Chapitre 2 : Une lueur dans le ciel

Deux mois que j'écumais les mers à bord du navire du prince Zuko. La majorité des prisonniers furent déposés lors de notre première escale. Mais j'ai insisté pour me joindre à l'équipage du bateau.

Il faut dire que la quête du prince était noble. Son père, le seigneur du feu Ozaï lui a donné pour mission de retrouver et de capturer l'Avatar, le seul être capable de chambouler l'équilibre du monde. Cet individu a disparu de la face du globe depuis une bonne centaine d'années et la plupart des gens pensaient qu'il s'est tout simplement volatilisé et qu'il ne referait plus jamais surface. Mais mon prince était convaincu qu'il se terrait toujours là quelque part, attendant qu'on le trouve.

Il était aidé dans sa mission par deux autres membres de la famille royale, son oncle Iroh et sa sœur cadette Sosha. Ils n'étaient pas obligés de l'accompagner, mais ils ont décidé de le faire de leur propre volonté. L'équipage du navire semblant froid au premier abord se constituait toutefois de personnes d'une grande sympathie.

Notre vaisseau en lui-même n'était pas des plus accueillants. Il s'agissait d'un vieux modèle obsolète datant des débuts de la guerre de cent ans. Contrairement à des bâtiments plus récents, celui-ci ne disposait que d'une seule catapulte, au lieu de trois ou quatre. Son revêtement et ses couloirs, cabines tout en métal donnaient un côté assez oppressant et peu enclin au confort. C'est un des aspects qu'il m'a été le plus difficile à accepter lors de ma brève carrière dans l'armée.

Ainsi l'endroit où je me sentais le plus à l'aise en dehors de ma cabine était l'enclos des Rhinos-Komodo. De gros lézards herbivores nous servant de monture, affublés de trois cornes, une sur le nez et deux autres au-dessus des yeux.  Je trouvais ça apaisant de m'occuper de ces bêtes qui étaient souvent stressées des longs voyages en mer.

En tout cas, ce genre d'engin était très pratique pour circuler dans les mers du pôle Sud, les icebergs et différentes couches de glace se brisaient sans difficulté sur notre passage grâce à la coque profilée de la proue du navire, faisant office de brise-glace. La salle des machines alimentée en charbon régulièrement donnait assez de puissance pour évoluer rapidement sur n'importe quelle étendue d'eau.

Le prince Zuko était une personne assez difficile à vivre, obstiné, perdant souvent patience, et mis à part pour donner des ordres à l'équipage, il n'avait que peu de contact avec nous. Il passait le plus clair de son temps à chercher n'importe quel signe de l'Avatar sur la plateforme d'observation avec son télescope ou à explorer différentes pistes dans sa cabine. Les autres maitres du feu présents sur le navire lui servaient de partenaires d'entrainements, n'étant pas maitre moi-même j'ai pu échapper à ce genre de traitement. Car il n'y allait pas de main morte lors de ses séances. On savait qu'il a été banni de notre nation, mais le motif de ce bannissement m'étais toujours inconnu. Et à ce titre, mis à part pour les membres de sa famille, j'étais logé à la même enseigne que le reste de l'équipage. Mais j'étais convaincu que cela avait un rapport avec sa cicatrice qui occupe presque la totalité du côté gauche de son visage.

Il se baladais souvent en armure et s'est fait rasé presque tout le crâne à l'exception d'une queue de cheval noire, soutenue par une lanière de tissu, une coiffure assez commune par chez nous.

En revanche sa sœur et son oncle, en surface sont bien plus sympathiques. La princesse Sosha m'a sauvé et libéré de ma cellule, je lui devais bien sûr le respect dû à son rang, mais j'avais aussi une dette personnelle envers elle. Voilà ce qui m'a poussé à rester. Elle m'a choisi comme garde du corps personnel, je ne pense pas que c'était pour mes capacités, je ne suis pas un maitre et mes aptitudes de combat se sont un peu rouillées depuis que j'ai quitté l'armée pour me lancer dans la musique. Mais je pense que c'est surtout dû au fait qu'en terme d'âge sur ce navire j'étais le plus proche des enfants royaux. J'avais dix-sept ans et elle venait de fêter son quinzième anniversaire en mer.

C'est une personne douce loin de l'attitude hautaine et pompeuse que je me faisais de la noblesse. Au fil des semaines, je pensais être passé du statut de garde à celui de confident, et c'est sans doute ce qu'elle attendait. Bien que très proche de son oncle et de son frère, l'un ne pouvait pas discuter avec elle des préoccupations de son âge, et l'autre était bien trop accaparé par sa quête de l'Avatar. Cette fonction est donc retombée sur moi.

C'est bien une maitre du feu comme je le pensais, mais elle n'en faisait jamais usage, et je n'étais suis pas assez intrusif pour demander pourquoi. Bien qu'elle sache se battre elle ne participait que rarement aux séances d'entrainements proposées par le lieutenant Ji et Iroh. Et quand elle le faisait, c'était bien souvent à contre cœur. Et moi aussi d'ailleurs. Je commençais doucement à retrouver le niveau que j'ai acquis à ma formation, suite aux conseils avisés du général Iroh et aux exercices physiques du lieutenant.

Dans la salle d'armes, j'ai pu trouver le nécessaire pour revenir à mon style de combat, soit un Katana et un Wakizashi dans ma main faible. À l'exception du lieutenant et de la famille royale, j'arrivais à gagner la plupart de mes duels face aux autres membres d'équipage.

Le général Iroh fut ma plus agréable surprise sur ce navire. J'ai entendu parler de la manière exemplaire dont il traitait ses troupes, une réputation que même son échec du siège de Ba Sin Se n'a pas pu entacher. Sa maitrise du feu est légendaire, même s'il n'en fait pas souvent la démonstration, il exécute les mouvements à la perfection malgré son grand-âge et son aspect bedonnant. On ne pouvait pas en attendre moins du Grand dragon de l'ouest, l'homme ayant éliminé le dernier dragon de la terre.

Loin du commandant de troupe rigide et sanguinaire auquel je m'attendais, c'est un homme jovial, très perspicace et toujours de bon conseil. C'est un bon vivant, grâce à lui j'ai comblé mes lacunes en ce qui concerne la préparation du thé et son service. Même s'il ne m'a jamais confié ses secrets de préparation. Il sert le thé le plus délicieux auquel j'ai jamais gouté. En revanche, il étais toujours impressionné par mes airs de luth et mes chansons originales.

Une autre de ses grandes passions se trouve être le jeu de Pai Sho, un jeu de plateau misant beaucoup sur la stratégie. Mon père m'en apprit les grandes lignes, mais je suis tombé sur un véritable maitre en la matière. Tout ce temps où je voguais sur ce navire, il n'a perdu aucune partie. Et je pensais, à juste titre, que cet exploit durait depuis un certain temps. Zuko était le seul à ne jamais prendre part à ces parties. Mais j'étais heureux de constater que je progressais, moi et la princesse étant ceux qui arrivaient à le mettre le plus en difficulté.

La princesse Sosha disputait justement une partie avec son oncle sur le pont du navire au moment où notre recherche de l'Avatar pris un nouveau tournant.

Il faut savoir que j'ai une très faible tolérance au froid, alors chaque avancée supplémentaire vers le pôle Sud était un supplice pour moi. Notre prince à commencé ses recherches dans les temples des Nomades de l'air. Le dernier Avatar ; Roku, ayant fait partie de notre glorieuse nation, la logique voulait que le prochain avatar ait fait son apparition chez le peuple de l'air. Leur population ayant quasiment disparut de nos jours suite à la guerre qui a opposé nos deux armées. Les recherches de la famille royale se sont concentrées sur les quatre temples principaux des maitres de l'air, éparpillés aux points cardinaux. Mais leurs investigations furent vaines, ne trouvant que des ruines désolées et sans signe de vie. Ils revenaient justement du temple de l'air Austral lorsqu'ils m'ont retrouvé.

Le prince poursuivait donc ses recherches plus au sud, un territoire qu'il n'avait pas encore fouillé. La Tribu de l'eau du sud ayant perdu presque toute sa puissance, aucune réelle menace ne pesait sur nous, à moins que nous trouvions l'Avatar.

La princesse Sosha avançait une de ses tuiles de Pai Sho sur le plateau. Son oncle la complimenta : "Très joli coup, ma chère nièce, mais que dis-tu de cela ?"

Il répliqua avec un mouvement d'une autre tuile que j'avais complètement oublié, un coup qui mit le jeu de la princesse dans une position très délicate.

Faussement agacée, elle lui fit la moue : "Comment vous arrivez toujours à retourner la situation ? Vous lisez dans mes pensées ?"

Après un rire de complicité son oncle lui répondit : "Tu sais mon enfant, cela n'a rien d'exceptionnel, quand on a vécu aussi longtemps que moi."

"Arrêtez de ressasser ça en boucle mon oncle, vous n'êtes pas si vieux."

Ils reprirent leur partie même si la princesse n'avait plus aucune chance de victoire, elle gardait le sourire aux lèvres, simplement heureuse de passer un bon moment avec son oncle. Pendant ce temps, le prince scrutait l'horizon un peu plus loin et moi je grelottais dans mon armure, même si je faisais tout mon possible pour ne rien laisser paraitre.

Mes efforts furent insuffisants, car la princesse s'en aperçu. Elle me demanda : "Voccan, le climat du Sud ne te réussit vraiment pas. Tu veux aller à l'intérieur te réchauffer un peu ?"

"Vous avez raisons, le climat de la Nation du feu me manque, mais je me dois de veiller sur vous le plus longtemps possible. Tant que j'en suis capable, je reste auprès de vous."

"Dans ce cas, allons y ensemble."

"Je m'en voudrais d'écourter votre partie."

Elle me lançât un sourire espiègle : "Je crois au contraire que ce serait préférable pour moi de l'abandonner, je suis en train de perdre."

Au moment où elle commençait à se lever du coussin sur lequel elle était assise, une sorte d'explosion retenti au loin. En tournant la tête je m'aperçus qu'elle venait du cœur du pôle Sud. Elle était accompagnée d'une colonne de lumière blanche aux reflets bleus s'élevant haut dans le ciel, une légère onde d'énergie se propagea jusqu'à nous. Et les lions de mer, comme en réponse à cet évènement se mirent tous à pousser des cris rauques.

Mais ils n'ont pas été les seuls à réagir. Le prince semblant aussi enthousiaste qu'il pouvait l'être, c'est-à-dire peu, déclara : "Depuis le temps que j'attendais. Vous réalisez ce que cela signifie mon oncle ?"

Relevant nonchalamment la tête il répondit d'un air dubitatif : "Que je ne pourrais pas finir ma partie ?"

Se retournant vers la lumière tout en la pointant du doigt, le prince poursuivit sa logique : "Ça veut dire que mes recherches seront bientôt terminées. Ce faisceau lumineux vient d'une source incroyablement puissante, c'est surement lui !"

"Ou une simple aurore boréale, nous avons déjà emprunté cette route plusieurs fois prince Zuko. Je ne veux pas que tu t'enflammes de cette façon pour un rien. Viens t'assoir, prends une tasse de thé au Jasmin. Il t'apportera le calme et la sérénité."

Explosant de colère comme à son habitude, le prince Zuko répliqua : "Je n'ai pas besoin de votre tisane soporifique, j'ai besoin de capturer l'Avatar."

La princesse Sosha tenta de s'interposer : "Tu sais, c'est vrai, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives, on connait encore mal cette région."

Voulant apporter mon opinion sur le débat, je présentais la situation sous un autre angle : "Je pense cette fois que le prince à raison. Cette lumière ne ressemble en rien aux aurores que j'ai l'habitude d'observer le soir lors de mes rondes. C'est un phénomène assez singulier pour retenir notre attention."

Nos efforts ont eu l'air de l'apaiser un peu. Le prince donna ses directives : "Pour une fois que cette habitude sert à quelque chose dans ce trou perdu. Voccan, averti le timonier de mettre le cap sur cette lumière."

"Je m'en occupe votre altesse."

...

Je me suis acquitté de ma tâche. Et peu de temps après, la princesse m'a donné quartier libre pendant une heure. J'en ai profité pour me servir une tasse de thé. La majorité de l'équipage n'avait pas encore été informé de la nouvelle du matin. Mais même si cette lueur était inhabituelle, ça ne constituait pas une raison pour se précipiter. Je me dirigeais vers le pont supérieur, dont l'accès se fait par la tour de contrôle du navire, le prince s'y trouvait, et je voulais savoir si je pouvais me rendre utile quelque part. Mais son oncle fut plus rapide que moi.

Il se tenait déjà à ses côtés. Je ne suis pas intervenu par peur de déranger. Le vieil homme s'étira en un bâillement un peu forcé avant de prendre la parole : "J'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil. Un homme a besoin de repos."

Malgré cette tentative pour le faire réagir, le prince restait imperturbable. Ce qui forçât Le général Iroh à poursuivre : "Prince Zuko, toi aussi tu as besoin de reprendre des forces. Même si tu as raison et que l'Avatar est bel et bien en vie. Tu ne le retrouveras pas. Ton père, ton grand-père et ton arrière-grand-père ont essayé et ils ont tous échoué."

Toujours le regard porté sur l'horizon, il lui répondit sur un ton qui m'a semblé dur, mais pas tant quand on connait un peu sa personnalité : "Mes aïeux ont tous échoués, car leur honneur ne dépendait pas de sa capture, le mien en dépend. Les cent ans de clandestinité de ce lâche sont terminés."

C'est vrai que vu de cette manière les probabilités de retrouver l'Avatar étaient très faibles. Et c'est même curieux que cet être d'une puissance incommensurable ait échappé à la vigilance de notre grande nation aussi longtemps. Mais ça confirmait ce que je pensais, la capture de l'Avatar revêtait un caractère personnel chez le prince, que j'ignorais. Peut-être que sa sœur détenait les réponses à mes questions. 

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