Tout va bien Jade ?

- Quels agents ?

Cette information me revient soudainement à l'esprit et m'intrigue énormément.

- De la police.

- Pourquoi ? J'ai fait quoi ? Où est ma mère ? Qu'est-ce que je fais là ?

- Je ne sais pas.

Il me lance un regard désolé. C'est bon, je ne suis pas une petite chose à prendre avec des pincettes. J'approuve donc pour les agents et observe calmement l'extérieur par ma fenêtre le temps de leur arrivé, après l'avoir congédié.

Quand on frappe à ma porte, une image apparait dans mon esprit une seconde avant de disparaitre. Mon cœur s'emballe d'un coup et je me mets à avoir des sueurs froides. Lorsqu'ils entrent, je le vois et je me souviens.

Je gémis en plaquant mes mains sur les yeux et tente coute que coute de me contrôler en prenant de grandes inspirations. Un hurlement horrible et déchirant transperce mes tympans. Tout ça se passe seulement dans ma tête mais je panique.

Un des agents s'approchent de moi et je frissonne de peur et de dégoût.

- Jade ? Pouvez-vous nous racontez cette nuit là s'il vous plait ?

- Je ne suis pas cette Jade. Où est ma mère ?

Je tremble de peur d'entendre ce que personne ne souhaite jamais entendre en se réveillant.

- Elle est morte. Assassinée, déclare l'autre agent.

Dans sa voix, j'entends comme une note de joie et de fierté. Tandis que moi, je ne ressens que haine et tristesse. Je ferme les yeux pour retenir mes larmes et me concentrer sur ma vision. Quand je les ouvre, je fixe l'agent à côté de moi puis celui au bout de mon lit.

- Qui a fait ça ?

- C'est ce que nous cherchons à savoir. Vous avez été trouvé au bord d'une route pas loin d'ici. Pourquoi avez-vous fui votre maison adoptive ? Que s'est-il passé ?

- Quoi ??

Je ne comprends rien à ce qu'il me demande. J'ai l'impression qu'il me confond avec une autre. Je ne m'appelle pas Jade et je vis avec ma mère. En tout cas, je vivais avec ma mère.

C'est l'autre agent de police qui me fait mentir. Le roux.

- Je ne sais pas... Je ne sais plus.

- Peut-être à cause d'un petit copain violent ? dit le brun. C'est pour ça que vous étiez couverte de bleus et de blessures en tout genre, ainsi qu'inconsciente ?

Un petit copain ? Moi ? Et bien, il aurait dû s'accrocher si j'en avais eu un, ne serait-ce qu'une fois dans ma vie. Le roux m'observe et se lèche les babines. Enfin les lèvres !

- Oui... Peut-être, dis-je sans réfléchir en détournant le regard.

- Il ne faut pas avoir honte. Nous allons continuer avec ce que nous avons et on va découvrir qui vous a fait cela, d'accord ?

- Oh oui, on va le découvrir, répète le roux avec sarcasme.

Son collègue ne semble même pas le remarquer. Je hoche la tête et les remercie avant de demander de nouveau congé pour cause de fatigue.

- On repassera, me dit le roux en souriant en quittant ma chambre.

Un frisson me traverse le corps tandis que je tente de calmer mes battements de cœur. Il était là. Il y avait eu une de ses choses dans ma chambre et dans celle de l'hôpital. J'étais la seule à le voir et je savais qu'il ne me voulait que du mal. Mais pourquoi à la fin ?

J'observe attentivement autour de moi et découvre mon sac. Il n'a pas été touché semblait-il. En tout cas, il était toujours comme je l'ai vu pour la dernière fois.

Je m'assois au bord de mon lit avec la plus grande difficulté et attrape mon sac. J'enfile mes baskets usées et m'attache les cheveux. Enfin sur pieds, même prise de tournis, je vois et entends clairement les pas qui s'approchent de ma chambre dans ma vision futuriste de quelques secondes. Je sais que c'est la mienne, c'est tout.

Je retire en vitesse mes perfusions et arrache sans ménagement mes électrodes. Les appareils bipent tous en même temps dans ma chambre. Je me faufile à l'extérieur juste à temps pour me cacher derrière un chariot de ménage afin d'emprunter l'escalier de secours que je viens de repérer.

Je le vois passer devant moi. L'agent est de retour. Cette fois, dans son état naturel. Il se frotte les "mains" (je ne sais pas si on peut qualifier cela de mains) et son œil droit tressaute tout seul. Il a l'air tout content en s'introduisant dans ma chambre. Il ne risque pas de l'être pour longtemps. C'est pourquoi, je me dépêche comme je le peux de sortir de l'hôpital.

Malheureusement, je suis trop lente. Ne pas avoir bougé pendant 3 mois ne m'aide pas du tout. J'ai de nouveau une vision. Il me chasse. Et il est en colère.

Quand je retombe contre le mur devant moi, à bout de souffle, je vois une opportunité se présenter. Je n'hésite pas une seconde et tire sur la poignée déclenchant l'alarme incendie. Le bruit strident déchire mes tympans mais je sais maintenant qu'il est coincé au milieu de la foule paniquée de l'hôpital.

Je sors en pleine rue et dois me protéger les yeux du soleil quelques instants. Le souffle court et le cœur battant à toute allure, je me jette dans la foule new-yorkaise et atterris dans des toilettes publiques où j'en profite pour me changer et me débarrasser de ma robe d'hôpital. Je prends ensuite ma paire de ciseau et coupe mes cheveux dans un carré désordonné et me fait une frange voilant la plupart de mes yeux.

A bout de force, je sors finalement des toilettes et m'assoit au bord d'un muret. C'est alors que comme par magie (car c'est exceptionnel dans cette ville), la foule s'écarte sur le passage d'une fille à la peau mate, les cheveux attachés en une tresse, transpirant à son aise mais avec un grand sourire aux lèvres.

- Mangepierre en action, mesdames et messieurs ! Priez de dégager le passage, s'il vous plait !

En disant cela, elle se faufile aisément parmi les gens. La plupart ne la remarque même pas et n'écoute pas ce qu'elle débite. Pourtant, moi, je la regarde fascinée jusqu'à que l'un d'entre eux apparaissent. Je me cache alors rapidement derrière un arbre mais il ne fait pas attention à moi. Il poursuit cette fille qui rit aux éclats.

- Oh allez mon gros, ne me dis pas que tu es déjà fatigué ! On vient juste de commencer !

Un deuxième apparait et ralentit un instant en reniflant les alentours. Il grogne et tourne la tête dans ma direction. Je me blottis contre l'arbre mais au final, je le vois suivre le premier et cette fille intrigante.

Mais ce qui me choque le plus, c'est que personne ici n'a réagi. Comme s'il n'y avait rien eu de bizarre. Que tout était normal et que ces monstres ne se baladaient pas comme ils le voulaient dans notre ville. En fait, ils ne les voient pas tout simplement. Comme ma mère. Une boule au fond de ma gorge s'installe et appuie un peu plus sur ma poitrine.

Enfin et pour la première fois, j'ai une vision qui dure plus de 2 secondes. Celle-ci m'annonce le pire. Mais le destin n'est pas écrit alors je cours à travers cette foule à la suite de cette fille. Je connais cette ville comme ma poche, et je sais où elle va.


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