Prologue

Tout était parfait chez elle, comme toujours. On l'avait élevée pour être parfaite. Sa posture assise était droite, ses jambes serrées, ses vêtements n'avaient pas un pli, n'étaient ni trop court ni trop long, les couleurs absolument bien assorties, son maquillage était lui aussi tracé avec perfection et ses boucles impeccables et attachés sans une bosse, sans la moindre marque de peigne. Son expression elle-même était parfaite. Pas la moindre émotion ne transparaissait, personne ne pouvait savoir ce que ressentait cette jolie jeune fille blonde, assisse sur ce fauteuil, l'allure stricte et tout simplement parfaite, patientant dans ce couloir sombre.

Enfin une partie du mur se replia sur lui-même et sortirent simultanément un immortel, reconnaissable par ses cheveux aux reflets brillants et sa petite taille, contrastant avec celle de l'elfe plutôt grande pour l'une de son espèce. Le dernier membre, celui qui s'arrêtait devant elle était quand à lui sous sa véritable apparence, ce qui était bien trop rare pour être noté. De taille moyenne, les mains dans la poche il avait cet air nonchalant et bienveillant qui l'avait séduite tout comme ce sourire si particulier qui naquit sur ses lèvres, plus haut du côté gauche que du droit. Son visage néanmoins semblait fatigué, ses yeux sombres paraissaient si las, son teint ordinairement déjà pâle l'était plus encore et elle imaginait sans peine le front plissait d'inquiétude caché sous cette touffe de cheveux bruns si épaisse.

– Ca ne s'est pas bien passé ? devina-t-elle.

Il glissa un coup d'œil à ses deux comparses qui étaient déjà plus loin dans le couloir. Tous deux la snobait à chaque fois et avait même déjà dit à leur compagnon qu'il devrait arrêter de la fréquenter. Qu'avaient-ils encore dit cette fois ?

– Rentrons. Nous parlerons dans le vaisseau.

Elle se leva et glissa sa main dans le creux du coude de son compagnon qui avait toujours les mains dans ses poches. Elle appuya sa tête contre son bras, renonçant cette fois à sa perfection pour ce geste qui pourrait sembler bien trop familier à la maison. Mais ici personne ne les verrait. Personne ne devait de toute manière jamais les voir ensemble.

Au sous-sol les attendaient le vaisseau qui les avaient amenés ici, sur cette planète si loin de la sienne. Elle s'installa sur le siège du pilote. Tous deux avaient leur licence, mais il semblait un peu trop ailleurs pour piloter dans cette partie de l'univers si loin de tout.

Elle se concentra sur le voyage, il parlerait quand il en aurait envie. Il avait toujours été le plus bavard de toute manière. Il poussait de nombreux soupirs, semblaient avoir du mal à rester en place, se levant sans cesse de son siège pour s'installer autre part dans l'étroite cabine.

Debout derrière le siège, le regard rivé vers le vide impressionnant de l'espace il déclara :

– Il faut qu'on agisse maintenant.

Heureusement qu'elle avait le parfait contrôle d'elle-même sinon elle aurait surement viré sous la surprise.

– Après tout ce temps ? Qu'est-ce qui a changé ?

– Je ne peux pas vraiment t'en parler, c'est Caldira. Après elle il n'y aura plus personne de sa lignée.

Un long soupir franchit ses lèvres. Elle qui était toujours parfaite n'eut aucune idée de ce qu'on devait dire. Il allait se retrouver vraiment seul, le dernier des siens. Elle pouvait bien sûr lui assurer de son soutiens, de sa présence éternelle, mais si les cas étaient inversés, si elle était la dernière des Divines, cela ne suffirait pas à la faire se sentir moins seule et abandonnée.

– J'aimerais pouvoir faire quelque chose, dit-elle.

– Je les ai vu tous disparaitre un à un, leurs enfants, les jeunes qui s'en sont sortis aussi. J'ai l'habitude.

– Ne dis pas ça ! On sait que ce n'est pas vrai.

Il ne répondit pas et revint doucement s'assoir sur son siège.

– Je crois pourtant que c'est trop tard. Faire tomber Aryar ne peut pas se faire comme ça. Il aurait fallu préparer le terrain, commencé à agir doucement il y a trente ans au moins.

– On peut le faire.

– Se précipiter va nous pousser à l'imprudence. On va se faire prendre et arrêter avant d'avoir agi et là ce sera vraiment fini.

– Je veux dire commencer à agir il y a trente ans déjà, explicita-t-elle froidement.

Son visage ne trahissait toujours aucune expression, malgré le regard rivé sur elle.

– On ne peut pas jouer avec le temps Pandore, tu le sais pourtant.

– On sait ce qui va se passer, on n'a pas besoin de le modifier, juste d'y prendre place.

Son regard loin, perdu dans l'horizon obscur de l'espace, il y réfléchissait.

– On pourrait, personne ne pourrait nous retrouver ainsi. Mais... je ne sais pas Pandore. Tu sais comme moi que toucher au temps c'est imprudent.

– Je sais. Mais toi et moi saurons ne jamais dépasser les limites.

Elle le laissa réfléchir tout le long du trajet. Quand ils arrivèrent à destination, alors qu'ils faisaient la queue pour le passage où chacun prendrait une destination différente il l'attira à lui dans cette nouvelle apparence qu'il avait adoptée dès qu'ils avaient abordé cette planète, pour lui susurrer dans le creux de l'oreille :

– Il va nous falloir agir contre les protectrices. Reviens au tout début. Va voir leurs premiers ennemies et devient leur alliée. Tu peux le faire ? Moi je dois me concentrer sur le temps présent.

– Oui.

– Bien. Parce que la clef de la paix sera notre plus grand ennemi. A moins qu'on arrive à la récupérer.

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